vis visible sur VCF = ms20 MkII ! ! !
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foox
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Sujet de la discussion Posté le 06/01/2020 à 13:01:18vis visible sur VCF = ms20 MkII ! ! !
non c'est tout.
Et ceci afin d'éviter aux habituels receleurs/spéculateurs de vendre un appareil à 500€ au dessus des prix habituels sous prétexte que c'est un mk1 alors qu'il s'agit bel et bien d'un mk2. spéculation + mensonge.
Et ceci afin d'éviter aux habituels receleurs/spéculateurs de vendre un appareil à 500€ au dessus des prix habituels sous prétexte que c'est un mk1 alors qu'il s'agit bel et bien d'un mk2. spéculation + mensonge.
2eme LP disponible: (vynil & CD) https://summerbrackets.bandcamp.com/
[ Dernière édition du message le 06/01/2020 à 13:02:01 ]
Anonyme
2 Posté le 06/01/2020 à 17:31:50
C'est vrai... et faux.
Sais-tu la raison de cette vis sur le panneau VCF du MK II ?
Le MK I utilisait deux filtres créés par Korg pour leur usage exclusif, c'étaient deux filtres de modèle "Korg 35/9301" :
Ce composant est minuscule :
Ce composant n'est rien d'autre qu'un ensemble ultra-simpliste (mais efficace) fait de cinq transistors et six résistances, le tout monté en Sallen-Key (du nom de R.P. Sallen et E.L. Key qui ont inventé ce genre de cellule électronique en 1955). Il peut être configuré comme passe-bas ou comme passe-haut. Il suffit de l'implanter verticalement dans une partie du circuit imprimé, partie contenant elle aussi quelques résistances et quelques condensateurs qui vont permettre de choisir l'usage du composant soit en passe-bas soit en passe-haut. Les résistances et condensateurs utilisés autour de ce composant permettent de jouer sur la polarisation de ses cinq transistors par une variation des tensions grâce à une des résistances qui n'est pas fixe mais variable (c'est à dire un potentiomètre), faisant de ce filtre un VCF ("Voltage Controlled Filter", c'est à dire "Filtre Commandé en Tension").
Avec ce petit composant implanté verticalement on a donc gagné de la place sur la carte-mère principale du synthétiseur (la carte KLM-127), une place qui manquait cruellement déjà sur le MS-10.
Ce composant contenant à lui seul un filtre a donc été créé pour le MS-10.
Dans le MS-10 il n'y en avait qu'un seul, monté en passe-bas.
En 1977 le MS-10 est encore en cours de conception, mais il n'est pas encore commercialisé.
Parallèlement, Korg réutilise ce composant pour le PS-3100 et le PS-3300, eux aussi en cours de conception au même moment. Dans ce genre de "polyphonie en divide-down" très spéciale imaginée pour ces deux synthés que sont le PS-3100 et le PS-3300 (elle s'écarte des architectures divide-down déjà connues depuis longtemps) il faut pour chaque touche concevoir un filtre totalement indépendant. Et donc chaque touche comporte un circuit Low-Pass Filter indépendant... Or il y a 48 touches !
Dans le PS-3100 on a donc 12 VCO (1 VCO pour chaque note de la gamme), dont les fréquences sont ensuite divisées par l'habituelle architecture divide-down... mais les filtres passe-bas, eux, sont bien au nombre de 1 par touche ! Soit 48 circuits 35/9301 pour l'ensemble du clavier ! Et idem pour les enveloppes de modulation (à ne pas confondre avec le générateur d'enveloppe commune) puis pour une section de filtrage supplémentaire (un résonateur fait de trois filtres passe-bande) et pour les VCA internes propres à chaque note ! L'ensemble reste paraphonique car à la sortie de tout cela il y a un mixer qui envoie le tout (une fois mixé) vers un unique ensemble commun constitué d'une cascade de deux VCA dont seul le premier est contrôlé par un générateur d'enveloppe commune !
Cela fait donc 48 composants filtres 35/9301 (montés en LPF) pour ce synthé !
