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Pédago
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L’export final de votre mix et ses déclinaisons - Le guide du mixage — 132e partie

Mes ami(e)s, croyez-le ou non, mais notre épique épopée sonore au cœur du mix arrive gentiment à son terme ! Toutefois, avant d’y apposer un point final définitif, il nous reste encore quelques menus détails à voir, à commencer par l’export de votre titre. Cette étape cruciale peut paraître simple de prime abord, mais il y a tout de même quelques précautions techniques à prendre afin de pouvoir envoyer le bébé au stade du mastering en toute sérénité.

L’export final de votre mix et ses déclinaisons : Le guide du mixage — 132e partie
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Tech­nique­ment vôtre

Avant toute chose, il convient de déli­mi­ter préci­sé­ment les bornes de début et de fin de l’ex­port. Cela semble évident, pour­tant un ami spécia­lisé dans le maste­ring m’a confié encore récem­ment qu’il lui arri­vait fréquem­ment de rece­voir des titres ayant un souci à ce niveau-là. Pour vous prému­nir de tout problème, je vous conseille de fixer le début à une seconde mini­mum avant l’ar­ri­vée du tout premier son. Quant à la borne de fin, faites parti­cu­liè­re­ment atten­tion aux éven­tuelles queues de réver­bé­ra­tion ou répé­ti­tions de delay qui pour­raient subsis­ter même après la dernière note jouée. Person­nel­le­ment, je prends toujours la peine d’ajou­ter une seconde supplé­men­taire après la dispa­ri­tion du dernier son audible, qu’il s’agisse d’une note jouée ou de la fin d’un effet, juste au cas où.

Le deuxième point que je vous invite à véri­fier concerne votre bus Master. Pensez à enle­ver de ce dernier tous les plug-ins qui ne sont pas néces­saires, si jamais il y en a. Je pense par exemple aux plug-ins éven­tuel­le­ment utili­sés lors de la phase d’écoute critique. Imagi­nez une seconde que par mégarde vous ayez encore un plug rédui­sant le signal en mono ou à une seule bande de fréquences, bonjour la catas­trophe ! Idem si vous utili­sez un plug-in du genre ARC d’IK Multi­me­dia ou l’équi­valent chezSonar­works pour amélio­rer l’écoute dans votre studio, au moment de l’ex­port final, ça n’a rien à faire là. Je sais bien que ce conseil semble tout aussi évident que le précèdent, mais l’er­reur étant malheu­reu­se­ment l’apa­nage de l’Homme, je préfère avoir l’air d’en­fon­cer des portes ouvertes plutôt que de ne pas vous mettre en garde car ce genre d’étour­de­ries peut arri­ver à n’im­porte qui, croyez-moi, c’est malheu­reu­se­ment du vécu…

Bounce Mixdown Studio One

Dans le même ordre d’idée, si vous utili­sez par sécu­rité un limi­teur de type « brick­wall » en toute fin de chaîne de votre bus Master histoire de proté­ger votre maté­riel d’hy­po­thé­tiques erreurs de mani­pu­la­tion en cours de mix, enle­vez-le à ce stade. En effet, si vous avez un tant soit peu suivi cette série d’ar­ticles, votre morceau ne devrait avoir aucune crête suscep­tible d’illu­mi­ner l’odieux voyant rouge signa­lant la surcharge virtuelle de votre bus prin­ci­pal. Et comme au moment de l’ex­port aucun chan­ge­ment de réglage ne vien­dra pertur­ber cet état de fait, pourquoi conser­ver cette béquille inutile ?

Tout cela nous conduit natu­rel­le­ment au prochain point : le contrôle de la réserve de niveau. Pour que l’étape du maste­ring se déroule au mieux, votre mix doit avoir au mini­mum une réserve de 6 dB. Pour être plus clair, la plus haute crête de votre morceau doit affi­cher un niveau maxi­mum de –6 dB FS sur votre bus Master. De plus, votre réserve de dyna­mique, c’est-à-dire la diffé­rence entre la crête la plus haute et la crête la plus basse, devrait se situer quelque part entre –14 et –10 dB. Si tel n’est pas le cas, il est encore temps de revoir votre copie car l’in­gé­nieur de maste­ring risque d’avoir un mal fou à trai­ter correc­te­ment votre mix. Mais je ne me fais pas trop de souci pour vous à ce niveau-là car toutes les précau­tions qui ont été prises depuis le début de cette série avaient, entre autres, pour but d’ob­te­nir un mixage conforme de ce point de vue.

