Si Zoom a mis de la vidéo dans ses enregistreurs de poche avec la série Q, Sony a plutôt tenté de booster les fonctions audio sur ses caméras avec le MV1 qui nous occupe aujourd’hui.
Après le Q4 de Zoom, il convenait de se pencher sur l’appareil qui est son principal rival sur le segment des caméras pour musiciens tout-en-un à 250 € : le Sony HDR-MV1. Plus spécialisé dans l’image que ne l’est Zoom, Sony n’en a pas moins une belle expérience dans le domaine de l’audio : il convient de voir si la chose lui permet de surclasser le Q4.
Une caméra avec des micros
Même prix et même usage a priori, mais design radicalement différent : le Sony offre d’abord beaucoup moins de contrôles ou de voyants apparents : on retrouve certes les boutons de mise sous tension et d’enregistrement sur le dessus, mais pour seuls contrôles, il faudra se contenter d’un stick cliquable et d’un bouton placés en regard d’un écran de 2,7 pouces sur le flanc gauche de l’appareil. Le choix peut paraître curieux dans la mesure où cette disposition de l’écran n’est pas très intuitive pour ajuster le cadrage, mais elle a le mérite d’être plus pratique que le petit volet du Zoom lorsqu’il s’agit de naviguer dans les réglages de l’appareil, et de simplifier de ce point de vue sa prise en main.
En outre, à la différence du Q4, Sony a doté son appareil d’une puce NFC/WiFi lui permettant d’être piloté, de manière rudimentaire (enregistrement uniquement), via un smartphone ou une tablette (dans notre cas, un iPhone 5 et un iPad Mini 2). Nous verrons si cette sympathique originalité compense la position de prime abord étrange de l’écran. Elle n’en demeure pas moins très agréable dans le contexte d’un podcast vidéo où l’on se retrouve face à la caméra : pas besoin de se lever pour déclencher ou arrêter l’enregistrement tout en gardant toujours un oeil sur le cadre pendant la prise.
A l’arrière de l’appareil, on retrouve sous une trappe la connectique qui va bien : USB, HDMI, entrée audio et sortie casque. Sur le dessous, une autre trappe permet d’accéder à la carte Micro SD, tandis que sur le flanc droit, on peut accéder au logement de la batterie amovible. Sur l’avant, on retrouve bien évidemment l’objectif muni d’un cache et surplombant un couple de micros en XY. Enfin, un pas de vis présent sur le dessous de l’appareil permet de le fixer sur un pied photo.
Le gain comme le coupe-bas se régleront depuis le logiciel embarqué, tandis qu’au niveau des specs optiques, Sony, en bon spécialiste de l’image, mise sur son capteur propriétaire CMOS Exmor® R rétro-éclairé de 8,4 Megapixels, et une optique Carl Zeiss Teissar Grand Angle elle-aussi.
Contrairement à Zoom, Sony ne fournit pas de bonnette ni ne propose d’accessoires liés à un quelconque usage en extérieur. On dispose aussi de moins de formats possibles côté vidéo, la MV1 se contentant de proposer du 1080p ou du 720p à 30 images par seconde. Côté audio en revanche, on dispose au choix du PCM ou de l’AAC, comme sur le Zoom.
En pratique
Si en usage statique (avec un pied ou posé sur une table), l’appareil d’avère simple à utiliser grâce à la commande déportée sur Smartphone ou tablette, il en est tout autrement lorsqu’on essaie de filmer au poing : soit il faut tordre le cou pour voir ce qu’on filme sur le côté de l’appareil, soit il faut utiliser son smartphone et se retrouver ainsi avec les deux mains prises, ce qui n’est ni très pratique, ni très intuitif.
Le Q4, plus traditionnel sur ce point, permet de tout faire d’une main. Bref, comme caméra au poing, cette disposition d’écran, même compensée par la commande, sent un peu la fausse bonne idée. C’est d’autant plus vrai que Sony sous-exploite un peu le dispositif : l’appli de contrôle ne permet que de lancer ou stopper l’enregistrement et n’offre aucune possibilité de réglage de l’appareil : à défaut de commandes physiques pour modifier le gain des micros par exemple, on aurait adoré pouvoir le faire depuis son iPhone…
Sans trop de surprise, le Sony se rattrape toutefois dans le domaine de l’image : le grand-angle qu’il propose offre en effet sensiblement plus de recul, cependant que les déformations sont moins marquées que sur le Q4. Un grand recul qui pourra, selon les cas, être une aubaine comme un inconvénient : si vous voulez effectuer un cadre serré, il faudra en effet grandement rapprocher l’appareil du sujet.
Le piqué de l’image est meilleur également, en jour surtout, la nuit restant toujours problématique, même si le capteur génère moins de bruit que celui du Q4. Gageons que du point de vue électronique comme optique, Sony a une expérience que Zoom n’a pas encore, mais relativisons aussi : si le Sony fait un peu mieux en vidéo, il fait beaucoup moins bien qu’un camescope standard d’entrée de gamme comme son propre CX240 par exemple.
Et concernant l’audio ? Disons que le MV1 propose des aigus plus brillants mais n’offre pas le bas médium du Zoom, ce qui tend à rendre la pièce plus présente, avec plus d’air, et les voix plus agressives aussi. La qualité demeure toutefois très exploitable même si, sur ce plan, je préfère personnellement le rendu du Q4.
Conclusion
Si le MV1 s’en sort bien côté son et si l’idée de la puce NFC/WiFi est excellente tandis que la qualité d’image s’avère meilleure que celle du Zoom Q4, on regrettera tout de même que Sony n’ait pas opté pour un écran plus traditionnel de manière à simplifier l’usage caméra au poing de l’appareil. On regrettera aussi que l’appli iOS/Android servant à le piloter soit si rudimentaire, ce qui aurait pu compenser l’absence de contrôles physiques sur l’appareil. Il n’en reste pas moins que le MV1 pourra séduire, grâce à son système de moniteur déporté, ceux qui ont à se filmer seuls. Mais force est d’admettre qu’à 250 €, la caméra parfaite pour musicien n’existe pas encore : on voudrait une meilleure image (notamment en basse luminosité) et les fonctions réseaux du Sony combinées à la partie son et les commandes du Zoom… Avec toutefois cette même réserve que nous émettions lors du test du Q4 : pour quelques euros de plus à peine, il existe des solutions plus qualitatives même si elles perdent certains avantages du tout-en-un. A vous de voir midi à votre porte, donc.