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Rocking on a River
8/10
Award Innovation 2017
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En l’espace de quelques années, Strymon s’est imposé comme un acteur majeur de l’effet pour guitare en misant sur des solutions numériques extrêmement complètes. Appréciée par bon nombreux d’amateurs de pédales, la marque s’est surtout illustrée dans les domaines de la modulation, de la réverbe et du delay. C’est donc avec surprise que nous apprenions en octobre dernier la future commercialisation de la Riverside, une pédale de saturation prometteuse mêlant technologies analogiques et numériques.

Quoi, Stry­mon se lance dans la disto ? Oui ma bonne dame, et même que la marque nous épargne les sempi­ter­nelles copies de Tube Screa­mer et autre Klon Centaur en propo­sant un concept origi­nal truffé de réglages et de fonc­tions. Pour couron­ner le tout, le fabri­cant met un peu d’eau dans son vin, pardon, met un peu d’ana­lo­gique dans sa pédale, et s’éloigne ainsi de son ortho­doxie numé­rique. Bref, Audio­fan­zine ne pouvait évidem­ment pas passer à côté de cet évène­ment.

Motoko Kusa­nagi

Strymon Riverside : Strymon Riverside (99519)

La River­side est une pédale d’over­drive et de distor­sion à multiples étages en cascade, pouvant égale­ment faire office de préam­pli. Le tout premier étage de gain est analo­gique, de classe A, et basé sur un tran­sis­tor JFET. Il ajoute 20 dB, et est contrôlé de manière numé­rique. En effet, diffé­rents para­mètres de la pédale sont modi­fiés à la volée à chaque fois que l’on pousse le bouton de gain. Stry­mon se targue ainsi d’of­frir à tout moment le fameux « sweet spot », ce Graal guita­ris­tique consis­tant à régler son ampli de manière opti­male, et d’ob­te­nir ainsi des sono­ri­tés riches harmo­nique­ment et équi­li­brées. Les trois autres étages, eux, reposent inté­gra­le­ment sur un DSP SHARC. Il s’agit donc d’une machine hybride s’ap­puyant avant tout sur l’ex­per­tise numé­rique de Stry­mon. Notons d’ailleurs que la River­side embarque des conver­tis­seurs 24 bits / 96 kHz A/D et D/A et un trai­te­ment du signal en 32 bits à virgule flot­tante.

Côté look, notre pédale reprend l’es­thé­tique clas­sique de Stry­mon maintes fois éprou­vée. La machine est plutôt petite malgré la présence de deux foots­witchs, et son châs­sis en alumi­nium anodisé doré est du plus bel effet. Les boutons sont très agréables à mani­pu­ler, tout comme les sélec­teurs au pied On et Favo­rite. Ces deux derniers sont chacun surmon­tés d’une LED offrant de précieuses infor­ma­tions grâce à un code couleur. Mais nous y revien­drons ! 

Savant fou

La dernière machine de Stry­mon est parti­cu­liè­re­ment person­na­li­sable grâce à de nombreux boutons. Rassu­rez-vous, il n’est aucu­ne­ment néces­saire d’être un scien­ti­fique de renom pour mani­pu­ler la bête.  
La première étape consiste à utili­ser le sélec­teur Presence à l’ar­rière de la pédale pour choi­sir l’un des trois modes dispo­nibles. Ce bouton agit sur les aigus, et permet de s’adap­ter à diffé­rents types d’am­plis ou de confi­gu­ra­tions. Le mode Minus (-) est utile pour les amplis avec un carac­tère brillant, le mode Enhan­ced (au milieu) offre un son un peu plus tran­chant idéal pour des amplis chauds, et le mode Plus (+) est à réser­ver aux amplis les plus sombres et une utili­sa­tion dans une boucle d’ef­fets ou en amont d’un ampli de puis­sance.

 
 
1 Minus
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  • 1 Minus 00:32
  • 2 Enhan­ced (inter­mé­diaire) 00:32
  • 3 Plus 00:32

Une fois le choix effec­tué, il convient de déci­der du type de satu­ra­tion attendu par l’in­ter­mé­diaire du sélec­teur Gain situé sur la façade de la River­side. Le mode Low offre un over­drive assez trans­pa­rent se voulant vintage, alors que le mode High enclenche une distor­sion bien plus moderne et compres­sée. Le moment est ensuite venu de jouer avec le potard de gain et le potard de volume et, dans les deux cas, la pédale en a sous le pied.

