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Test de LMDSP Superchord - 12 cordes à son arc

8/10
Award Innovation
Innovation
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Superchord : Le super héros des accords ? Presque ! Pour sa première réalisation, la jeune société LMDSP nous propose en effet de quoi donner plus de profondeur et de folie à nos pistes en misant sur les résonances sympathiques.

La gestion des réson­nances sympa­thiques a toujours été l’un des points centraux dans la virtua­li­sa­tion des instru­ments à cordes parce qu’au-delà de la gestion des diffé­rentes vélo­ci­tés ou des répé­ti­tions de notes, c’est essen­tiel­le­ment ce facteur qui confère son réalisme à l’ins­tru­ment virtuel, qu’il soit samplé ou modé­lisé. C’est un des notables progrès qu’avait appor­tés Modartt avec la sortie de Piano­teq, tandis que les pianos samplés se sont tous parés de scripts pour gérer la chose, avec plus ou moins de réus­site selon les cas. Or, c’est préci­sé­ment ce phéno­mène de réson­nance par sympa­thie qui est au coeur du plug-in qui nous occupe et qui s’avère être le premier produit de LMDSP, un jeune déve­lop­peur français. Au programme : 12 réso­na­teurs qui auront pour but de nous persua­der de leur sympa­thie… et de bien d’autres choses encore comme nous allons le voir.

Reso­na­tor : le retour de la revanche

Dispo sur Mac ou PC au format VST2, VST3, AU et AAX Natif, Super­chord s’au­to­rise au moyen d’un fichier clé à récu­pé­rer dans l’es­pace utili­sa­teur du site après achat. L’ins­tal­la­tion se fait sans encombre donc, et l’on a vite fait de se retrou­ver face à une inter­face grise et orange où trônent 12 tranches rela­tives à nos 12 réso­na­teurs. Pour chacun, on peut ainsi défi­nir une note et son octave corres­pon­dant à la fonda­men­tale, mais aussi le pano­ra­mique, le niveau et l’ac­cor­dage fin : une vraie petite table de mixage donc, propo­sant même deux boutons pour muter ou passer en solo tel ou tel réso­na­teur. 

lmdsp Superchord : Résonateurs
lmdsp Superchord : Modélisation

En vis-à-vis de cela, un panneau Model permet de défi­nir les para­mètres globaux de la modé­li­sa­tion : Damping joue sur l’at­té­nua­tion globale des réso­na­teurs, Shim­mer contrôle le 'damping’ rela­tif entre graves et aigus, Dark­ness est un passe-bas qui étouffe progres­si­ve­ment le son, Mistune joue sur l’ac­cor­dage rela­tif entre pola­ri­sa­tion verti­cale et hori­zon­tale (oui, je sais, on dirait une phrase des frères Bogda­noff, mais qui s’éclaire une fois qu’on a compris que la pola­ri­sa­tion renvoie au fait qu’une corde vibre de droite à gauche comme de haut en bas et qu’il s’agit donc de contrô­ler le désac­cor­dage de ces deux modes de vibra­tion). Quant à feed­back et coupling, ils permettent de gérer la sympa­thie entre les diffé­rentes cordes, pouvant mener à des choses bien violentes du point de vue sonore. Toujours sur ce panneau, un bouton permet d’ac­cé­der aux para­mètres avan­cés, de l’in­ci­dence de la posi­tion du pince­ment de la corde aux buzz géné­rés sur certains instru­ments comme le sitar. Pour être tout à fait honnête avec vous, la doc en anglais et mon petit niveau de physique ne m’au­ront pas permis de comprendre avec exac­ti­tude à quoi corres­pondent certains de ces para­mètres, mais comme tous les réglages sont effi­caces avec un effet audible, on parvient à s’en servir sans trop de peine.

L’ef­fet, rien que l’ef­fet

La partie haute du plug-in regroupe divers joujoux qui vont permettre de sophis­tiquer la sauce déjà bien dense qu’on peut brico­ler en bas. On y trouve un filtre multi­mode, une satu­ra­tion ainsi qu’un LFO syncro­ni­sable au tempo et un suiveur d’en­ve­loppe qui modu­le­ront au choix la fréquence de coupure du filtre, la hauteur tonale de chaque modu­la­teur en fonc­tion de sa fonda­men­tale, ou encore le gain global. Préci­sons aussi que le LFO propose 11 formes d’ondes dont quatre feront inter­ve­nir plus ou moins d’aléa­toire dans la modu­la­tion.

lmdsp Superchord : Section d'effets

Une sorte de compres­seur complète le tout. Pourquoi une sorte ? Parce qu’il ne s’agit pas à propre­ment parler d’un compres­seur clas­sique agis­sant sur l’en­semble du signal mais d’une modé­li­sa­tion de la limite d’am­pli­tude que peut connaître une corde vibrante et qui s’ap­plique donc à chaque réso­na­teur.

