Sans en avoir l'air, les câbles font partie des éléments les plus importants de votre système audio.
Des câbles, vous en avez plein votre studio ou votre système de scène. Pourtant, est-ce que vous avez déjà réfléchi sérieusement aux paquets de nœuds qui forment le système nerveux de votre univers musical ? Les câbles sont de véritables composants électroniques qui ont une influence certaine sur votre son. Ça vaut donc la peine de réfléchir à la façon de les utiliser au mieux.
Câbles haut-parleur
Avec des enceintes passives alimentées par un amplificateur, un câblage adapté peut apporter des améliorations sonores facilement audibles. A ce sujet, n’utilisez jamais de câble instrument pour ce type de liaison ! Étant donné que les amplificateurs et les enceintes sont des composants à très basse impédance, la plus petite résistance entre eux constitue une entrave à la transmission du courant. De plus, sachant que la reproduction des basses fréquences à volume élevé nécessite beaucoup d’énergie, un câblage inapproprié engendre généralement un grave « amaigri ».
Ill. 1 : les connecteurs SpeakOn possèdent un système de verrouillage qui assure une connexion fiable
et minimisent les phénomènes d’arc électrique lorsqu’on débranche le câble alors qu’il transporte une tension.
De nombreux fabricants proposent du câble d’enceinte de bonne qualité, mais les connecteurs jouent également un rôle important. Une connexion corrodée ou qui n’assure pas un contact fiable peut avoir une influence sur le son. Les connecteurs SpeakOn à verrouillage (illustration 1) font maintenant figure de norme. Les fiches banane sont quant à elles fiables et bon marché. Les bornes à vis permettent également des connexions de bonne qualité mais nécessitent de dénuder l’extrémité des câbles.
Pour les liaisons haut-parleur, de nombreux fabricants utilisent aussi des jacks de 6,35 mm. Cependant, les jacks standard possèdent des surfaces de contact très petites par rapport aux connecteurs SpeakOn ou aux fiches banane. C’est pourquoi il existe des jacks dotés de ressorts de compression qui assurent un meilleur contact (illustration 2).
Concernant le câble en lui-même, plus le numéro AWG (American Wire Gauge) est petit, plus le conducteur est gros ; et plus le conducteur est gros, plus la résistance est faible. De nombreux systèmes utilisent des conducteurs 16 AWG (section : 1,5 mm²). Cependant, lorsque les lignes sont longues ou la puissance est élevée, il sera préférable d’utiliser des conducteurs 12 AWG (section : 4 mm²) malheureusement beaucoup plus chers.
Si vous disposez d’un budget serré ne vous permettant pas d’accéder aux câbles d’enceinte de forte section, voici une solution alternative peu orthodoxe mais beaucoup moins chère : utilisez plusieurs câbles secteur multibrins en parallèle pour réduire la résistance. Ce faisant, veillez à ce que le nombre de câbles soit le même pour les deux pôles. Par exemple, en utilisant deux câbles multibrins en parallèle, vous abaissez la résistance de moitié. De même, avec quatre câbles multibrins en parallèle, vous réduisez la résistance de 75%. En abaissant la résistance, vous pourrez éventuellement remarquer une amélioration du son (le fameux grave plus « ferme ») si vous travaillez avec des câbles longs ou à volume élevé avec un signal chargé en basses fréquences. Vous trouverez du câble électrique multibrin dans tous les magasins de bricolage.
Une autre solution économique consiste à acheter une bobine de câble d’enceinte et les connecteurs nécessaires puis de faire vos câbles vous-même. Vous n’économiserez pas beaucoup d’argent, mais c’est toujours mieux que rien.
Ill. 2 : la tige de ce jack Planet Waves possède huit ressorts de compression qui accroissent la surface de contact
et maintiennent le connecteur plus fermement afin d’éviter toute déconnexion accidentelle.
Que penser des connecteurs plaqués or ?
Ill. 3 : les câbles et les connecteurs sont l’objet d’affirmations plus ou moins fantaisistes ;
concernant les connecteurs plaqués or, ils ont effectivement une influence sur le son.
