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Pédago
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Les accidents heureux - Le guide du mixage — 145e partie

Aujourd’hui, je vous propose un épisode un peu particulier s’écartant sensiblement du sujet principal de cette série puisque nous allons discuter de l’intérêt que peuvent avoir certains « accidents » dans le contexte de la création musicale.

Les accidents heureux : Le guide du mixage — 145e partie
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« Sauf erreur, je ne me trompe jamais »

De nos jours, les moyens tech­niques dont nous dispo­sons permettent de gommer quasi­ment n’im­porte quel faux pas. Même si cela a quelque chose de rassu­rant, est-ce forcé­ment toujours une bonne chose ? Doit-on systé­ma­tique­ment anni­hi­ler le moindre défaut sous couvert d’at­teindre une perfec­tion suppo­sée ? Pour moi, la réponse est clai­re­ment non. J’en veux pour preuve les quelques exemples qui suivent…

L’in­tro du célèbre Roxanne de Police est un cas d’école dans le genre. Il y a d’abord l’er­reur de vitesse du magnéto qui change le pitch de la guitare dans les toutes premières secondes du master origi­nal. À la faveur d’une réédi­tion, cet acci­dent a malheu­reu­se­ment été « corrigé », mais je préfère mille fois écou­ter la version origi­nale juste pour cette petite imper­fec­tion qui rend ce mix si spécial. Et ce n’est pas la seule bévue que cette intro contient ! Il y égale­ment le fameux accord de piano et le rire de Sting dont vous pour­rez décou­vrir l’éton­nante origine ici.

Niveau gaffe en tout genre, les enre­gis­tre­ments des Beatles ou des Stones sont de véri­tables mines d’or. Pour ne citer qu’une des coquilles les plus célèbres, il y a l’his­toire de la batte­rie sur Hey Jude que je vous invite à lire en suivant ce lien. Un peu plus proche de nous, il y a le titre Polly de Nirvana où Kurt Cobain s’em­mêle les pinceaux lors de la reprise du chant au troi­sième couplet. Encore plus récem­ment, nous avons l’édi­tion maladroite du souffle d’Oli­via Meri­lahti sur l’in­tro du sublime Dust it Off de The Dø.

Oops

Des histoires comme celles-ci, le milieu de la créa­tion musi­cale en regorge. Ces « erreurs » auraient certai­ne­ment pu être corri­gées et ces tubes auraient sans doute connu, pour la plupart, le même destin sans ces heureux hasards. Cepen­dant, ces acci­dents contri­buent gran­de­ment à l’at­mo­sphère « vivante » de ces titres. Mora­lité, je vous encou­rage à être parti­cu­liè­re­ment atten­tif à ce genre d’im­pair, et ce, à n’im­porte quel stade de la produc­tion. De temps à autre, c’est juste­ment ces petits détails qui rendent un morceau fantas­tique. Avouez qu’il serait dommage de passer à côté par excès de zèle. D’au­tant que par la suite, cela peut faire une belle anec­dote à racon­ter aux jour­na­listes si d’aven­ture vous aviez la chance d’être inter­viewé à ce sujet, et c’est bien là tout le mal que je vous souhaite.

Atten­tion, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ; mon propos n’est pas de vous inter­dire toutes retouches ! Les progrès tech­no­lo­giques dans le petit monde de l’au­dio permettent d’at­teindre des résul­tats qui étaient tout bonne­ment inima­gi­nables il y a à peine quelques années de cela et il faut avouer que c’est tout de même bien pratique dans la vie de tous les jours. Mais parfois, le mieux est l’en­nemi du bien. Les erreurs et autres acci­dents font partie de la vie. Même s’il est humain de souhai­ter les effa­cer lorsque cela est possible, à trop vouloir en faire, prenez garde à ne pas accou­cher d’une œuvre par trop asep­ti­sée, dénuée de toute saveur…

Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour l’avant-dernier article de ce guide consa­cré à l’art du mixage.

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