Dernier épisode consacré à l'élaboration du meilleur retour casque possible pour votre chanteur. Cette semaine, nous allons voir comment créer ledit retour en utilisant uniquement du matériel hardware.
Le retour hardware
Étant donné que ce guide s’adresse avant toute chose aux débutants, je suppose que les lecteurs ne disposent pas d’un studio suréquipé dont le centre névralgique serait une console analogique gargantuesque. De toute façon, même si je me trompe, il serait alors étonnant que les quelques chanceux installés devant un tel engin ne sachent pas utiliser la bête afin de mettre en oeuvre une technique de retour aussi élémentaire que celle décrite ces dernières semaines. Bref, je pars donc du principe que vos moyens sont limités. Pourtant, il vous est tout de même possible de gérer un système de retour hardware « sophistiqué » sans avoir à casser votre tirelire. Pour ce faire, vous aurez juste besoin du matériel suivant :
- Une interface audio avec au moins 2 entrées / 4 sorties et une fonction de monitoring direct avec choix de la sortie ;
- Une mixette avec au moins 2 voies ;
- D’éventuels effets externes, mais nous y reviendrons.
Ainsi armé, le reste de la manoeuvre n’est qu’une simple histoire de branchement. Il va vous falloir envoyer en direct la voix captée par le micro sur la première entrée de votre interface vers une voie de la mixette, et ce grâce à la fonction de monitoring direct via l’une des sorties libres de votre carte son. Là, vous pourrez appliquer au chant les traitements intégrés à la mixette (EQ, compression, réverbe/delay). En parallèle, il faut envoyer le playback en mono sur la deuxième voie de la table de mixage miniature via une autre sortie de votre interface audio. Une fois de plus, vous pourrez éventuellement traiter le playback grâce aux effets inclus dans la table. Notez que si vous disposez de plus de sorties sur votre carte son ainsi que de plus d’entrées sur votre mixette, vous pouvez évidemment utiliser une version stéréo du playback. Bien entendu, votre chanteur écoutera ce retour via la sortie casque de la mixette. De votre côté, afin que vous puissiez également entendre le retour que l’interprète a dans son casque pour mieux l’accompagner, il convient de récupérer une sortie ligne de la mixette et de l’envoyer dans une deuxième entrée de votre interface audio. Ainsi, vous pourrez écouter ce retour comme bon vous semble mais prenez garde de ne pas l’écouter en même temps que le retour de votre STAN, cela peut être dangereux pour vos oreilles et ce ne serait de toute façon qu’une bouillie sonore fort peu agréable à entendre.
J’ai bien conscience que cette explication écrite pourra paraître particulièrement indigeste au parfait béotien. Qu’à cela ne tienne, voici un schéma qui devrait, je l’espère, prévenir ces éventuels problèmes de transit :
Sur cette illustration, le « câble » orange transporte le son de la voix en direct de la carte son vers la mixette, les violets transportent le playback (mono ou stéréo) toujours de la carte son vers la mixette, les bleus se chargent de renvoyer le retour global du chanteur (mono ou stéréo) de la mixette vers l’interface audio pour que vous puissiez l’écouter et enfin, le « câble entortillé » est branché sur la sortie casque de la mixette. Et non, le chanteur n’a pas une pokéball sur la tête, juste un casque audio très mal dessiné …
Bref, vous voyez bien qu’il n’y a absolument rien de sorcier là-dedans. Cette méthode a, de surcroît, de nombreux avantages. Vous n’avez pas à subir les éventuels problèmes de latence évoqués la semaine dernière. De plus, vous pouvez éventuellement laisser l’interprète gérer lui-même son retour. Enfin, comme je vous le disais au début, le matériel nécessaire ne coûte pas un bras plus le rein de votre premier né. En effet, une petite mixette avec EQ, compresseur et circuit d’effet auxiliaire de base se trouve pour à peine une centaine d’euros en occasion, comme par exemple certains modèles de la série Xenyx de Behringer qui sont amplement suffisant pour cet usage. Si vous possédez déjà une petite mixette mais qu’elle ne dispose pas des traitements suffisants, vous pouvez toujours bricoler en intercalant égaliseur, compresseur et réverbération matériels externes entre le retour voix direct et l’entrée de la mixette ; nul besoin d’avoir des modules externes de « qualité studio » puisque ce signal n’est pas enregistré, il sert juste à améliorer le confort d’écoute du chanteur.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !