Dans cet épisode, je vous propose de découvrir une petite astuce que toute personne débutant en enregistrement se doit de connaître : la technique du 3:1.
Comme vous l’avez sans doute déjà remarqué depuis le début de cette série, j’essaye toujours, autant que faire se peut, d’enregistrer chaque instrument avec un seul et unique micro. Est-ce à cause de mes racines solidement ancrées dans le sud de la France ? Bien sûr que non. Je ne nie absolument pas avoir un joli baobab en guise de poil dans la main. Toutefois, ce dernier n’a, d’une part, absolument rien à voir avec mes origines à mon humble avis ; et, d’autre part, cette flemme naturelle n’influence que très rarement mes actes lorsqu’il s’agit d’assouvir ma passion du son. Est-ce alors en raison des contraintes matérielles que je me suis imposées pour la réalisation de ces articles ? Oui, dans une certaine mesure. Le but étant d’essayer de transmettre des techniques reproductibles par le plus grand nombre, la recherche de simplicité est une nécessité. De plus, la carte d’acquisition audio que j’utilise ici ne possède que deux préamplis, cela ne pousse évidemment pas à la débauche microphonique. Cependant, je vous assure que dans la majorité des cas, même sans ces contraintes, je n’aurais pas opté pour des techniques différentes. J’aurais sans doute utilisé quelques périphériques externes en plus avec parfois d’autres micros mieux adaptés selon les situations, mais toujours en conservant ma ligne minimaliste qui consiste à réduire le nombre de micros au strict nécessaire.
Mais alors, pourquoi cette obsession du micro unique ? Premièrement parce que, dans la majorité des cas au sein d’une « production moderne » constituée de captations séparées et à l’arrangement plus ou moins touffu, les instruments à enregistrer sont monophoniques et l’impression d’un quelconque placement spatial dès la prise peut compliquer les phases ultérieures, surtout avec une acoustique « home studio ». Bien sûr, pour les instruments stéréo, les compositions n’impliquant qu’un ou deux musiciens, ou bien encore les ensembles, ce sera une autre histoire.
Deuxièmement, travailler avec plusieurs micros entraine inévitablement certains problèmes dont je préfère me passer. Il y a d’abord la problématique du choix lors du mixage. Quel(s) micro(s) vais-je garder ? Vais-je les mixer tous ensemble ? Cela apporte-t-il réellement quelque chose ? L’être humain a une fâcheuse tendance à vouloir justifier le bienfondé de ses actions a posteriori, même si c’est au détriment de ses objectifs premiers. Anecdote amusante à ce sujet : un ami ingénieur en urbanisme m’a un jour raconté qu’il était extrêmement rare qu’une personne fasse demi-tour lorsqu’elle se rend compte qu’elle s’est trompée de chemin. Neuf fois sur dix, nous préférons faire un détour pour retomber sur nos pattes plutôt que de rebrousser chemin alors que cela serait plus court… Eh bien j’ai malheureusement souvent constaté qu’un phénomène similaire nous poussait à utiliser toutes les pistes à notre disposition pour un instrument, même si le rendu n’est pas au rendez-vous… True story.
Autre problème inhérent à la captation au moyen de plusieurs micros : les problèmes liés à la phase. Si vous ne savez pas de quoi il retourne, je vous invite à lire ces trois petits articles. Bien sûr, il est possible, dans une certaine mesure, d’améliorer ces histoires de phase lors du mixage. Mais à quoi bon s’infliger cela lorsqu’on peut s’en passer ?
Bref, cette longue introduction peut se résumer ainsi : lorsque vous arrivez à obtenir le son que vous souhaitez avec un seul micro, rien ne sert d’aller chercher plus loin.
Néanmoins, arriver à vos fins au moyen d’un unique micro ne sera pas toujours possible. L’article précédent en est une parfaite illustration : pour avoir un supplément de « slap » sur la contrebasse, l’ajout d’un second micro était nécessaire. Et comme quoi qu’il arrive, en matière de captation audio, la règle d’or N° 1 doit toujours prévaloir, n’hésitez jamais à employer tous les moyens nécessaires afin d’atteindre le son que vous désirez dès la prise. Mais alors, comment se prémunir des soucis de phase ? C’est ce que nous allons voir…
Méthode
La technique du 3:1 est somme toute très basique : la distance séparant le premier micro du second doit être au moins égale à trois fois la distance séparant le premier de la source. Pour être plus clair, voici un schéma basique, mais assez explicite :
Je ne rentrerai pas dans les explications du pourquoi de la chose, mais cette façon de faire aide à minimiser les éventuels problèmes. En revanche, voici quelques commentaires supplémentaires en regard de cette méthode :
- Le but est ici de minimiser les problèmes, il est totalement illusoire d’espérer les éradiquer, c’est tout bonnement impossible ;
- Il s’agit là d’une base de travail, à vous de broder autour afin de trouver les positions relatives qui donneront le meilleur rendu pour votre morceau ;
- Cela ne dispense absolument pas de vérifier visuellement la cohérence de vos formes d’ondes une fois l’enregistrement fait et vous pouvez bien entendu réaligner dans votre STAN le cas échéant ;
- Cela ne vous empêche pas non plus de faire un usage créatif du filtrage en peigne à partir du moment où c’est le son que vous souhaitez obtenir ;
- Au final, seules vos oreilles sont juges, faites-leur donc confiance.
Pour conclure, sachez que cette technique du 3:1 est également une bonne base de départ lorsque vous enregistrez en « close miking » plusieurs instruments en même temps, le but étant alors de limiter la « repisse » d’un instrument sur un autre.