Passons main­te­nant à l’ex­port à propre­ment parler. Le choix du format audio dépend avant tout des desi­de­rata de la personne qui se char­gera du maste­ring. Pensez donc à bien vous rensei­gner auprès de lui en amont afin de lui four­nir un fichier adéquat. Si d’aven­ture vous déci­diez de vous char­ger de cette tâche vous-même, je vous conseille d’op­ter pour un format WAV 32-bit à virgule flot­tante avec une fréquence d’échan­tillon­nage iden­tique à celle de votre projet de mix. Atten­tion, lors de l’ex­port, certaines STAN offrent la possi­bi­lité d’ap­pliquer un dithe­ring. Or, ce trai­te­ment est réservé exclu­si­ve­ment à l’étape de maste­ring. Pensez donc à véri­fier que ces options de dithe­ring sont bien désac­ti­vées lors de votre export.

Pour finir, une écoute atten­tive du fichier exporté avant envoi au maste­ring ne me semble pas du luxe, histoire de véri­fier que tout est bien en ordre. Après tout, il serait vrai­ment dommage qu’une bête erreur de mani­pu­la­tion vienne gâcher tout le travail accom­pli jusqu’à présent, n’est-ce pas ? Ceci fait, je vous dirais bien que nous avons fini sur ce point, mais il nous reste à abor­der un point souvent méconnu des néophy­tes…

Les décli­nai­sons de votre mix

Main­te­nant que nous avons vu comment effec­tuer l’ex­port final de notre mix de façon opti­male, nous pouvons abor­der l’ex­port de mix alter­na­tifs. Ici, l’ex­pres­sion « mixages alter­na­tifs » ne désigne pas des remix complets de votre titre. Il s’agit plutôt de versions très légè­re­ment diffé­rentes à voca­tion utili­taire. Ces dernières vous faci­li­te­ront gran­de­ment la vie au besoin, et mieux vaut les réali­ser main­te­nant que vous avez encore bien l’es­prit dans le projet. En effet, cela ne vous pren­dra que quelques minutes, alors que vous replon­ger dans une session de travail quelques mois, voire plusieurs années plus tard, sera une tout autre paire de manches. Atten­tion toute­fois, afin que la manœuvre soit pérenne, il est primor­dial de nommer les diffé­rents exports ainsi que les fichiers de projets rela­tifs propres à votre STAN de façon claire et évidente pour pouvoir vous y retrou­ver faci­le­ment.

Exports Vocal Up, Vocal Down, Instru­men­tal et A Cappella

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Les premières décli­nai­sons de votre mix que je vous invite à réali­ser sont courantes et diable­ment utiles lorsque votre titre se destine à être maste­risé par un tiers. Il s’agit de versions commu­né­ment appe­lées « Vocal Up », « Vocal Down », « Instru­men­tal » et « A Cappella ». Comme son nom l’in­dique, « Vocal Up » est un mix dont le niveau de la piste de voix prin­ci­pale est sensi­ble­ment plus élevé. En règle géné­rale, un à deux déci­bels de plus maxi­mum feront la blague. Pour la version « Vocal Down », c’est bien entendu à peu près la même tisane avec, cette fois-ci, un à deux déci­bels en moins. La décli­nai­son « Instru­men­tal » se résume logique­ment au mix sans les pistes de chant, c’est à dire sans la voix prin­ci­pale, mais égale­ment sans les éven­tuels chœurs. Prenez garde lors de cet export à ne pas lais­ser trai­ner le fantôme de ces voix dans certains retours d’ef­fets du type réver­bé­ra­tion ou delay ! Enfin, la version « A Cappella » n’est ni plus ni moins qu’un export du chant et des chœurs seuls, mais avec l’en­semble de leurs trai­te­ments et effets, c’est à dire trai­te­ments en insert mais égale­ment les retours des éven­tuels bus auxi­liaires de réverbes/delays. Une fois encore, méfiez-vous de ces fameux circuits auxi­liaires ! Si d’aven­ture l’un d’entre eux était égale­ment utilisé pour d’autres instru­ments, il pour­rait subsis­ter une trace desdits instru­ments, ce qui n’est bien évidem­ment pas souhai­table. Notez qu’il peut être utile de segmen­ter cette décli­nai­son en deux exports distincts, l’un pour le chant prin­ci­pal et l’autre pour les chœurs.

Mais quel est l’in­té­rêt de toutes ces manœuvres ? Eh bien tout simple­ment de faci­li­ter la vie de l’in­gé­nieur de maste­ring en amont. Dans le domaine des musiques actuelles, la piste de chant est dans la majo­rité des cas le centre névral­gique de la compo­si­tion. Avec ces diffé­rents exports, la personne char­gée d’ap­por­ter la touche finale à votre chef-d’oeuvre aura donc une plus grande marge de manœuvre au regard de ce point crucial, ce qui faci­li­tera l’ob­ten­tion d’un résul­tat opti­mal. Bien entendu, pour que la méca­nique fonc­tionne sans anicroche, il est abso­lu­ment néces­saire que ces diffé­rentes versions soient toutes synchrones. Pour être plus clair, il faut que les bornes de début et de fin de chacun des exports soient scru­pu­leu­se­ment iden­tiques afin qu’il n’y ait pas de problème en cas de recom­bi­nai­son entre elles, par exemple entre les versions instru­men­tale et a cappella. Je sais bien que je vous ai déjà dit cela lors du précé­dent article, mais prudence est mère de sûre­té…

