À mi-chemin entre le marché des Pocket Cams et celui des enregistreurs de poches, c’est au tour d’Olympus de nous présenter un produit hybride avec le LS-20M. L’idée est simple : proposer une caméra de poche full HD qui soit capable de faire une captation audio digne de ce nom, soit le premier vrai concurrent du Zoom Q3 HD qui occupait seul, jusqu’ici, le terrain…
Le duel s’annonce intéressant, car si avec son modèle H2, Zoom s’est positionné en leader sur le segment des enregistreurs de poche, c’est Olympus qui fait la loi sur le marché un peu plus vaste des dictaphones numériques. Or, quand on sait que ce constructeur est aussi un poids lourd du monde de l’imagerie, de la photographie et des optiques, on se dit qu’on tient là un sacré challenger pour Zoom, et même pour les Kodak, Cisco, Sanyo ou Sony qui se partagent le marché des Pocket Cams.
In the box
Pas de surprise au déballage du carton, Olympus a mis dans la boîte la plupart des choses qu’on était en droit d’attendre : outre l’appareil lui-même, une batterie et une carte SD de 2 Go, on a ainsi droit à un petit câble USB dont la fonction sera double. S’il servira évidemment à récupérer les données enregistrées par le LS20-M sur son ordinateur, il permettra également de recharger la batterie de l’appareil, soit via le port USB de votre ordi toujours, soit en le connectant à un transfo que vous brancherez sur le secteur. S’ajoutent à cela deux épais livrets rassemblant le manuel français et sa traduction dans 5 autres langues. Et c’est tout ! Pas d’étui ni de housse pour l’appareil, pas de dragonne, pas de câble HDMI et, tant qu’on est dans les reproches, disons quand même que le cordon USB est bien court du haut de ses 20 petits centimètres…
L’appareil lui-même est plutôt réussi côté look : sensiblement plus épais qu’un smartphone et un tout petit peu plus long, il est moins imposant qu’un Zoom Q3HD (moins trapu surtout, plus longiligne) et parvient à concentrer sur une petite surface un nombre assez impressionnant de contrôles et de connectiques… Alternant des plastiques mats ou brillants façon métal, il fait la part belle au noir et à l’anthracite cependant qu’au sommet de l’appareil, les deux micros sont rangés de part et d’autre du capteur vidéo, sous des capuchons façons chrome. Tout cela respire le sérieux même si on serait plus rassuré de voir la bestiole gantée dans un étui en silicone ou en cuir matelassé pour prévenir toute casse lors d’une chute…
Vues de face et de profil
Faisons à présent le tour du propriétaire en commençant par le flanc gauche où nous attendent le bouton d’allumage de l’appareil (un poussoir avec une position Hold pour sécuriser l’extinction), une prise pour une télécommande optionnelle, ainsi que l’entrée micro et la sortie casque, toutes deux au format minijack stéréo, l’entrée micro étant commutable en entrée ligne et pouvant délivrer une alimentation électrique : un premier gros avantage sur le Q3HD qui se contente d’une entrée ligne et ne permet donc pas d’utiliser un micro externe. Avec le LS20-M, on pourra en revanche utiliser un micro canon, un cravate ou un bon vieux SM58 des familles. Un détail qui plaira aux interviewers susceptibles de l’utiliser en sachant en revanche que l’usage de cette entrée désactive les micros embarqués de l’appareil : pas question de mixer quoi que ce soit donc…
Sur le flanc droit, un switch permet de basculer en mode audio ou vidéo, tandis qu’une petite trappe accueille la carte SD sur laquelle l’appareil enregistre ses données. D’une trappe à l’autre et nous voici sur le dessous de l’appareil où un clapet permet d’accéder au connecteur miniUSB et au connecteur HDMI. Rien à dire de particulier sur ces derniers, ni sur la face arrière du LS20-M, si ce n’est qu’en plus de l’accès à la batterie de l’appareil, elle présente un petit HP de 16 mm (pas de quoi en faire un Ghetto Blaster mais comme contrôle en lieu calme, c’est toujours pratique) et un pas de vis permettant de fixer le LS20M sur un pied pour appareil photo… et non un pied de micro comme certains le regretteront…
Continuons par le dessus de l’appareil où nous attendent, entre les deux micros, un voyant indiquant une éventuelle saturation du signal, et ô surprise, le capteur vidéo de l’appareil. Surprise car ce positionnement n’a rien de banal et change pas mal de choses concernant son maniement : pour filmer ce qui est devant vous, le LS20M ne doit pas être parallèle à votre corps comme sur la plupart des Pocket Cam, mais perpendiculaire, placé à l’horizontale : on vise donc ce que l’on filme comme on le ferait avec une télécommande, ce qui a priori, semble plus intuitif.