Les valeurs des résistances et condensateurs de la circuiterie autour de chaque composant 35/9301 sont aussi repensées pour donner au filtre une sonorité plus chaude que sur le MS-10.
En parallèle au PS-3100 Korg sort le PS-3300. Avec cette fois non plus une seule voix mais trois voix pour chacune des 12 notes. Il y a quelques différences. Mais ça fait un sacré nombre de filtres 35/9301 dans le synthé ! Le monstre contient pas moins de 3 x 48 éléments rien que pour la section dupliquée à chaque note du synthé, soit 3 x 48 = 144 oscillateurs, 3 x 48 = 144 filtres, 3 x 48 = 144 enveloppes de modulation et 3 x 48 = 144 VCA !
Le PS-3100 et le PS-3300 sortent donc le même jour (en 1977) mais autant le 3100 fait un véritable carton au niveau commercial, autant le 3300, lui, est un échec. Non pas à cause de problèmes techniques mais parce que la conception du modèle a été beaucoup plus complexe... et la mise au point finale de chaque exemplaire en sortie d'usine coûte une petite fortune vu la quantité phénoménale de tests et de réglages à faire minutieusement avant de passer l'étape du feu vert pour emballage de l'exemplaire et son expédition vers le point de vente. Le 3300 est donc vendu bien trop cher, même pour les bourses des musiciens professionnels, et il ne sera construit qu'à une vingtaine d'exemplaires. Il est donc rarissime ! Et même Bob Moog en personne a déclaré que ce PS-3300 qu'il venait d'essayer était le nec-plus-ultra des synthés polyphoniques !
Korg revoit donc sa copie, imagine un niveau intermédiaire entre les deux, tout en conservant l'idée de base (réutiliser tout ce qui a été fait pour le 3100). Donc quelques mois plus tard (début 1978) Korg ajoute un nouveau modèle PS à la série dans son catalogue, avec cette fois non plus trois voix mais seulement deux voix par touche. C'est le 3200. Il y a à nouveau quelques différences supplémentaires... mais on a encore quand même pas moins de 96 filtres 35/9301 ! Et une autre modification notable est la suppression des trois filtres passe-bande qui constituaient le résonateur (ils posaient vraiment trop de problèmes) de chaque voix, ils sont supprimés et remplacés cette fois par un vrai (et unique, juste après le mixer) équaliseur (à 7 bandes).
Et la même année que le PS-3200 Korg sort ENFIN son MS-10. Tout y est ultra-simple par rapport à la série PS mais dans cette série MS Korg implante le même filtre 35/9301. Là on est dans l'économie la plus totale : il n'y en a qu'un seul !
En parallèle au MS-10 Korg sort le MS-20 la même année (on est toujours en 1978), en partant du design du MS-10, pour ne pas réinventer la roue. Ils modifient donc les circuits existants dans le MS-10 et y apportent pas mal de nouveautés mais sans bouleverser l'ensemble déjà conçu pour le MS-10 et qui fonctionne parfaitement. Une nouveauté notable est la self-oscillation du filtre, permise par une amélioration de la circuiterie qui commande le composant 35/9301... pas le composant lui-même, mais la circuiterie qui le commande !
Les ingénieurs conçoivent aussi une amélioration de toute la "section VCF" du synthé en ajoutant une fonction passe-haut en plus de la fonction passe-bas. Ainsi alors que le MS-10 contient simplement un filtre 35/9301 utilisé en passe-bas, le MS-20 en contient deux, l'un monté en passe-bas comme sur le MS-10 et l'autre monté en passe-haut.
Les choses sont en l'état lorsque Korg met sur le marché le MS-20 en 1978.
La série MS est délibérément faite pour accompagner la série PS non seulement au catalogue mais aussi et surtout en studio et sur scène. D'ailleurs au passage "PS" a été choisi pour signifier "Polyphonic Synthesizer" et "MS" a été choisi pour signifier "Monophonic Synthesizer". Les deux séries partagent beaucoup de points communs (pas seulement leur filtre, il y a beaucoup d'autres points communs, notamment l'invention de ces "patchbay" ayant le même principe de fonctionnement est aussi délibérément un très important point commun voulu entre les deux séries)... et ces deux séries sont destinées à être utilisées ensemble. Le but est que les acheteurs des PS achètent aussi les MS. Et Korg commence donc la conception du MS-50, de sorte qu'on ait un chemin parallèle parfait entre les deux séries :
- PS-3100 avec MS-10
- PS-3300 avec MS-20
- Puis PS-3200 avec MS-50 (qui sortira un an plus tard)
Et les patchbays ont une complémentarité qui se reflète très bien dans chacune des trois combinaisons.