Et c’est tout ? Non, car si l’on ne s’at­tar­dera pas trop sur le navi­ga­teur de preset effi­cace mais perfec­tible ergo­no­mique­ment, il nous reste à préci­ser que dans les options du logi­ciel, on peut choi­sir entre diffé­rents jeux de couleurs pour l’in­ter­face. Une déli­cate inten­tion d’au­tant que le déve­lop­peur a d’ores et déjà prévu d’en four­nir d’autres prochai­ne­ment, même si un système à la Melda aurait sans doute été tout autant effi­cace.

Profi­tons de ce détail pour évoquer l’in­ter­face qui est rela­ti­ve­ment lisible grâce au flat design (atten­tion à quelques contrastes sur certaines skins toute­fois) et s’avère rela­ti­ve­ment bien orga­ni­sée même si, esthé­tique­ment, Super­chord n’est pas le plug-in le plus sexy qui soit : de prime abord, la densité de contrôles est un brin effrayante et il se dégage de l’en­semble une austé­rité que les jeux de couleurs ne parviennent pas à endi­guer. Enfin, quitte à opter pour du flat design, on aurait appré­cié d’avoir une inter­face redi­men­sion­nable, comme on le voit chez Valhal­laDSP.

Les plus obser­va­teurs auront remarqué que je n’ai fait aucune mention du bouton FX. Nous y revien­drons, car pour l’heure, il est temps de voir si tout cela est aussi sympa­thique qu’on nous le promet.

Tirer sur la corde

Sur ce genre d’ef­fet peu conven­tion­nel, un passage en revue des presets sur une boucle quel­conque est toujours très instruc­tif pour savoir à qui l’on a à faire et le terrain de jeu qui s’offre à nous. Or, ce dernier s’avère pour le coup assez vaste, comme nous allons le voir.

En premier lieu, Super­chord peut évidem­ment être utilisé dans une optique réaliste, appor­tant ce petit supplé­ment d’âme à une guitare ou piano grâce à ces fameuses réson­nances. Pour que la chose rende bien, on s’as­su­rera toute­fois que la fonda­men­tale de tous les réso­na­teurs acti­vés corres­ponde harmo­nique­ment au contenu que l’on traite.

Voici ainsi ce que donne un accord de MI avec la guitar nylon d’Ef­fi­mov :

Efimov­chord dry
00:0000:18
  • Efimov­chord dry 00:18
  • Efimov­chord wet 00:18

Puis avec la Delta Blues d’In­di­gi­nous :

delta­chord dry
00:0000:18
  • delta­chord dry 00:18
  • delta­chord wet 00:18
 

Et enfin avec le Grand Piano d’Ad­dic­tive Keys que j’ai d’abord essayé avec des réso­nances équi­li­brées puis en forcant sur le sol. Je vous ai mis une compa­rai­son pour mieux entendre comme le sol est mis en avant par les réso­nances :

piano­chord dry
00:0000:18
  • piano­chord dry 00:18
  • piano­chord wet 00:18
  • piano­chord G 00:18
  • piano­chord compare 00:09
 

Comme vous le voyez, le son est parti­cu­liè­re­ment enri­chi par le plug-in, ajou­tant du sustain à l’ins­tru­ment de façon très convain­cante. C’est plus flagrant encore sur des notes courtes :

delta­note dry
00:0000:06
  • delta­note dry 00:06
  • delta­note wet 00:06
  • Efimov­note dry 00:06
  • Efimov­note wet 00:06
  • piano­note dry 00:06
  • piano­note wet 00:06

Et on ne s’éton­nera pas à entendre ces extraits que quelques presets fassent allu­sion à la Réverb, Super­chord pouvant tout à fait servir à nimber d’am­biance un son un peu trop sec.

lmdsp Superchord : Mode instrument

Cette histoire de fonda­men­tale du réso­na­teur qui doit suivre le signal à trai­ter va vite se révé­ler problé­ma­tique pour un usage réaliste avec une progres­sion d’ac­cord. Et c’est là où LMDSP a bien fait les choses puisqu’en cliquant sur FX, on accède au mode instru­ment du plug-in (je sais, ce n’est pas très logique). Les 12 modu­la­teurs cèdent alors la place à un clavier et une enve­loppe ADSR flanquée de boutons d’ac­cor­dage et de trans­po­si­tion. Bon sang, mais c’est bien sûr ! On peut utili­ser Super­chord comme un instru­ment et le pilo­ter avec son clavier MIDI.

