Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
15 réactions
Super Akai Pro Commodore 64
8/10
Award Valeur sûre 2024
Partager cet article

Akai continue dans sa lancée de sorties de nouveaux contrôleurs, avec rien de moins qu'un potentiel Launchpad Pro-killer, le APC64 ! Allons voir si la proposition de pads augmentés par un écran, avec les 8 touch faders et le reste, nous donnera envie de changer nos habitudes !

Test de Akai Professional APC64 : Super Akai Pro Commodore 64

Après avoir testé l’APC mini mk2 et l’APC Key 25 mk2 l’an dernier, nous avons le privi­lège cette année de nous pencher sur une nouvelle four­née de contrô­leurs à pads pour Able­ton Live de chez Akai Profes­sio­nal, à savoir ici l’APC (Able­ton Perfor­mance Control­ler) 64. N’y allons pas par quatre chemins, ce produit se posi­tionne très clai­re­ment et expli­ci­te­ment comme un concur­rent d’un autre contrô­leur à pads, le fameux Nova­tion Launch­pad Pro mk3, se situant sur une gamme de prix très simi­laire au moment de l’écri­ture de ce test (280 euros envi­ron pour le LP Pro mk3 contre 330 euros pour l’APC64).

Le joujou de Nova­tion est installé sur le marché depuis 2020, avait fait l’objet d’un test dans nos colonnes à l’époque, et il est la énième itéra­tion d’un concept que Nova­tion a eu l’oc­ca­sion d’amé­lio­rer et de décli­ner sous diffé­rents formats : version pro, mais aussi les versions plus abor­dables X et mini, ou encore via les groo­ve­boxes Circuit Tracks et Circuit Rhythm sorties en 2021. Le concept est un outil qui permet de mani­pu­ler la vue session du STAN Able­ton Live (qui sort sa version 12 à l’ins­tant), plus spéci­fique­ment de mani­pu­ler des clips, ainsi que de jouer des notes (avec gestion de la vélo­cité et after­touch poly­pho­nique) qui peuvent être orga­ni­sées de diffé­rentes façons sur la grille 8×8, avec un mode spéci­fique dédié aux accords, un autre à l’au­to­ma­tion de para­mètres CC et PC, et un step séquen­ceur assez remarquable. Celui-ci fait sens pour un usage à l’in­té­rieur de Able­ton Live, notam­ment grâce à la fonc­tion­na­lité « Print to Clip » qui permet de copier la séquence dans un slot du mode session, mais peut aussi être utilisé à l’ex­té­rieur de Live dans d’autres STANs ou avec du hard­ware, avec la connexion USB/MIDI ou les deux sorties MIDI physiques.

Dans le test de newjazz, on avait remarqué à juste titre que le contrô­leur permet­tait de simpli­fier la vie des utili­sa­teurs de Live, jusqu’à un certain point on va dire, mais qu’il manquait encore quelques petites choses en termes d’in­té­gra­tion pour rendre la créa­tion dans Live+LP Pro encore plus fluide, notam­ment dans les inter­ac­tions entre les diffé­rents modes d’uti­li­sa­tion du contrô­leur, ou la synchro­ni­sa­tion des conte­nus. Je suis d’au­tant toujours d’ac­cord avec ce constat que j’ai moi-même passé pas mal de temps sur le LP Pro mk3 et sur Live 11 ces derniers mois, en ayant un peu lorgné sur le contrô­leur Push tout juste mis à jour dans sa version 3 qui est sur une gamme au-dessus sur lequel l’in­té­gra­tion semble plus pous­sée. J’ai même eu la chance de tester le Squarp Instru­ments Hapax, qui m’avait laissé un ressenti très posi­tif, mais qui se voulait plus géné­ra­liste.

Aussi, quand j’ai reçu la machine que nous allons tester ici, je me suis tout de suite demandé ce que la nouveauté de Akai allait bien pouvoir appor­ter de plus qui fasse sens dans ma quête du work­flow ultime dans Able­ton Live, d’au­tant que j’ai eu plutôt des impres­sions miti­gées sur les produits de la marque que j’ai testés l’an dernier. Akai a pour­tant des années de savoir-faire à faire valoir, ayant direc­te­ment contri­bué au design du Push premier du nom, et parti­cipé à l’évo­lu­tion de ce domaine avec des produits phares comme l’APC20 ou l’APC40 et leurs évolu­tions. Est-ce que le APC64 est donc juste un LP Pro mk3 plus large avec un écran et des touch faders de plus ? Ou une propo­si­tion qui moder­nise le concept et un sérieux concur­rent voire un nouveau stan­dard ? C’est ce que nous allons voir à présent !

