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Pédago
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L’enregistrement du trombone - Le grand guide de l’enregistrement - 6e partie

Cette semaine, nous allons nous pencher sur notre premier cas pratique : l’enregistrement du trombone.

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Le trom­bone est un instru­ment à vent de la famille des cuivres. Afin de l’en­re­gis­trer dans les meilleures condi­tions possibles, il convient de s’at­tar­der un instant sur les parti­cu­la­ri­tés de cet instru­ment. Tout d’abord, sachez que le son est unique­ment émis par le pavillon, c’est-à-dire la partie évasée termi­nant l’ins­tru­ment. C’est donc sur cette dernière que nous allons foca­li­ser notre atten­tion lors de la prise.

Ensuite, il est utile de bien garder à l’es­prit que ce cuivre est capable de déli­vrer un niveau de pres­sion acous­tique extrê­me­ment élevé. Il faudra donc faire atten­tion lors de sa capta­tion via vos micros les plus sensibles/fragiles afin d’ob­te­nir un rendu conve­nable et, surtout, de ne pas endom­ma­ger votre maté­riel.

Enfin, les attaques du son produit peuvent être parti­cu­liè­re­ment « explo­sives ». Il faudra donc en tenir compte lors du place­ment du micro, voire envi­sa­ger l’uti­li­sa­tion d’un filtre anti-pop afin de se prému­nir des effets néfastes de ce genre de coup d’éclat.

En piste

Passons main­te­nant aux exemples pratiques. Je vous propose ici trois méthodes diffé­rentes d’en­re­gis­tre­ment d’une ligne mélo­dique rela­ti­ve­ment simple jouée par un trom­bone ténor. Dans les trois cas, j’uti­lise mes deux panneaux acous­tiques placés derrière le musi­cien pour isoler le plus possible les micros de la pollu­tion prove­nant des rebonds du son sur les murs arrières qui sont les plus proches.

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Pour la première méthode, j’uti­lise un micro élec­tro­sta­tiqueC414 en mode cardioïde placé à une distance comprise entre 50 et 70 cm du pavillon avec son pad d’at­té­nua­tion de –10 dB enclen­ché, mais pas son coupe-bas, et un filtre anti-pop au cas où. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-contre, le micro ne vise pas direc­te­ment le centre du pavillon, il pointe juste en dessous. Pourquoi donc ? Premiè­re­ment parce que malgré la distance, le pad et le filtre anti-pop, poin­ter au cœur du pavillon peut tout de même être « dange­reux » avec ce type de micro à la sensi­bi­lité exacer­bée. En visant au-dessous, il y a moins de pres­sion acous­tique et moins de risque de « pop ». Ensuite, le C414 est un micro connu pour sa brillance, or, le mot brillance n’est pas forcé­ment le premier qui vient à l’es­prit lorsque l’on pense au son d’un trom­bone, même ténor. En évitant le centre, nous nous écar­tons sensi­ble­ment des fréquences les plus aiguës prove­nant du pavillon, car celles-ci sont très direc­tion­nelles. Ainsi, il y a moins de chance pour que la brillance du C414 ne soit un problème. Voici le résul­tat de cette capta­tion :

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Le rendu est inté­res­sant, mais ne siéra pas à tous types de produc­tion. La brillance du micro signé AKG convien­dra certai­ne­ment pour des titres tendance pop, mais pour le reste, il faudra aller voir ailleurs.

Pour la deuxième prise, j’uti­lise un micro dyna­mique cardioïde, le e609. Ce dernier est capable de très bien encais­ser les niveaux de pres­sion acous­tique élevés. De plus, il n’est pas aussi brillant que l’AKG. Ainsi, j’ai pu le placer plus proche du pavillon (entre 20 et 30 cm) en plein dans l’axe, mais toujours avec l’anti-pop :

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Le résul­tat est plus typé et surtout beau­coup plus « écrasé ». Bien que moins natu­rel à l’oreille, ce genre de prise fera certai­ne­ment merveille sur des produc­tions « roots » tendance reggae. Et ce n’est pas vrai­ment éton­nant lorsqu’on y réflé­chit un instant puisque c’est souvent ainsi que les cuivres sont sono­ri­sés sur scène pour ce type de musique. Du coup, même si le rendu n’est pas des plus réalistes, il colle parfai­te­ment à une certaine esthé­tique musi­cale bien ancrée dans notre incons­cient collec­tif.

Le dernier extrait a été réalisé au moyen d’un micro à ruban, le Sontro­nics Sigma. Ce type de micro étant parti­cu­liè­re­ment fragile, je l’ai placé beau­coup plus loin que les autres (entre 70 et 100 cm). D’autre part, plutôt que de viser direc­te­ment le pavillon, le Sigma pointe légè­re­ment en dessous tout en étant incliné par rapport à l’axe d’en­vi­ron 30 ° à 40 . Le pourquoi de la manœuvre ? D’une part, cette incli­nai­son amoin­drit encore plus les risques dus à la pres­sion acous­tique et/ou aux attaques, à tel point que le filtre anti-pop est ici inutile. D’autre part, ce place­ment me permet de rendre la capta­tion un poil plus « vivante » et natu­relle à cause de la bidi­rec­ti­vité du Sigma qui enre­gistre ainsi une bonne portion du son de la pièce sans que la chose ne soit trop enva­his­sante étant donné le carac­tère « voilé » des aigus lorsqu’ils passent au travers d’un micro à ruban. Jugez plutôt :

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La pâte sonore déli­vrée ici est moel­leuse à souhait. Cette douceur sera parti­cu­liè­re­ment inté­res­sante pour des produc­tions aux accents jazz ou clas­sique.

Voilà, c’est tout pour aujour­d’hui. Bien entendu, les enre­gis­tre­ments étant présen­tés ici hors contexte, je vous invite à consi­dé­rer ces méthodes comme des pistes à explo­rer afin d’ob­te­nir le son que vous dési­rez pour vos propres œuvres. Car, au risque de passer pour un rado­teur de premier ordre, je tiens à répé­ter que plus vous travaille­rez votre son à la source, moins vous aurez d’ef­forts à four­nir lors des étapes suivantes !

Remer­cie­ments

Je tiens à remer­cier Arnaud d’avoir bien voulu m’ac­cor­der une paire d’heures afin de réali­ser les extraits sonores qui habillent cet article. C’est d’ailleurs somme toute logique qu’il soit le premier des nombreux musi­ciens-cobayes amenés à inter­ve­nir dans cette série puisque j’ai la chance de le comp­ter parmi mes amis depuis bien­tôt 20 ans. Le trom­bone est pour lui une passion de toujours. En effet, du haut de ses 4 ans, Monsieur l’Ar­ba­lète affir­mait déjà haut et fort à ses parents qu’il serait trom­bo­niste ou ne serait pas. Cet élan enfan­tin l’a tout de même conduit à tailler la route au sein de la No Named Family, ce qui lui a permis de parta­ger la scène avec des « poin­tures » comme Groun­da­tion, Jimmy Cliff, The Congoes, Alpha Blondy, Max Roméo, Barring­ton Levy, Sinse­mi­lia ou Yannick Noah pour ne citer qu’eux. Plutôt tenace le gosse, non ?

Bref, merci beau­coup mon Arnaud. Pour ça, et surtout pour tout le reste.

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