Test du micro Audio-Technica BP40

Les micro­phones dyna­miques sont souvent une valeur sûre dans le domaine du broad­cast. Les podcasts et autres streams étant souvent enre­gis­trés dans des salles à l’acous­tique perfec­tible, leur gestion de la dyna­mique, leur sensi­bi­lité et leur réponse en fréquences en font des micros conve­nant tota­le­ment à ce milieu. Mais que faire si vous cher­chez à retrou­ver la clarté et la défi­ni­tion d’un micro à conden­sa­teur à large membrane sans polluer votre prise de son avec les bruits de circu­la­tion ou la radio de votre voisin ?

Audio-Tech­nica a pensé à vous ! La marque japo­naise vous propose le BP40, un micro­phone dyna­mique « digne d’un micro à conden­sa­teur ». Mais ce qui sur le papier semble inté­res­sant l’est-il vrai­ment in situ ?

La boîte

Comme de nombreux micro­phones dyna­miques, le BP40 arrive dans une simple et petite boîte en carton. Si elle ne semble pas d’une soli­dité à toute épreuve et risque d’avoir une durée de vie assez limi­tée, il faut recon­naître que le micro­phone y est bien main­tenu, au creux d’une mousse protec­trice. Assez épaisse, une trousse en simili-cuir de bonne facture est logique­ment four­nie avec et rassure quant au possible stockage du micro­phone. Hormis la notice et un écrou de file­tage pour vos pieds de micro, elle est l’unique acces­soire pour­vue mais à la vue du micro­phone, on remarque qu’il semble en effet suffi­sam­ment costaud pour ne pas avoir à s’en­com­brer d’op­tions addi­tion­nelles super­flues.

Le micro­phone

Le BP40 possède un look unique assez surpre­nant. Si l’on retrouve bien une grille de protec­tion assez clas­sique, le corps du micro est plus origi­nal, de par sa forme compacte, massive, presque trapue. Et s’il semble un peu lourd, le poids est très bien équi­li­bré sur tout le corps et inspire quasi immé­dia­te­ment une grande confiance. Les fini­tions sont parfaites et l’on sent de suite dans ce produit un certain poten­tiel.

La suspen­sion est direc­te­ment inté­grée au corps du micro­phone. Parfai­te­ment centrée, elle tient de façon très effi­cace le micro­phone et il n’y a aucun problème pour le posi­tion­ner (ou le repo­si­tion­ner) comme bon vous semble mais j’avoue m’être ques­tionné sur sa soli­dité dans le temps. Audio-Tech­nica propose d’ailleurs en option une suspen­sion à élas­tiques, plus consé­quente mais plus effi­cace contre les trans­mis­sions soli­diennes et sûre­ment plus pérenne.

Digne d’un conden­sa­teur ?

Le plus gros atout du BP40 est, selon Audio-Tech­nica d’être « digne d’un conden­sa­teur » et effec­ti­ve­ment, dès le micro bran­ché, on ne peut s’em­pê­cher de voir (ou devrais-je plutôt dire d’en­tendre) que ce dyna­mique béné­fi­cie d’une couleur très person­nelle ! À la toute première écoute, le résul­tat peut sembler dérou­tant tant la neutra­lité ne semble pas être la volonté de ce produit. On se demande même si une égali­sa­tion n’est pas déjà appliquée… Mais lors de la seconde écoute, les quali­tés du micro se révèlent. Le BP40 apporte instan­ta­né­ment une voix « bigger than life », très typée radio. On se prend immé­dia­te­ment au jeu et le rendu rappelle les grosses voix bien grasses des bandes-annonces de block­bus­ters améri­cains. Il est évident que les adeptes des enre­gis­tre­ments très droits et natu­rels risquent d’être un peu déçus mais ce micro pour­rait leur plaire À ceux qui recherchent une couleur bien ronde et bien défi­nie dès la prise,

En regar­dant de plus près la courbe de fréquences, on comprend de suite le pourquoi du comment. Un léger creux vers 300 Hz, une belle accen­tua­tion à partir de 1 kHz, un gros creux à 5 kHz (sans doute pour atté­nuer un peu l’agres­si­vité) puis une pente douce pour les aigus avant une plus forte dimi­nu­tion à partir de 15 kHz. Défi­ni­ti­ve­ment, ce micro n’est pas droit ! Le bas est très bien tenu, il ne bave aucu­ne­ment et aucune plosive ne vint inter­fé­rer la prise. Les médiums sont quant à eux présents et chaleu­reux et la défi­ni­tion dans les haut-medium/aigus est très bonne, sans sifflantes. Une petite pointe de dureté se fait sentir mais pas de manière exces­sive. A surveiller toute­fois, en fonc­tion du timbre de votre voix.

