Zoom continue de développer sa gamme d’enregistreurs vidéo pour musiciens avec un Q4 se rapprochant plus que jamais de l’ergonomie des camescopes traditionnels.
Devant iTunes, Spotify, Pandora ou Deezer, Youtube est devenu la première plateforme de diffusion musicale sur le web, et un réseau social qui n’a pas son pareil pour faire la démonstration de son talent. Qu’il s’agisse de se filmer façon podcaster dans sa chambre ou de capturer un set live, les musiciens sont de plus en plus confrontés à la nécessité de faire des vidéos pour s’auto-promouvoir, ou encore pour analyser leur jeu de scène, partager leur connaissance d’un instrument, etc. Bref, la vidéo est en vogue et si les smartphones les plus onéreux disposent d’atouts dans ce domaine, ils n’en demeurent pas moins limités sur certains points, dépourvus qu’ils sont de capteur stéréo, et handicapés par une optique qui, pour des raisons de taille, offre de piètres résultats, notamment en basse luminosité.
Dans ce contexte et même si des accessoires permettent aux smartphones d’améliorer leurs capacités, on ne sera pas trop étonné de voir que le segment des caméras vidéo pour musiciens est toujours bien là, par le biais de Zoom notamment qui étend sa série Q avec le Q4, autrement plus ambitieux. Voyons ce qu’il en est, à l’heure où le géant Sony, avec sa HDR-MV1, propose une alternative que nous détaillerons dans un second banc d’essai.
So Qute
Différent de la Q3HD qu’il remplace et qui reprenait l’ergonomie des enregistreurs de la série H, la Q4 se présente désormais sous la forme d’un mini-camescope (mini dans la mesure où il est plus petit que la moyenne des appareils) avec un petit écran repliable, orientable et amovible (pour économiser la batterie) de 2 pouces, ce qui s’avère pratique pour contrôler la prise de vue lorsqu’on est face à la caméra.
Si une grosse partie des réglages de l’appareil se fait au bas de l’écran via 4 petits boutons, la mise sous tension et le bouton d’enregistrement sont situés quant à eux sur le dessus de l’appareil, tout comme la paire de micros XY qui se déplie également. A l’arrière, on retrouve les connectiques de rigueur : HDMI et USB, ainsi qu’une entrée audio externe et une sortie casque. Mais le plus intéressant se retrouve sur l’autre flanc de l’appareil : outre un témoin de charge, on trouve à cet endroit de quoi régler le niveau du casque, mais aussi celui du gain des micros (qui peut soit être passé en automatique, soit en manuel avec trois positions : élevé, moyen ou bas) et de quoi activer un filtre coupe-bas. Notons pour finir que le dessous et l’arrière de l’appareil proposent de quoi le fixer sur un pied et qu’une trappe permet d’accéder à la batterie comme à la carte mémoire au format SD.
Puisqu’on en parle, bien qu’il soit possible de sortir la batterie, l’appareil se charge via USB avec une autonomie annoncée de 2 heures en 1080p ou de 3 heures en 720p à 30 images par secondes. Soulignons pour les amateurs de Slow Motion que l’appareil peut filmer en 60 images par secondes dans une résolution de 720p ou de 480p.
Du côté audio, on enregistrera soit en WAV soit en AAC avec une définition max de 96 kHz sur 24 bits ou de 320 kbps, sachant qu’il est tout à fait possible d’utiliser le Q4 comme un bête enregistreur audio en débrayant la partie vidéo. Gageons qu’entre la possibilité d’accueillir une carte SD de 128 Go et les différents formats proposés, ce n’est pas tant le stockage qui limitera l’appareil plutôt que son autonomie. C’est tout l’intérêt de la batterie amovible et un gros avantage du Q4 sur pas mal de concurrents dans cette gamme de prix : on pourra, au besoin, se munir d’une autre batterie, commercialisée par Zoom au sein de tout une gamme d’accessoires.
En effet, si l’appareil n’est vendu qu’avec un câble USB et une bonnette de type Dead Cat pour atténuer le vent en prise extérieure, Zoom propose également en option des fixations pour pied de micro ou manche de guitare, ainsi qu’une housse étanche pour les prises sous la pluie (mais pas pour les prises sous l’eau, hein…). De quoi mordre un peu sur le terrain de prédilection de GoPro, même si la vocation du Q4 n’est certainement pas d’être une caméra ‘sportive’, mais une caméra orientée musique, là où la GoPro offre une qualité d’enregistrement audio relativement exécrable.
