Cette semaine, nous allons voir comment aider votre interprète lorsque ce dernier rencontre quelques problèmes de placement rythmique.
Rhythm is love
Comme je vous le disais lors d’un précédent article, la voix est un instrument à part. Nous avons déjà vu comment se prémunir des éventuels problèmes d’intelligibilité et nous savons également accompagner le chanteur de façon à ce que sa performance colle au plus près aux émotions censées être véhiculées par le titre en cours de production. Il nous reste donc à aborder trois des points essentiels à une bonne prise de voix, dont le placement rythmique et la justesse. Or, si j’insiste lourdement sur l’importance du retour pour le chanteur depuis plus d’un mois, figurez-vous que ce n’est pas pour des clopinettes ! En effet, la manipulation de ce retour peut vous permettre d’aider votre donneur de voix à corriger d’éventuels soucis de placement rythmique et/ou de justesse. Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur le rythme…
Afin de faciliter le placement rythmique, il me semble évident de faire en sorte que l’interprète sente bien la pulsation. Pour ce faire, il suffira la plupart du temps de mettre en avant dans le retour la partie purement rythmique du morceau, qu’il s’agisse de percussions diverses ou d’une batterie classique. Attention, lorsque je vous parle de mettre cela en avant, ça ne signifie pas qu’il faut augmenter le volume de ces instruments ! En effet, il vaut mieux raisonner ici de façon soustractive et baisser le volume du reste de l’instrumentation. Le résultat final sera le même tout en ayant pour avantage de ne pas blesser les fragiles oreilles de votre chanteur.
Notez qu’en l’absence d’instruments percussifs purs et durs indiquant la pulsation, vous pouvez mettre en avant tout instrument suivant suffisamment clairement le rythme, comme par exemple une guitare rythmique ou une partie de piano bien chaloupée. Évitez tout de même les instruments naviguant trop dans le bas du spectre tels que la basse car ces derniers peuvent engendrer des problèmes de justesse… Avouez qu’il serait absurde de créer un nouveau problème en essayant d’en résoudre un autre !
Les manoeuvres décrites ci-dessus peuvent malheureusement ne pas s’avérer suffisantes dans certains cas. Par exemple, difficile de mettre un quelconque rythme en avant lorsque l’instrumentation se résume à des nappes sonores éthérées. Il se peut également que la section rythmique soit tellement tarabiscotée qu’il en devient difficile de repérer la pulse nourricière à moins d’être soi-même un batteur averti. Bref, dans les situations les plus difficiles, la solution la plus simple sera toujours là pour vous sauver la mise : l’utilisation du métronome ! Les chanteurs n’aiment généralement pas donner de la voix avec un clic dans les oreilles mais quand il n’y a pas le choix… Si votre interprète est vraiment allergique à ce doux appareil de torture musicale, vous pouvez toujours lui bricoler un métronome personnalisé en utilisant un instrument virtuel disposant de sons percussifs « naturels », cela sera certainement beaucoup plus agréable à ses oreilles.
Pour finir, pensez à éventuellement alléger, voire carrément supprimer les réverbérations et/ou delays sur la voix du chanteur mais également sur tous les instruments du playback car ce genre d’effet joue énormément sur notre perception temporelle. Les sons secs seront certes moins agréables à l’écoute mais le gain en précision rythmique peut s’avérer salvateur lorsque le chanteur est aux fraises de ce côté-là.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. La semaine prochaine, nous verrons comment manipuler le mixage du retour afin d’aider votre interprète lorsque ce dernier a quelques soucis de justesse…