Si Sony, Olympus et GoPro ont tous tenté de s'aventurer sur le marché de la caméra pour musicien, Zoom est sans conteste le constructeur qui l'a investi avec le plus d'assiduité. Après le Q3, le Q3HD, le Q2HD, le Q4 et le Q8, le voici d'ailleurs qui revient avec un Q2n dont le nom entend bien profiter de l'aura du H2n, l'enregistreur de poche qui figure parmi les best sellers de la marque.
Abandonnant le profil de caméscope qui avait été retenu pour les Q4 et Q8, le Q2n fait d’ailleurs beaucoup plus penser au H2n en termes de look. Noir comme son cousin, il partage avec lui son côté trapu mais s’avère plus petit encore. Il tient vraiment dans une poche et c’est un vrai plus pour un usage nomade, même si ce volume présente forcément quelques désavantages. La tenue en main n’est ainsi pas des plus pratiques car aucune partie de l’engin ne permet de le saisir à pleine paume sans cacher l’objectif, et l’écran est pour sa part vraiment de petite taille. 4,5 cm de diagonale pour 160 × 128 pixels, c’est peu, sachant qu’il sert à afficher, en plus de l’image filmée, quantité d’indicateurs : VU-mètres, batterie, temps d’enregistrement, résolution audio, etc. Du coup, il ne reste pour vérifier le cadre que la superficie d’un timbre-poste, ce qui n’a rien de très approprié pour un travail de précision. À défaut de proposer un système Wi-Fi/NFC pour rattraper cela, le Q2n propose toutefois une sortie micro HDMI de type D remisée sur le flanc droit de l’appareil, aux côtés du connecteur MicroUSB et de la molette de réglage de gain.
Fort heureusement, l’ergonomie de l’engin ne pâtit pas de la petitesse de cet écran car Zoom a réussi à placer sur sa petite caméra 11 boutons qui permettent d’accéder à tous les paramètres simplement sans avoir à se perdre dans des menus à tiroirs. En marge des habituels Stop, Record et Play (qui servira aussi à allumer ou éteindre l’appareil), on dispose ainsi de deux colonnes de trois boutons flanquées de part et d’autre de l’écran. À gauche, on configure tout ce qui se rapporte à la vidéo (résolution vidéo, facteur de zoom, modes scène pour s’adapter à différents types de lumières), tandis qu’à droite, on accède à tout ce qui se rapporte à l’audio (résolution audio, filtre coupe-bas à 80/120/160 Hz, auto-gain avec plusieurs modes suivant qu’on enregistre de la voix, un concert, etc.). Évidemment, c’est en partie à cause de ces nombreux boutons que l’écran du Q2n est aussi petit, mais ils permettent toutefois de piloter intégralement l’appareil sans avoir à se balader dans des sous-menus de menus, ce qui s’avère assez agréable.
Continuons avec le flanc gauche de l’appareil où nous attendent deux connecteurs mini-jack pour le Line In et la sortie casque, et deux boutons + et – pour gérer le volume d’écoute du casque. Sous l’appareil enfin, on accède à la trappe permettant d’insérer les deux piles nécessaires à l’alimentation du bousin mais aussi au lecteur de carte microSD (128 Go maximum), et un pas de vis permettant de le fixer sur un pied photo.
L’essentiel est invisible pour les yeux
Nous en avons fini pour tout ce qui est visible sur le Q2n, mais il nous reste à parler de ce qui ne se voit pas. Côté vidéo, on a droit à un capteur CMOS de 3 mégapixels et 85 mm, placé derrière un objectif à focale fixe offrant un champ de vision à 160° et une ouverture de F2.0. On n’est donc pas loin d’un Fisheye avec tout ce que cela suppose comme avantages (recul, meilleure impression de stabilité lors des mouvements) et comme inconvénients (l’image très déformée), sachant en outre qu’un système numérique permet de zoomer pour resserrer le cadre sur le sujet. Le Q2n enregistre au format MOV en MPEG-4 AVC/H.264 à des résolutions allant du 720p en 24 images/seconde jusqu’au 1080p en 30 images/seconde.
