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Paul magnétique
9/10
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La gamme SE de la marque PRS existe maintenant depuis quelques années et jouit d'une belle réputation chez les amateurs de guitares. Les instruments PRS sont largement entrés dans la légende et cette gamme SE décline de très beaux modèles à la portée de tous les budgets avec pour ce test une référence assez particulière : la guitare de Paul.

Test de la PRS SE Paul's Guitar Amber : Paul magnétique

IMG_20210127_092304En effet, Paul Reed Smith n’est pas qu’un génial luthier et fabri­cant de guitares de pres­tige, c’est aussi un guita­riste qui « se met au service de la chan­son à l’in­té­rieur d’un groupe » comme il aime à le dire lui-même. Il est donc normal qu’il possède un instru­ment qui réponde à ses désirs avec le modèle « Paul’s guitar », décliné ici en version SE. Le postu­lat est simple : une PRS avec manche collé, cheva­let fixe, deux humbu­ckers et deux switchs de splits. Paul dit vouloir « entendre chaque note », nous ne sommes donc pas face à une guitare de shred­ders mais plutôt à un instru­ment assez poly­va­lent et cohé­rent dans son propos et dans le son.

La Paul

IMG_20210127_092007Ce modèle SE partage donc beau­coup de points communs avec l’ité­ra­tion USA de la Paul’s Guitar, notam­ment les bois. Un corps en acajou accueille une belle table bombée en érable flammé, très clas­sieux pour un tarif approxi­ma­tif de 940 euros, livrée en housse PRS. Le manche assez volu­mi­neux est lui aussi en acajou. La touche palis­sandre est sertie de 22 frettes bien finie, les bords ne présentent aucune aspé­rité désa­gréable à la mani­pu­la­tion ou au jeu. Les frettes sont assez hautes, favo­ri­sant un jeu expres­sif gorgé de bends sans pour autant que le bois de la touche ne les freine. Le diapa­son est à peine plus long que celui d’une Gibson Les Paul avec une dimen­sion de 25 pouces, les diapa­sons courts étant de 24,75 pouces. À mi-chemin entre une Les Paul et une Strat donc, ce qui permet­tra une belle joua­bi­lité des cases aiguës et assez de place pour y mettre les doigts (ce qui est moins le cas pour un diapa­son de 24,75). Les repères en oiseau sont au rendez-vous et parti­cipent acti­ve­ment à l’iden­tité PRS de la guitare, même si de très beaux modèles furent propo­sés avec des « dots » plus conven­tion­nels comme la sublime PRS Mira qui s’ar­rache à juste titre sur le marché de l’oc­ca­sion (quelle guitare cette Mira…).

IMG_20210127_092001Le cheva­let est un très beau wrapa­round fabriqué par PRS dont les inserts en laiton s’ac­cordent parti­cu­liè­re­ment bien avec la fini­tion ambrée de cette belle table bombée. Les boules des cordes se chargent du côté des micros pour faire le tour du cheva­let, d’où son nom « wrap around » qui signi­fie « enrou­ler autour ». Malheu­reu­se­ment, le charme de ce cheva­let est aussi un peu son défaut car l’usi­nage brut de pomme de la pièce métal­lique ne propose pas de réglages de pontets indi­vi­duels, les plus sensibles à l’in­to­na­tion devront donc faire des conces­sions au béné­fice du côté pratique et immuable de la tenue d’ac­cord.

IMG_20210127_091950Un poten­tio­mètre de volume et un autre de tona­lité ne sont pas les uniques contrôles qui figurent sur la guitare puisqu’il y a deux mini-switchs situés entre ceux-ci. Respon­sables du split des micros double bobi­nage, ils sont peu trop rappro­chés pour garan­tir un accès aisé en plein jeu. Il aurait été avan­ta­geux de les sépa­rer un peu plus, sous peine de s’em­mê­ler les pinceaux lors d’un jeu nerveux. Les micros se sélec­tionnent via un toggle trois posi­tions (Dieu merci, pas d’in­fect roto­con­tac­teur pour­tant très répandu chez PRS…) situé très à droite, derrière le cheva­let. Impos­sible donc de chan­ger de micro pendant le jeu de manière fluide et rapide mais il s’agit de la Paul’s Guitar et donc tous les choix sont inat­taquables : on adhère ou bien on passe son chemin.

Les micros sont des humbu­ckers diffé­rents du modèle USA qui eux adoptent une forme plus proche des mini-humbu­ckers. Ceux-ci sont donc de format stan­dard, de fabri­ca­tion PRS SE. Label­li­sés TCI « S », ils sont censés déli­vrer des sono­ri­tés vintage musclées de bonne facture, ce que nous véri­fie­rons par la suite.

IMG_20210127_092233Termi­nons la visite cosmé­tique guidée en mention­nant avec bonheur la présence de méca­niques PRS de type Kluson sans blocage car le cheva­let est fixe. En effet, votre servi­teur n’est pas un fan des méca­niques PRS à blocage, celles-ci étant discu­tables au niveau du look et du côté soi-disant pratique lors des chan­ge­ments de cordes. Une bonne vieille méca­nique à l’an­cienne, rien de mieux mon bon Monsieur !

