On arrangera ça au mixage… Aujourd’hui, nous allons faire en sorte que cet équivalent français du tristement célèbre « we'll fix it in the mix » ne soit plus jamais employé dans votre home studio.
Règle d’or N° 1
Vous viendrait-il à l’idée de vouloir enregistrer la fameuse intro rageuse de Smells Like Teen Spirit avec un ukulélé tout en espérant obtenir le son dantesque du tube planétaire de Nirvana ? Serait-il opportun de choisir un chanteur baryton pour interpréter l’air de la Reine de la Nuit à l’occasion d’une reprise fidèle de La Flûte Enchantée, fameux Singspiel de notre ami Mozart ? Bien sûr que non, ce serait tout aussi vain que de vouloir jouer un riff de Jimi Hendrix au tambour ou d’essayer de faire aboyer un chat.
Derrière ces images caricaturales se cachent pourtant une évidence que beaucoup de MAOistes néophytes s’évertuent à ignorer pour le plus grand malheur de leurs compositions : avant d’envisager tout enregistrement, faites déjà en sorte d’avoir le son de votre source aussi proche que possible du résultat que vous avez en tête. En effet, vous aurez beau avoir tout le matos du monde et les meilleures techniques de sioux en matière de mixage, rien ne vaudra jamais le travail à la source !
Fort de cette constatation, c’est avec la plus grande ferveur que je vous invite à prendre le temps nécessaire à la recherche de « ce son » qui trotte dans votre caboche bien avant d’appuyer sur le bouton « Record ». Cherchez la bonne guitare, testez les combinaisons d’effets, choisissez la cymbale qui va bien, etc. En un mot comme en cent, prenez la bonne direction dès le départ, c’est le moyen le plus rapide et surtout le plus sûr pour arriver à bon port.
La suite logique de cette histoire réside dans le choix du ou des micros ainsi que dans leur placement. Une fois de plus, qu’importe le temps que cela peut prendre, faites l’effort de trouver la combinaison magique qui retranscrira le plus fidèlement possible ce délicieux son source que vous avez patiemment plié à vos attentes. Vous verrez qu’en définitive, ce sera du temps de gagné pour toutes les étapes à suivre. Et n’hésitez surtout pas à prendre des décisions radicales, si c’est ce qu’il faut vous ne le regretterez certainement pas au moment du mix, faites-moi confiance.
Je vois déjà poindre le « oui, mais » sur vos lèvres…
Errare humanum est
Que se passe-t-il si vous vous trompez à l’occasion de ces choix ? Eh bien tout d’abord, dédramatisons un peu. Vous n’êtes pas en train de faire de la chirurgie cardiaque, il n’y a donc aucun risque mortel à ce que vous vous trompiez. D’autre part, seuls ceux qui ne font rien ne commettent jamais d’erreur. L’expérience de l’erreur est même quelque chose à encourager à mon humble avis tant les enseignements que l’on peut en tirer sont sains. Allez-y donc gaiement, trompez-vous jusqu’à plus soif, c’est seulement ainsi que vous progresserez et ferez mieux la fois d’après ! Et puis, mine de rien, le principal avantage du home studio par rapport aux grosses structures, c’est l’absence de pression induite par l’équation infernale temps/argent. Par conséquent, si vous vous êtes fourvoyé, prenez donc acte et recommencez « à la source ».
Sur ce, je m’en vais commettre à mon tour quelques ravissantes erreurs sur mes chefs-d’œuvre adorés. Rendez-vous la semaine prochaine !