Pour parache­ver votre son, un EQ actif de 3 bandes agis­sant après la satu­ra­tion est dispo­nible. Les boutons Treble et Bass sont clas­siques, mais le potard dédié au contrôle des médiums est présenté comme un boost/cut para­mé­trique dont la fréquence centrale est auto­ma­tique­ment ajus­tée. De plus, le sélec­teur Push permet de passer en mode Mid et d’ainsi déséqui­li­brer la pédale pour obte­nir une bosse dans les médiums, à la manière d’une Tube Screa­mer.

Enfin, le foots­witch On permet, comme son nom l’in­dique, d’ac­ti­ver la pédale, et le foots­witch Favo­rite d’en­re­gis­trer et rappe­ler à tout moment un preset. Il est donc possible de navi­guer entre deux para­mé­trages diffé­rents en quelques secondes. C’est très réussi, et même si la pédale n’est pas active, la LED au-dessus du foots­witch Favo­rite s’illu­mine ou non pour indiquer si le preset est sélec­tionné. De plus, lorsqu’un bouton est réglé de la même façon que le favori enre­gis­tré, la LED au-dessus du foots­witch passe du rouge au vert. Il est donc faci­le­ment possible de retrou­ver ses réglages. 

Bien que nous ayons présenté tous les boutons de la River­side, d’autres contrôles sont dispo­nibles par l’in­ter­mé­diaire des fonc­tions « secon­daires ». En restant appuyé quelques secondes sur le foots­witch d’ac­ti­va­tion de la pédale, le bouton Drive devient un réglage Noise Gate. La LED du foots­witch Favo­rite s’illu­mine en vert lorsque l’ef­fet n’est pas actif (potard en dessous de 12 h), et change progres­si­ve­ment du jaune au rouge plus le seuil augmente. Notons que le seuil peut être confi­guré indé­pen­dam­ment pour le réglage favori. Écou­tons ce que donne le Noise Gate dans cet extrait dans lequel je pousse petit à petit le potard. La pédale est en mode High Gain et le gain à fond.

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Le gate est assez subtil lorsque le réglage Drive est à 12 h et qu’il s’en­clenche. Il permet alors de réduire un peu le buzz sans pour autant enta­mer le sustain de l’ins­tru­ment. En le pous­sant encore un peu, il élimine complè­te­ment le buzz mais reste sensible à l’at­taque, et le sustain est conservé. En pous­sant le bouton au-delà des 2/3 de la course du bouton de gain — ce qui laisse fina­le­ment peu de marge étant donné que le Noise Gate agit à partir de midi — l’ef­fet mange vrai­ment la réso­nance d’une note.

Termi­nons avec l’autre fonc­tion secon­daire de la River­side ! Toujours avec un appui prolongé du foots­witch On, le potard de volume se trans­forme en réglage du niveau du boost inté­gré dans la pédale. En effet, il est possible de connec­ter un foots­witch à la River­side et d’ac­ti­ver un boost pouvant aller jusqu’à + 6 dB. Cela nous mène donc aux entrées et sorties de notre machine.

The cake is a lie

La pédale est dotée d’une entrée accep­tant des signaux allant jusqu’à +8 dB, ce qui est plus impor­tant qu’un niveau ligne. Il est donc tout à fait envi­sa­geable de bran­cher toute sorte d’ins­tru­ments ou de machines, dont des synthé­ti­seurs. En revanche, il n’y a pas de bran­che­ment stéréo, ce qui peut consti­tuer un frein.

Strymon Riverside : Strymon Riverside (19988)

Une seule sortie est dispo­nible. Elle peut être reliée à un ampli, un système son ou une inter­face audio, et être utili­sée dans le cadre d’une boucle d’ef­fets. On regret­tera d’ailleurs que malgré son statut de préam­pli, la River­side ne propose pas diffé­rentes sorties comme une sortie avec simu­la­tion de HP, une sortie casque, ou même une seconde sortie ligne en XLR par exemple.

Nous avons déjà évoqué le port Boost permet­tant de connec­ter un foots­wich et d’ac­ti­ver un gain de +6 dB. Il est aussi possible de confi­gu­rer le foots­witch externe pour qu’il remplace le sélec­teur au pied Favo­rite. Vous pour­rez ainsi acti­ver le preset sans être près de la pédale. Enfin, ce port offre aussi la possi­bi­lité de connec­ter la River­side à une autre pédale Stry­mon et d’ainsi enclen­cher les réglages Favo­rite des deux pédales d’un coup.

Enfin, le port EXP permet de bran­cher une pédale d’ex­pres­sion qui peut être assi­gnée à n’im­porte quel para­mètre de la machine (et même à plusieurs boutons en même temps), ou bien être utili­sée comme une simple pédale de volume. Dans le dernier cas, le potard de volume sur le châs­sis de la River­side contrôle le volume maxi­mum obtenu via la pédale d’ex­pres­sion.

