Avant l'arrivée de la clique divine composée de Zeus et ses sbires, il n'y avait sur terre que des Titans. Pas un seul homme sur cette planète, juste des géants vaguant sans obligation précise. Si ce n'est se mettre sur la gueule et copuler : une belle époque en somme.
Parmi ces êtres formidables et pas forcément distingués, il y avait deux frères : Prométhée et Épiméthée. Le premier était cérébral, l’autre impulsif. Pour vous résumer tout à fait la chose et passer à l’essentiel : Promethée était un titan à la cool, qui créa l’homme, le bichonna et l’aima au point de défier Zeus pour nous apporter le savoir. Ce fut le premier à souffrir pour nous, bien avant qu’un hippie répondant au nom de Jésus se mît à faire parler de lui en Galilée. Voilà pour la petite histoire. Quant à ce qui touche à notre plaisir personnel, le test du jour concernera un combo pas bien connu de la marque Ibanez, baptisé en hommage à ce fameux titan gardien de l’humanité. Attention, ce test a la particularité d’ouvrir un comparatif entre cinq combos présents sur le marché, sous la barre des 450 €.
Chercher l’erreur
À regarder ce combo, je le trouve assez bien dessiné. J’avouerai même que c’est en apercevant ce joli design que je me suis senti comme interpellé par ce produit proposé à un prix fort raisonnable. Et puis je me suis dit qu’on ne parlait pas souvent des amplis Ibanez, qui se vendent depuis quelque temps de manière fort discrète.
L’occasion est donc de comprendre la raison de ce manque de popularité : pourquoi un combo qui propose 300 watts pour moins de 400 € ne fait pas plus parler de lui ? Un boomer de 15 pouces pour les basses, un tweeter débrayable pour la brillance, un joli tolex et un caisson fermé aux dimensions pratiques (45×36×55cm) pour un poids supportable de 17 kilos. Un gain, trois bandes d’égalisation, un contour, un limiteur intégré, une entrée auxiliaire et une sortie casque, le tout complété par un Line Out avec une connectique symétrique.
S’il manque quelque chose au Promethean pour rencontrer le succès, ça n’est certainement pas sur son tableau de bord. Même la grille de protection a du style, de visu il n’y a pas grand-chose à redire de cet ampli. Les premières manipulations suggèrent une fabrication sérieuse, il y a néanmoins et selon moi deux points à optimiser sur le système : poser une poignée latérale pour faciliter le transport de la chose (comme il est conçu, le Promethean 3115 a tendance à taper sur les mollets quand on se le balade) et éviter les connectiques à l’arrière, pour profiter tout à fait des vertus logistiques du caisson fermé. À ce sujet, je ne comprendrai jamais pourquoi l’ensemble des fabricants s’oblige à poser le contrôle du tweeter derrière les amplis et pas en façade. Si quelqu’un a une idée, ça me permettrait de me coucher un peu moins belge ce mois-ci.
Je finirai ce paragraphe sur la seule chose vraiment négative qui émane de ce tour du propriétaire : la qualité des potards laisse à désirer, il suffit d’en tourner un pour se rendre compte de la fragilité des potentiomètres qui équipent le tableau de bord. Quant aux cache-potentiomètres, ils ont tendance à se désolidariser un peu trop facilement de l’ensemble quand on les manipule.
Question ramage
Pour cette série de tests érigée en comparatif, je vais utiliser une banque de sons qui servira de base unique pour les extraits sonores. J’ai utilisé pour ça ma bonne vieille Jazz Bass et un Boss RC-20 qui me sert de sampler de scène depuis un bout de temps. Ainsi, pour chaque ampli enregistré, on aura une seule basse et des plans communs : deux lignes simples jouées aux doigts, un petit plan slap en passant et une ligne au médiator, dans l’esprit d’Herbie Flower et qui progresse sur du growl. Pour tous ces tests, les extraits proposent un mix de la Sortie DI et d’une prise micro (Beyerdynamic M88), mais aussi la DI et le micro seuls.
Voici pour commencer une base neutre, correspondant à une égalisation plate, suivie de quatre extraits présentant les vertus du contour intégré (appelé “Phat”), le dernier présentant la correction progressive qu’apporte ce potard.
