Pour cet avant-dernier épisode, je vous propose un pot-pourri d’astuces susceptibles de rompre votre train-train quotidien en venant « pimenter » vos mixages. Bien entendu, cet article s’adresse avant tout aux personnes ayant déjà un peu de bouteille en la matière et qui souhaitent bousculer un tant soit peu leurs habitudes afin d’explorer de nouveaux horizons sonores. Si tel n’est pas votre cas, je vous encourage à travailler de façon plus « traditionnelle » dans un premier temps pour mieux profiter des bienfaits des conseils qui vont suivre le moment venu.
Breaking the waves
Partant du principe bien connu que c’est en sciant que Léonard de Vinci, je suppose qu’en bon élève assidu que vous êtes, vous avez profité chaque semaine des sept jours séparant la publication de chacun des épisodes de cette série pour mixer et remixer encore bon nombre de vos chefs-d’oeuvre. Après presque trois années à faire cela, il y a de bonnes chances pour que vous ayez développé vos propres automatismes de mixage, ce qui a incontestablement du bon. Néanmoins, il est possible qu’à la longue vous ayez parfois l’impression de tourner en rond. Lorsque votre propre « signature sonore » commence à vous lasser, il est alors conseillé d’adopter quelques « postures » qui viendront habilement briser vos habitudes l’espace d’un titre ou deux. J’entends ici par « postures » des contraintes psychiques (question de point de vue) ou matérielles (outils de travail) qui vous forceront à attaquer le mixage sous un angle nouveau pour vous, ce qui stimulera immanquablement votre créativité. Par essence, le nombre de « postures » possibles est infini et il serait donc vain de vouloir en donner une liste exhaustive. C’est pourquoi je me contenterai seulement de vous citer celles que j’affectionne le plus.
Il y a tout d’abord la méthode que l’on pourrait qualifier de mélange des genres. Ce grand classique repose sur un principe extrêmement simple, mais diablement puissant : mixer un titre d’un certain style musical en essayant d’y appliquer les techniques de production propres à un autre style, ou à une autre époque. Par exemple, il m’est arrivé d’obtenir un rendu assez bluffant en traitant un morceau de metal comme s’il s’agissait d’un titre reggae. Et dernièrement, j’ai été agréablement surpris après avoir mixé de l’EDM bien charnue comme si j’étais dans les 60's. Bref, j’espère que vous saisissez l’idée.
Une autre façon de sortir du rang consiste à changer de temps en temps d’outils logiciels. Pour ma part, je m’impose fréquemment des contraintes farfelues comme mixer uniquement avec des freewares, n’utiliser aucun compresseur, n’utiliser que des delays en lieu et place de réverbes, ou bien encore mixer sans égalisation. J’avoue que la qualité des résultats est variable, mais cela pousse à être créatif et même si, sur le coup, le rendu est bancal, cela ne veut pas dire que les nouvelles idées qui ont été générées ne fonctionneront pas plus tard sur un autre projet. Je me souviens d’ailleurs d’une fois où je m’étais imposé de mixer sous Live d’Ableton en n’utilisant que les plug-ins fournis alors que je travaillais exclusivement sous Pro Tools à l’époque. Eh bien, la première tentative n’a pas vraiment été probante. Ceci étant, quelque temps après, cette expérience m’a permis d’utiliser le superbe logiciel d’Ableton pour un autre morceau sur lequel ses spécificités ont fait merveille !
La dernière astuce du jour met à profit un trait inhérent à la condition humaine : notre instabilité émotionnelle. Il y a des jours avec et des jours sans, des jours où nous sommes heureux, d’autres où nous sommes triste, en colère, apathique, énergique, timoré, aventureux, etc. Qu’on le veuille ou non, ces humeurs influencent notre perception du monde. Par conséquent, notre humeur influence également notre façon de mixer. Du coup, mixer un même titre plusieurs fois à des moments différents et sous des jougs émotionnels distincts donnera forcément des pattes sonores variées. Là où cela devient particulièrement intéressant, c’est lorsqu’on essaye de mélanger entre elles plusieurs de ces versions. Ainsi, mon dernier mix en date combine trois versions différentes : une où j’étais plus ou moins mal dans mes pompes que j’ai utilisée pour les couplets, une autre où j’étais remonté comme un coucou pour les refrains, et enfin, une dernière où j’étais plutôt enjoué pour l’outro. Bien sûr, il m’a fallu un peu de travail pour que ce « collage » ne s’entende pas au-delà du raisonnable, mais le résultat final en valait largement le coup.
Voilà, j’espère que ces quelques ficelles auront titillé votre imagination et que vous n’hésiterez pas à envisager ce genre de stimulus si d’aventure vous vous trouviez en manque d’inspiration. D’ailleurs, si vous souhaitez partager vos propres « recettes » dans les commentaires de cet article, je suis sûr que vous ferez plus d’un heureux, à commencer par moi !