Mais le PS-3300 se révèle immédiatement être un échec commercial total, tout comme (dans une un peu moindre mesure) le MS-50, et tous les deux pour la même raison : un prix de fabrication et de mise au point qui oblige à un prix de vente trop élevé.
Les utilisateurs vont donc faire une combinaison différente de celle imaginée par Korg. On verra au début ces deux combinaisons :
- un PS-3100 avec un MS-10 (comme prévu)
- et un PS-3200 avec un MS-20
De plus le MS-10 va vite se révéler trop "simpliste" et les musiciens vont largement lui préférer le MS-20, que ce soit en combinaison avec un PS-3100 comme en combinaison avec un PS-3200. On va donc la plupart du temps, après le désintérêt assez rapide pour le MS-10, voir se maintenir ces deux combinaisons:
- un PS-3100 avec un MS-20
- et un PS-3200 avec un MS-20
Surviennent, dès la deuxième année de commercialisation, deux problèmes. L'un technique qui concerne la stabilité du filtre 35/9301 qui se révèle à l'usage un peu trop sensible à la température, et l'autre dans l'approvisionnement de ce composant 35/9301 par le fabricant (c'est un composant conçu par "Korg" exclusivement pour "Korg" mais produit par une usine de sous-traitance, usine qui commence à avoir des problèmes financiers). Une rupture définitive de stock pourrait survenir, mettant en péril la fabrication (et donc le succès commercial) du MS-20... devenu une véritable star mondiale avec un chiffre d'affaire phénoménal laissant loin derrière lui les deux autres MS et toute la série PS. Un arrêt, même provisoire, de la production du MS-20 pourrait être catastrophique pour la marque parce que Roland, Yamaha, Moog et SCi, eux... ne traînent pas des pieds pour sortir des modèles très compétitifs de monophoniques dont on connaît encore aujourd'hui le succès quarante ans plus tard !
Korg commence donc à revoir la conception de la partie filtres du MS-20, et porte son choix sur le composant
LM13600 qui, lui, n'est ni conçu ni fabriqué par Korg. Le LM13600 existe déjà, n'est plus à prouver, et l'adopter en remplacement ne serait-ce que provisoire du 35/9301 est un moindre mal comparé à la catastrophe que serait une impossibilité d'honorer les commandes de MS-20 qui est devenu le produit phare de la marque. Au Japon le déshonneur est quelque chose de dramatique, c'est dans la culture japonaise depuis des siècles. Les deux filtres vont donc coexister pendant environ un an, produisant donc deux séries légèrement différentes de MS-20 en même temps, sur deux chaînes de fabrication différentes. Et ce n'est que un an plus tard, fin 1981, que Korg abandonne définitivement la production de la série MS-20 d'origine équipée du 35/9301, ce composant étant un risque majeur pour la marque en cas de persistance du problème financier vu plus haut. Cette décision d'en finir avec le 35/9301 et donc aussi avec la petite série rémanente de modèles MS-20 équipés de cet ancien filtre est une décision qui en fait a été motivée par l'arrêt de la série PS, les PS-3100 et PS-3200.. et de toutes façons il y avait aussi avec ce 35/9301 le problème technique dont j'ai aussi parlé : l'instabilité dans les variations de température. Un an après le début de cette coexistence de deux séries Korg a donc définitivement cessé la fabrication de la série basée sur l'ancien filtre et a poursuivi la fabrication du MS-20 en n'utilisant désormais plus que le nouveau filtre.
