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Sujet Question n°2

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Sujet de la discussion Question n°2
Voilà:

Qu'appelle t on la musique dite "atonale"? Est ce uniquement du à une absence de tonalité bien précise?

merci
2
Imagine que tout le monde se mettent à titrer les threads comme toi...

Musique atonale = pas de tonalité. Cherche googl "musique modale"
3
Effectivement, la musique atonale est une musique dans laquelle le compositeur n'a pas recours aux lois tonales. C'est une absence de tonalité en général. La tonalité, comme tu dois sûrement le savoir, se base sur le principe acoustique des tensions et des détentes, c'est-à-dire de la cadence parfaite (l'enchaînement des degrés V et I à l'état fondamental) et donc du retour à la tonique. Dans la musique atonale, ce type de principe ne régit pas la musique.

Pour aller un peu plus loin dans l'histoire de la musique, puisque tu sembles t'y intéresser :

Au tournant des XIXe et XX, la musique devient de plus en plus chromatique sous l'impulsion de certains compositeurs post-romantiques (notamment Wagner) et entraîne la corrosion du système tonal. C'est Arnold Schönberg et ses deux disciples, Berg et Webern, qui pousseront le principe chromatique à son comble pour finalement abandonner totalement l'idée d'une note pôle qui régirait la composition d'une oeuvre en agençant les sons à leur guise.

J'anticipe sur ta question n°3 (et pense à nommer tes topics plus explicitement) : "Qu'est-ce que le sérialisme ?". Une fois que les trois viennois ont eu supprimé totalement l'idée de tonalité de leurs compositions, il semblait nécessaire d'organiser l'atonalité, qui n'était régie par aucun principe de composition stricte. Schönberg a alos eu l'idée, bonne ou mauvaise, d'organiser les douze sons de la gamme chromatique occidentale (qui dans la musique atonale étaient utilisés de manière anarchique) en séries. Voici comment : avant même d'écrire une oeuvre, le compositeur décide au préalable d'établir une série de douze sons, en agençant ceux-ci comme bon lui semble. certains principes qui vont à l'encontre de l'idée de tonalité sont des corollaires du sérialisme. Il est interdit d'écrire des intervalles d'octave directe, ou bien des accords parfaits, etc., bref, tout ce sur quoi se fonde le système tonal. En ce qui concerne la composition, aucun son de la série dodécaphonique (de douze sons) ne doit être énoncé avant que tous les autres ne l'aient déjà été, pour éviter l'utilisation de notes pôles qui reviendraient trop souvent, et qui rappelleraient du coup le système tonal. C'est un peu long et fastidieux à expliquer ici, mais tu trouveras certainement ton bonheur sur wikipédia en tapant "Schönberg", "atonalité" ou "dodécaphonisme sériel" dans le moteur de recherche.

Citation : Musique atonale = pas de tonalité. Cherche google "musique modale"


Ben non, django, de la musique modale n'est pas à proprement parler atonale (même si elle ne mobilise pas directement les lois du système tonal, on retrouve des cadences par exemple, des gammes défectives, ou encore des modes dans lesquels une note centrale (la tonique, qu'on devrait en réalité appeler "modique"...) fait toujours office de point de ralliement), puisqu'elle est modale ! Le concept d'atonalité est surtout utilisé en musique savante. Ce qui s'en rapporcherait le plus en jazz selon moi, c'est le free.
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
4

:bravo:

T'es bien gentil d'expliquer tous ça à un type qui s'appelle néoclassicus (je suis keynesien hein) et qui appelle sa question : question n°2

:shoot:
5
On est tous là pour apprendre...
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
6
Lebat, je trouve ta réponse très correcte. C'est une bonne vulgarisation concise. En revanche, je me permet d'ajouter une précision concernant cette phrase "le compositeur décide au préalable d'établir une série de douze sons, en agençant ceux-ci comme bon lui semble". Ce n'est pas très précis et pour bien comprendre la série comme objet musical structurant il faut ajouter ici quelque chose: l'organisation d'une série est très stricte. Elle est construite selon des principes compositionnels précis qui ont très souvent une répercussion sur la structure même de la pièce. Tu sembles connaître Boulez, je me permet donc de citer un court passage de Penser la musique aujourd'hui : "La structure interne d'une série est décisive en ce qui concerne le développement de ses pouvoirs organisateurs; il convient donc de ne pas la laisser au hasard, et de prévoir, au contraire, en quel sens précis ils se déploieront"

Je vais maintenant aller jeter un oeil à ton site internet...

:)
7
Parmi les viennois, seul Webern semblait avoir un réel souci de la fonctionnalisation de la série, comme dans ses variations Op. 27 ou dans la symphonie Op. 21...Et j'en restais là dans mon discours. Se lancer dans Boulez comme ça, sans prévenir, ça peut être dangereux...Mais tu as tout de même raison.
En réalité, ça n'est pas mon site, et si tu as déjà lu Penser la musique aujourd'hui, je suis au regret de t'informer que tu n'y apprendras rien... :bravo:
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
8
Berg avait aussi entrepris cette recherche de structure au sein même de la série initiale. Je pense par exemple à la série génératrice dans le premier mouvement de la Suite Lyrique qui est construite en miroir autour d'un triton central (à chaque intervalle de la partie gauche de la série par rapport au triton central correspond son intervalle renversé dans la partie droite). C'est aussi une des premières séries intégrales (tous intervalles) de cette période.
Mais en effet, chez Schoenberg la série est traitée d'avantage comme un élément thématique voir motivique.

Peut-être allons nous un peu loin par rapport à la demande initiale de neoclassicus mais c'est agréable de pouvoir discuter avec quelqu'un comme toi qui semble s'intéresser à cette musique et aussi à la musique contemporaine; c'est rare!
9
Ah, Berg...Ah, la suite lyrique...Je ne m'y suis jamais penché sérieusement, c'est à creuser, merci.
Oui, il y aurait un certain nombre d'exemples admirables à citer, de gloses à en déduire, et de critiques à émettre...
Qu'appelles-tu une "série intégrale" au juste ?
Concernant Schönberg, on se demande au final s'il n'est pas lui-même plus romantique dans l'âme que Berg, compte tenu du traitement motivique de la série (et pas vraiment thématique, puisqu'il cherchait à éviter cela).

Tu as un MP... :clin:
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
10
Une série intégrale est tout simplement une série dodécaphonique comportant tous les intervalles (de la 2de mineure à la 7ème Majeure). Ce type de série ouvre un grand nombre de possibilité de manipulation et de "variations" pour créer du matériau. (Surtout avec les techniques de compositions post-Webern).