Côté image, soulignons que le Q4 embarque un capteur CMOS de 3 Megapixels pour un tiers de pouce, avec une focale Grand Angle fixe, complétée par un zoom numérique rudimentaire.
Les présentations étant faites, voyons comment se comporte le petit sur le terrain.
À l’usage
Même si les boutons de navigation sous l’écran sont un peu cheap et que ce dernier est un peu petit, il n’y a pas grand-chose à redire sur l’ergonomie qui reprend peu ou prou celle des appareils précédents : on accède facilement aux paramétrages de l’appareil comme à ses fonctions principales et le fait de disposer de la plupart des contrôles audio sous forme de boutons physiques est un vrai plus appréciable quand certains concurrents planquent ces fonctions dans des sous-menus.
Côté vidéo, la première chose qui saute aux yeux, c’est le grand-angle qui déforme généreusement l’image (ce n’est pas du Fisheye, mais on s’en rapproche), mais qui offre bien des avantages : on peut ainsi avoir des plans bien plus larges avec peu de recul (utile pour placer l’appareil sur une petite scène ou dans une salle de répet) et compenser aussi de la sorte le manque de stabilisateur (on ressent moins les à-coups de la marche par exemple grâce au grand-angle). Notons aussi que la qualité d’ensemble de l’image n’a rien de bien extraordinaire, notamment en basse luminosité où le bruit est bien présent. Sur quantité de niveaux d’ailleurs, et notamment sur celui du piqué, le Q4 ne fera pas d’ombres à la plupart des camescopes grand public qu’on trouve chez Sony, Canon ou Panasonic dans des prix similaires, ces marques étant spécialistes du domaine et dotées de technologies autrement plus pointues. Mais Zoom est un spécialiste du son, et c’est évidemment là-dessus que se rattrape le Q4, proposant une qualité audio dans la lignée de la série d’enregistreurs H du constructeur. Le fait de disposer, en outre, d’une prise micro est un plus qu’on ne trouve que rarement sur des appareils de ce prix.
À titre d’exemple, voici une prise guitare voix live in mon salon, en comparaison avec le Sony HDR-MV1 que nous passerons en revue demain.
Voyez que l’on est vraiment dans le sillage des Zoom de la série H, ce qui est tout à fait convaincant en regard du prix.
Bref, un petit appareil sympathique qui peut tout aussi bien servir à filmer un concert qu’une guitare-voix en mode Youtuber, ou servir pour une interview, encore que dans ce cas, son grand-angle soit presque un handicap (on peut bien user du Zoom numérique pour cadrer le sujet plus serré, mais c’est assez cracra).
Conclusion
Avec le Q4 et le prochain Q8 présenté au dernier NAMM, Zoom franchit un cap dans sa gamme de camescopes pour musiciens, et propose un tout-en-un relativement convaincant dans son rapport compacité/image/son, pour peu que l’on en n’attende pas trop de la vidéo. Si du côté de l’audio, le constructeur n’a plus grand-chose à prouver grâce à son expertise en matière d’enregistreurs portables, on regrettera juste qu’aucune fonction réseau ne soit encore incluse comme sur le MV1 de Sony.
Reste enfin à parler du prix : si ce dernier est très raisonnable et cohérent face à la concurrence directe (le Sony MV1 est au même prix, et le Canon Legria Mini X est plus cher de 100 euros), il souffre toutefois de la comparaison avec des camescopes généralistes complétés d’un enregistreur de poche. Pour à peine quelques euros de plus que ce Q4, on peut en effet s’offrir un Sony CX240 (ou le prochain CX405 avec stabilisateur, zoom, etc.)… et un Zoom H1 qui permettront de faire aussi bien niveau son et mieux niveau qualité d’image… Cette solution sera certes moins compacte, avec un angle moins large, et une batterie qui ne sera pas amovible (d’où des restrictions en termes d’autonomie), mais elle présentera d’autres avantages du côté vidéo. Bref, à vous de voir ce qui vous importe en fonction de vos besoins en termes de vidéo, et en attendant de découvrir le Sony MV1 qui se présente comme le principal rival du Q4.