Mais, contrairement à ce que croient la plupart ce n'est pas le fait d'avoir remplacé ce filtre 35/9301 par un filtre LM13600 qui a motivé le passage de l'appellation MK I à l'appellation MK II. C'est un ensemble d'autres modifications dans la conception générale du synthé. Beaucoup de choses y compris la couleur du synthé lui-même (face grise vraiment grise qui devient face gris-bleutée, par exemple), mais aussi dans une réorganisation des typons des cartes circuits imprimés (notamment le déport de toute une partie, dont les filtres, sur un circuit imprimé (et donc un typon aussi) différent, qui sera désormais fixée (par une vis visible !) à la partie arrière du panneau de commande, avec une disgracieuse tête de vis qui se retrouve apparente sur le panneau), l'emplacement et la taille des cartes circuits imprimés, leurs fixations, etc.
Et pour bien mettre les points sur les i, on trouvait même encore des filtres 35/9301 (il fallait bien finir de les écouler dans la production) dans certains des premiers milliers de MS-20 estampillés MK II... et on trouve aussi déjà des filtres LM13600 dans certains des derniers MS-20 qui ne sont pas du tout encore estampillés MK II (parce qu'il n'y avait pas qu'une seule chaîne de fabrication pour ce MS-20, on ne met que rarement tous les oeufs dans le même panier car en cas de problème c'est toute la production entière qui passe à l'arrêt). La transition entre la première génération de MS-20 et la seconde génération de MS-20 n'a pas du tout été subite mais a été progressive, durant toute cette année 1981 donc je parlais plus haut.
L'idée de différencier de façon fiable et absolue la série MK I et la série MK II par cette vis est donc purement et simplement un mythe.
Une fois les problèmes de gestion de cette usine (celle qui fabriquait les filtres 35/9301) réglés (problèmes de gestion qui ont duré jusqu'en 1983 quand même, c'est pas rien) Korg n'a pas jeté à la poubelle le design de son filtre 35, car sur le papier ce design était vraiment génial. Ils ne l'ont donc pas jeté à la poubelle... mais ils l'ont au contraire précieusement conservé et l'ont réutilisé plus tard (avec des modifications successives, donc des versions successives) quand la marque a recommencé à produire des vrais analogiques plus modernes avec la mode récente des synthés "Virtual Analog" et surtout avec le nouvel engouement pour de vrais analogs. Elle l'utilise notamment dans les Monotron et d'autres. On en est maintenant à la cinquième génération de ce filtre.
Sais-tu la raison de cette vis sur le panneau VCF du MK II ?
Le MK I utilisait deux filtres créés par Korg pour leur usage exclusif, c'étaient deux filtres de modèle "Korg 35/9301" :
Ce composant est minuscule :
Ce composant n'est rien d'autre qu'un ensemble ultra-simpliste (mais efficace) fait de cinq transistors et six résistances, le tout monté en Sallen-Key (du nom de R.P. Sallen et E.L. Key qui ont inventé ce genre de cellule électronique en 1955). Il peut être configuré comme passe-bas ou comme passe-haut. Il suffit de l'implanter verticalement dans une partie du circuit imprimé, partie contenant elle aussi quelques résistances et quelques condensateurs qui vont permettre de choisir l'usage du composant soit en passe-bas soit en passe-haut. Les résistances et condensateurs utilisés autour de ce composant permettent de jouer sur la polarisation de ses cinq transistors par une variation des tensions grâce à une des résistances qui n'est pas fixe mais variable (c'est à dire un potentiomètre), faisant de ce filtre un VCF ("Voltage Controlled Filter", c'est à dire "Filtre Commandé en Tension").
Avec ce petit composant implanté verticalement on a donc gagné de la place sur la carte-mère principale du synthétiseur (la carte KLM-127), une place qui manquait cruellement déjà sur le MS-10.
Ce composant contenant à lui seul un filtre a donc été créé pour le MS-10.
Dans le MS-10 il n'y en avait qu'un seul, monté en passe-bas.
En 1977 le MS-10 est encore en cours de conception, mais il n'est pas encore commercialisé.
