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Pédago
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La technique du 3:1

Le grand guide de l’enregistrement - 15e partie

Dans cet épisode, je vous propose de découvrir une petite astuce que toute personne débutant en enregistrement se doit de connaître : la technique du 3:1.

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Comme vous l’avez sans doute déjà remarqué depuis le début de cette série, j’es­saye toujours, autant que faire se peut, d’en­re­gis­trer chaque instru­ment avec un seul et unique micro. Est-ce à cause de mes racines soli­de­ment ancrées dans le sud de la France ? Bien sûr que non. Je ne nie abso­lu­ment pas avoir un joli baobab en guise de poil dans la main. Toute­fois, ce dernier n’a, d’une part, abso­lu­ment rien à voir avec mes origines à mon humble avis ; et, d’autre part, cette flemme natu­relle n’in­fluence que très rare­ment mes actes lorsqu’il s’agit d’as­sou­vir ma passion du son. Est-ce alors en raison des contraintes maté­rielles que je me suis impo­sées pour la réali­sa­tion de ces articles ? Oui, dans une certaine mesure. Le but étant d’es­sayer de trans­mettre des tech­niques repro­duc­tibles par le plus grand nombre, la recherche de simpli­cité est une néces­sité. De plus, la carte d’ac­qui­si­tion audio que j’uti­lise ici ne possède que deux préam­plis, cela ne pousse évidem­ment pas à la débauche micro­pho­nique. Cepen­dant, je vous assure que dans la majo­rité des cas, même sans ces contraintes, je n’au­rais pas opté pour des tech­niques diffé­rentes. J’au­rais sans doute utilisé quelques péri­phé­riques externes en plus avec parfois d’autres micros mieux adap­tés selon les situa­tions, mais toujours en conser­vant ma ligne mini­ma­liste qui consiste à réduire le nombre de micros au strict néces­saire.

Mais alors, pourquoi cette obses­sion du micro unique ? Premiè­re­ment parce que, dans la majo­rité des cas au sein d’une « produc­tion moderne » consti­tuée de capta­tions sépa­rées et à l’ar­ran­ge­ment plus ou moins touffu, les instru­ments à enre­gis­trer sont mono­pho­niques et l’im­pres­sion d’un quel­conque place­ment spatial dès la prise peut compliquer les phases ulté­rieures, surtout avec une acous­tique « home studio ». Bien sûr, pour les instru­ments stéréo, les compo­si­tions n’im­pliquant qu’un ou deux musi­ciens, ou bien encore les ensembles, ce sera une autre histoire.

3 1 miking

Deuxiè­me­ment, travailler avec plusieurs micros entraine inévi­ta­ble­ment certains problèmes dont je préfère me passer. Il y a d’abord la problé­ma­tique du choix lors du mixage. Quel(s) micro(s) vais-je garder ? Vais-je les mixer tous ensemble ? Cela apporte-t-il réel­le­ment quelque chose ? L’être humain a une fâcheuse tendance à vouloir justi­fier le bien­fondé de ses actions a poste­riori, même si c’est au détri­ment de ses objec­tifs premiers. Anec­dote amusante à ce sujet : un ami ingé­nieur en urba­nisme m’a un jour raconté qu’il était extrê­me­ment rare qu’une personne fasse demi-tour lorsqu’elle se rend compte qu’elle s’est trom­pée de chemin. Neuf fois sur dix, nous préfé­rons faire un détour pour retom­ber sur nos pattes plutôt que de rebrous­ser chemin alors que cela serait plus court… Eh bien j’ai malheu­reu­se­ment souvent constaté qu’un phéno­mène simi­laire nous pous­sait à utili­ser toutes les pistes à notre dispo­si­tion pour un instru­ment, même si le rendu n’est pas au rendez-vous… True story.

Autre problème inhé­rent à la capta­tion au moyen de plusieurs micros : les problèmes liés à la phase. Si vous ne savez pas de quoi il retourne, je vous invite à lire ces trois petits articles. Bien sûr, il est possible, dans une certaine mesure, d’amé­lio­rer ces histoires de phase lors du mixage. Mais à quoi bon s’in­fli­ger cela lorsqu’on peut s’en passer ?

Bref, cette longue intro­duc­tion peut se résu­mer ainsi : lorsque vous arri­vez à obte­nir le son que vous souhai­tez avec un seul micro, rien ne sert d’al­ler cher­cher plus loin.

Néan­moins, arri­ver à vos fins au moyen d’un unique micro ne sera pas toujours possible. L’ar­ticle précé­dent en est une parfaite illus­tra­tion : pour avoir un supplé­ment de « slap » sur la contre­basse, l’ajout d’un second micro était néces­saire. Et comme quoi qu’il arrive, en matière de capta­tion audio, la règle d’or N° 1 doit toujours préva­loir, n’hé­si­tez jamais à employer tous les moyens néces­saires afin d’at­teindre le son que vous dési­rez dès la prise. Mais alors, comment se prému­nir des soucis de phase ? C’est ce que nous allons voir…

Méthode

La tech­nique du 3:1 est somme toute très basique : la distance sépa­rant le premier micro du second doit être au moins égale à trois fois la distance sépa­rant le premier de la source. Pour être plus clair, voici un schéma basique, mais assez expli­cite :

01

Je ne rentre­rai pas dans les expli­ca­tions du pourquoi de la chose, mais cette façon de faire aide à mini­mi­ser les éven­tuels problèmes. En revanche, voici quelques commen­taires supplé­men­taires en regard de cette méthode :

  • Le but est ici de mini­mi­ser les problèmes, il est tota­le­ment illu­soire d’es­pé­rer les éradiquer, c’est tout bonne­ment impos­sible ;
  • Il s’agit là d’une base de travail, à vous de broder autour afin de trou­ver les posi­tions rela­tives qui donne­ront le meilleur rendu pour votre morceau ;
  • Cela ne dispense abso­lu­ment pas de véri­fier visuel­le­ment la cohé­rence de vos formes d’ondes une fois l’en­re­gis­tre­ment fait et vous pouvez bien entendu réali­gner dans votre STAN le cas échéant ;
  • Cela ne vous empêche pas non plus de faire un usage créa­tif du filtrage en peigne à partir du moment où c’est le son que vous souhai­tez obte­nir ;
  • Au final, seules vos oreilles sont juges, faites-leur donc confiance.

Pour conclure, sachez que cette tech­nique du 3:1 est égale­ment une bonne base de départ lorsque vous enre­gis­trez en « close miking » plusieurs instru­ments en même temps, le but étant alors de limi­ter la « repisse » d’un instru­ment sur un autre.

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