64 nuances de pads

L’APC 64 est donc un contrô­leur à pads, dédié prin­ci­pa­le­ment à un usage dans le STAN Able­ton Live, mais dispo­sant aussi d’un mode stan­da­lone et de fonc­tion­na­li­tés pour une utili­sa­tion avec d’autres STANs ou pour inter­agir avec des machines hard­ware, au tarif conseillé actuel­le­ment de 330 euros. À première vue il donne une impres­sion de soli­dité et de soin apporté dans le design avec les couleurs affi­chées sur les pads, ses boutons rétroé­clai­rés, son écran LCD couleur, toutes les petites LEDs, jusque dans sa forme qui se paye le luxe de ne pas être rectan­gu­laire, mais avec les contrôles centraux qui s’en­foncent vers l’in­té­rieur et les petits arron­dis sur la coque du plus bel effet. La bête fait d’ailleurs 371 × 272 × 34,5 mm contre 269 × 269 × 18 mm pour le Launch­pad Pro mk3, la diffé­rence s’ex­pliquant par des ajouts pas du tout anodins que sont les 8 touch faders avec à chaque fois 9 petites LEDs, 4 boutons qui font office de croix direc­tion­nelle, l’écran et même un enco­deur pous­soir.

Il dispose d’une grille de 8 × 8 pads RGB qui gèrent la vélo­cité et l’af­ter­touch poly­pho­nique s’il vous plaît (mais pas le MPE), ainsi que d’un certain nombre de boutons tout autour (50 + 4 pour la croix contre 42 sur le LP Pro). Ils ont entre une et plusieurs fonc­tions, acces­sibles selon le mode d’uti­li­sa­tion choisi avec un appui court, deux appuis ou le bouton shift. Le rétroé­clai­rage affiche l’in­ti­tulé de la fonc­tion de manière plus ou moins visible, écrite et éclai­rée de diffé­rentes couleurs sur le bouton, pour indiquer par exemple le mode d’édi­tion ou l’état d’une variable en cours, avec du texte écrit parfois en dessous pour préci­ser les fonc­tions secon­daires. L’écran four­nit en plus en cours d’édi­tion des infor­ma­tions sur ce que l’on est en train de faire, et indique ce que l’on peut faire de l’en­co­deur, qui double certaines fonc­tion­na­li­tés de navi­ga­tion ou donne accès à des fonc­tions supplé­men­taires, mais complé­men­taires. Sur le Launch­pad Pro il m’ar­rive régu­liè­re­ment par exemple de vouloir modi­fier un para­mètre du séquen­ceur à pas comme le type de piste, ou de l’or­ga­ni­sa­tion des lignes mélo­diques, un petit peu au hasard en faisant fonc­tion­ner ma mémoire, alors qu’ici un appui sur le pad affiche direc­te­ment l’in­ti­tulé de la fonc­tion, ce qui améliore gran­de­ment l’ex­pé­rience utili­sa­teur ! La prise en main du produit est ainsi assez rapide et son usage fluide.

ConnectiqueL’APC 64 dispose aussi d’une connec­tique inté­res­sante, à savoir un switch d’ali­men­ta­tion bien­venu (la machine se branche sur un ordi­na­teur ou s’ali­mente via un port USB-C), le port Kensing­ton, une entrée MIDI et deux sorties MIDI en mini jack, ainsi que 8 sorties « CV/Gate » qui peuvent envoyer du pitch, du gate, de l’af­ter­touch et autres sur des synthé­ti­seurs modu­laires, produits par la machine ou trans­mis via Able­ton Live par l’or­di­na­teur ! Au passage, la machine est four­nie avec deux câbles USB, 3 câbles mini jack vers MIDI DIN pour faci­li­ter l’usage de la machine, et de la docu­men­ta­tion papier notam­ment pour accé­der au bundle logi­ciel fourni (une licence de Live 11 Lite, un set de plug-ins AIR Music). La docu­men­ta­tion complète est acces­sible en ligne (en anglais seule­ment), ainsi que deux appli­ca­tions qui permettent de mettre à jour le firm­ware (dont l’usage est recom­mandé à la première utili­sa­tion, faudra que je m’en rappelle sur mes prochains tests !) et de custo­mi­ser le mode… Custom. Nous avons d’ailleurs rencon­tré quelques diffi­cul­tés pour récu­pé­rer tout ça, l’en­re­gis­tre­ment du produit et le télé­char­ge­ment de certains éléments se faisant tantôt sur le site web de inMu­sic, tantôt sur celui de Akai…