Parallèlement, Korg réutilise ce composant pour le PS-3100 et le PS-3300, eux aussi en cours de conception au même moment. Dans ce genre de "polyphonie en divide-down" très spéciale imaginée pour ces deux synthés que sont le PS-3100 et le PS-3300 (elle s'écarte des architectures divide-down déjà connues depuis longtemps) il faut pour chaque touche concevoir un filtre totalement indépendant. Et donc chaque touche comporte un circuit Low-Pass Filter indépendant... Or il y a 48 touches !
Dans le PS-3100 on a donc 12 VCO (1 VCO pour chaque note de la gamme), dont les fréquences sont ensuite divisées par l'habituelle architecture divide-down... mais les filtres passe-bas, eux, sont bien au nombre de 1 par touche ! Soit 48 circuits 35/9301 pour l'ensemble du clavier ! Et idem pour les enveloppes de modulation (à ne pas confondre avec le générateur d'enveloppe commune) puis pour une section de filtrage supplémentaire (un résonateur fait de trois filtres passe-bande) et pour les VCA internes propres à chaque note ! L'ensemble reste paraphonique car à la sortie de tout cela il y a un mixer qui envoie le tout (une fois mixé) vers un unique ensemble commun constitué d'une cascade de deux VCA dont seul le premier est contrôlé par un générateur d'enveloppe commune !
Cela fait donc 48 composants filtres 35/9301 (montés en LPF) pour ce synthé !
Les valeurs des résistances et condensateurs de la circuiterie autour de chaque composant 35/9301 sont aussi repensées pour donner au filtre une sonorité plus chaude que sur le MS-10.
En parallèle au PS-3100 Korg sort le PS-3300. Avec cette fois non plus une seule voix mais trois voix pour chacune des 12 notes. Il y a quelques différences. Mais ça fait un sacré nombre de filtres 35/9301 dans le synthé ! Le monstre contient pas moins de 3 x 48 éléments rien que pour la section dupliquée à chaque note du synthé, soit 3 x 48 = 144 oscillateurs, 3 x 48 = 144 filtres, 3 x 48 = 144 enveloppes de modulation et 3 x 48 = 144 VCA !
Le PS-3100 et le PS-3300 sortent donc le même jour (en 1977) mais autant le 3100 fait un véritable carton au niveau commercial, autant le 3300, lui, est un échec. Non pas à cause de problèmes techniques mais parce que la conception du modèle a été beaucoup plus complexe... et la mise au point finale de chaque exemplaire en sortie d'usine coûte une petite fortune vu la quantité phénoménale de tests et de réglages à faire minutieusement avant de passer l'étape du feu vert pour emballage de l'exemplaire et son expédition vers le point de vente. Le 3300 est donc vendu bien trop cher, même pour les bourses des musiciens professionnels, et il ne sera construit qu'à une vingtaine d'exemplaires. Il est donc rarissime ! Et même Bob Moog en personne a déclaré que ce PS-3300 qu'il venait d'essayer était le nec-plus-ultra des synthés polyphoniques !
Korg revoit donc sa copie, imagine un niveau intermédiaire entre les deux, tout en conservant l'idée de base (réutiliser tout ce qui a été fait pour le 3100). Donc quelques mois plus tard (début 1978) Korg ajoute un nouveau modèle PS à la série dans son catalogue, avec cette fois non plus trois voix mais seulement deux voix par touche. C'est le 3200. Il y a à nouveau quelques différences supplémentaires... mais on a encore quand même pas moins de 96 filtres 35/9301 ! Et une autre modification notable est la suppression des trois filtres passe-bande qui constituaient le résonateur (ils posaient vraiment trop de problèmes) de chaque voix, ils sont supprimés et remplacés cette fois par un vrai (et unique, juste après le mixer) équaliseur (à 7 bandes).
Et la même année que le PS-3200 Korg sort ENFIN son MS-10. Tout y est ultra-simple par rapport à la série PS mais dans cette série MS Korg implante le même filtre 35/9301. Là on est dans l'économie la plus totale : il n'y en a qu'un seul !
