Kawai K5000R

Je ne vais pas reprendre les caractéristiques techniques de l'animal, car je suis paresseux et d'autres l'ont fait de belle manière avant. Je vais par contre orienter cet avis comme un retour d'expérience après une dizaine de jours d'utilisation.

Pour commencer il y avait quelques aspects de la machine à côté desquels j'étais passé (par inattention) et qui m'ont surpris à la réception:

- tout d'abord la mémoire est dynamique et la quantité de patches dépend de leur complexité. Alors malgré 128 emplacements par banque, on peut se retrouver avec des banques de 30 patches et pas plus. Le point embêtant étant qu'il n'y a aucun moyen de savoir où on en est en terme de mémoire disponible.
-côté bonne surprise, on a un filtre passe bas, et un multi bande PAR OSCILLATEUR! Mise à part que les PCM ne peuvent pas passer dans le multibande (dommage), et donc qui ne profitent que du passe-bas.

Et maintenant que dire?

J'ai acheté ce synthé il y a peu, avant tout par pulsion. Un K5000 c'est un peu comme une licorne. Si on en voit une, il faut se jeter dessus. De plus ma musique se situe entre Kaitlyn Aurelia Smith, Tangerine Dream, Jean-Luc Lahaie, Robert Rich et Kraftwerk (rayez la mention inutile, en toute humilité). J'aime beaucoup les nappes planantes et les évolutions timbrales lentes, donc le K5000 semblait être un bon choix. Finalement, c'est un type de synthèse peu courant en hardware. Je me suis dit que rajouter cette couleur à mon set serait une bonne idée.

Me voilà donc avec ce beau rack, qui, malgré quelques traces (légères) révélant son âge, reste très élégant. On sent que le métal ne coutait pas cher à l'époque: ça respire la solidité. L'écran est très lisible, mais siffle un peu (il est sur la liste des choses à changer). Le lecteur de disquette a été remplacé par un lecteur de clé USB, sauf que je ne sais pas l'utiliser et que je n'ai pas de mode d'emploi (notamment pour partitioner depuis le mac). C'est dommage sans l'être trop. Pour un usage studio exclusif, avec un MAC et un éditeur le stockage n'est pas un problème.

Première écoute des patches livrés avec: il y a à prendre et à laisser. Surtout à laisser. Certains pads laissent cependant entrevoir le potentiel. Là je me dis "chouette", on est bien parti. Sauf que...après quelques heures je me rends compte que le machin ne se laisse pas apprivoiser comme ça. Malgré l'éditeur (MidiQuest), pas facile de sortir un son potable avec. Et au fil de mes recherches je tombe également sur quelques curiosités:
- les PCM sont numérotés de 342 à 464. Pourquoi pas de 0 à 122? ben pourquoi pas...
- les PCM sont numérotés...et pis c'est tout. Pas de nom! va falloir apprendre la liste par coeur.
-l'accès au LFO balayant le filtre multibande (formant filter) se fait par le menu " enveloppe" du sus nommé filtre...je l'ai cherché ce p..... de LFO....
-il n'y a pas de "init patch" et ça , ça m'embête car j'aime bien partir de 0 quand je programme.

Après quelques jours à travailler avec, force est de constater qu'on part souvent de nulle part pour arriver à rien, ou de rien pour arriver nulle part...j'ai donc mis mon cerveau en route (ce qu'il en reste) et mes conclusions sont que:
-les PCM sont vraiment utiles pour donner du caractère au son, fournir des "transient", etc...on est dans une logique "à la D50" pour ceux qui connaissent
- la partie additive doit se traiter avec parcimonie et délicatesse: on ne met pas "tout" à donf, et on y va petit à petit. A ce point je me dit que quelques harmoniques c'est suffisant, et que le reste c'est le filtre qui fait le travail.
- Et LE gros plus c'est ce fameux filtre multibande, qu'on peut faire chanter. Il est vraiment beau. Pas simple à régler, mais très très musical. Le filtre passe bas a aussi une bonne personnalité, mais sa résonance est très acide je trouve, et pas forcément à mon gout. Mais il fait le job.
- Le multi effet est vraiment bon, sans être trop typé, mais donne un bel espace au son. Les disto/overdrive sont insipides par contre, mais les delays/phasers sont sympas. Finalement les enhancer/exciter permettent de bien booster le signal. Le multi effet est indispensable à mon avis et contribue pour beaucoup au mythe de l'instrument.
-A tout les niveaux les réglages sont subtils: la frontière entre "pas assez" et "beaucoup trop" est très ténue, pour chaque paramètre. Ce n'est pas une machine tolérante.


Au fil de mes recherches internet, j'ai également pu constater qu'on ne trouvait pas énormément de patches. Mais j'en ai trouvé assez pour avoir une base et commencer à faire des "mix", "blend" avec MidiQuest. De plus je commence à mémoriser la navigation sur la bête elle -même et après 10 jours, ça y'est, j'ai pondu un "pad" à peu près correct, avec du mouvement.

La découverte sympa c'est aussi ce plug-in midi pour "Max for Live" qui émule le fameux controller hardware "macro control". Couplé à d'autres plug in midi (LFO et enveloppes) je peux facilement ajouter du mouvement, et également accéder rapidement à des paramètres d'éditions on va dire "majeurs". A l'usage je me dis qu'effectivement Kawai n'avait pas sorti le "macro control" pour rien, et que je me laisserais bien tenter par un BCR2000 histoire d'avoir des contrôles physiques...

Pour conclure, on va dire que l'impression est mi figue, mi raisin tant ce synthé peut être abscon. ça n'est pas le coup de foudre que j'attendais. Après on sent qu'il y a un potentiel, et effectivement il y a "un truc" à la limite de l'hypnose quand on a trouvé le "sweet spot". Il y a une très belle largeur stereo, beaucoup d'ampleur. Je le garde pour l'instant et je verrai comme il rentre dans ma musique. De plus l'argus actuel est un peu sur-évalué, même si je l'ai eu à un prix "correct" en comparaison des 1000€ ou plus que je vois sur Ebay. L'offre, la demande, la rareté, tout ça...