M-Audio possédait déjà un parc assez conséquent d’enceintes de monitoring à prix modeste. Avec le modèle EX66, au design pour le moins original, l'objectif est clairement de monter en gamme et proposer une écoute à même de satisfaire les professionnels. Voyons si la promesse est tenue...
M-Audio possédait déjà un parc assez conséquent d’enceintes de monitoring à prix modeste. Avec le modèle EX66, au design pour le moins original, l’objectif est clairement de monter en gamme et proposer une écoute à même de satisfaire les professionnels. Voyons si la promesse est tenue…
Les enceintes de Monitoring sont les derniers éléments de la chaîne dans la configuration de nos studios et home studios. Elles nous permettent d’avoir une écoute assez fidèle pour obtenir des résultats homogènes sur la majorité des supports d’écoute des auditeurs Lambda (autoradio, chaîne hi fi…).
Le test d’enceintes de monitoring n’est pas le plus simple à faire puisqu’il relève d’une grande part de subjectivité, c’est pour cette raison que tous les studios n’ont pas les mêmes enceintes et que certains ingénieurs ont leurs modèles préférés. Parmi ces modèles, on retrouve bien sûr les YAMAHA NS10 (couplées à un bon ampli), les GENELEC 1030 et 1031, les MACKIE HR824 et les DYNAUDIO BM5A et BM6A (pardon d’avance pour les oubliés).
Tour du propriétaire
Les enceintes M-AudioEX66 sont actives (pas besoin d’amplification externe), elles sont composées de deux boomers et d’un tweeter en titane. La technologie intégrée pour le rendu des basses est assez commune puisqu’elle utilise un évent à l’arrière de l’enceinte (Bass-Reflex) mais exempt de toute vibration grâce à son port double ailettes situé à l’arrière du caisson. Chaque enceinte pèse 11,8 kg sans emballage, je pense que Red Led, Los Teignos et Nonox s’en souviennent encore…
Il est possible de les brancher en numérique grâce à des ports AES/EBU et S/PDIF. Et enfin, ces enceintes sont pourvues d’un DSP interne qui corrige les résonances et optimise la réponse en fréquence du caisson.
Sur la face avant, on retrouve deux woofers de 6 pouces et un tweeter de 1 pouce en titane pour une reproduction ultra fidèle des fréquences aiguës, deux leds bleues (geek inside) après allumage… Et un aspect plastique assez déplaisant.
À l’arrière, une multitude de switchs est située à l’arrière de l’enceinte : contrôle du volume, coupe-bas à trois positions (37Hz, 80Hz et 100Hz), Booster de médium (+2dB), Booster ou atténuateur des fréquences aiguës (+ ou – 2 dB) et un dernier assez spécial puisque estampillé ‘Acoustic Space’ (permet d’atténuer les basses fréquences suivant l’emplacement des enceintes par apport aux murs mitoyens).
On retrouve un port XLR et un port Jack TRS pour l’entrée analogique et les entrées digitales en Spdif (coaxiale 75 Ohms) et en AES/EBU (110 Ohms).
Caractéristiques
La bande passante de ces enceintes est très plate comme on peut le constater sur la courbe de réponse fournie dans le manuel. D’ailleurs, ce dernier est très bien rédigé : quelques blagues, quelques ‘Tips’, le tout se lit facilement et avec le sourire. Nous verrons plus tard pourquoi il est très utile, voire nécessaire de s’y pencher.
Chose intéressante : Un DSP (Digital Signal Processor) permet d’éradiquer les fréquences résonnantes à l’intérieur du caisson grâce à l’utilisation de filtres IIR (réponse en impulsion infinie) et d’un crossover de Linkwitz-Riley de 4e ordre. Dernière chose : le convertisseur de l’entrée numérique fonctionne jusqu’à 192 kHz.
Chaque enceinte a une puissance de 104 watts, soit 115 dB SPL à un mètre avec deux enceintes, ce qui ma foi est assez énorme, mais qui prouve que l’on possède assez de marge avant saturation.
Le son !
J’ai branché les M-Audio EX66 sans lire le manuel au départ… Grosse erreur : il faut les placer dans une position optimale si on veut obtenir un meilleur résultat. M-Audio précise qu’il ne faut pas les placer à l’horizontale… J’ai donc essayé : l’image stéréo est bien trop large et les basses étranges, donc à éviter !
Il est aussi écrit que les enceintes doivent être alignées de façon droite (sans angle) et que les tweeters doivent être situés à hauteur des oreilles. Ouf, après tous ces petits réglages de hauteur de siège et d’inclinaison, nous allons pouvoir passer à l’écoute !
J’ai comparé ces enceintes à celles présentes dans mon studio, à savoir des GENELEC 1030 et des YAMAHA NS10 branchées sur un BRYSTON 2BST.
Pet – A Perfect Circle (mixé par Andy Wallace)
Hmmm, le son est bien flatteur, les 2 woofers procurent un son bien dynamique avec énormément de punch. L’image stéréo est très bonne si on se place comme indiqué dans le manuel, il ne faut pas trop bouger sinon c’est un peu plus délicat. Les aigus sont cristallins sans agressivité aucune. Mais les basses sont bien trop présentes d’après moi pour des enceintes de monitoring, le son qui en ressort est trop flatteur. C’est ça le comble, le son est trop agréable !
Take the Power back – Rage against the Machine
Même constatation, le son est défini, propre, mais les basses prennent le dessus (pied de grosse caisse et basse). En revanche, on entend toutes les subtilités de mixage : réverbe, délais qui traînent, très intéressant.
J’ai décidé de refaire le mixage d’un morceau avec les M-Audio EX66. La difficulté de ce morceau était la suivante : la basse n’avait été prise qu’en DI, je n’avais pas réussi à obtenir un son satisfaisant avec les GENELEC : malgré l’utilisation de compresseurs multi bandes et autres égaliseurs, le son était confus et brouillon (normal me direz-vous avec une simple prise DI, mais je suis têtu). Après 3 ou 4 heures de travail, je bounce le tout et m’en vais écouter ça sur mes enceintes à la maison et autres baladeurs nomades : j’avais sous-mixé la basse dans le bas du spectre assez méchamment, idem pour le pied de grosse caisse, donc pas de surprise, il faut faire attention avec ces enceintes !
Conclusion
Ces enceintes sont de très bonne facture, une fabrication très propre (bien qu’un peu plastique à mon goût) et des fonctionnalités qui les rendent ‘tout-terrain’. Les aigus sont magnifiques, jamais agressifs même après une longue période d’écoute, les médiums très précis, mais les fréquences basses sont un peu envahissantes, même parfois un peu brouillon. Ce défaut peut être plus ou moins corrigé grâce au fameux switch ‘Acoustic Space’ mais il ne faut pas s’attendre à des miracles. Un bon point pour l’entrée numérique jusqu’à 192 kHz, petit bémol cependant : cette solution demande une sortie numérique Spdif ou AES/EBU et l’utilisation (obligatoire d’après moi) d’un contrôleur de volume externe : imaginer un bruit rose à bloc dans vos oreilles sans possibilité de baisser le son, parfait pour crever les woofers (les 2 !) et le tweeter en titane.