Après la série BX en entrée de gamme, la série CX en milieu de gamme, M-Audio sort le grand jeu avec sa gamme DSM, prête à défier les plus grands noms du monitoring de studio. Ce sont les DSM1, équipées d’un haut-parleur 6,5 pouces, qui nous intéressent aujourd’hui...
Depuis quelque temps déjà, M-Audio voit sa gamme d’enceintes s’étoffer peu à peu, en tirant clairement la qualité vers le haut. Les BX8a et les CX8 nous avait convaincus lors de précédents tests sur AudioFanzine et c’est donc le coeur vaillant que nous ouvrons le carton de ces DSM1 dont le prix (689€ l’unité) les place en frontal face aux ténors du marché comme Focal avec ses Solo6, ADAM avec les P11A, les Genelec 8040 ou encore Dynaudio et ses BM6A, la concurrence est donc rude !
Tout d’abord un grand bravo aux designers qui ont travaillé sur les DSM, elles sont superbes et on aime leur look moderne et épuré. La finition noire mate et le tour des haut-parleurs gris métallisé donne vraiment une très bonne première impression. Le haut-parleur des graves de 6,5 pouces possède un châssis en acier et un diaphragme anodisé en une pièce. Le tweeter est un dôme souple encastré dans des guides d’ondes permettant d’accroître la fréquence en réponse et d’obtenir une meilleure image stéréo. Une petite LED bleue située entre le boomer et le tweeter témoigne de la mise en activité de la DSM1. Cerise sur le gâteau, les DSM1 possèdent de gros pieds qui amortissent les vibrations lorsqu’elles sont posées sur un bureau. Pas de problème jusqu’ici, nous sommes bien devant une paire d’enceintes haut de gamme…
Retournons maintenant le bébé afin de voir ce que nous propose M-Audio niveau connectique et correction.
De dos
À gauche du système bass reflex se situent les entrées analogiques et numériques. Pour ces premières, on dispose d’une entrée XLR et d’une entrée jack 6,35 mm TRS symétrique avec un petit plus : il est possible de choisir entre les niveaux +4dBu et –10dBV, pratique. En dessous, nous retrouvons les entrées numériques (acceptant du 192 kHz / 24 bit) en coaxial pour le SPDIF, avec une entrée et une prise « thru » pour renvoyer le signal vers l’autre enceinte. On choisira alors via le switch situé juste en dessous si l’enceinte sera assignée au canal droit ou gauche du signal stéréo ou si ce dernier est mono. Une entrée AES/EBU en XLR est aussi disponible, rendant la DSM1 vraiment complète niveau connectique, ça commence bien !
En plein milieu se trouve le volume trim, permettant de régler le niveau du signal en entrée de –22 à 10 dB. Dommage qu’il ne soit pas cranté à 0. Encore en dessous se situe le sélecteur d’entrée : analogique, numérique ou stand-by numérique, qui active l’entrée numérique et met le haut-parleur en mode basse consommation si l’horloge numérique est perdue depuis plus d’une seconde (quand vous éteignez votre interface audio par exemple), l’enceinte sort du mode stand-by dès que l’horloge revient. Voici une enceinte écologique! Le seul point regrettable est la présence du bouton de mise sous tension situé à l’arrière, ce n’est pas pratique et on aurait aimé le voir déporté à l’avant, surtout sur une enceinte de ce prix.
Passons maintenant au gros morceau, la correction. La DSM1 est vraiment très bien fournie en filtres en tout genre. Il faut dire que la belle est équipée d’un DSP gérant le crossover, fréquence de coupure entre les deux voies, l’EQ et le volume trim. On commence avec un shelve dans le haut du spectre dont voici le diagramme :
4 réglages sont possibles : 0, +1,5, –1,5 et –3 dB.
Les moyennes fréquences se voient attribuées un boost/cut avec une grosse largeur de bande (Q faible) avec les mêmes réglages : 0, +1,5, –1,5 et –3 dB.
Un autre shelve est disponible dans le bas du spectre avec les réglages et diagramme suivant : 0, –1,5, –3, –4,5 dB.
Un filtre coupe bas permet de ne laisser passer les fréquences qu’à partir de 40, 50, 80 ou 100 Hz. Utilisé pour protéger les haut-parleurs des basses fréquences ou pour ajouter un caisson de basse à votre système.
Viennent enfin les « desktop filters », qui seront utilisés pour compenser les réflexions de votre bureau ou de l’étagère où sont posées vos DSM1. Trois filtres sont disponibles : 175 Hz, 220 Hz et 200 Hz lorsque que vous combinez les deux premiers, avec les corrections suivantes : 0, –1, –2 ou –3 dB.