En parallèle au MS-10 Korg sort le MS-20 la même année (on est toujours en 1978), en partant du design du MS-10, pour ne pas réinventer la roue. Ils modifient donc les circuits existants dans le MS-10 et y apportent pas mal de nouveautés mais sans bouleverser l'ensemble déjà conçu pour le MS-10 et qui fonctionne parfaitement. Une nouveauté notable est la self-oscillation du filtre, permise par une amélioration de la circuiterie qui commande le composant 35/9301... pas le composant lui-même, mais la circuiterie qui le commande !
Les ingénieurs conçoivent aussi une amélioration de toute la "section VCF" du synthé en ajoutant une fonction passe-haut en plus de la fonction passe-bas. Ainsi alors que le MS-10 contient simplement un filtre 35/9301 utilisé en passe-bas, le MS-20 en contient deux, l'un monté en passe-bas comme sur le MS-10 et l'autre monté en passe-haut.
Les choses sont en l'état lorsque Korg met sur le marché le MS-20 en 1978.
La série MS est délibérément faite pour accompagner la série PS non seulement au catalogue mais aussi et surtout en studio et sur scène. D'ailleurs au passage "PS" a été choisi pour signifier "Polyphonic Synthesizer" et "MS" a été choisi pour signifier "Monophonic Synthesizer". Les deux séries partagent beaucoup de points communs (pas seulement leur filtre, il y a beaucoup d'autres points communs, notamment l'invention de ces "patchbay" ayant le même principe de fonctionnement est aussi délibérément un très important point commun voulu entre les deux séries)... et ces deux séries sont destinées à être utilisées ensemble. Le but est que les acheteurs des PS achètent aussi les MS. Et Korg commence donc la conception du MS-50, de sorte qu'on ait un chemin parallèle parfait entre les deux séries :
- PS-3100 avec MS-10
- PS-3300 avec MS-20
- Puis PS-3200 avec MS-50 (qui sortira un an plus tard)
Et les patchbays ont une complémentarité qui se reflète très bien dans chacune des trois combinaisons.
Mais le PS-3300 se révèle immédiatement être un échec commercial total, tout comme (dans une un peu moindre mesure) le MS-50, et tous les deux pour la même raison : un prix de fabrication et de mise au point qui oblige à un prix de vente trop élevé.
Les utilisateurs vont donc faire une combinaison différente de celle imaginée par Korg. On verra au début ces deux combinaisons :
- un PS-3100 avec un MS-10 (comme prévu)
- et un PS-3200 avec un MS-20
De plus le MS-10 va vite se révéler trop "simpliste" et les musiciens vont largement lui préférer le MS-20, que ce soit en combinaison avec un PS-3100 comme en combinaison avec un PS-3200. On va donc la plupart du temps, après le désintérêt assez rapide pour le MS-10, voir se maintenir ces deux combinaisons:
- un PS-3100 avec un MS-20
- et un PS-3200 avec un MS-20
Surviennent, dès la deuxième année de commercialisation, deux problèmes. L'un technique qui concerne la stabilité du filtre 35/9301 qui se révèle à l'usage un peu trop sensible à la température, et l'autre dans l'approvisionnement de ce composant 35/9301 par le fabricant (c'est un composant conçu par "Korg" exclusivement pour "Korg" mais produit par une usine de sous-traitance, usine qui commence à avoir des problèmes financiers). Une rupture définitive de stock pourrait survenir, mettant en péril la fabrication (et donc le succès commercial) du MS-20... devenu une véritable star mondiale avec un chiffre d'affaire phénoménal laissant loin derrière lui les deux autres MS et toute la série PS. Un arrêt, même provisoire, de la production du MS-20 pourrait être catastrophique pour la marque parce que Roland, Yamaha, Moog et SCi, eux... ne traînent pas des pieds pour sortir des modèles très compétitifs de monophoniques dont on connaît encore aujourd'hui le succès quarante ans plus tard !
