Dans ce nouvel épisode consacré à l'enregistrement de la basse électrique, nous allons nous pencher sur une question épineuse : faut-il enregistrer la 4 cordes avec ou sans effets ?
Problématique
Bien que moins fréquente et gargantuesque que chez leurs confrères guitaristes, la guirlande de pédales d’effets de nos ami(e)s bassistes est un sujet sensible qu’il ne faut pas prendre à la légère. De fait, lorsqu’un musicien prend la peine d’intercaler un ou plusieurs effets dans sa chaîne audio, ce n’est jamais anodin puisque cela contribue à définir sa signature sonore. Seulement voilà, aussi « cool » soient-ils, ces intermédiaires ne sont pas sans poser quelques menus problèmes du point de vue du réalisateur artistique et / ou de l’ingénieur du son…
Le premier souci vient de la qualité sonore de ces effets à proprement parler. Mine de rien, la plupart d’entre eux sont bien loin d’être de l’acabit des effets de studio. Ça ronfle, ça buzze, ça souffle… Bref, certaines pédales sont tellement bruyantes qu’en tirer un niveau de signal utile convenable s’avère un véritable casse-tête. Et si vous ne vous en préoccupez pas lors des prises, ces parasites audio rendront immanquablement l’étape de mixage cauchemardesque…
Le second point épineux se situe au niveau des traitements appliqués. Une fois sur deux, si ce n’est plus, ces derniers seront trop prononcés pour le titre en cours d’enregistrement. En effet, leurs réglages sont souvent pensés pour la scène et, à l’instar de la différence de jeu des comédiens entre théâtre et cinéma, il est d’usage de surjouer sur les planches… Or, qu’il s’agisse d’une compression trop prononcée, d’une égalisation plus qu’agressive, d’une distorsion abusivement baveuse ou bien encore d’un chorus exagérément profond, une fois captés, ces effets sont quasi impossibles à rattraper au mixage sans dénaturer l’intention originelle. J’espère que vous appréciez l’ironie de la situation puisqu’à la base, ces pédales sont présentes pour définir « Le Son » de l’instrumentiste…
Partant de ce constat, qu’elle est donc la démarche à suivre pour s’en sortir avec les honneurs ? Eh bien, la solution est assez simple en vérité, et elle n’est pas sans avantages comme nous allons le voir…
Coda
Pour s’affranchir des problèmes exposés ci-dessus, en plus de la captation de l’ampli basse, il convient tout bêtement de penser à prélever le signal de l’enregistrement direct de l’instrument avant que celui-ci ne traverse la moindre pédale. Vous obtiendrez ainsi au moins une version du signal absolument « propre ». C’est enfantin et vous aviez certainement déjà deviné en quoi consistait cette astuce. Mais en mesurez-vous tous les bénéfices ?
Tout d’abord, cela vous permet de laisser jouer le bassiste avec l’ensemble des ses joujoux sans interférer avec son son. Ainsi, il devrait pouvoir exécuter sa performance dans des conditions proches de ses circonstances de jeu habituelles, ce qui lui permettra d’être plus à l’aise pour se concentrer sur l’essentiel : son interprétation.
Ensuite, malgré ce que j’ai pu écrire précédemment, il est tout à fait possible que le son capté à l’ampli convienne parfaitement aux exigences sonores de la production en cours ! Dans ce cas, vous aurez moins de travail par la suite, ce qui est toujours bon à prendre.
Enfin, si malheureusement la prise de l’ampli ne convenait pas, vous pourrez bien entendu utiliser l’enregistrement direct afin de rattraper le coup grâce à la technique du reamping. Cerise sur le gâteau, même si la prise de l’ampli n’est pas utilisable en tant que telle, elle pourra vous servir de guide lors du reamping et / ou mixage afin de respecter l’esprit du son voulu par l’artiste tout en faisant coïncider ce dernier avec les exigences du morceau.
Pour conclure, je suis sûr que certains d’entre vous s’interrogent sur la pertinence d’un article entièrement dédié à cette question des effets. Je me suis moi-même longtemps demandé si cela en valait bien la peine. Au final, il m’a semblé intéressant d’en passer par là car, même si la solution est élémentaire, le sujet est d’importance. De plus, cela permet de séparer les commentaires y afférant du reste de ce chapitre, ce qui évite qu’ils soient noyés dans la masse.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !