Présentée au début du mois d’août 2020, la série Acoustic Travel regroupe deux guitares au format réduit : Il Niño, un modèle d’entrée de gamme et cette Lil’ Tex que j’ai le plaisir de tester aujourd’hui. Fortement inspirée du modèle Texan qu’Epiphone a présenté en 1964, cette petite guitare possède néanmoins sa personnalité bien à elle.
Au premier abord, c’est vrai que la guitare peut sembler petite, et pour cause. Son diapason ne mesure que 22,68 pouces ! L’instrument reprend les essences utilisées pour la construction de sa grande sœur. On retrouve notamment une table massive en épicéa, un dos et des éclisses en sapele contreplaqué et un manche collé en acajou. La touche est en palissandre grenadille, un cousin méconnu du palissandre qui sert notamment à la confection d’instruments à vent pour sa stabilité dans le temps. C’est une essence qu’on retrouve pour la fabrication du chevalet de la Lil’ Tex, qui est de forme Reverse Belly. La touche est sertie de dix-neuf frettes médiums et de repères en forme de parallélogrammes, typiques de la Texan.
Côté accastillage, Epiphone a laissé tomber les mécaniques vintage avec boutons couleur ivoire, et pour cause : la tête est beaucoup plus petite et ne peut donc accueillir que des mécaniques individuelles. On a donc des mécaniques Epiphone qui reprennent la forme des modèles Grover, mais avec des angles beaucoup plus prononcés. Cela m’a d’ailleurs un peu surpris lors du premier accordage de la guitare. Les sillets sont en PVC et celui de chevalet est compensé afin d’assurer une intonation correcte de la guitare. La plaque de protection collée sur la table est la même que sur la Texan, mais à l’échelle, et elle est ornée du petit autocollant « E » en plastique chromé, comme la grande. Epiphone assure qu’il s’agit d’un format Round Shoulder (à épaules rondes) pour l’inscrire dans la lignée de la Texan ; mais on voit bien que cette Lil’ Tex a des épaules un peu plus carrées, à la manière d’une Hummingbird. Une finition brillante recouvre l’intégralité de la guitare.
From Indonesia with love
La Lil’ Tex est fabriquée en Indonésie et n’a pas à rougir de ses finitions. Pour un tarif très raisonnable de 220 € en moyenne, on a quand même une guitare bien finie et facile à jouer. Aucun bord de frette n’est venu me blesser pendant le test. Le galbe du manche, un « C » assez standard, assure une bonne prise en main et finalement, la guitare engendre un certain sentiment d’attachement. Et si on souhaite amplifier la guitare pour la jouer sur scène, pas de problème ! Epiphone a été jusqu’à intégrer un capteur piezo passif sous le sillet de chevalet. On n’a aucun contrôle sur le son, mais ce n’est finalement pas plus mal : on n’a qu’à brancher un câble entre la guitare et une éventuelle interface audio ou préampli de table de mixage et c’est gagné. Simple, efficace et surtout largement suffisant. Compte tenu du prix de la guitare, je ne m’y attendais pas !
Petite guitare, petit son ?
Dès les premiers accords joués sur cette Lil’ Tex, on remarque sans grande surprise qu’elle sonne comme une petite guitare. Même si Epiphone nous a prouvé au fil de nos différents tests qu’elle était capable de produire des instruments aux finitions irréprochables, la marque n’est pas non plus magicienne. La guitare développe une sonorité assez typique de ce genre de guitare qui m’a fait penser au son des L-00, des instruments de petite taille également. Pour du blues en finger picking, c’est presque idéal. On conserve une bonne attaque, la table réagit plutôt bien ce qui est un bon point. On a presque parfois une sonorité qui se rapproche de celle d’un ukulélé tant la guitare projette des aigus ! En revanche, les caractéristiques sonores du sapele sont ici bien retranscrites : un son direct et sans trop d’harmoniques. C’est sympa. L’ergonomie de la guitare est agréable, mais pas transcendante. Pour un gabarit standard comme le mien (1m80), elle est même un peu petite. J’ai d’ailleurs rapidement installé une sangle pour ne pas avoir à reposer la Lil’ Tex sur mes genoux. Mais l’intérêt principal de ce genre de guitare est de pouvoir l’emmener partout. Epiphone fournit même une housse souple tout à fait correcte avec la guitare ce qui est un bon point à souligner. Le côté nomade de cette Lil’ Tex est bien ancré dans la conception du modèle. C’est cohérent et ça fait plaisir.
En jouant en strumming, j’ai été surpris par la précision de la guitare. On peut plaquer des accords complexes à six notes, ils ne sonnent pas brouillon. Son côté très aigu va naturellement dans ce sens, on n’est effectivement pas gênés par les basses qui sont quasi inexistantes. Mais ce n’est pas le propos de la Lil’ Tex et on le comprend assez vite. Epiphone a voulu développer une guitare pratique et attachante tout en rappelant le passé de la marque. Et le pari semble réussi tant la guitare procure du plaisir. C’est un instrument vraiment sympa avec sa personnalité et ses défauts, mais qu’on oublie vite grâce à son côté nomade très pratique. Une fois branchée, la guitare ne produit rien de très surprenant non plus, c’est un son de piezo standard. Il a cependant le mérite d’être passif et donc de générer un son assez pur, non altéré par un éventuel préampli actif. On reconnaît bien le timbre si particulier de la Lil’ Tex, cette petite voix aiguë, mais pas étriquée, combinée à ce son très direct dont je parlais plus haut. Le piezo remplit donc parfaitement son rôle si on souhaite amplifier la guitare.
- NT1 – finger pikcing00:47
- NT1 – Fingers 201:09
- NT1 – Flat Picking01:20
- NT1 – Misc01:43
- Piezo – Finger Picking00:47
- Piezo – Fingers 201:09
- Piezo – Flat Picking01:20
- Piezo – Misc01:43
It’s a small world
Epiphone signe avec cette Lil’ Tex une guitare fonctionnelle et pratique qui développe un son à la mesure de sa taille. En termes de coffre elle n’a pas à rougir, mais c’est en termes d’équilibre des fréquences qu’elle pêche un peu. C’est toutefois un son typique des petites guitares, qu’on est libre d’apprécier ou non. En plaçant cette Lil’ Tex dans un mix, ses aigus très présents sauront la placer à son avantage. Fournie en housse souple, dotée de finitions étonnantes pour son prix et répondant parfaitement au cahier des charges, la Lil’ Tex mérite qu’on s’y arrête, au moins pour l’essayer.
Conditions du test : Epiphone Lil’ Tex branchée en direct dans une interface Audient iD22 et enregistrée avec un micro Røde NT1 – Logic Pro X – Abbey Road Chambers