Korg commence donc à revoir la conception de la partie filtres du MS-20, et porte son choix sur le composant
LM13600 qui, lui, n'est ni conçu ni fabriqué par Korg. Le LM13600 existe déjà, n'est plus à prouver, et l'adopter en remplacement ne serait-ce que provisoire du 35/9301 est un moindre mal comparé à la catastrophe que serait une impossibilité d'honorer les commandes de MS-20 qui est devenu le produit phare de la marque. Au Japon le déshonneur est quelque chose de dramatique, c'est dans la culture japonaise depuis des siècles. Les deux filtres vont donc coexister pendant environ un an, produisant donc deux séries légèrement différentes de MS-20 en même temps, sur deux chaînes de fabrication différentes. Et ce n'est que un an plus tard, fin 1981, que Korg abandonne définitivement la production de la série MS-20 d'origine équipée du 35/9301, ce composant étant un risque majeur pour la marque en cas de persistance du problème financier vu plus haut. Cette décision d'en finir avec le 35/9301 et donc aussi avec la petite série rémanente de modèles MS-20 équipés de cet ancien filtre est une décision qui en fait a été motivée par l'arrêt de la série PS, les PS-3100 et PS-3200.. et de toutes façons il y avait aussi avec ce 35/9301 le problème technique dont j'ai aussi parlé : l'instabilité dans les variations de température. Un an après le début de cette coexistence de deux séries Korg a donc définitivement cessé la fabrication de la série basée sur l'ancien filtre et a poursuivi la fabrication du MS-20 en n'utilisant désormais plus que le nouveau filtre.
Mais, contrairement à ce que croient la plupart ce n'est pas le fait d'avoir remplacé ce filtre 35/9301 par un filtre LM13600 qui a motivé le passage de l'appellation MK I à l'appellation MK II. C'est un ensemble d'autres modifications dans la conception générale du synthé. Beaucoup de choses y compris la couleur du synthé lui-même (face grise vraiment grise qui devient face gris-bleutée, par exemple), mais aussi dans une réorganisation des typons des cartes circuits imprimés (notamment le déport de toute une partie, dont les filtres, sur un circuit imprimé (et donc un typon aussi) différent, qui sera désormais fixée (par une vis visible !) à la partie arrière du panneau de commande, avec une disgracieuse tête de vis qui se retrouve apparente sur le panneau), l'emplacement et la taille des cartes circuits imprimés, leurs fixations, etc.
Et pour bien mettre les points sur les i, on trouvait même encore des filtres 35/9301 (il fallait bien finir de les écouler dans la production) dans certains des premiers milliers de MS-20 estampillés MK II... et on trouve aussi déjà des filtres LM13600 dans certains des derniers MS-20 qui ne sont pas du tout encore estampillés MK II (parce qu'il n'y avait pas qu'une seule chaîne de fabrication pour ce MS-20, on ne met que rarement tous les oeufs dans le même panier car en cas de problème c'est toute la production entière qui passe à l'arrêt). La transition entre la première génération de MS-20 et la seconde génération de MS-20 n'a pas du tout été subite mais a été progressive, durant toute cette année 1981 donc je parlais plus haut.
L'idée de différencier de façon fiable et absolue la série MK I et la série MK II par cette vis est donc purement et simplement un mythe.
Une fois les problèmes de gestion de cette usine (celle qui fabriquait les filtres 35/9301) réglés (problèmes de gestion qui ont duré jusqu'en 1983 quand même, c'est pas rien) Korg n'a pas jeté à la poubelle le design de son filtre 35, car sur le papier ce design était vraiment génial. Ils ne l'ont donc pas jeté à la poubelle... mais ils l'ont au contraire précieusement conservé et l'ont réutilisé plus tard (avec des modifications successives, donc des versions successives) quand la marque a recommencé à produire des vrais analogiques plus modernes avec la mode récente des synthés "Virtual Analog" et surtout avec le nouvel engouement pour de vrais analogs. Elle l'utilise notamment dans les Monotron et d'autres. On en est maintenant à la cinquième génération de ce filtre.
[ Dernière édition du message le 07/01/2020 à 00:55:40 ]
foox
411
Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 20 ans
3 Posté le 06/01/2020 à 18:15:07
Merci pour cet article instructif
Permets-moi juste de rectifier un détail: Il n'y a pas d'equalizer en sortie du 3300, mais bien des "resonators" 3 bandes (et dynamique, modulable quoi) par module (donc 3), exactement comme le 3100; par contre il y a effectivement un eq 7 bandes statique non-resonnant sur le ps-3200... Si cela t'intéresse, j'ai effectué 2 fiches "avis" sur le 3100 et le 3300; et si tu y vois des modification (c'est à dire de mes erreurs) ou davantage d'info à y apporter pour les compléter, j'en serai ravi.