La guerre des boutons
Avant de revenir sur les avantages et inconvénients d’un tel choix, finissons avec la face avant de l’appareil, bien peuplée puisqu’elle propose 8 boutons, une croix directionnelle et deux écrans : un LCD en couleur, dévolu à la visualisation de ce que l’on filme, et un afficheur à LED rétro-éclairé qui, sur fond orange, rassemble chrono, vu-mètre et messages fonctionnels. C’est là une excellente idée dans la mesure où l’écran principal est désactivable dans les préférences de l’appareil. Si vous ne désirez enregistrer que du son ou que votre vidéo a un cadrage fixe, vous pourrez vous en passer pour préserver votre batterie. Or, quand on sait que l’autonomie est sur nombre de Pocket Cam l’un des facteurs les plus limitants, inutile de dire qu’il s’agit là d’un réel avantage : comptez d’ailleurs pouvoir utiliser l’appareil entre 3 et 4 heures avec sa batterie de base, en sachant que rien ne vous empêche d’en acheter une supplémentaire (sur ce coup, le Zoom fait plus simple en utilisant de bonnes vieilles piles LR6).
Contrairement à la tendance en vogue qui consiste à réduire le nombre de contrôles physiques sur les interfaces, Olympus a donc nanti son enregistreur de 8 boutons se situant sous les deux écrans : une croix directionnelle pour naviguer dans les menus de l’appareil, zoomer, monter le son ou défiler, avec au centre, un bouton pour valider les choix ou lancer une lecture, mais aussi un bouton Rec, un bouton Stop et 5 petits boutons noirs : Erase, Fn (touche librement associable à un menu que vous utilisez souvent), A-B Repeat (pour lire une portion de fichier en boucle), Menu et enfin List qui, à ce que j’ai compris, fait un peu double emploi avec les touches directionnelles. Si la touche Fn est une excellente idée qui permet de personnaliser un peu la machine en fonction de vos besoins (il est plutôt pratique d’avoir un raccourci vers le réglage du gain des micros, par exemple), je reste plus dubitatif sur le nombre de boutons remisés dans cette zone. Du coup, ils sont petits, proches les uns des autres, et vu que leur sérigraphie est un peu trop discrète (gris sur fond noir) et qu’ils ne bénéficient pas de rétro-éclairage, ils seront sans doute compliqués à repérer lors d’une utilisation dans l’obscurité. À mon très humble avis, on aurait pu se passer d’une bonne moitié : Play et Stop auraient pu ne faire qu’un seul bouton, cependant qu’on se passerait volontiers de List (visiblement quasi inutile) et que certaines fonctions auraient pu être intégrées dans les menus (Erase, A-B Repeat). En tout cas, on est très loin de la simplicité de la concurrence qui se contente en général de 3 ou 4 boutons et d’une croix directionnelle sans s’en porter plus mal.
Soft in the shell
Le logiciel est pour sa part d’une ergonomie relativement classique, s’organisant en 5 menus pour le mode audio, et 6 menus pour le mode vidéo, tous divisés ensuite en sous-menus ou options. Traduit en français, mais avec quelques petites maladresses (on parle de ‘Réglage figé’ pour attester de l’activation d’une fonction tandis que l’égaliseur intégré est traduit par ‘equaliser’ et que le dispositif anti-effacement est nommé ‘Verrou efface’), il permet un paramétrage fin de l’appareil, avec la possibilité d’activer ou de désactiver quantités de fonctions le concernant, des écrans LCD donc, au coupe-bas de la machine (à 100 ou 300 Hz), en passant par la résolution dans laquelle elle filme ou enregistre. L’occasion de se rendre compte qu’en marge de gadgets (visualiseurs kitsch, effets vidéo temps réel tout aussi kitsch), Olympus propose des fonctions qui ne sont pas toujours très courantes sur ce genre d’appareil, surtout en vidéo : on dispose ainsi d’un retardateur avec bip à 5 ou 12 secondes, mais aussi d’une compensation de la luminosité, d’une balance des blancs manuelle ou à présets, de deux modes de sensibilité ISO et vous pouvez même définir la façon dont l’appareil mesure la luminosité (en se basant sur le centre de l’écran ou en prenant toute l’image en compte). Pour ce qui est de l’audio, on dispose de deux sensibilités de micro (haute et basse pour s’adapter à un contexte plus ou moins bruyant) et d’un réglage de niveau automatique ou manuel. Hélas, le mode manuel ne permet pas d’agir sur le gain du préampli mais simplement d’activer ou désactiver le limiteur intégré, dont on ne sait pas trop d’ailleurs comment il travaille.