- DI 1 Neutre 00:14
- Micro 1 Neutre 00:14
- Mix 1 Neutre 00:14
- DI 2 1 quart de Phat 00:14
- Micro 2 1 quart Phat 00:14
- Mix 2 Un quart Phat 00:14
- Di 3 Demi Phat 00:14
- Micro 3 Demi Phat 00:14
- Mix 3 Demi Phat 00:14
- Di 4 3quart phat 00:14
- Micro 4 3quart phat 00:14
- Mix 4 Trois quart Phat 00:14
- DI 5 phat pro 00:14
- Micro 5 phat prog 00:14
- Mix 5 Contour progressif 00:14
Assez pratique sur le papier, le contour baptisé “Phat”, permet de creuser le son en un tour de potard. On tourne le bouton tout rond et en principe, on se retrouve avec les basses et les aigus à la hausse. Ainsi, l’utilisateur peut inverser la courbe de son égalisation sans avoir à manipuler les trois ou quatre bandes mises à sa disposition. Si l’emploi d’un tel système s’avère pertinent sur ce genre de combo, pouvant jouer en répet’ ou sur scène, j’aurais aimé que la correction qu’il apporte soit plus progressive : en-dessous de la demi-mesure, il ne se passe pas grand-chose (voir extrait numéro 5 qui donne la progression sur toute la plage du potard). Sinon, à partir de midi, on commence enfin à sentir la différence.
Passons maintenant à de simples manipulations de l’égaliseur à trois bandes, d’une simplicité tout appréciée pour les gens qui, comme moi, on des goûts simples. Voici la même ligne de basse égalisée une première fois avec une bosse dans les médiums et un second réglage avec un creux.
- Di 6 egalo 1 00:23
- Micro 6 egalo 1 00:23
- Mix 6 bosse médium 00:23
- DI 7 egalo 2 creux 00:23
- Micro 7 egalo 2 creux 00:23
- Mix 7 Creux 00:23
Si le son n’a pas énormément de caractère, il reste tout à fait efficace et transparent. Personnellement, j’apprécie la neutralité d’un ampli, ce qui ne sera pas forcément le cas de tout le monde. Concernant l’égaliseur, je ferais à peu près la même critique que pour le contour : les bandes ne sont pas très efficaces en début de course et il manque des repères visuels. La sobriété est peut-être de mise dans le design réussi de ce produit, mais quelques graduations n’auraient fâché personne. Il faut donc exagérer un peu les corrections pour obtenir les corrections désirées. Ça n’est pas fâcheux, mais c’est dommage de ne pas pouvoir profiter d’un égaliseur plus précis.
Et pour finir, un trio d’extraits présentant les vertus percussives du Promethean, les sons de la gamelle de 15 pouces sans le tweeter et enfin le rendu du jeu au médiator.
- Di 8 Slap tweeter 00:23
- Micro 8 Slap tweeter 00:23
- Mix 8 Slap 00:23
- Micro 9 no tweeter 00:23
- Mix 9 No tweeter 00:23
- DI 10 med 00:40
- Mic 10 med 00:40
- Mix 10 mediator 00:38
Je ne trouve rien à redire sur le rendu lors du jeu au slap. Ici j’ai laissé l’égaliseur à plat et poussé à fond le contour pour obtenir un rendu qui me convainc tout à fait. Je n’en dirais pas de même après avoir coupé le tweeter. Le rendu devenant carrément nasal : shunter la corne des aigus oblige à modifier l’égalisation pour ne pas se retrouver avec de très vilains hauts médiums. ll y a donc peu d’intérêt à mes yeux à condamner le tweeter, sachant qu’il ne souffle pas trop quand il est actif. Il n’y a pour moi qu’un seul intérêt à la chose : si votre tweeter fonctionne mal et produit des sons parasites, vous pourrez à loisir le faire taire. Même si je doute que ce combo délivre réellement une puissance de 300 watts, il a bien assez de coffre pour couvrir une scène moyenne.
Conclusion
Alors, concluons les amis. Mis à part les potentiomètres médiocres qui l’équipent, les caractéristiques du Promethean P3115 font de lui un premier ampli de répétition et de scène potentiellement sérieux. Vraiment puissant pour le prix et l’encombrement proposés, il permettra à son utilisateur de disposer d’une bonne resserve de watts. Qui peut le plus peut le moins, les amis ! Et en matière d’amplification pour basse, cette règle est d’Or.