Sonne of a beach

clean­cho­rus
00:0001:16
  • clean­cho­rus01:16
  • clean01:43
  • metal01:09
  • splits01:05
  • solo­rock02:01
  • jeuba­cking05:05
  • ryth­mique­rock01:05

Commençons comme d’ha­bi­tude par les sons clairs. Même avec l’en­trée low et le gain situé très bas, le Marshall reste très sensible au niveau d’en­trée et crunche rapi­de­ment. Nous pouvons tout de même entendre de très belles sono­ri­tés quelle que soit la posi­tion du toggle ou des mini-switchs. Les splits sont convain­cants et Paul n’avait pas tort dans sa vidéo sur la Paul’s Guitar visible sur YouTube, il est là le « thick tone » ! Tout est flat­teur, l’ins­tru­ment est très joueur. On entend bien le manche collé et l’acajou de la luthe­rie. Avec le même accord, les diffé­rences entre les réglages sont notables et toutes musi­cales. A aucun moment les clean ne semblent faibles et la tradi­tion­nelle diffé­rence de niveau entre les micros en full humbu­cker et les bobines split­tées sont ici bien gérées dans le sens où l’on n’en­tend pas de chute de volume. Bien joué Paul, ta guitare est très crédible en clean. Avec du chorus c’est carré­ment le rock US qui se présente à nous, sons cris­tal­lins et glacés au programme. Bel instru­ments pour habiller une chan­son de jolies textures clean donc.

IMG_20210127_091943Jouer une ryth­mique rock ? Pas de souci. On passe dans l’in­put high du JCM et en avant le rock’n’­roll ! L’acajou se fait de nouveau entendre et même si je ne suis pas un fervent défen­seur du fait de dire que c’est « le bois qui fait l’in­té­gra­lité du son », force est de consta­ter qu’il est clair qu’on ne fait pas face à de l’aulne ! Les sons sont chauds, épais, très améri­cains dans l’es­prit. Les notes sont bien déta­chées même avec des accords plus complexes que de simples power chords, à tel point que si ça conti­nue, on va les garder ces petits micros PRS TCI « S ». En revanche, le manche se fait sentir. Très épais, il ne va pas réunir les suffrages des Speedy Gonza­lez du shred, c’est certain. Il rejoint à peu de choses près les dimen­sions d’un manche de Gibson SG des années 50, donc on est en présence d’un joli demi-tronc. C’est voulu : un manche épais aux belles dimen­sions appor­tera une sono­rité tota­le­ment diffé­rente de celle d’un manche plus fin. En solo, les frettes confirment la bonne impres­sion lors de la première prise en main. Le confort est présent sur tout le manche, pas de dead spot et une bonne into­na­tion sur les cases aiguës gonflent la bonne note géné­rale que la guitare va au final récol­ter. La tenue d’ac­cord est excel­lente, aucun point néga­tif à signa­ler de ce côté. Le sillet bien taillé permet aux cordes de bouger sans fric­tion et le wrapa­round fait à nouveau ses preuves dans le domaine. Ce cheva­let favo­rise en outre un bon sustain, les vibra­tions ne se perdant pas dans des réso­nances comme c’est le cas avec un kit tune o’ma­tic tradi­tion­nel. Le seul incon­fort rela­tif vient donc bien des mini-switchs de splits des micros beau­coup trop proches l’un de l’autre. Certes, il n’est pas forcé­ment ques­tion de les tritu­rer toutes les deux secondes car en géné­ral quand on splitte on le fait pour au moins une chan­son, mais les doigts les plus virils auront du mal à action­ner l’un sans action­ner l’autre.

En satu­ra­tion metal, c’est très correct. L’ins­tru­ment n’est pas taillé pour ça mais les guitares PRS ne sont-elles pas connues pour leur poly­va­lence ? Les micros délivrent de nouveau de très bonnes pres­ta­tions ainsi que le sustain natu­rel de la luthe­rie qui permet de lais­ser réson­ner de gros power chords long­temps.Il ne sera pas néces­saire de les chan­ger, ils contri­buent complè­te­ment à la tona­lité de la guitare, à son objec­tif et son timbre, en totale cohé­rence. L’ac­cès aux aigus est habi­tuel­le­ment excellent sur les PRS, c’est ici encore le cas. La 22ème case est tota­le­ment acces­sible, pas de souci pour atteindre l’oc­tave avec un bend. Termi­nons l’ex­plo­ra­tion sonore par une impro­vi­sa­tion en mode Carlos Santana. Le réalisme est saisis­sant, impos­sible de dire que c’est une guitare avec un prix à trois chiffres que l’on entend.

La guitare de Paul… Entre autres !

Paul Reed Smith a vu juste, même s’il s’agit de sa vision d’une guitare selon lui idéale, elle pour­rait l’être pour pas mal d’entre nous. Seuls les métal­leux ou les amateurs de djent reste­raient sur leur faim, mais les musi­ciens cher­chant de la poly­va­lence et une luthe­rie fiable pour­raient bien trou­ver en cette PRS SE Paul’s Guitar une nouvelle alliée sérieuse pour leurs aven­tures guita­ris­tiques. La belle housse PRS four­nie avec la guitare achève de nous arra­cher un verdict franc : c’est une réus­site.

9/10
Points forts
  • lutherie excellente et résonante
  • micros à garder
  • polyvalente
  • un caractère classic rock affirmé
  • un vrai esprit PRS
  • tarif très correct
Points faibles
  • mini-switchs de splits trop proches l'un de l'autre
  • manche épais qui pourrait décourager

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