Akai toujours pendant que j’écris ces tests

Une fois la mise à jour effec­tuée, sans jamais quit­ter ma doudoune, on branche la machine et celle-ci se retrouve auto­ma­tique­ment recon­nue par Able­ton Live (qu’on aura aussi mis à jour pour avoir accès aux derniers scripts de gestion de l’APC64). On passe par l’on­glet confi­gu­ra­tion pour acti­ver correc­te­ment les diffé­rents ports MIDI asso­ciés, en suivant les indi­ca­tions du manuel et des vidéos de tuto­riel sur la chaine YouTube de Akai. La machine est alors prête à être utili­sée, et on devrait voir des choses se passer dans Live qui indiquent que tout est reconnu correc­te­ment.

PreferencesL’APC64 four­nit alors un work­flow qui est quasi­ment iden­tique à celui des machines Nova­tion, qui consiste pour commen­cer à navi­guer entre diffé­rentes vues à l’aide de boutons placés au-dessus des pads. La vue Session permet ainsi de lancer et de mani­pu­ler des clips ou des « scènes » dans Live sur la page du même nom, et est asso­ciée à une vue unique Over­view qui permet de zoomer sur des blocs de 8 pistes par 8 clips et de se bala­der plus vite dans les sets un peu char­gés en contenu. Le mode note clas­sique est celui qui permet de jouer des notes avec des rangées de pads, avec choix de la gamme et de l’or­ga­ni­sa­tion des lignes, le mode « Chord » ou accord y ressemble d’ailleurs comme deux gouttes d’eau sur lequel on va reve­nir. Puis on y trouve la vue du séquen­ceur à pas, celles des para­mètres globaux de la machine, la vue Projets qui permet simple­ment d’en­re­gis­trer toutes les infor­ma­tions et réglages en cours dans une mémoire parmi 24, et une vue Custom un peu parti­cu­lière égale­ment.

Project Editor

Sur le Launch­pad Pro, la vue Custom permet de jouer avec des claviers virtuels para­mé­triques, mais aussi avec des faders et switchs qui déclenchent PCs et CCs, et que l’on peut assi­gner via l’ap­pli­ca­tion Compo­nents dédiées sur 8 slots dispo­nibles. Sur l’APC64, il n’existe qu’une seule mémoire pour une seule confi­gu­ra­tion par projet, ce qui oblige à chan­ger aussi de séquences enre­gis­trées dans le *step sequen­cer* si on veut passer d’une custom mode à un autre (on y revien­dra). Dans l’ap­pli­ca­tion Project Editor, on peut placer sur la grille de pads que de quoi jouer des notes (drums pads, ligne sur une gamme donnée, un clavier chro­ma­tique sur deux lignes), sélec­tion­ner un pad spéci­fique pour lui assi­gner un compor­te­ment donné, et modi­fier les para­mètres CCs asso­ciés aux Touch Faders. On remarquera que l’APC64 ne permet pas d’en­voi de program changes malheu­reu­se­ment.

Sur le reste, on fait pratique­ment la même chose avec un APC64 et un Launch­pad Pro. Avoir sur du hard­ware une barre de trans­port, les boutons Undo/Redo, de quoi armer les pistes, les mettre en solo ou mute, créer des clips ou les dupliquer, acti­ver la quan­ti­sa­tion à l’en­re­gis­tre­ment, faire de l’over­dub etc. four­nit un certain confort d’uti­li­sa­tion supplé­men­taire dans Live par rapport à l’usage strict du clavier et de la souris. Les modes mélo­diques proposent du très clas­sique, mais effi­cace égale­ment, notam­ment avec une recon­nais­sance auto­ma­tique du type de piste sélec­tionné pour affi­cher au choix des notes ou une grille de 4×4 pour coller à l’or­ga­ni­sa­tion des drum pads dans Live. A noter qu’il est possible dans les para­mètres globaux de fixer le mode de fonc­tion­ne­ment de l’APC64 soit en compa­ti­bi­lité avec Live, soit en stan­da­lone, et que dans ce cas le compor­te­ment de la machine change évidem­ment.