Ajou­tons que la pédale est True Bypass, mais qu’il est possible de choi­sir un mode avec buffer, notam­ment pour utili­ser le boost ou la pédale de volume bran­chée sur la River­side même lorsque la machine est inac­tive. Pour cela, il faut acti­ver les fonc­tions secon­daires, et utili­ser le bouton Level (en dessous de 12 h la pédale est en mode True Bypass, au-dessus en mode buffe­risé).

Vous l’au­rez compris, la River­side est extrê­me­ment complète et son utili­sa­tion est assez intui­tive. Il faut toute­fois se plon­ger quelques minutes dans le manuel pour décou­vrir et maîtri­ser les fonc­tions secon­daires et les multiples assi­gna­tions des ports Boost et EXP.

Le bruit de l’eau

Nous vous avons concocté une petite vidéo sur le modèle de celles publiées dans le cadre de notre compa­ra­tif How Does It Sound ?. Nous avons utilisé la tech­nique du ream­ping avec des extraits sonores joués avec une Fender Ameri­can Stan­dard Stra­to­cas­ter 2016 et une Gibson Les Paul Stan­dard 2016 T, envoyés dans la River­side connec­tée à un ampli Fender ’65 Twin Reverb, lui-même relié à un simu­la­teur de haut-parleurs Two Notes Torpedo VB-101 et une carte son Stein­berg UR22. L’in­ter­face audio et certains réglages étant diffé­rents, nous ne pouvons pas réel­le­ment incor­po­rer cette vidéo à notre compa­ra­tif, mais le proces­sus de produc­tion est tout de même très simi­laire. Dans cette vidéo, le sélec­teur de présence de la River­side est en posi­tion inter­mé­diaire.

Comme nous l’in­diquions précé­dem­ment, la River­side ne cherche pas à reco­pier des clas­siques de la pédale d’ef­fet. Elle peut arbo­rer les carac­té­ris­tiques de certaines pédales mythiques, mais elle est dotée d’une véri­table iden­tité. Sa poly­va­lence est incroyable puisqu’elle navigue aisé­ment entre le léger boost et la distor­sion puis­sante. La première chose marquante est d’ailleurs l’ex­cellent respect de la dyna­mique, quels que soient le gain et le mode de satu­ra­tion. C’est assez bluf­fant !

Strymon Riverside : Strymon Riverside (67898)

Le « sweet spot » perma­nent outra­geu­se­ment vendu par Stry­mon est avant tout un argu­ment marke­ting, mais il faut bien avouer que le bouton de gain a quelque chose de parti­cu­lier. On sent vrai­ment que la pédale travaille et ajuste de légers para­mètres lorsqu’on augmente le gain, et l’on obtient toujours un son opti­mal. L’EQ est très effi­cace, et utile sur l’en­semble de la course des trois boutons. L’on peut tout aussi bien obte­nir des notes rondes gonflées par les basses qu’un riff tran­chant. Comme attendu, le sélec­teur Push offre une bosse dans les médiums assez carac­té­ris­tiques de certains over­drives. Pour autant, le spectre reste bien plus large que sur une TS9 par exemple, et il faudra jouer avec l’EQ pour accen­tuer encore l’ef­fet. 

D’un point de vue global, les sono­ri­tés de la pédale sont chaudes, harmo­nieuses, terri­ble­ment flat­teuses, mais il manque un je-ne-sais-quoi d’or­ga­nique lorsque la satu­ra­tion est un peu pous­sée, notam­ment en mode High Gain. Peut-être est-ce dû au carac­tère fina­le­ment assez lisse de la River­side. Enten­dons-nous bien, le son ne paraît pas arti­fi­ciel, et c’est une prouesse pour une pédale avant tout numé­rique. Mais Stry­mon a parié sur des sono­ri­tés au final assez clas­siques et sages. Quoi qu’il en soit, l’on a l’im­pres­sion de mieux jouer lorsque la River­side est allu­mée, et de ce fait elle inspire le guita­riste. Peu d’ef­fets peuvent en dire autant sans sonner numé­rique ou trop compressé.

Nous avons aussi rencon­tré beau­coup de souffle lorsque le gain était au maxi­mum dans les deux modes, alors que la satu­ra­tion n’est pas non plus extrême. Le maté­riel utilisé a toute­fois une impor­tance cruciale sur ce phéno­mène somme toute natu­rel, et il est diffi­cile d’émettre un juge­ment défi­ni­tif. De plus, le Noise Gate est là pour contre­car­rer cet effet secon­daire (à utili­ser avec parci­mo­nie…).