C’est quatre décli­nai­sons accom­pa­gnées de l’ex­port prin­ci­pal consti­tuent le mini­mum vital a effec­tuer à la fin de chacun de vos mixages. Mais il est encore possible d’al­ler plus loin, comme nous allons le voir en parlant des décli­nai­sons adap­tées à certaines situa­tions spéci­fiques.

Exports Play­back et Tout public

Commençons par la version « Play­back ». Cette dernière est souvent confon­due avec l’ex­port « Instru­men­tal » alors qu’il y a pour­tant une diffé­rence de taille : si le « Play­back » n’in­tègre pas le chant prin­ci­pal, il comprend en revanche les pistes de chœurs. Mais quel est l’in­té­rêt de ce mix ? Eh bien comme son nom l’in­dique, cette version pourra servir de play­back lors d’une perfor­mance semi-live en radio, télé, podcast, festi­val, etc. Je sais bien que ce genre d’oc­ca­sions n’ar­rive pas tous les jours, mais c’est une possi­bi­lité à ne pas négli­ger à mon humble avis. Donc si d’aven­ture vous aviez une propo­si­tion du style, et c’est là tout le mal que je vous souhaite, vous serez bien content d’avoir prévu le coup à l’avance, croyez-moi sur parole.

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Autre décli­nai­son possible, la version que j’ap­pelle « Tout Public ». Le but de la manœuvre est ici d’ex­pur­ger le chant des passages pouvant être consi­dé­rés comme « choquants » par certains audi­teurs… Mais surtout par certains diffu­seurs. Certes, ce cas de figure est très spéci­fique, il concerne plus parti­cu­liè­re­ment certains genres musi­caux (le rap en tête, mais pas que) et les médias sensibles sur le sujet ne sont pas forcé­ment les premiers vers qui vous vous tour­ne­rez lors de la promo de vos œuvres. Cepen­dant, qui peut le plus peut le moins et je préfère vous en parler au cas où vous seriez concer­nés. Cette décli­nai­son est un poil plus barbante à faire que les autres puisqu’elle néces­site une bonne dose d’édi­tion audio. Afin de masquer les parties problé­ma­tiques, plusieurs options s’offrent à vous. Il y a le clas­sique rempla­ce­ment par des bips sonores, l’ef­fa­ce­ment pur et simple des mots incri­mi­nés, ou bien encore le chan­ge­ment de sens de lecture de ces fâcheuses igno­mi­nies.

Export des stems

Pour finir, je vous invite égale­ment à systé­ma­tique­ment clôtu­rer votre session d’ex­port final avec un rendu par stems audio, c’est à dire un export séparé pour chaque groupe d’ins­tru­ments – batte­rie, basse, synthés, guitares, voix, chœurs, etc. – avec et sans effets. Pourquoi donc ? Il y a en fait plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, les stems peuvent être utiles en cas de remix de votre titre par un autre ingé­nieur du son, mais égale­ment par un autre artiste. Offrir cette possi­bi­lité est loin d’être inin­té­res­sante car c’est d’une certaine façon un moyen détourné de faire connaître votre travail à un tout autre public que le vôtre.

Ensuite, il faut bien garder à l’es­prit que le monde de la M.A.O. est un cas d’école en matière d’ob­so­les­cence program­mée. Mora­lité, il y a de fortes chances pour qu’un jour ou l’autre, à la faveur d’un chan­ge­ment de station de travail, d’une mise à jour d’OS, de plug-ins ou de STAN, la session de votre mixage ne soit tout simple­ment plus du tout utili­sable dans son état actuel. Partant du prin­cipe qu’il vaut mieux préve­nir que guérir, ces exports en stems audio vous permet­tront de limi­ter la casse le cas échéant. Certes, vous aurez perdu la main sur les réglages de vos plugs, l’au­to­ma­tion et compa­gnie, mais ce sera toujours mieux que rien. Bien entendu, je vous rappelle encore une fois que tout cela ne fonc­tion­nera qu’à condi­tion d’avoir bien pris soin d’ef­fec­tuer ces diffé­rents exports avec des bornes de début et de fin rigou­reu­se­ment iden­tiques.

Voilà, c’est tout pour aujour­d’hui. D’ailleurs, il semble même que ce soit tout pour cette série d’ar­ti­cles… Ou pas… Mais de quoi diable le prochain épisode pourra-t-il parler ? Suspen­se…

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