Côté audio, c’est sans surprise un couple stéréo placé en XY à 120° que l’on retrouve, tandis que l’enregistrement se fait au format WAV en 24 bits/96 kHz, 24 bits/48 kHz ou 16 bits/44.1 kHz. Un haut-parleur est également présent : c’est toujours pratique pour vérifier une prise…
Précisons pour conclure sur les specs que l’appareil peut être utilisé comme webcam, interface audio ou stockage de masse, et que Zoom le crédite d’une autonomie de 2 heures avec des piles alcalines sur un tournage en 720p à 30 i/s. Comptez donc moins sur du 1080p, ce qui vous conduira dans bien des cas à devoir changer les piles de rechange en plein tournage. Même si le Q2n dispose d’une fonction d’économie d’énergie, on aurait ainsi aimé qu’il soit un peu plus gros avec deux piles de plus pour se sentir plus à l’aise de ce côté-là…
Camérameha
Pour nous faire une idée de la qualité du Q2n, nous avons filmé en simultané un guitariste acoustique (Merci Salman) avec le Q2n, un iPhone 6S et une caméra Sony HDR PJ810, caméscope familial occupant le haut de gamme du constructeur nippon il y a quelques années. Les appareils étant posés côte à côte, on appréciera le grand recul proposé par le Q2n en vis-à-vis de ses concurrents. Malgré une image tirant légèrement sur les bleus, la petite caméra de Zoom s’en tire honorablement côté image, nettement mieux en tout cas que l’iPhone qui bruite comme un goret.
Dans des conditions d’éclairage réduit, Apple et Zoom ne dépêtre pas du piège du contre-jour réalisé par l’abat-jour en arrière plan et là, c’est la PJ810 qui reprend clairement le dessus, grâce à son optique, son capteur de plus grande taille et son électronique. Je le précise toutefois : tous ces appareils ont été utilisés sans balance des blancs avec le mode par défaut pour obtenir une comparaison équitable. D’ailleurs, il n’y a pas de balance des blancs sur le Q2n et les différents mode Scène ne m’ont pas spécialement convaincu…
On notera également que c’est le Q2n qui s’en tire le mieux niveau son : c’est très flagrant par rapport à l’iPhone, mais c’est aussi sensible par rapport au caméscope qui propose beaucoup plus de pièce.
En fin de vidéo, j’en profite pour vous montrer les différents paliers de zoom numérique. C’est un peu du bricolage mais ça fonctionne bien et ça permet de resserrer le cadre sur le sujet tout en se défaisant des déformations du Fisheye, du moins en partie.
En complément, n’hésitez pas à fouiner sur Youtube : on y trouve quantité d’exemples montrant les capacités du Q2n, notamment lors de concerts. On se rendra compte en outre que vu son encombrement comme son prix, le dernier né de Zoom est vraiment une belle réussite, sans doute la plus convaincante depuis que le constructeur s’est intéressé à la vidéo.
Conclusion
Zoom propose avec ce Q2n un produit simple et efficace pour un prix très agressif. Et c’est sans doute là qu’est son plus grand atout car si le Q4 et le Q8 peinaient à convaincre dans des gammes de prix supérieures, souffrant de la comparaison avec des solutions alternatives (smartphone + micro dédié ou encore Zoom H1 + caméscope d’entrée de gamme), il n’y a pas grand-chose à mettre en face de ce Q2n à moins de 200 euros. Certes, son écran est minuscule et son ergonomie perfectible, et certes, le son comme l’image ne sont pas ce qui se fait de mieux, mais on tient enfin, pour la première fois depuis que Zoom s’est mis à la vidéo, un produit qui a la pertinence du célèbre Zoom H2 en termes de rapport qualité/prix. Qu’il s’agisse d’enregistrer une répète, un concert ou même de faire de l’interview, cette petite caméra fera du coup le bonheur de plus d’un utilisateur.