La chose se fait très simple­ment : on insert le plug-in sur la piste à trai­ter et on route une piste MIDI vers le plug-in. Et nous voici près à pouvoir suivre en temps réel notre progres­sion d’ac­cords.

Rien à redire sur cette partie donc, Super­chord pouvant être utilisé pour donner un peu plus de profon­deur et d’âme au plus morne des samples. Mais c’est un tour­nant quelques boutons et en soumet­tant diffé­rentes sources au plug-in qu’il révèle tout son poten­tiel car on vite fait de tomber dans des choses beau­coup plus barrées, du son de sitar à celui de drones en passant par des simi­lis distos ou diffé­rents effets à modu­la­tion (phaser, chorus, tremolo) grâce notam­ment à la section modu­la­tion.

C’est ainsi qu’on peut créer des harmo­nies autour d’une simple partie de batte­rie : 

drums
00:0000:04
  • drums 00:04
  • drum­schor­deon 00:04

Et grâce au para­mètre Damper, rame­ner cela à quelque chose de plus chip­tu­nesque :

00:0000:00

On se rend vite compte aussi que la bête peut s’avé­rer sinon dange­reuse, du moins méchante : en tour­nant quelques potards, on a tôt fait de se retrou­ver avec des réson­nances instables prêtes à partir en larsen à tout instant. C’est un des aspects très inté­res­sants de Super­chord qui s’avère parfois impré­vi­sible et permet de rendre plus orga­nique la source qu’on lui soumet, à plus forte raison lorsqu’on utilise les formes d’onde chao­tiques du LFO.

Voici quelques exemples de ce que vous pouvez obte­nir avec une simple note de synthé :

synth­bass
00:0000:08
  • synth­bass 00:08
  • synth­crazy 00:08
  • synth­dogs 00:08
  • synth­dry 00:08
  • synth­mod 00:08
  • synth­mys­tic 00:08
  • synthrain 00:08
  • synthrez 00:08
  • synth­sick 00:08
  • synth­troll 00:08
  • synthw­hale 00:08
 

Voyez qu’il y a de quoi faire ! Et pour­tant, on sent bien que le concept de cet effet instru­ment pour­rait être poussé plus loin encore, notam­ment en enri­chis­sant la section de modu­la­tion. En vis-à-vis du fonc­tion­ne­ment global de cette dernière, on aurait en effet adoré dispo­ser de plus de LFO/Suiveurs d’en­ve­loppe (et même soyons fous : d’un Step Sequen­cer) et surtout de plus de desti­na­tions de modu­la­tion pour pouvoir préci­sé­ment instil­ler du mouve­ment dans tel ou tel réso­na­teur (que ce soit au niveau du pan, du volume, de l’ac­cor­dage ou même de la fonda­men­tale). Je suis par ailleurs curieux de voir le mouve­ment que pour­rait appor­ter un delay, si simple soit-il dans tout ce mael­strom de réson­nances.

Évidem­ment, chaque para­mètre du logi­ciel étant pilo­table en MIDI, il ne sera pas trop dur de conduire de telles expé­riences en usant soit d’au­to­ma­tions, soit de modu­la­teurs externes, soit d’une surface de contrôle. Et bien entendu, on pourra s’amu­ser à combi­ner Super­chord avec d’autres effets.

Mon petit doigt m’a dit en outre que le déve­lop­peur avait pas mal de plans pour son bébé et que pas mal de ces choses sont dans les tuyaux. Moi je dis : chouette !

Conclu­sion

Avec cette première réali­sa­tion, LMDSP nous tend une bien belle carte de visite. Il ne s’agit pas d’un compres­seur ou d’un EQ de plus venant se noyer sur un marché archi saturé mais d’un effet origi­nal pouvant tout aussi bien servir à épais­sir des instru­ments qu’à taper gaillar­de­ment dans le sound design. Outre une inter­face perfec­tible, on espère fran­che­ment que le plug-in va encore se sophis­tiquer car on sent bien qu’il y a plein de choses à faire avec les réso­nances sympa­thiques, et qu’il suffi­rait de déve­lop­per un peu la section de modu­la­tion et d’ef­fets pour embras­ser des hori­zons plus vastes encore. Mission accom­plie donc, mais on attend déjà la suite. ;-)

Notre avis : 8/10

Award Innovation
Innovation
Award
  • Originalité de l’effet
  • Modélisation convaincante
  • Utile pour améliorer un son comme pour faire des choses plus barrées
  • Un mode effet et un mode instrument
  • Interface skinable
  • Interface perfectible
  • Certains paramètres pas évidents à comprendre
  • On aimerait plus de modulateurs et de destinations de modulation.

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