Voici une série d’ex­traits sonores enre­gis­trés avec la River­side utili­sée comme préam­pli. La Variax Stan­dard de Line 6 rentre dans la pédale, et cette dernière est direc­te­ment reliée au simu­la­teur de HP Two Notes Torpedo VB-101 et à la carte son Stein­berg UR22.

Low Gain Modes Low et Norm Micros manche et milieu
00:0000:34
  • Low Gain Modes Low et Norm Micros manche et milieu 00:34
  • Medium Gain Modes Low et Norm Micro cheva­let 00:46
  • High Gain Modes Low et Mid Micro cheva­let 00:48
  • Low Gain Modes High et Mid Micros manche et milieu 00:34
  • Medium Gain Modes High et Mid Micro cheva­let 00:36
  • High Gain Modes High et Norm Micro cheva­let 00:42

Conclu­sion

La River­side est une pédale enthou­sias­mante. Nous n’avons cessé d’être agréa­ble­ment surpris par cette machine tout au long du dérou­le­ment de notre test. Il faut dire que le concept mêlant un fonc­tion­ne­ment simi­laire à celui d’un ampli, un étage de gain analo­gique, et un DSP est rafraî­chis­sant dans un monde de la satu­ra­tion terri­ble­ment conser­va­teur.

L’ef­fet est très confi­gu­rable, bardé de fonc­tions avec une ergo­no­mie faci­li­tée par la tech­no­lo­gie numé­rique. Quant au son, c’est indu­bi­ta­ble­ment l’un des gros points forts de la pédale. Si certains avaient des craintes quant à la nature numé­rique de la satu­ra­tion, qu’ils se rassurent ! C’est harmo­nieux, poly­va­lent, et assez natu­rel. Néan­moins, on regret­tera un carac­tère un peu trop lisse surtout sur les grosses satu­ra­tions. Les oreilles les plus fines et autres ayatol­lahs de l’ana­lo­gique juge­ront peut-être plus dure­ment la River­side, mais il nous semble qu’elle conten­tera la grande majo­rité des guita­ristes aussi exigeants soient-ils.

Mais tout n’est pas rose, notam­ment car Stry­mon persiste dans sa poli­tique de solu­tions fermées. Il n’y a pas de compa­ti­bi­lité MIDI, un seul preset est dispo­nible, et il faut utili­ser le foots­witch commer­cia­lisé par le fabri­cant ou se conten­ter du DIY et des rares modèles compa­tibles chez d’autres marques. De plus, la River­side est présen­tée comme un véri­table préam­pli, fonc­tion qu’elle assure sans problème, mais elle n’ar­bore pas certains éléments très utiles sur ce type d’ap­pa­reils comme une sortie avec simu­la­tions de HP, une sortie casque, ou même une boucle d’ef­fets.

En résumé, le son est là, mais en ajou­tant des possi­bi­li­tés (notam­ment le MIDI et des sorties pour l’uti­li­sa­tion en préam­pli) Stry­mon aurait pu propo­ser une pédale fantas­tique qui se serait sans nul doute impo­sée comme un essen­tiel du monde de la guitare. Et pour un tarif de 349 €, l’on est quand même en droit d’être un tant soit peu exigeant. Reste que l’on ressent un réel plai­sir en utili­sant la River­side, et qu’elle nous inspire et nous pousse à jouer. N’est-ce pas là l’es­sen­tiel ?

  • Strymon Riverside : Strymon Riverside (99519)
  • Strymon Riverside : Strymon Riverside (67898)
  • Strymon Riverside : Strymon Riverside (19988)

 

8/10
Award Innovation 2017
Points forts
  • Un concept original à l’ergonomie réussie
  • Utilisable en tant que pédale de saturation ou en tant que préampli
  • Polyvalence extrême (le bouton de présence est très pratique)
  • Pédale harmonieuse et flatteuse, le son est ample et chaud
  • L’EQ redoutablement efficace
  • Le footswitch Favorite
  • La pédale d’expression assignable à plusieurs contrôles
  • Le Noise Gate intégré
  • Quel que soit le réglage de gain de la pédale, elle sonne ! Mais…
Points faibles
  • … il manque un côté organique avec les grosses saturations, c’est trop lisse
  • Pas de MIDI et un seul preset
  • On aurait aimé plus de sorties pour un préampli (sortie casque, sortie avec simulation de HP, etc.)
  • Un peu trop de souffle lorsque le gain est à fond (cela dépendra néanmoins des configurations)

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