3 Enter the Matrix2x

Sur le mode accords, la vue prin­ci­pale est rigou­reu­se­ment iden­tique à celle du mode notes clas­sique, ce qui change par rapport au Launch­pad Pro. En effet, dans la propo­si­tion de l’APC64, on sélec­tionne une note sur un pad, et la machine enverra en MIDI un accord en fonc­tion de la gamme choi­sie et d’un para­mètre parmi 9, qui permet de déci­der entre l’usage de triades clas­siques, d’ac­cords sus 2 ou sus4, de l’ajout d’une septième ou d’une neuvième. Pour les gammes moins clas­siques, on pourra égale­ment jouer systé­ma­tique­ment un accord majeur, mineur ou dimi­nué. Je trouve person­nel­le­ment le concept inté­res­sant, mais moins riche que la dispo­si­tion du Launch­pad Pro qui permet­tait plus de flexi­bi­lité, de possi­bi­li­tés d’ex­plo­ra­tion, et même d’en­re­gis­trer des accords parti­cu­liers sur un slot dédié. Mais surtout, ces deux propo­si­tions vont à mon sens beau­coup moins loin que celle de mon chou­chou à ce sujet, le Live­mode Chord du Squarp Instru­ments Hapax. Soyons honnêtes, c’est diffi­cile de repas­ser sur les équi­va­lents du LP Pro et de l’APC64 après y avoir goûté…

Ça ne va pas s’APC comme ça

Parlons à présent de ce qui fait vrai­ment la diffé­rence entre l’APC64 et le Launch­pad Pro mk3. On va commen­cer par le gros point néga­tif côté Akai, à savoir le step sequen­cer ou séquen­ceur à pas. Pour chaque « projet », il est possible d’en­re­gis­trer une unique séquence pour jusqu’à 8 pistes, sur 64 pas en poly­pho­nique (16 notes). Chaque pas est asso­cié à une note, une vélo­cité, un état « mute », et des valeurs pour les para­mètres de proba­bi­lité, de mutate ou de lien entre plusieurs pas. L’édi­tion est d’ailleurs un peu labo­rieuse, car il n’est pas possible de modi­fier la vélo­cité ou la proba­bi­lité d’une note une fois qu’elle est rentrée dans le séquen­ceur, et parce que les notes acces­sibles dans la vue sont concen­trées sur un petit espace de 4 × 4 pads. On peut bien sûr entrer les notes en enre­gis­tre­ment en direct, la machine dispo­sant de la fonc­tion « Send to Clip » pour trans­mettre le contenu du pattern dans un clip de Live, de mettre du swing, et des para­mètres permettent de faire varier le nombre de pas et la vitesse de lecture. Mais c’est tout. Exit donc les patterns multiples par pistes, le chaî­nage, les scènes, le chan­ge­ment de direc­tion de lecture, le démar­rage de la séquence ailleurs que sur le pas 1 et les micros pas du Launch­pad Pro, ou l’au­to­ma­tion de para­mètres des Circuits.

akai-professional-cree-la-surprise-avec-l-apc64-70703Alors évidem­ment, en passant par l’usage de plusieurs projets ou pistes à la fois pour créer des sections, notam­ment en work­flow stan­da­lone, on peut faire un peu mieux, mais l’ap­proche s’épuise vite notam­ment à cause de la limi­ta­tion sur le nombre de projets (24 contre 64 sur le LP Pro). De manière géné­rale, nous trou­vons le séquen­ceur à pas trop limité dans l’APC64, malgré la présence des sorties CV/Gate, au point où on espère voir de grosses amélio­ra­tions à venir sur ce sujet avec de nouveaux firm­wares futurs… De plus, tout comme sur le Launch­pad Pro, il peut deve­nir vite confus d’uti­li­ser dans un set Able­ton Live une combi­nai­son de clips enre­gis­trés sur l’or­di­na­teur et les séquences du step sequen­cer, encore plus si on abuse de la fonc­tion Send to Clip, et on aurait espéré quelques amélio­ra­tions pour l’in­té­gra­tion et la synchro­ni­sa­tion des données mélo­diques à ce sujet.

Sur le reste, on peut dire heureu­se­ment que nous avons eu aussi de gros coups de cœur. On a déjà parlé de ce qu’ap­por­taient le nombre de boutons, le rétroé­clai­rage, et la présence de l’écran qui envoie du feed­back supplé­men­taire. Parlons à présent des Touch Faders que j’ai gardés pour la fin. Au nombre de 8, ils permettent de contrô­ler des para­mètres de plug-ins ou de synthèse analo­gique, ainsi que le volume des pistes, les pannings et les sends dans Able­ton Live, en fonc­tion du mode choisi via les 4 boutons idoines situés à gauche de la grille de pads. Il est même possible de les désac­ti­ver pour éviter les fausses mani­pu­la­tions. Pouvoir jouer faci­le­ment avec les volumes de plusieurs pistes en même temps d’un appui sur un bouton est déjà une fonc­tion­na­lité appré­ciable, que ce soit pour le mixage ou la perfor­mance live.