Côté résolution et formats audio, le LS-20M enregistre au minimum en MP3 à 256 kbps et au maximum au format WAV en 24 bits / 96 kHz, avec pas mal de valeurs intermédiaires, mais aucun mode mono. Et pour la vidéo ? 3 modes sont proposés : 1920 * 1080, 1280 * 720 ou 640 * 480, la fréquence de 30 images par seconde étant commune aux 3 résolutions. Outre sa faible consommation en termes d’espace, le dernier mode se justifie surtout par le fait que l’appareil peut être utilisé comme Webcam sur un PC…
À l’image de ce détail, on se rend compte qu’Olympus a voulu faire de son enregistreur un appareil extrêmement polyvalent. Mi-pocket-cam, mi-enregistreur audio, le LS20-M peut donc servir de Webcam ou encore de Jukebox multimédia : des options de lecture vous permettent en effet de lire un fichier ou un répertoire de fichiers en boucle avec possibilité d’activer une égalisation, ce qui, couplé à un téléviseur et/ou une sono, en fera une solution d’appoint pour diffuser de la musique d’ambiance ou une démo tournante sur le stand d’un salon ou lors d’un événementiel quelconque… En marge de ces usages qu’on n’attendait pas, on sera en revanche un peu surpris de voir que, contrairement à nombre de Pocket Cams, l’Olympus est dépourvu d’un mode photo et qu’il ne propose aucun mode vidéo à 60 images/seconde. Et c’est bien dommage en ce qui concerne ce dernier détail car le fait de filmer à fréquence double pour ensuite pouvoir ralentir un film revêt un intérêt certain pour les musiciens (c’est bien pratique notamment pour étudier le plan d’un virtuose au ralenti, par exemple). En revanche, on dispose de petites fonctions vraiment pratiques comme la possibilité de déclencher l’enregistrement à la voix, par exemple, pratique quand on doit se filmer seul, sachant qu’une télécommande wireless optionnelle peut aussi être utilisée.
Finissons ce tour d’horizon du logiciel en parlant de la gestion des fichiers audio et vidéo qui se fait dans des répertoires préétablis, sans possibilité de nommer ni de renommer fichiers comme répertoires… Un peu rigide même si ce n’est pas une surprise dans la mesure où ce défaut était déjà présent sur l’enregistreur LS-10 testé par Red Led il y a quelque temps.
Viser c’est filmer
La plus grosse originalité du LS-20M tient dans le positionnement de son capteur vidéo, situé sur le dessus de l’appareil, et qui impose d’utiliser ce dernier à l’horizontale, en visant ce qu’on filme comme on le ferait avec une télécommande. Si l’idée de se démarquer de la concurrence pour proposer autre chose n’est pas mauvaise en soi, force est d’admettre que ce positionnement apporte au moins autant d’inconvénients que d’avantages car dans bien des cas, il faudra choisir entre son cadrage et le monitoring vidéo de la scène.
Exemple : si vous interviewez une personne qui se tient debout et que vous voulez cadrer son visage, vous n’aurez pas d’autre choix, pour surveiller votre cadrage pendant l’interview, que de filmer votre interlocuteur en contre-plongée, ce qui a vite faite d’être disgracieux (alerte au goitre) et peut poser de multiples problèmes de contre-jours (les éclairages étant souvent au plafond), tout en vous obligeant à quitter l’interviewé des yeux pour regarder votre appareil. Si vous choisissez en revanche de le filmer bien en face, vous devrez placer l’appareil à hauteur de vos yeux de sorte que vous ne verrez pas ce que vous filmez. En l’absence de pied, la chose a vite fait d’être embêtante… Autre exemple : vous voulez filmer les pieds d’un guitariste qui joue avec son Pedal Board. Vous dirigez naturellement le LS-20M en direction de ses pieds et du coup, vous ne pouvez plus voir l’écran LCD de l’appareil pour vérifier la pertinence de votre cadre…
À bien y réfléchir, je n’ai d’ailleurs trouvé qu’une utilisation où ce positionnement du capteur était intéressant : lorsque vous devez filmer un événement par-dessus une foule, à bout de bras. Dans ce genre de circonstance où la plupart des appareils sont peu pratiques, le LS-20M fait de sa différence un atout : vous le tenez par les flancs comme une biscotte à l’heure du thé (Renatoooo !) et pouvez filmer en voyant ce que vous faîtes sur le dessous de l’appareil, en sachant qu’une fonction vous permet d’inverser l’image sur l’écran de l’appareil.