à pluss'
Permets-moi juste de rectifier un détail: Il n'y a pas d'equalizer en sortie du 3300, mais bien des "resonators" 3 bandes (et dynamique, modulable quoi) par module (donc 3), exactement comme le 3100; par contre il y a effectivement un eq 7 bandes statique non-resonnant sur le ps-3200... Si cela t'intéresse, j'ai effectué 2 fiches "avis" sur le 3100 et le 3300; et si tu y vois des modification (c'est à dire de mes erreurs) ou davantage d'info à y apporter pour les compléter, j'en serai ravi.
à pluss'
2eme LP disponible: (vynil & CD) https://summerbrackets.bandcamp.com/
Anonyme
4 Posté le 06/01/2020 à 21:26:04
J'ai corrigé (je me suis en effet un peu emmêlé les pinceaux entre le 3300 et le 3200, merci pour l'alerte ).
Mais en ce qui concerne l'histoire de cette vis (et toute l'histoire relative aux filtres du MS-10, du MS-20, de la série PS) ainsi que l'historique de la série PS et de la série MS, je confirme. D'ailleurs c'est de plusieurs auteurs qui font plutôt référence en la matière que je tiens une bonne partie de tout cela (notamment diverses discussions en privé au fil des années avec Mark Vail, Mark Jenkins et Simon Cann, trois auteurs d'une sympathie hors du commun).
Mais en ce qui concerne l'histoire de cette vis (et toute l'histoire relative aux filtres du MS-10, du MS-20, de la série PS) ainsi que l'historique de la série PS et de la série MS, je confirme. D'ailleurs c'est de plusieurs auteurs qui font plutôt référence en la matière que je tiens une bonne partie de tout cela (notamment diverses discussions en privé au fil des années avec Mark Vail, Mark Jenkins et Simon Cann, trois auteurs d'une sympathie hors du commun).
[ Dernière édition du message le 07/01/2020 à 00:58:09 ]
C.Lawde
755
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 17 ans
5 Posté le 08/01/2020 à 22:08:04
Et bien merci pour ce morceau d’histoire très très intéressant (et agréable à lire en plus) !
– […] j'ai toujours pensé que nous devions avancer vers l'avenir.
– Oui, monseigneur. Difficile d'aller dans l'autre sens.
Terry Pratchett
Massimo Romeo
3860
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 21 ans
6 Posté le 05/05/2020 à 22:14:21
Au niveau des visses, vous entendez ces petits trous ?
Je ne sais pas si j’ai un mk1 ou mk2 ...
Je ne sais pas si j’ai un mk1 ou mk2 ...
Anoma unusual
65
Posteur·euse AFfranchi·e
Membre depuis 11 ans
7 Posté le 05/05/2020 à 22:36:11
Tu a un mk2
Elle se trouve là
Elle se trouve là
le Respect est le Fondement de toutes Choses ..
ZIXCAL
212
Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 11 ans
8 Posté le 05/05/2020 à 22:40:32
Citation de Anoma :
Tu a un mk2
Elle se trouve là
Là ?
une flèche pour indiquer l'emplacement précis serait la bienvenue...
Massimo Romeo
3860
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 21 ans
9 Posté le 05/05/2020 à 22:44:34
C'est la visse au dessus du potard du VCA donc?
J'avais lu VCF plus haut.
J'ai aussi lu le texte complet, très bien écrit d'ailleurs, qui indique la non fiabilité de la présence ou non de cette visse, mais peut être avec le numéro de série ?
J'avais lu VCF plus haut.
J'ai aussi lu le texte complet, très bien écrit d'ailleurs, qui indique la non fiabilité de la présence ou non de cette visse, mais peut être avec le numéro de série ?
Massimo Romeo
3860
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 21 ans
10 Posté le 05/05/2020 à 22:50:17
Je viens de comprendre donc que ce sont les 2 caches sur le panneau VCF
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