Chaque Touch Fader dispose aussi de 9 LEDs sur le côté qui montrent la valeur en cours du para­mètre asso­cié, et donc de savoir en un coup d’œil si ils sont asso­ciés à un réglage ou non. Je ne sais pas si j’au­rais préféré des faders ou des potards à la place, mais je les trouve très agréables à utili­ser et assez précis (sans commune mesure avec les faders à pads et à iner­tie bizarre du LP Pro), sans les incon­vé­nients de contrôles physiques qui ne sont jamais sur la bonne valeur du para­mètre ou qui ne donnent pas de feed­back suffi­sant.

On aurait pu s’ar­rê­ter là, et préci­ser simple­ment le confort infini qu’il y a à dispo­ser sur le même contrô­leur d’une inter­face de jeu avec la grille de pads et de moyens de modi­fier des para­mètres de synthèse en même temps, sans passer d’une vue à l’autre ou utili­ser de contrô­leur supplé­men­taire. Rien que cette fonc­tion­na­lité rend l’APC64 plus expres­sif et plus agréable à utili­ser pour faire de la musique que l’ex­pé­rience utili­sa­teur du concur­rent de Nova­tion ne le permet. Mais le coup de force d’Akai (non pas ce contrô­leur-là) se situe aussi dans l’in­té­gra­tion Live des Touch Faders. En cliquant sur un plug-in d’ef­fet, ceux-ci se retrouvent assi­gnés auto­ma­tique­ment aux para­mètres du plug-in visibles dans le STAN dans l’ordre. Et on peut utili­ser les flèches direc­tion­nelles pour navi­guer par groupe de para­mètres, puis de plug-ins en plug-ins dans l’ordre dans la chaine de la piste, puis sur les boutons du bas pour passer d’une piste à l’autre ! Dans le cas des instru­ments, on peut passer par la section de confi­gu­ra­tion dédiée de Live, ou simple­ment bouger un bouton et pouvoir le mani­pu­ler auto­ma­tique­ment sans inter­ven­tion avec un des faders qui s’al­lume auto­ma­tique­ment.

StepSeqCe genre de mani­pu­la­tion dans le LP Pro mk3 néces­site au moins 2 à 3 clics dans Live alors que là tout se faire presque auto­ma­tique­ment ! Cela change tout et consti­tue le point le plus réussi de mon point de vue de l’in­té­gra­tion dans Live de l’APC64, au point que je me suis surpris à m’en servir tout le temps et à appré­cier d’avoir réel­le­ment de quoi jouer avec Live sur la machine sans avoir besoin de lever les yeux sur l’écran ou d’al­ler tout le temps cher­cher la souris et le clavier ! On regret­tera juste l’ab­sence d’une fonc­tion qui permet de « locker » un plug-in et son jeu de para­mètres aux Touch Faders en navi­guant dans le projet, fonc­tion qui était présente sur les anciennes APCs. Mais surtout on restera sur notre faim en mode stan­da­lo­ne…

Conclu­sion

A la lecture de ce test, vous avez forcé­ment remarqué que nous nous sommes beau­coup foca­li­sés sur un concur­rent direct du produit, au lieu d’abor­der le marché rapi­de­ment dans un chapitre dédié, comme nous pouvons le faire d’ha­bi­tude. Cela s’ex­plique car le Nova­tion Launch­pad Pro mk3 est depuis un moment quasi­ment incon­tour­nable en tant que contrô­leur à pads pour Able­ton Live, par son set de fonc­tion­na­li­tés et un posi­tion­ne­ment prix plutôt abor­dable pour les déten­teurs de licences du STAN. La seule vraie concur­rence exis­tante était celle des contrô­leurs Push, qui ne sont pas sur la même gamme de prix et qui proposent de fait une inté­gra­tion renfor­cée, ou des séquen­ceurs dédiés au hard­ware.

