On a vu apparaître ces dernières années une multitude de logiciels destinés à transformer votre ordinateur en machine à mixer ses morceaux favoris. Digital DJ fait partie de ceux-là, et se base sur votre collection afin de permettre aux « Bob Sinclar » en puissance de faire danser pépé, mémé, tonton, tata, et les cousines jusqu’au bout de la nuit.
On trouve évidemment beaucoup de logiciels de ce type chez la concurrence : Traktor, Serato, Virtual DJ, MixVibes Cross, Discover DJ. Magix Digital DJ est un des moins chers, si l’on ne compte pas tous les autres freewares du domaine qu’il serait trop long d’énumérer ici.
Allons donc voir s’il a tout d’un grand…
Découverte du logiciel
Côté installation, aucune difficulté à déplorer, en quelques minutes mon mac était prêt à découvrir DigitalDJ.
En premier lieu, il n’est pas évident de savoir de quelle version nous disposons : Le bouton « HELP » + « About » nous indique une version V1.0 alors que l’information du bouton SETUP nous donne une V1.7 LE. V1.0 qui serait la version recustomisée par Magix, et V1 .7 la version de Deckadance originale : pas clair !
D’ailleurs, après avoir enregistré le produit sur le site de Magix : impossible de trouver les téléchargements liés au logiciel, il n’est même pas référencé dans la liste. Probablement un produit encore jeune. Mais en allant directement sur le site de Deckadance, on s’aperçoit qu’il y a deux versions : House (à 99$) et Club (à 179$).
J’en conclus que Digital DJ est une version « light » de Deckadance revendue par Magix à 39,99€. Je n’ai pas réussi à trouver le moyen d’upgrader ma version vers Deckadance House ou Club : impossible depuis le site de Magix, ni même depuis le site de Deckadance, pourtant en lisant la doc on aurait dit que c’était possible… j’étais probablement mal réveillé. Si certains d’entre vous trouvent, faites-moi signe…
Globalement l’interface est esthétiquement sympa, de couleur noire, mais assez brouillonne au premier abord. Les menus « Apple » ne sont pas du tout utilisés, toutes les fonctions sont directement accessibles à partir des boutons de l’interface : cela donne un petit côté « développé sur un coin de table », mais sans les bugs : je n’en ai pas trouvé de flagrant.
Paramétrage
En cliquant sur le bouton « Setup » au milieu de l’interface vous accédez aux configurations du logiciel : choix de la langue, dossiers de recherche des fichiers audio, chemin de la bibliothèque iTunes. D’autres paramètres sont proposés comme :
l’activation des entrées/sorties des cartes son externes, le verrouillage de la platine en cours de lecture (pour éviter une mauvaise manipulation qui couperait le morceau en cours), l’activation des couleurs spectrales de la piste : en rouge les basses, en vert les médiums et en bleu les hautes fréquences, la désactivation de certaines fonctions pour alléger les petits processeurs.
Il n’est à priori pas possible avec cette version de brancher un contrôleur USB externe de type Numark Omni Control ou autres… Dommage.
En cliquant sur le bouton « Audio » en haut de l’interface vous accédez aux paramétrages du routage des canaux audio de vos cartes son. Comme beaucoup de logiciels de la concurrence, vous ne pourrez utiliser qu’une seule carte son à la fois. Il faudra donc utiliser une carte son multi-entrées / sorties si l’on veut bénéficier de l’ensemble des capacités du Logiciel (à minima 2 sorties stéréo pour Le Master et le Casque).
Ca fait toujours un peu mal la première fois…
Au premier lancement, Digital DJ vous propose d’analyser l’ensemble des morceaux du dossier Musique. Je lance l’opération à 22h34, elle ne finira que le lendemain matin à 11h15 pour analyser 8 000 morceaux. Nous n’aurons à le faire qu’une seule fois c’est donc supportable, mais c’est quand même très long : presque 13h de calcul ! Le logiciel n’utilise d’ailleurs pas du tout le multicoeur pour optimiser le traitement… Cette analyse permettra de calculer précisément le BPM (Battement Par Minute) de chaque morceau et d’utiliser la fonction « Mufin Recommendation » que nous détaillerons plus loin.
