Behringer, qui avait déjà mis un pied dans le monde du DJing avec la BCD2000, revient à la charge avec une nouvelle version qui a pour principale nouveauté d’être livrée avec une version allégée du célèbre logiciel de Native Instrument : Traktor. Le mariage des deux compatriotes allemands est-il une réussite ? C’est ce que nous allons voir dans ce test…
Behringer, qui avait déjà mis un pied dans le monde du DJing avec la BCD2000, revient à la charge avec une nouvelle version qui a pour principale nouveauté d’être livrée avec une version allégée du célèbre logiciel de Native Instrument : Traktor. Le mariage des deux compatriotes allemands est-il une réussite ? C’est ce que nous allons voir dans ce test…
C’est un fait, l’informatique fait petit à petit son trou chez les DJs amateurs ou professionnels, et Behringer l’a compris. Même si l’instabilité de certaines configurations à base de PC asthmatiques donne de temps en temps quelques sueurs froides, il faut avouer qu’utiliser un ordinateur au centre de sa configuration a bien des avantages : ne plus avoir à transporter ses kilos de vinyles, une recherche plus rapide et aisée au sein de sa discothèque, une synchronisation des tempi simplifiée, etc. Certes, on perd le toucher souvent sensuel des bons vieux disques noirs, mais certaines interfaces tentent de recréer le côté accessible et efficace qui fait parfois défaut à l’outil informatique.
Ya du monde dans la boîte?
Au déballage, on découvre une jolie boîte noire ressemblant fortement à sa grande sœur, la BFD2000 : à première vue seule la couleur diffère. Mais un petit logo attire de suite mon attention : ‘Traktor LE enabled’. C’est donc ici que se situe la principale nouveauté et elle est de taille : le logiciel s’est taillé une belle réputation dans le milieu et ce n’est pas un hasard… Le poids de la bébête est correct et elle semble bien assez lourde pour rester en place. Pour assurer une bonne stabilité, Behringer a pensé à fournir des petits morceaux de caoutchouc qu’il faudra coller sous les pieds de la BCD3000. Malheureusement, ce système s’avère très peu efficace : au bout de 30 minutes d’utilisation, j’avais déjà perdu un morceau et la table s’est mise à glisser telle Surya Bonaly sur la patinoire des Jeux olympiques d’Albertville. C’est donc un premier mauvais point, vous n’aurez plus qu’à jouer au McGyver et sortir de la glue surpuissante afin de fixer vos pieds en caoutchouc faits maison.
Mis à part les jogs qui sont en caoutchouc, le reste est fait de plastique mat et est assez agréable. Les faders linéaires n’ont pas tous la même résistance : le crossfader et les faders de volume sont assez lâches tandis que les variateurs de tempo se révèlent plutôt durs, c’est un très bon point. Mention très bien pour les encodeurs rotatifs qui respirent la qualité. J’émets cependant une réserve à propos des switchs qui font quant à eux un peu cheap…
Le manuel est assez succinct, mais polyglotte et finalement plutôt bien fait. Il faut aimer l’usage du tutoiement qui fait un peu ‘toi le jeune qui veut mixer dans les soirées’… En tout cas, toutes les possibilités de routing sont expliquées et même les câblages d’un XLR et d’un jack 6.35mm sont schématisés ! Bravo professeur Behri, les jeunes ont soif de connaissance.
Mieux potard que jamais
La surface se compose de cinq grandes parties : une pour chacun des deux lecteurs virtuels de Traktor, une pour contrôler les effets, une pour l’entrée micro et enfin une pour la partie Master (volume général, casque et mix).
Au niveau de l’entrée micro, on peut contrôler son volume, et régler le niveau des hautes et basses fréquences grâce au petit égaliseur intégré. On retrouve aussi une LED ‘clip’ qui s’allume lorsque qu’il y a saturation en entrée. Deux switchs ‘Ext IN A’ et ‘Ext IN B’ permettent de basculer vers les entrées analogiques situées derrière la console. Vous pourrez y brancher votre lecteur CD ou vos platines vinyles. À partir de là, vous pourrez mixer un vinyle avec un lecteur de Traktor, ou encore un vinyle avec un CD, etc. Sachez néanmoins que vous ne pourrez pas brancher de lecteur CD sur l’entrée A car seule l’entrée B possède un switch phono / line.
