Accuphase C-2800

Le C-2800 représente le très haut de gamme d'un fabriquant qui ne fait, normalement que du très haut de gamme. D'après le "product museum" d'accuphase, ce dernier a été produit entre 2002 et 2008.

Si vous avez déjà lu quelques-uns de mes tests. Vous savez que ce fabricant est réputé pour la qualité des électroniques qu'il sort. Mais, sur le C-2800, ce dernier semble avoir été la victime d'un délire d'électronicien. Composants en qualité maximale avec des tolérances inexistantes, boards en céramique d'aérospatiale, pcb avec impressions en or... blablabla... du délire, je vous le disais. Notons la présence, sur cette série haut de gamme, du boitier en bois massif qui ferait passer certaines de nos guitares pour de vulgaires assemblages de cure-dents. Tout est laqué, poncé et bien fini.


Pris en main
A l'usage, on n'est pas du tout dépaysé par l'engin. On retrouve tous les contrôles classiques des accuphase à l'endroit où ils sont d'habitude présents. Un très bon bouton de volume, taillé dans la masse et bien réglé sur la droite, un sélecteur rotatif de source du même acabit à gauche et pleins de petits extras planqués derrière un capot amovible, lui-aussi en massif. Notons, à cet endroit, la présence d'un contrôle de tonalité étendu (avec définition du point de travail de ce dernier) et un sélecteur de réglage pour le pré-ampli phono (en option), ce qui permet, depuis l'avant, de définir si le pré-ampli doit fonctionner pour des cellules MM et MC. Un dernier détail encore, toujours pour la partie phono. Mais le pré-ampli qu'on peut greffer à ce pré-ampli (vous me suivez ?) est le top du top d'accuphase et peut faire passer pour une décoration, beaucoup d'éléments séparés hors de prix, et pas mieux construits.


Autour du test
J'étais, pour ce test, chez un confrère allemand, possédant un auditorium fait à la main, avec une partie arrière totalement flanquée de bass traps customisés pour sa pièce, le tout certi d'absorbeurs et raisonnateurs aux endroits stratégiques. Le petit test du "clap clap" m'a permis de remarquer que les travaux profonds apporté à l'auditorium en question avaient portés tous leurs fruits. On entend une mouche péter, et ce, sans écho.

Pour la fête, des B&W 802D poussaient la chansonnette et alimentés par un bloc A-65 en aigu et médium, et d'un bloc P-4100 en grave , le tout était câblé avec du Cardas à pleins d'euros le mètre (il y croit, c'est son problème). Le lecteur cd du test était l'accuphase DP-600 et tout le courant était filtré par un préparateur de courant Accuphase.

Pour ce test, et comme élément de comparaison connu, j'avais amené mon C-2110, qui tournait, via un sélecteur de source maison, en alternance à la seconde même où on le sélectionnait. Ce qui permettait de comparer un pré-ampli puis l'autre sur le même passage musical dans la même seconde. Nous avons, bien sûr, utilisés mes CD favoris et dont je vous épargne une nouvelle description détaillée.


Le son
On va faire très court, car je ne pense pas que "la personne curieuse" qui a cliqué sur cet avis, ignore de quoi on parle. Mais le C-2800 était le maximum technique de ce qu'on pouvait faire entre 2002 et 2006 en matière de reproduction, et il est toujours impressionnant aujourd'hui.

Aucun bruit de fond ou de fonctionnement n'est perceptible, l'engin redonne l'intégralité de ce qui lui est donné et s'efface totalement derrière la reproduction. Quand le C-2110 rentrait dans la danse, on notait une petite épaisseur, un grain personnel, très ténu et qu'il fallait aller découvrir avec des oreilles de chauve-souris. Sur le C-2800, vous ne percevez rien d'autre que la musique envoyée. RIEN D'AUTRE !!

Tout, absolument tout, a sa structure, tu entends les maillets des percussions qui écrasent des peaux qui ont un grain et qui fait craquer du bois et du métal, le signal se réverbère sur les murs du studios et atteint les micros d'enregistrement qui étaient de type Neumann et dont on reconnait la signature typique. Le royer utilisé sur la guitare est lui aussi perceptible. Mais pas que, sur certains enregistrements de Jimmy Page, on note les petits frisottis lors de son jeu live, les endroits où il appuie mal et les endroits où il appuie monstrueusement bien ses notes. Globalement, le feeling des concerts et du son "live" passe très très bien sur cette chaine. Bordel la claque !

En parlant de son live, on remarque même des nuances infimes, genre, quand trucmachin s'éloigne de quelques mètres sur la gauche pour chanter un peu plus vers le côté gauche de la pièce. Si l'enregistrement le permet, on entend la raisonnance de ses pas sur la structure de la scène et sa voix qui passe doucement à gauche de l'enregistrement. Putain c'est beau !

Des chanteuses comme Tracy Chapman vous font pleurer en permanence avec leur timbre de voix si particulier. Les violons et autres pianos des enregistrements vous font croire à l'existence physique d'un piano dans la pièce... et j'en passe... je pourrais continuer comme ça encore longtemps.

Et avant que vous me demandiez "ça fait quoi de mieux qu'un E-260, un E-360, un C-2420 ou un C-2110" ?
Et bien, ça n'existe tout simplement plus. On ne perçoit plus d'électronique dans la chaîne. Et ne nous comprenons pas faux. Accuphase fait des électroniques neutres et complètement effacées. Mais le C-2800, c'est juste l'accomplissement de ce délire poussé à l'état pure.


Le mot de la fin
Vous noterez que j'ai flanqué cet engin d'une note de 8. Mais pourquoi pas le maximum ? Parce-qu'on est dans du délire. Personne n'a fondamentalement besoin du son délivré par ce C-2800. On appréciait déjà un réalisme saisissant et jusqu'au-boutiste avec tous les autres engins Accuphase essayés auparavant. Ce dernier pousse juste le truc d'un poil, à peine audible. Et pour ça, le fabriquant demandait presque 10'000 Euros de plus que des engins déjà devisés à 5'500 Euros. Vous voyez donc, que le jeu n'en vaut pas vraiment la chandelle. Mais c'est beau de voir, et d'entendre, un engin aussi aboutit quand on aime la belle électronique et le bon son. C'est pourquoi on ne peut pas être totalement en colère après eux pour ce délirium tremens.