Sujet Commentaires sur le dossier : Interview de Fanny Reyre-Ménard de la CSFI

Je profite de la prise de parole sur le sujet pour revenir sur un point que j'ai déja évoqué plusieurs fois dans le forum et qui me semble encore bien trop timide dans les éditoriaux : le numérique responsable. Si bien évidemment la fabrication représente la part majoritaire des émissions (79% selon l'ademe et les études récentes), il n'en reste pas moins que 21% (1 sur 5) provient de l'utilisation software. C'est considérable et le rapport de proportion ne doit pas faire oublier l'impact absolu. A cela il faut ajouter également la nature de l'équipement fabriqué qui est souvent très différent : les ordinateurs figurent parmi les appareils à l'impact le plus nocif en raison des variétés et quantités de matières premieres qu'il nécessite individuellement et de la leur nature (rare pour un certain nombre). Le lithium est bien très répandu dans les appareils informatiques également (suffit de comparer les volumes d'ordinateur portables écoulés par exemple). Donc non seulement l'utilisation software est importante dans les impacts, bien plus qu'elle ne l'est présentée souvent, mais en plus le matériel nécessaire pour l'utiliser est également en moyenne nettement plus nocif (je n'ai pas les chiffres comparatifs consolidés en matières de dépense énergétique, mais il est fort à parier que ce soit également bien supérieur côté ordi en moyenne). Allumer un pc est nettement plus énergetivore que d'allumer une groovebox par exemple, et l'écart se creuse dans la durée... Alors on peut arguer que l'ordinateur est en revanche bien plus polyvalent et que donc son utilisation est mutualisée. Ca peut être vrai dans un certain nombre de cas. Sauf que l'expérience montre que c'est assez fallacieux comme raisonnement aussi, car on privilégie très souvent une machine dédiée à la musique (notamment pour des raisons de stabilité ou de caractéristiques techniques etc...). C'est d'ailleurs un conseil qu'on voit très souvent remonter "tu veux pas de prb, ne mets rien d'autre que la musique" et d'un point de vue purement technique il y a clairement des arguments. Or si la machine est dédiée, tout le raisonnement sur la ventilation des impacts entre machine et software dans la musique se retrouve biaisé...
Donc je pense qu'il faut vraiment marquer un changement dans l'approche générale sur ce sujet, car l'omission induit clairement en erreur, or dans le discours, je ne le vois pas ou bien trop peu. Non c'est pas cool un plugin gratuit qui ne sert à rien et qu'on a téléchargé, non c'est pas cool les banques de sample de xxGo dont on se sert de 3Mo, non c'est pas cool les échanges de données streamés à l'exces etc ...alors diaboiliser certaines machines ne rend pas service au fond si par ailleurs il n'y a pas d'objectivité sur le numérique, ca ne rend pas service à l'écaluation des comportements et à la réflexion compensatoire. Je ne comprends pas comment c'est possible de parler d'acustica (contre qui je n'ai rien de particulier, il y a bcp d'autres exemples) sans évoquer le poids de 4Go unitaire pour certains vst (ce qui est dément) sans avoir une grille de lecture environnementale aussi dans la critique par exemple.
J'invite largement à consulter les données fournies par l'Ademe, et l'Arcep sur le sujet qui sont relativement récents (2022) et qui sont explicites. Il ne s'agit évidemment pas de minorer l'impact de la fabrication qui est établie et prépondérant (et d'ailleurs qui pourrait pousser en vrai davantage à investir dans l'aide aux infrastructrues des pays à industrie fortement carbonnée plutot que chez nous, les bénéfices seraient probablement bien plus grands mais c'est un autre débat) mais d'éviter de minorer induement aussi le software qui a une part importante et une responsabilité claire. Il est parfois le meilleur choix mais peut complètement ne pas l'etre aussi dans d'autres situations.
Je termine en disant que cette remarque n'a pas pour but de critiquer la démarche qui consiste à parler de ce sujet, encore moins de porter ombrage au travail de la personne présentée dans la video, mais simplement aussi de ramener des éléments de réflexion qui n'apparaissent pas sous cette forme dans les colonnes que je lis ici, et qui doivent impérativement faire partie de la réflexion globale sur le sujet. Sans quoi on se dirige tout droit vers des orientations personnelles arbitraires très discutables dans les choix comportementaux. Le sujet est éminement complexe, et ça fait partie des difficultés. Le colibri fait sa part, c'est super, mais c'est encore mieux s'il se coordonne avec les autres et qu'il y a des actions communes, qu'il évite l'éparpillement, car il y a des étapes prioritaires a passer, des juxtapositions d'événements à anticiper or s'il n'y a pas de convergence d'action, le temps nous rattrapera et sa part n'aura pas été utile à sa juste valeur. Donc oui toute action est importante, mais si c'est l'efficacité qu'on veut, le faire ensemble sur des sujets communs, c'est encore bien mieux, la légende du colibri a des vérités, mais à mon sens ne doit pas faire oublier que l'individuel ne sera jamais aussi fort que le collectif non plus, la notion d'intéret général est aussi très importante.