Cette analyse pourra être complétée avec tous les nouveaux morceaux que vous rajouterez au fur et à mesure en cliquant sur le bouton « Analyse » (attention ne pas oublier de décocher « autoriser une nouvelle analyse des chansons » sinon c’est reparti pour 13 heures !).
Une mauvaise surprise, j’avais en tout 10 000 morceaux dans ma bibliothèque et il en manque donc 2000 : après quelques recherches, ce sont tous les morceaux achetés ou importés dans iTunes en M4A. Argh, il manque tous mes MP4 non reconnus ! Ça, c’est un très gros point noir, il nous sera juste possible de les pré-écouter au casque, mais pas de les jouer : extrêmement surprenant !
Section de pilotage des pistes
De façon relativement standard dans des logiciels de ce type nous retrouvons : Play/pause, avance et retour rapides (d’un temps ou d’une mesure), ce qu’il faut pour faire des boucles, la pré-écoute au casque, le réglage du BPM à la main et une fonction de synchronisation du BPM et calage du Beat avec la piste voisine. Nous trouvons entre les deux pistes le fader permettant de passer d’une piste à l’autre tout en douceur.
Les petits plus : 4 points CUE très faciles à utiliser, clic droit pour fixer chaque point cue en live et clic gauche pour y aller instantanément (on y accède aussi via le clavier : 1,2,3,4 pour la piste A et 5,6,7,8 pour la piste B), une fonction de réglage du gain automatique pour compenser les écarts de volume entre les morceaux successifs et enfin, une fonction de fader automatique.
Section « Bibliothèque »
La moitié de l’écran (à droite) est utilisée par l’explorateur de fichiers, qui, après avoir été paramétré en indiquant le répertoire de base, vous permet de naviguer de manière fluide dans l’arborescence. La « trop petite » flèche permet de remonter dans les dossiers, il faudra avoir du doigté les amis…
Le double clic sur n’importe quel titre permet une pré-écoute au casque sans avoir à le charger dans les pistes de lecture : très simple, un petit pop up apparaît avec le titre de la chanson, l’artiste, l’album et la possibilité de faire défiler en un clic le morceau à n’importe quel endroit. Il vous suffira ensuite de glisser vos morceaux dans la section Playlist afin de préparer votre prestation.
Les fonctions avancées de la « Playlist »
Je ne m’attarderai ici que sur les fonctions avancées de la playlist, qui est par ailleurs bien pensée avec des tris par colonne et un module de recherche. Chaque morceau chargé dans une des pistes se verra coché dans la playlist pour vous rappeler que vous l’avez déjà joué.
« Mufin Recommendation »
Cette fonction permet de vous suggérer des morceaux que vous pourriez « mixer » avec le morceau en cours sur la base de l’analyse non seulement du BPM, mais aussi de la similitude du signal.
Bon aller on essaie pour voir ? Sur le papier ça donne plutôt envie : Prince Musicology en lecture (102 BPM), il me sort 9 morceaux de 89 à 117 BPM : entre autres Britney Spears / Boys, Naughty by Nature / O.P.P, Michel Portal / Minneapolis. En terme de « sonorité » c’est vrai que c’est pas mal vu, les sons s’accordent pas mal….
Après, les morceaux ne sont pas tous évidents à mixer entre eux, mais heureusement qu’il reste un choix au DJ sinon c’est la fin : à quoi servirions-nous ?
« La mort du DJ »
Et bien si, en fait, vous allez pouvoir passer la soirée à vous agiter en faisant semblant de mixer derrière les platines comme « David Guetta ».
En effet plusieurs fonctions automatisent à 100% votre travail :
« Automix » : Permet d’enchaîner les morceaux de la playlist (dans l’ordre prédéfini ou en mode aléatoire), vous pouvez choisir la durée du Fade entre 15 et 90s
« Bass-X Fade » permet de réaliser un Fade-In / Fade-Out sur l’égaliseur des basses afin de réaliser des mixes quasi parfaits : c’est très efficace, difficile de faire aussi bien à la main : Fade des pistes et Fade des basses en même temps.
