ARP Quartet

L'ARP Quartet est une jolie machine, assez compacte pour l'époque. Vendue en 1979-1980 pour 5500 francs, ce qui représente plusieurs milliers d'euros aujourd'hui, si l'on tient compte du nombre d'heures de salaires minimum qu'il fallait travailler pour se le payer, elle restait une strings machine très abordable.

Le gros point fort est le grain. Un son chaud et vivant sort du Quartet.

Grand amateur de sons de strings analogiques, je l'ai acheté pour cela, mais j'en suis déçu. Bien sûr nous cherchons tous quelque chose de différents dans ces strings analogiques, mais je trouve celles-ci un peu nasillardes. D'autres les adoreront probablement, car elles sont très spéciales et bien typiques de l'époque.

J'ai essayé de les passer dans des effets, je ne suis pas parvenu à quelque chose qui me convienne. À noter que le Quartet offre un très beau chorus débrayable sur les sons de strings. Et le son devient vraiment très très sympa. Mais voilà je n'ai jamais été fan de chorus sur les strings, je les préfère toujours dry. Je sais que ce n'est pas l'avis général, quand je lis que le Solina, par exemple, tient son succès dans son effet de tri-chorus. En tant que string machine ce Quartet n'est peut-être juste pas pour moi.

Pour donner du coffre on peut mixer les strings avec d'autres sources de sons : un piano rigolo pour donner un caractère percussif, des brass, un orgue. Les strings peuvent être jouées façon pizzicato, et là c'est un son très intéressant que l'on obtient, la première fois que je vois cela.

Le problème est que quand on mélange deux sons on perd des contrôles d'enveloppe (l'attaque longue typique des strings est désactivée), ou le chorus. Et peut-être le plus gênant est que c'est un mélange on/off, c'est un switch et non un mixeur pour mélanger, en clair on ne peut pas régler les niveaux de mix entre les sons comme sur un Logan. Pour moi c'est le point faible de la machine.

On a le son d'orgue tout seul qui est excellent. Bien sûr on n'en a qu'un seul, ou plutôt deux, avec un ou deux paramètre à régler, decay et vibrato je crois. C'est indigent, mais c'était comme ça à l'époque. Et à y réfléchir, je préfère presque ce bon son d'orgue, plutôt qu'un synthé avec 400 paramètres pas fichu de sortir même un son d'orgue utilisable, ce qui est le comble sur un synthé.

Et je garde le meilleur pour la fin, la bonne surprise : les brass. Ces cuivres sont justes excellents, vivants, profonds. Je rajoute un phaser mais vraiment ça sonne même sans effets. Le plus curieux est que pour moi je trouve que cela sonne très ARP, un peu comme l'Omni. Or internet est formel : cet ARP Quartet est en fait un SIEL Orchestra, un synthé italien, vendu par ARP sous sa propre marque.

C'est donc une bonne petite machine que l'on a là. Évidemment avec ces rééditions que l'on trouve aujourd'hui pour le même prix, avec le son, le prix, la garantie, le neuf, les belles diodes, les mémoires... il faut être motivé pour trouver un intérêt à ce genre de vieux coucous, mais l'essentiel est de produire LE son vivant et inspirant. Et pour moi l'ARP Quartet, même avec toutes ses limites, y parvient.