L’enceinte est donc très complète et pour s’adapter à pas mal de situations, un vrai plus !
Passons maintenant à l’écoute…
L’écoute
Afin de tester les DSM1, nous les avons écoutés avec quelques morceaux que nous connaissons bien.
Lou Reed – Walk on the wild side
Première écoute avec Lou Reed, ici tous les instruments se détachent sans problème, la guitare acoustique à droite, la contre basse, la caisse claire et la grosse caisse. La voix fait très bonne impression avec un sentiment de proximité. Lou Reed est devant nous ! L’image stéréo est vraiment exceptionnelle, et cela est dû à la très bonne définition dans le haut du spectre. Le parti pris du constructeur est de limiter les très basses fréquences et l’effet boomy que peuvent avoir certaines enceintes plus bas de gamme, comme les BX ou CX du même constructeur. D’une manière générale, les enceintes sont très droites et précises avec des queues de réverbe très audibles. Parfait du monitoring en somme !
Metallica – Enter Sandman
Rien de tel qu’un black album pour se décrasser les oreilles. Première bonne surprise : toutes les pistes de guitares sont bien audibles, les palm mute ne masquent pas les fréquences supérieures. Le bas est limité, mais toujours bien défini. Rien à dire, elles collent une bonne grosse claque aux ADAM A5, certes beaucoup moins chères, qui traînaient au bureau. Le tweeter ADAM a pourtant une bonne réputation pour ce qui est de la définition. Le seul reproche que l’on pourrait faire aux DSM est la fatigue qu’elles pourraient causer au bout de quelques heures d’écoute : les aigus sont précis et très présents, peut-être même trop. Heureusement que les corrections sont là !
Michael Jackson – Billie Jean
Le kick est bien sec comme il faut, le shaker précis et la basse, sans être impressionnante, reste bien définie. L’image stéréo est toujours un régal, merci les guides d’ondes ? Aucun détail ne semble nous échapper. Un court passage sur les ADAM A5 confirme notre sentiment, tout semble se resserrer, comme si on avait mis les enceintes dans une boite en carton. La différence de prix est parfaitement justifiée, c’est le moins que l’on puisse dire.
Sting – It’s probably me
Quel enregistrement les enfants ! Les DSM font merveille, Sting est assis juste en face de nous, les instruments jouent doucement au creux de notre oreille… Nous avons presque l’impression de redécouvrir ces vieux morceaux. Il faudra faire attention lors de séance de mix aux très basses fréquences, les DSM1 ayant tendance à les oublier un peu ! Écoutez votre mix sur des écoutes descendant un peu plus bas, ou achetez un caisson de basse. Les enceintes M-Audio ont vraiment beaucoup plus d’air que les ADAM et donnent l’impression d’occuper totalement l’espace sonore.
Massive attack – Angel
Titre ultime pour tester le rendu des basses fréquences. La basse, si elle reste intelligible, perd de son côté « tord-boyau ». Le kick est en revanche bien sec et ne se laisse pas manger par la basse. Rien à redire sur les moyennes fréquences et le haut du spectre, c’est nickel !
Strauss – Ainsi parlait Zarathustra
Nous n’avons jamais entendu les peaux des percussions aussi bien. Il y a beaucoup de détails dans le haut comme toujours, les moyennes fréquences sont très riches et le bas ne montre jamais de faiblesses. L’orgue de la fin montre que les DSM1 rendent énormément de détail.
Miles Davis – Seven Steps to Heaven
On finit avec ce morceau de Miles Davis, avec un son de trompette à tomber par terre. Sans trop de surprises, les DSM s’en sortent à merveille, restituant tous les détails sans problème. Le piano, la trompette, la ride, tout se détache sans effort. On est immédiatement immergé dans l’enregistrement. La contrebasse est bien intelligible et on relève les notes sans forcer. Coup de coeur sur les cymbales, un son riche et précis.
Conclusion
M-Audio a décidé de s’attaquer au haut de gamme des enceintes de monitoring et c’est sans soucis aucun qu’ils imposent leur DSM1, droites, précises, analytiques, en bref tout ce dont un ingénieur du son ou home studiste peut rêver. Aucun détail n’échappe à l’auditeur et les corrections nombreuses permettent aux enceintes de M-Audio de s’adapter à pas mal de situations. Cerise sur le gâteau, des entrées numériques AES/EBU et SPDIF.
- Enceintes droites et analytiques
- Pas de basses fréquences exagérées
- Très joli design
- Corrections très nombreuses
- Connectique complète
- Stand-by automatique en numérique
- Switch On/Off situé à l’arrière
- Aigus qui peuvent paraître très avant sans correction
- Bas limité sans caisson de basse