La section de contrôle d’effets comporte 4 encodeurs rotatifs permettant de contrôler directement les paramètres des effets intégrés de Traktor. Un switch sert à activer / désactiver la section d’effet, deux autres switchs sont là pour passer à l’effet suivant ou précédent et enfin un bouton dénommé ‘action’ dont la fonction diffère suivant l’effet sélectionné.
La section ‘Output’ regroupe trois potentiomètres : ‘Master output’ (volume général), ‘Phones Vol’ (volume du casque) et ‘Phone Mix’ qui permet de régler le mix entre le signal Master et le signal Monitor. On pourra choisir de router vers le circuit de pré écoute l’une des deux (ou les deux) platines de Traktor grâce aux deux boutons Cue A et Cue B.
J’suis pas une blonde platine, DJ!
Passons maintenant au cœur de l’interface : le contrôle des platines virtuelles de Traktor ! On retrouve trois potentiomètres d’égalisation : grave, médiums et aigu avec leurs boutons ‘kill’ respectifs. Ces derniers permettent de couper brusquement une bande de fréquence, ce qui peut faire son effet quand ils sont bien utilisés. Au niveau des faders linéaires, on a le classique fader de volume, le variateur de vitesse et l’irremplaçable crossfader. Au dessus du variateur de vitesse, on a deux touches ‘bend’ (+ et -) qui permettent d’accélérer ou ralentir le morceau afin de faire correspondre les rythmes de deux morceaux. Si vous voulez rechercher rapidement un passage dans un titre, des boutons ‘search’ sont à vos dispositions au dessus du variateur. Pour ce qui est des outils de transport, on retrouve le jog wheel, une touche ‘play’ et ‘cue’. On pourra directement définir le point cue grâce au bouton ‘set cue’. La touche ‘set loop’ permettra de définir le début d’une boucle de 4 temps. Si l’on appuie une deuxième fois sur cette touche, on arrête sa lecture. La boucle que l’on aura définie précédemment pourra être rappelée plus tard via la touche ‘reloop’. La touche ‘sync’ vous sera très utile, car elle synchronisera automatiquement les deux lecteurs de Traktor. Calez les disques en un clin d’œil ! Enfin, le bouton ‘scratch’ permet de simuler l’accélération et le ralentissement d’un disque vinyle.
Après avoir fait le tour de la surface de contrôle, il est temps de retourner la console et de voir les différentes connexions audio disponibles. On retrouve une entrée micro au format XLR (c’est mieux qu’un simple jack 6.35mm), deux entrées RCA avec masse pour platine vinyle. L’une des deux (la B) est switchable en niveau ligne pour y brancher un lecteur de CD par exemple. La sortie générale ‘Master’ est aussi en RCA. Pour finir, une prise pour la liaison USB avec l’ordinateur et une prise d’alimentation.
Voyons maintenant ce qu’il se passe au niveau logiciel…
Dark Fader
Suite à l’installation du driver de la BCD3000, apparaît une fenêtre de configuration permettant de régler, pour le driver ASIO, la taille du buffer (et donc le temps de latence de l’interface audio), de choisir entre le niveau micro et le niveau ligne sur l’entrée A, et de choisir la sortie physique (1–2 ou 3–4) du master et du casque. Un page pour le driver WDM/MME est disponible et une autre pour le MIDI permet de passer du mode standard (toggle off : dès qu’on relâche la touche, on revient à la valeur d’origine) au mode avancé (toggle on : il faut dans ce cas là réappuyer une seconde fois sur la touche pour revenir au paramètre initial).
