Sans rentrer dans la théorie très complexe, on peut énumérer quelques principes pratiques qui seront utiles lors du placement de ses enceintes. Ce sont des basiques qu’il vaut mieux garder en tête pour éviter les obstacles à la bonne diffusion de sa musique.
La façade
Pour plus de portée des enceintes, les pavillons d’aigus doivent être au-dessus des têtes (minimum 1m 80, pour un public debout et resserré). Attention à vos pieds d’enceintes, ils sont parfois légers pour être étendus à leur maximum de hauteur, particulièrement dans un contexte agité. Dans ce cas, les lester ou les accrocher à quelque chose de lourd paraît judicieux. Attachez le câble au pied pour éviter qu’il ne soit tiré accidentellement.
Il faut évidemment placer les médiums-aigus dans le même plan, où se situe aussi le caisson de basses. Toutes les boites doivent se trouver sur la même ligne, sous peine de perdre en puissance et de nuire à la clarté globale (qui veut de la bouillie ?). Généralement on n’est pas à quelques centimètres près, étant donnée la longueur d’onde à la fréquence de coupure entre sub et médium, cependant il est indispensable de suivre ce principe et d’orienter dans la même direction les haut-parleurs.
Les retours
Les retours, s’il y en a, seront orientés face musicien (dos de l’enceinte vers le public) pour éviter qu’ils ne viennent polluer le mix façade. Par chance, ça correspond aussi à la zone la moins sensible d’un micro cardioïde (moins de repisse et de larsens). Ne pas négliger non plus la place des amplis guitares. En fonction de la présence que l’on veut dans le son global, on peut les orienter plus ou moins directement vers les oreilles du public, jusqu’à les tourner de 90° si leur puissance est définitivement trop forte, contrainte classique du mix façade.
Jouer avec l’angle des enceintes façade pour remplacer un retour absent est à proscrire. Mieux vaut reculer la façade derrière les musiciens et conserver le front d’onde à peu près en phase. On retombe évidemment dans le problème déjà vu d’équilibre du volume sur scène avec celui dans la salle et le risque accru de larsen. Mais dans une petite salle, avec peu ou pas de micros sur scène, cela peut fonctionner.
Principes généraux
Si on peut éviter de se placer frontalement à ses voisins, la zone d’écoute n’en sera que plus grande. Mieux vaut prévenir de la présence de sources sonores parasites dans le champ de diffusion des instruments ou des enceintes. Inversement, mieux vaut ne pas être dans le champ de diffusion d’un autre groupe : choisir l’axe et la distance par rapport aux autres quand c’est possible.
Si vous jouez en intérieur, ne pas oublier que chaque salle a ses propres fréquences de résonance. Il s’agit de fréquences dont la longueur d’onde est proportionnelle aux dimensions de la salle, créant, de ce fait, des phénomènes de bosses ou de creux dans ces fréquences. Ceci peut altérer sensiblement l’écoute à tel ou tel endroit dans la salle, particulièrement dans les basses. Atténuer cette résonance dans le bas du spectre en égalisant permet de rendre la réponse plus linéaire.
Chaque salle possède aussi ses propres caractéristiques de réverbération. Si elle est très réverbérante, rien ne sert d’augmenter le volume du son, ça ne fera qu’exciter les parois davantage. Pas d’autres solutions que de mettre des matériaux moins réverbérants ou de baisser son niveau (et de multiplier les points de diffusion pour conserver une couverture identique). En attendant, il est bon de se poser la question de la quantité de réverbe dans le mix par rapport à la réverbe de la salle. Ne pas hésiter à la baisser ou réduire son temps de maintien, si on doit gagner en intelligibilité.
En conclusion, à défaut d’avoir du matériel sophistiqué offrant une grande marge de manœuvre — nombreux micros, enceintes retours — il peut s’avérer utile de conserver une certaine souplesse dans son set-up pour mieux s’adapter aux conditions. Comme dans tout spectacle, se mettre à la place du public est indispensable : physiquement, en allant dans la zone spectateur et mentalement, en se mettant dans la peau d’un spectateur d’autant plus lambda qu’il s’agit de la Fête de la Musique.