Vous avez certainement déjà vu des publicités ventant les mérites de connecteurs plaqués or (illustration 3) et vous vous êtes sûrement demandé s’il s’agit d’un effet de mode ou si les avantages sont réels. L’or est effectivement l’un des meilleurs métaux pour les connexions électriques parce qu’il est relativement malléable. Par conséquent, une fois en place, il peut « s’écraser » et combler les espaces mieux que d’autres métaux. Le résultat est un contact plus fiable qui améliore la qualité du son (dans les cas extrêmes, un mauvais contact génère des bruits parasites ; une légère corrosion peut même ajouter de la distorsion voire atténuer le niveau du signal).
Malheureusement, l’or est cher et vous devrez donc dépenser plus pour des connecteurs plaqués or. Il existe cependant des solutions pour s’en passer : vous trouverez des produits chimiques qu’on appelle cavalièrement des « bombes contact » (le Caig DeoxIT par exemple) qui permettent de rétablir et d’améliorer les contacts des connecteurs qui ne sont pas plaqués en or. J’ai connu des responsables de studio d’enregistrement qui juraient améliorer la qualité sonore de leur système en pulvérisant régulièrement (tous les 6 à 12 mois) de la bombe contact sur les connecteurs de leurs patches.
Câbles et interférences RF (fréquences radio)
À raison, on accuse souvent certains câbles d’engendrer des interférences RF. Cependant, la cause est souvent mal identifiée. En fait, la corrosion des connecteurs et la mauvaise qualité du blindage sont généralement les coupables. La corrosion peut créer une cristallisation qui joue le rôle d’une diode. Si vous connaissez le fonctionnement d’un récepteur à cristal (souvenez-vous des postes à galène), vous savez qu’une diode peut transformer les fréquences radio en fréquences audio. Par conséquent, si vous avez des problèmes d’interférences RF, commencez par nettoyer les contacts avant d’incriminer le câble. Si les interférences sont liées au câble, un nettoyage suffira généralement à résoudre le problème. Pour le nettoyage, utilisez de la bombe contact (par exemple le Caig DeoxIT déjà cité) ou bien, si vous êtes au bord de la crise de nerf, une gomme ou tout ce qui permet de gratter très légèrement le métal (ne rayez pas le placage métallique).
Blindage en spiral ou blindage tressé
Les câbles utilisent principalement deux types de blindage : le blindage en spiral ou le blindage tressé (illustration 4). Si vous faites vos propres câbles, sachez que ces deux types de blindage sont conçus pour différentes applications.
Le blindage en spirale est plus facile à démêler et à souder. Cependant, des espaces peuvent apparaître dans le blindage lorsque le câble est enroulé ou plié fortement. Par conséquent, ce blindage est plutôt conçu pour les installations fixes, par exemple pour les câbles à l’intérieur d’une console ou d’un processeur. Pour sa part, le blindage tressé résiste bien aux torsions et aux nœuds répétés. Bien qu’il soit plus difficile de travailler avec ce type de blindage, je le recommande pour les câbles destinés à être branchés et débranchés fréquemment.
Les guitaristes sont fous !
Certains guitaristes vous jureront que leur guitare sonne mieux avec certains câbles. Avec cette affirmation, ils récolteront même l’approbation bruyante des mordus de la perfection sonore. Et effectivement, les câbles peuvent avoir une influence sur le son. Les câbles instrument utilisent deux conducteurs séparés par un isolant tout comme le font les condensateurs, ces composants notamment utilisés pour les réglages de tonalité d’une guitare (l’ajout d’une capacité entre le point chaud et la masse abaisse les hautes fréquences proportionnellement à la valeur de la capacité). Cependant, la capacité d’un câble étant relativement faible, elle n’aura un effet audible qu’avec une guitare équipée de micros passifs à haute impédance de sortie branchée dans un ampli ou une boîte de direct à impédance extrêmement haute (1 Mohm ou plus pour la majorité des équipements à lampes). Si vous enregistrez des guitares, essayés différents types de câbles pour savoir lequel sonne le mieux.