De l’image et du son
Pour juger de la qualité d’image de la bête, je me suis amusé à filmer une petite séquence en extérieur jour par temps couvert, en tenant côté à côte le LS20-M et un Kodak Zi8, une référence sur le marché des Pockets Cams, même si elle a maintenant quelques années. Et le moins que l’on puisse dire à la comparaison, c’est que le LS20-M ne démérite pas sur le plan de l’image, malgré un contraste un peu trop appuyé à mon goût, et des rouges un peu trop présents, sachant qu’il est possible de remédier à cela en faisant une balance des blancs. On appréciera surtout l’angle de vision, sensiblement supérieur à celui du Zi8 et qui permet d’embrasser une scène de manière plus globale à recul équivalent, mais aussi l’aptitude de l’appareil à se sortir des gros plans sans avoir à activer un mode macro comme sur le Zi8 (étant entendu que le zoom n’a aucun intérêt sur l’un comme sur l’autre vu qu’il est numérique). Toutefois, il y a plus de similitudes que de dissemblances entre les deux appareils qui font montre de défauts communs à tous les Pocket Cams : une stabilisation numérique relativement inefficace (on évitera de filmer en marchant donc, ou alors en s’équipant d’un système de stabilisation type Monopod lesté par exemple…) et de grandes difficultés à produire des résultats exploitables en faible luminosité (au mieux, c’est très bruité. Au pire, on ne voit rien). Bref, il n’y a pas de quoi crier au scandale quand on voit les images tournées avec le LS20-M, loin de là, mais il n’y a pas de quoi non plus crier au génie.
Et de toute façon, ce n’est pas tant sur le terrain de l’image que le dernier né d’Olympus a des choses à dire, mais plutôt sur celui du son. Et là, en dehors du Zoom Q3 HD qui repose sur le même concept, force est de constater qu’il laisse loin derrière tous les Pocket Cams du marché. Le petit couple XY de l’appareil s’en sort en effet très bien, et comme on dispose du côté de l’OS de la machine de pas mal de possibilités, on peut se sortir d’à peu près toutes les situations : ainsi, on peut capter une répet ou un concert avec un son décent, que ce soit pour en faire un document de travail ou un souvenir (et pas un pirate, on est d’accord). Le point fort du LS-20M, c’est en effet sa possibilité de régler rapidement le gain des micros, son limiteur et son coupe-bas qui vous garantissent de pouvoir évoluer dans n’importe quel milieu.
Et par rapport au Q3HD, qu’est-ce que ça vaut ? Dur à dire dans la mesure où ne disposions pas de la caméra de Zoom au moment du test. Pour se faire une idée, on s’en remettra donc à cette vidéo tournée par SonicSense.com et qui, à partir de 2:16, confronte les deux appareils sur l’enregistrement d’un même morceau de musique. Qu’y entend-on ? Une grande différence entre les deux captations : le Zoom Q3HD est clairement plus à son aise au niveau du bas de spectre, avec plus d’assises, mais pêche dans les aigus, d’où l’impression d’un rendu plus sourd, là où le LS-20M inhibe le grave au profit d’aigus très présents (trop présents ?), ce qui se traduit par un son plus agressif et donne plus d’importance à la pièce et aux sons environnants. Du coup, sur cette seule comparaison, on imaginerait sans peine que l’appareil d’Olympus sera plus à son aise sur des performances acoustiques (où ses aigus en avant permettront un beau détail sans que cela tourne au bain de friture), tandis que le Q3HD sera sans doute plus intéressant sur du gros son… Mais encore une fois, ce ne sont là que des projections puisque nous n’avons hélas pas eu les deux appareils entre les mains pour les comparer.
Une chose est sûre, en tout cas : avec l’un comme avec l’autre, vous aurez un résultat très supérieur du point de vue audio par rapport à ce que vous obtiendrez avec un smartphone ou une Pocket Cam…
Conclusion
Offrant une image très correcte et une captation audio de qualité, le LS-20M est un sérieux concurrent du Zoom Q3HD, d’autant qu’il dispose de quantités d’options intéressantes, notamment du côté image. Toutefois, le placement original de son capteur vidéo est à coup sûr sa plus grande faiblesse dans de nombreux cas de figure : à de rares exceptions près (filmer un concert par-dessus une foule, filmer des gens assis en étant soi-même debout), ce n’est pas pratique et complique la vie de l’utilisateur. Il s’agira donc de faire votre choix entre ces deux rivaux en toute connaissance de cause, ou encore considérer une troisième option : l’iMachin d’Apple avec kit micro qui ajoute, et ce n’est pas rien, la possibilité pour l’appareil de communiquer. À vous de voir donc…