« DJ-Style » vous permet de régler un tempo global et l’ensemble des morceaux se calent par rapport à ce tempo, vous pouvez en live augmenter ou diminuer ce « master Tempo » avec les touches +/- ou avec un bouton TAP qui vous permet de cliquer du doigt au rythme souhaité.
Globalement toutes ces fonctions automatisées marchent bien, c’est parfois même bluffant.
Section « Control » et iTunes
Deux galettes vinyle virtuelles tournent à l’écran, et permettent de faire du « scratch avec la souris », pas très réactif, mais effet sympa quand même.
Un micro Sampler est disponible dans cette section. Difficile de faire plus simple : un bouton pour enregistrer et un bouton pour rejouer. Bien pensé et très sympa à utiliser.
Tous les contrôles de volumes globaux sont là : Master, Monitor, et même choix de la Courbe de Cross fader (pas forcement linéaire).
L’ensemble de l’interface iTunes est intégrée au logiciel avec possibilité d’accéder à toutes les playlists. Cependant avec l’absence des fichiers M4A, l’intérêt est extrêmement limité. L’ensemble des fichiers est accessible via la bibliothèque et à part l’accès à vos playlists favorites, la section iTunes n’apporte pas beaucoup plus.
Les Effets
Nous disposons dans l’interface d’une gestion complète de 7 effets par piste activables un par un de façon exclusive : passe-bas, passe-haut, passe-bande, natch, peigne, phaser, écho et réduction de débit binaire. Le paramétrage des effets se fait au travers d’un cadran « magique » dans lequel on déplace la souris, ce qui permet de torturer le son de manière très intuitive. Super à utiliser.
Évidemment, l’invariable égaliseur 3 bandes que nous ne présentons plus est bien présent sur chaque piste.
Huit samplers avec chacun 8 samples déjà préenregistrés, soit 64 samples différents au total, largement de quoi s’amuser, chacun des 8 samplers est indépendant et peut être synchronisé sur l’une ou l’autre piste. Il n’est a priori pas possible de charger ses propres samples, mais au moins c’est simple et efficace. On peut rester des heures à jouer avec ce truc là…
La section relooper permet de mettre en œuvre un autre type d’effet qui consiste à réarranger l’échantillon situé dans le tampon de lecture de la piste sélectionnée. Difficile à expliquer plus précisément, mais le résultat est bon. Vous aurez le choix entre 6 patterns différents, qui pourront s’associer à 4 filtres complémentaires : Wah Wah, Panoramic, Ring Modulator et Track Coder. Dans cette version il n’est pas possible d’éditer les patterns du Relooper.
Conclusion
39,99 € pour ce logiciel, la cible est évidemment le DJ amateur qui mixe occasionnellement pour sa famille ou ses amis. Le fait qu’il ne soit pas possible de raccorder des contrôleurs USB externes condamne vraiment toute velléité de Magix à pouvoir s’adresser à un public plus « professionnel ». Tout sera donc piloté à la souris ou au clavier. Cependant, pour ce prix-là les amateurs de DJing profiteront d’effets et de fonctionnalités avancées que l’on aura du mal à retrouver chez la concurrence.
Nous avons donc là un logiciel étonnant et déroutant. D’un certain côté, nous avons vraiment une impression de produit mal fini : repackaging du logiciel Deckadance peu clair, upgrades et mises à jour impossibles, interface pas évidente, pas de gestion des MP4, etc. Mais d’un autre côté, pour ce prix là on arrive vraiment à mixer avec des fonctions et des effets très efficaces comme le Sampler ou l’automatisation totale du mix qui m’a parfois bluffée.
Un logiciel qui vaut donc le détour, mais dont il faudra guetter les prochaines versions qui seront certainement plus abouties en corrigeant peut-être ces défauts de jeunesse.