Liaisons numériques : pourquoi les câbles audio ne sont pas assez bons
La capacité des câbles ne préoccupe pas uniquement les guitaristes. Si vous entendez des clics, des pops et autres bruits bizarres lorsque vous transférez des données audionumériques, le problème peut éventuellement venir de vos câbles plutôt que d’un logiciel ou d’un matériel récalcitrant. Par exemple, du fait que les liaisons S/PDIF utilisent des connecteurs RCA, nombreux sont ceux qui pensent qu’ils peuvent utiliser impunément des câbles audio standard montés en RCA. Et effectivement, si la liaison est courte, cela peut marcher. Pourtant, considérons la fréquence d’échantillonnage à 44,1 kHz : il s’agit seulement de la fréquence fondamentale, cependant que les harmoniques qui assurent l’intégrité de la forme d’onde s’étendent plusieurs octaves plus haut jusque dans les fréquences radio. Or, les câbles longs à capacité élevée peuvent atténuer suffisamment ces fréquences pour ralentir l’attaque d’une onde carrée et entraîner ainsi des problèmes de jitter.
Ill. 5 : Mogami est l’un des fabricants de câbles conçus spécialement pour les liaisons audionumériques.
L’illustration montre l’un de leurs câbles numériques AES/EBU.
Pour améliorer les liaisons audionumériques, utilisez des câbles de faible capacité conçus spécialement pour les systèmes vidéo ou les signaux numériques (illustration 5). Souvent, les magasins d’électronique proposent ce type de câbles dotés de connecteurs BNC pour l’utilisation avec des équipements vidéo. Si vous avez un besoin urgent de câbles audionumériques, coupez les connecteurs BNC et soudez des RCA pour les remplacer (de préférence des RCA plaqués or).
Ne me marchez pas dessus
Certains musiciens marchent sur les câbles ou font rouler leur matériel dessus sans y réfléchir à deux fois. Pourtant, ils devraient ! Le blindage d’un câble est séparé des conducteurs qu’il entoure par un isolant qui minimise la capacité. Le fait de marcher sur les câbles peut aplatir l’isolant et ainsi rapprocher le blindage des conducteurs. Le résultat est une capacité accrue. Bien que cela ne soit pas suffisant pour avoir des conséquences sonores audibles, plus le câble est piétiné fréquemment, plus le nombre de problèmes éventuels s’accroît. Ils vont de l’augmentation de la capacité au fonctionnement par intermittence.
Si vous devez laisser courir des câbles sur le sol, achetez des protections surélevées en caoutchouc conçues pour héberger un ou plusieurs câbles. On en trouve souvent chez les fournisseurs d’équipements de bureau. Les entreprises les achètent pour protéger les câbles des imprimantes, des lampes, etc. Ces gaines protègent vos câbles et possèdent un effet psychologique sur les gens qui, inconsciemment, évitent de marcher dessus.
Attention aux câbles multiconducteurs !
Les câbles multiconducteurs peuvent s’avérer assez délicats, ce que j’ai appris en travaillant avec des câbles SCSI. Étant donné le grand nombre de conducteurs logés dans la gaine, chaque conducteur doit être très fin et devient par conséquent peu robuste.
Le fait de brancher et débrancher fréquemment des câbles multiconducteurs raccourcit leur durée de vie dans des proportions bien supérieures à celles des câbles audio. Le fait de tordre, d’enrouler ou de poser des objets lourds sur un câble multiconducteur peut aussi le détériorer rapidement, tout comme le fait de laisser le poids du câble peser sur la partie à proximité du connecteur. Après avoir branché un câble multiconducteur, l’idéal est de vérifier qu’il repose bien sur un support stable puis de ne plus y toucher.
Un dernier mot en guise de conclusion
Quand on dit que la fiabilité d’une chaîne est déterminée par la robustesse de son maillon le plus faible, sachez que cela s’applique également aux câbles qui relient vos équipements : j’espère que les quelques conseils ci-dessus vous aideront à renforcer certains des maillons faibles de votre chaîne audio.
Originellement écrit en anglais par Craig Anderton et publié sur Harmony Central.
Traduit en français avec leur aimable autorisation.