Si vous avez déjà enregistré un instrument acoustique, vous savez qu’il ne suffit pas de le planter devant un micro. Les facteurs qui influencent la qualité de l’enregistrement, outre les capacités du musicien, sont notamment l’acoustique de la pièce, la qualité du préampli micro, le micro choisi et sa position. Plutôt que plonger tête baissée dans les techniques de captation d’instruments spécifiques, cet article vous propose un rapide survol des concepts les plus importants.
Choisir une stratégie de captation
Sur la base de votre expérience et de vos connaissances, il est préférable de bien réfléchir à la façon dont vous allez reprendre chaque instrument avant de commencer la séance plutôt qu’improviser le moment venu. Vous pouvez essayer différentes choses, mais partez au moins d’une situation basée sur des méthodes éprouvées. Si vous êtes confronté à un instrument que vous n’avez encore jamais enregistré, demandez au musicien comment il est repris habituellement, aussi bien en termes de type de micros que de positionnement. Si vous avez des amis ingénieurs du son, vous pouvez aussi leur demander des conseils et compléter le tout par une recherche sur le web.
Le SE Reflexion Filter Pro réduit les réflexions de la pièce autour du micro
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N’oubliez pas que votre studio possède une acoustique propre dont vous devrez tenir compte. Si le son naturel de la pièce n’est pas bon, optez plutôt pour des prises micro très rapprochées de la source afin d’atténuer l’importance de l’acoustique du lieu. Vous pouvez aussi utiliser des absorbeurs mobiles, notamment un paravent absorbant ou un écran acoustique comme le Reflexion Filter Pro de sE Electronics, pour réduire le son de la pièce dans l’enregistrement.
Apprenez à connaître les micros de votre collection, notamment leur qualité, leur type de capsule, leur directivité (alias « diagramme polaire »). Parfois, la qualité supplante tous les autres critères. Par exemple, on recommande généralement un micro électrostatique à petit diaphragme pour reprendre une guitare acoustique. Cependant, si vous devez choisir entre un micro de ce type, mais malheureusement bas de gamme, et un AKG C414 XLS, qui est un micro électrostatique à grand diaphragme de haute qualité, sachez que vous obtiendrez certainement de meilleurs résultats avec l’AKG du simple fait de sa qualité de fabrication supérieure et bien que le petit électrostatique soit plus adapté à cette application. Si vous avez plusieurs micros pour une application, comparez-les sur l’instrument à enregistrer en veillant à conserver un positionnement identique afin de choisir celui qui donne les meilleurs résultats.
Trouver l’angle d’attaque
Avant de commencer à enregistrer, et pendant que le musicien joue déjà, prenez le temps de déplacer le micro dans la zone où vous souhaitez le positionner et écoutez les différences de son. Vous devez trouver le « sweet spot » (il y en a parfois plusieurs) qui donne le meilleur résultat. Vous serez surpris par le nombre de variations sonores résultant des déplacements du micro, même dans une zone très restreinte.
Utilisez la directivité à votre avantage
Un micro cardioïde est directionnel, c’est-à-dire qu’il reprend essentiellement les sources en face de lui et rejette celles dans son dos. Les micros hypercardioïdes et supercardioïdes sont encore plus directionnels, c’est-à-dire qu’ils ciblent encore plus précisément les sources face à la capsule mais reprennent aussi un peu les sons arrière. Un micro omnidirectionnel reprend les sons tout autour de la capsule de façon uniforme. Un micro bidirectionnel (ou « à directivité en 8 ») reprend les sources avant et arrière de façon égale mais rejette les sons latéraux.
Il est utile de connaître les caractéristiques de directivité pour choisir le micro adapté à chaque source, tout spécialement quand plusieurs instruments jouent dans la même pièce, car il s’agit de réduire la diaphonie entre les sources. Dans cette situation, un micro omnidirectionnel n’est pas adapté parce qu’il reprend tous les sons autour de lui, c’est-à-dire aussi les instruments voisins. En revanche, un micro cardioïde fera l’affaire, car il rejette les sources arrière et reprend donc essentiellement l’instrument visé.
Attention aux effets indésirables
Si vous reprenez un instrument avec plusieurs micros, veillez à éviter les problèmes de phase qui peuvent dégrader la qualité sonore. Par sécurité, respectez la règle du « 3-pour-1 » : la distance qui sépare deux micros reprenant une même source doit être au moins trois fois plus grande que la distance entre chaque micro et la source. Par exemple, si vous utilisez deux micros pour reprendre un instrument, chaque micro étant placé à environ 10 cm de l’instrument, l’espace minimum entre les micros est 30 cm. Si vous ne respectez pas cette règle, le son enregistré risque de contenir des effets de filtre en peigne qui apparaissent quand une même onde sonore atteint les micros successivement.
Méfiez-vous aussi de « l’effet de proximité » qui amplifie le grave quand on place un micro non omnidirectionnel très près d’une source. Cet effet n’est pas forcément négatif – il est même précieux pour donner de la profondeur aux prises de voix, mais avec certaines sources, et tout spécialement les guitares acoustiques, il peut brouiller le son, notamment les cordes graves. Pour éviter cet effet négatif, ne dirigez pas le micro directement vers la rosace. Soit vous placez le micro à un autre endroit (la 12e frette ou la jonction corps-manche sont de bons points de départ), soit vous essayez d’utiliser un micro omnidirectionnel, car il ne génère pas d’effet de proximité.
En un mot
Gardez ces notions à l’esprit, vos prises d’instruments en profiteront.