Or le constat sans appel à la fin de l’écri­ture de ce test est le APC64 ne fait pas simple­ment sens sur cette gamme du marché, il enterre quasi­ment à mes yeux la propo­si­tion de Nova­tion pour un usage dans Live. Après avoir goûté aux joies de pouvoir jouer des notes et contrô­ler ses plug-ins en même temps — quasi­ment sans inter­ven­tion néces­saire dans les para­mètres — via les touch faders, il est diffi­cile de reve­nir au mode de fonc­tion­ne­ment du Launch­pad Pro mk3, au point que je suis pratique­ment prêt à revendre mon exem­plaire pour le rempla­cer par un APC64 pour tout vous dire. J’ap­pré­cie aussi la possi­bi­lité de voir préci­sé­ment l’im­pact de chaque fonc­tion de réglage avec l’écran, sans être obligé de me replon­ger dans le manuel ou de faire un effort de mémoire, vu que l’in­for­ma­tion est présen­tée instan­ta­né­ment.

Malheu­reu­se­ment, une critique impor­tante que j’ai formu­lée est que le séquen­ceur à pas est très en deçà de celui de Nova­tion, notam­ment avec l’ab­sence des patterns (en dehors du chan­ge­ment de projet) et des scènes, et de quelques bizar­re­ries niveau work­flow, au point que son inté­rêt est beau­coup plus limité en mode Stan­da­lone, malgré l’uti­lité évidente des sorties CV/Gate, ou pour ceux qui ne juraient que par cette fonc­tion pour mani­pu­ler Live. Cela montre que certains des reproches sur l’in­té­gra­tion et sur la cohé­sion des diffé­rentes fonc­tion­na­li­tés de ces machines, qui étaient poin­tés du doigt lors du test et de la sortie du Launch­pad Pro mk3, sont malheu­reu­se­ment encore d’ac­tua­lité avec le APC64, qui pour moi reste encore un peu dans l’ombre de son concur­rent direct, et aurait béné­fi­cié d’un poil d’am­bi­tion et de tenta­tive de moder­ni­sa­tion de la propo­si­tion de Nova­tion. D’au­tant plus que le séquen­ceur du LP Pro fait déjà un peu daté aujour­d’hui par rapport à ce qu’il y a dans les Circuits par exemple.

En tout cas person­nel­le­ment je n’ai pas boudé mon plai­sir, je recom­man­de­rais sans hési­ta­tion à tout le monde de se pencher en prio­rité sur le produit d’Akai dans cette gamme de prix pour un contrô­leur à pads pour Live si on me le demande et si ce type de work­flow inté­resse. Je surveille­rai dans les prochains mois si Akai compte faire encore quelques modi­fi­ca­tions sur le firm­ware de son nouveau venu pour me faire un avis défi­ni­tif sur la machine, notam­ment pour un usage en dehors de Live. Au passage, j’ai pu consta­ter que le STAN Bitwig Studio 5 dispose déjà d’une inté­gra­tion quasi complète du contrô­leur que j’ai pu expé­ri­men­ter et qui est toujours en cours de fina­li­sa­tion pour le moment. Tous ces éléments font que nous avons décidé d’ores et déjà d’ac­cor­der à ce produit l’award de la valeur sûre !

8/10
Award Valeur sûre 2024
Fabrication (?) : Chine
Points forts
  • Proposition de contrôleur à pads très pertinente sur le marché dans cette gamme de prix
  • Les touch faders x 8
  • L'intégration dans Live au dessus de ce que propose Novation
  • Pads sensibles à la vélocité et aftertouch polyphonique
  • Mode standalone
  • Les 8 sorties CV/Gate en plus de l'entrée et des 2 sorties MIDI
  • Le switch d'alimentation
  • On peut désactiver les touch faders pour éviter d'appuyer dessus par mégarde
  • Joli et solide
  • L'écran qui donne pas mal d'informations et qui fluidifie le workflow
  • Le send to clip
  • Prise en main et ergonomie au top
Points faibles
  • Séquenceur à pas rudimentaire
  • Chord mode simpliste
  • Pas de "device lock"
  • Pas d'envoi de program changes
  • Écran et encodeur sous utilisés
  • Pas de MPE
Auteur de l'article Wolfen

Développeur freelance pour de nombreuses sociétés dans le domaine de l'industrie musicale, créateur de la marque Musical Entropy, et musicien qui achète plus de matos qu'il n'en joue


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre
Auteur de l'article Wolfen

Développeur freelance pour de nombreuses sociétés dans le domaine de l'industrie musicale, créateur de la marque Musical Entropy, et musicien qui achète plus de matos qu'il n'en joue