Pour un dyna­mique, la sensi­bi­lité du micro­phone s’avère assez souple et, sans être aussi élevée que pour un statique, il n’y a aucun besoin de pous­ser le pré-ampli dans ces derniers retran­che­ments pour obte­nir présence et puis­sance lors de la prise de voix.

En essayant une prise de voix collé à la membrane de l’Au­dio-Tech­nica, l’ef­fet de proxi­mité accen­tue d’au­tant plus l’ef­fet « plus vrai que nature » qui, cette fois, parait un peu trop exagéré. Cette posi­tion permet acces­soi­re­ment de se rendre compte que le micro­phone n’ap­pelle pas à l’uti­li­sa­tion d’une bonnette, tant le bas du spectre est admi­ra­ble­ment bien géré. Si toute­fois vous sentiez vrai­ment une gêne, un switch de filtre coupe-bas est caché à la base du micro­phone et son effi­ca­cité est redou­table. Ni trop violent ni trop doux, il permet habi­le­ment de faire le ménage dans le bas du spectre tout en gardant la rondeur et la présence de la voix. Seul petit bémol : la taille du switch, un peu diffi­cile d’ac­cès mais qui vous évitera aussi toute erreur de mani­pu­la­tion. L’es­sai avec un anti-pop permet aussi d’éclair­cir la voix mais en vous posi­tion­nant à 5 cm de la capsule, son utilité est quasi très discu­table et le filtre coupe-bas y pour­voit ample­ment.

Une autre bonne surprise vint en se posi­tion­nant à 15 cm envi­ron du micro­phone. Un tel place­ment est souvent assez désa­van­ta­geux pour les dyna­miques mais le BP40 s’en sort haut la main. Bien qu’un peu moins corpu­lente, la voix garde une bonne présence, et surtout une couleur et un timbre impec­cable. Le son de pièce reste assez minime et ne déna­ture pas alors l’en­re­gis­tre­ment. Un bel atout en plus pour ce micro face aux podcas­ters qui auraient tendance à bouger un peu trop devant leur micro­phone !

Notez égale­ment que la bobine du micro est de type « humbu­cking ». Si les guita­ristes connaissent bien cette tech­nique, sachez qu’elle permet d’iso­ler le micro­phone des poten­tiels risques d’in­ter­fé­rences élec­tro­ma­gné­tiques (géné­rées souvent par des alimen­ta­tions élec­trique de moni­teurs, de télé­vi­seurs ou d’éclai­rage). Encore une sacré plus-value qui ne peut qu’être profi­table pour des home-studios à l’ins­tal­la­tion élec­trique possi­ble­ment capri­cieuse.

AT BP2040 Proxi

00:0000:28

Lien

Code

• AT BP2040 Proxi00:28
• AT BP2040 Collé00:29
• AT BP2040 Collé + Anti­pop00:28
• AT BP2040 Coupe-bas00:28
• AT BP40 20cm00:24

Conclu­sion

L’Au­dio-Tech­nica BP40 parvient donc magni­fique­ment à rallier les atouts du monde des dyna­miques (robus­tesse, présence, non-sensi­bi­lité aux bruits exté­rieurs…) à celles du monde des conden­sa­teurs (richesse, défi­ni­tion, dyna­mis­me…). Son ouver­ture sur les hauts-médiums offre une belle intel­li­gi­bi­lité à la voix sans toute­fois appor­ter une trop grande brillance, souvent problé­ma­tique pour du broad­cast. Sa couleur « plus-vraie-que-nature » pour­rait certes en dérou­ter certains mais les autres risquent d’ap­pré­cier énor­mé­ment ce micro­phone. À n’en pas douter, encore un micro à ne pas sous-esti­mer pour vos podcasts ou autres strea­mings !