Je suppose que la fin du dernier épisode a dû en laisser plus d'un sur sa faim. Et vous allez certainement encore plus m'abhorrer en constatant que le premier paragraphe de cet article n'est pas consacré à la question laissée en suspend depuis une semaine… Mais que voulez-vous, on ne se refait pas !
Je préfère toujours exposer le « pourquoi » avant d’expliquer le « comment ». Pour quelle raison ? Tout simplement parce qu’en comprenant les causes d’une chose, il me semble plus facile de s’approprier ce qui en découle pour arriver à créer son propre chemin. Si pour vous, tout cela n’est que verbiage, rendez-vous au second paragraphe. Pour les autres, c’est par ici que ça se passe…
Au royaume des aveugles…
… Les unijambistes ne courent pas plus vite. Pourquoi diable se faire des noeuds au cerveau au stade de la prise de son pour ces histoires de phase si, comme je l’ai évoqué la semaine dernière, il est possible de régler cela au mix ? Eh bien comme toujours, pour se plier à la sacro-sainte règle d’or N°1 de l’enregistrement ! En effet, ne pas se soucier de cette histoire lorsque vous enregistrez revient à ne pas réellement savoir ce que donnera le mélange de vos prises à l’heure du mixage. C’est un peu comme si un peintre espérait coucher sur sa toile une certaine nuance de bleu en piochant au hasard plusieurs tubes de peinture. Même s’il a les yeux bien ouverts lors du mélange, avouez qu’il y a peu de chance pour qu’il parvienne à obtenir son fameux bleu s’il a pioché du rouge et du noir, non ?
Ici, c’est exactement la même tisane. Ne pas vous assurer à ce stade que le mélange de vos pistes de basse correspond bien au son que vous souhaitez obtenir pour le titre sur lequel vous travaillez est le meilleur moyen de vous rendre la vie impossible lors des phases suivantes.
Oui, je sais que c’est une évidence. Je me permets cependant d’insister car je n’ai moi-même pas pris la peine de me conformer à cette évidence au début de mes aventures musicales et je peux vous assurer que j’en ai bavé à cause de ça. Mieux vaut donc prévenir que guérir.
Phase & Furious 2
Bon, à présent, voyons donc la « méthode du pauvre » dont je vous parlais la semaine dernière. La manoeuvre est somme toute simple. Une fois la basse reliée en direct ainsi que le(s) micro(s) placé(s) devant l’ampli, demandez au musicien de jouer une seule note témoin que vous allez bien entendu enregistrer. Une fois cela fait, vous devriez constater en regardant les formes d’ondes dans votre STAN qu’il y a un décalage temporel entre les différentes pistes, ce qui cause nos fameux soucis de phase. Insérez donc sur la ou les pistes en avance un plug-in de delay précis au sample près. Si votre STAN ne dispose pas d’un tel outil, vous pouvez vous rabattre sur le freeware Sound Delay de Voxengo. À présent, ajustez les delays de façon à éradiquer les artefacts. Voici une petite astuce pour arriver à vos fins plus rapidement : inversez la polarité de la piste de « référence », c’est-à-dire celle sans le plug-in de delay, et ajustez le retard des autres voies jusqu’à obtenir le son de basse le plus rachitique qui soit ; rétablissez alors la polarité d’origine sur votre piste de « référence » et vous obtiendrez un son de basse optimal. Si ce que vous entendez ne vous convient pas, déplacez vos micros et recommencez la manoeuvre. Avec l’habitude, cette procédure ne devrait vous prendre qu’une paire de minutes et cela vous garantit que ce que vous enregistrez correspond bien à vos attentes. Ainsi, vous pourrez enchainer avec l’enregistrement à proprement parler en toute sérénité.
Pour finir, sachez que cette façon de faire ne se limite évidemment pas qu’au cas de la basse. Dès que vous enregistrez une source sonore avec plusieurs voies dans votre STAN, il est judicieux de prendre la peine d’effectuer cette manoeuvre histoire de ne pas évoluer au petit bonheur la chance. À bon entendeur…