Après avoir lancé Traktor LE, on voit apparaître une boîte de dialogue proposant d’acheter, à prix préférentiel bien sûr (99€), la version complète du logiciel. Pour les intéressés, sachez que cette mouture propose 4 lecteurs et canaux, des effets, des filtres et des EQ en plus, et des points CUE sauvegardables. La version livrée avec la BCD3000 intègre donc ‘seulement’ deux lecteurs, ce qui est largement suffisant pour la plupart des situations. Parmi les effets, on dispose d’un filtre, d’une réverbe, d’un délai et d’un flanger. Rajoutez à cela une égalisation trois bandes et vous obtiendrez tout le nécessaire pour commencer à mixer tranquillement. Aucune fonction primordiale n’a été abandonnée pendant la cure d’amaigrissement de Traktor. La seule chose que l’on peut regretter se situe au niveau des boucles et des points ‘Cue’. En effet, la longueur des boucles est fixe (4 temps) et il est impossible d’en enregistrer plusieurs, de même pour les points ‘Cue’. Si ces options ne vous intéressent pas, alors la version light vous suffira alors largement…
Un tracteur, mais léger
Traktor LE hérite des qualités de son ‘gros’ frère. On retrouve ainsi une collection gérant les ID3 tag, une fonction de recherche efficace, la possibilité de créé rapidement et facilement des playlists et le calcul automatique du tempo de chaque titre. La synchronisation automatique via le bouton ‘sync’ est vraiment efficace, du moins sur les morceaux avec un beat marqué (techno, house, etc.). Quel bonheur d’avoir ses morceaux calés et prêts à être mixés en un quart de seconde ! Pour ce qui est de la fonction ‘scratch’, elle reste plus anecdotique vu la taille du jog wheel. De plus, j’ai remarqué un défaut assez contraignant : il est impossible d’envoyer de bouger le crossfader quand la bouton ‘scratch’ est enclenché ! Espérons que ce ne soit qu’un bug et qu’il soit rapidement corrigé…
Pour le reste, c’est du tout bon. La latence est très faible (jusqu’à 4ms) et le système répond au doigt et à l’œil. Toutes les fonctions du soft sont accessibles via l’interface de contrôle et on ne touchera la souris seulement pour chercher et charger les morceaux. Toute l’étape de mixage peut être gérée via la BCD3000. En bref, on a vraiment l’impression que Traktor LE et la petite dernière de chez Behringer sont faits l’un pour l’autre. C’est beau l’amour quand même !
Au niveau de la qualité du son, elle dépendra bien évidemment principalement de vos fichiers et de votre système de diffusion. À ce niveau-là, la BCD3000 s’en sort plus qu’honnêtement, tant au niveau des entrées que des sorties. Quelques chiffres pour les amateurs de feuilles Excel : rapport signal/bruit de 101dB, diaphonie <80dB à 1kHz et niveau de sortie maximum : +18dBu. Tout ça en 24 bis / 44.1kHz.
Pour finir, sachez que si vous désirez utiliser la belle avec des platines vinyles, il vous sera possible d’appliquer les effets au signal analogique entrant. C’est une très bonne nouvelle, mais il vous faudra obligatoirement la brancher à un ordinateur. En clair, elle ne fonctionnement pas en autonome. Il est bon de noter que vous ne pourrez pas utiliser non plus de vinyles timecodés avec cette interface et Traktor LE. Pour cela, il faudra vous tourner vers un Traktor Scratch par exemple.
Conclusion
C’est sûr, le principal avantage de la BCD3000, c’est le fait qu’elle soit livrée avec Traktor LE, qui est un excellent soft. Pour 262€ TTC, vous disposez donc d’une solution ‘clé en main’ d’entrée de gamme (faut avoir un ordinateur quand même). Pour autant, elle reste ouverte à l’utilisation de platines vinyles / CD, et ce, de manière intelligente, car il est possible d’utiliser les effets logiciels avec vos signaux analogiques issus de vos platines. La BCD3000 intéressera donc les DJs possédant déjà une paire de platines vinyles et voulant s’ouvrir au monde de l’informatique ou ceux ayant juste un ordinateur et voulant commencer à pratiquer le DJing.
Même si quelques petits défauts viennent ternir le tableau, par exemple les patins en caoutchouc qui se font la malle ou encore la fonction scratch gadget et les jogs un peu petits, il faut avouer que Behringer se place très bien face la concurrence en termes de rapport qualité/prix…