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coyote14
Publié le 16/04/07 à 11:47
Rapport qualité/prix :
Mauvais
Je sais pas pourquoi, je sens que je vais pas me faire des copains. J'ai décidé, la peur au ventre, de livrer un avis sur le K2600R pas aussi dithyrambique que tous ceux que j'ai pu lire sur ce site.
Tant pis, j'y vais, et je vais vraiment essayer d'être juste et équilibré. Merci de bien vouloir lire avec attention et impartialité cet avis, je veux vexer personne!!! Je précise aussi que je ne prétends pas pondre un avis exhaustif, loin s'en faut. Ce n'est qu'un avis, rien de plus.
Le K2600R est donc un synthétiseur en rack avec 48 voix de polyphonie bien gérée. Ce n'est quand même pas, quoiqu'on en dise, un point fort de la machine au regard de la concurrence, il faut être honnête. Les samples de bases sont de bonne facture, mais un certain nombre d'entre eux commencent à dater (ça sonne 90's. Pas un pb, les capacités de synthèse de l'engin savent sortir les sons "bateaux" des sentiers battus, nous y reviendrons). Je ne parle pas ici d'un nombre Mo, car c'est vrai qu'on s'en fout, seul le résultat compte. En tous cas, mon conseil est d'acheter ce K2600R déjà équipé de ROM optionnelles (au moins contemporary / orchestral, les derniers modèles vendus en étaient équipés d'origine). Il y a la vintage electric piano qui a l'air bien mais que je n'ai pas eu le loisir de tester. Si on ne les a pas, on n'en meurt pas, mais l'instrument est quand même plus pauvre, et surtout, elles ne sont pas données: c'est le premier coup de gueule que j'adresserais à Kurzweil: le prix et la rareté des options, et le fait que bon nombre d'entre elles ne soient pas facilement installables par l'utilisateur (je pense à l'option sampling, ADAT, etc.)
Ensuite, le K2600 bénéficie d'un processeur d'effet qui est vraiment bon. Disposant, entre autres, de 4 inserts, ce multi-effet est absolument brillant. Sans être très originaux, les effets offerts sont de grande qualité, et surtout, leur routing est extrêmement flexible et configurable. Ensuite, les paramètres foisonnent, les pages d'éditions sont nombreuses! Les grandeurs sont exprimées en unités physiques, et là, on frise l'excellence.
Le nombre de sortie est très élevé (10!!!) et très pratique: c'est un très gros point fort de l'engin. Et, contrairement aux générations précédentes, leur qualité audio est...comment dire...Parfaite, absolument.
L'écran, grand et lumineux, au contraste réglable en façade, ne semble pas souffrir des problèmes de fiabilité des générations précédentes.
Enfin, il faut vénérer Kurzweil au moins sur un point: les OS sont évolutifs, et ont vraiment évolué au fil des années, en apportant leur lot de nouveauté: le Triple Mode n'en est qu'un exemple. Ces OS ont aussi pour vocation de rendre compatible l'appareil avec les nouvelles options mise à disposition: ainsi, le tout dernier OS permet de reconnaître la carte optionnelle ADAT. C'est moins poétique, mais c'est pro. Bien sûr, ces changements de version d'OS se font, sur le K2600, gratuitement et via le lecteur de disquette/périphérique SCSI: au moins un truc gratuit chez Kurzweil, rendons leur grâce au moins sur ce point.
Le K2600R peut lire des samples en les chargeant dans sa RAM (dont le maximum est 128 Mo: il fallait pas moins de nos jours). Il les chargera depuis un disque dur ou un lecteur de CD-ROM SCSI, ou bien depuis une disquette 3,5 pouces à insérer dans le lecteur (oui, oui, ça existe encore!!!), ou bien, si l'engin dispose de l'option sampling, le K2600 pourra sampler directement depuis une source audio externe. Je n'ai pas eu le loisir de tester cette option sampling, absente de mon rack. Le Kurzweil sait lire les samples au format AKAI, Ensoniq, Roland, Kurzweil (oui, quand même) mais pas Emu (et pourquoi donc???). Il sait lire aussi n'importe quel fichier Wav pour en faire le matériau de base de la synthèse VAST. Un très mauvais point: les samples chargés ne sont pas sauvegardés à l'extinction de l'appareil: c'est vraiment n'importe quoi et en total décalage avec le reste de la machine, dont le côté professionnel ne sera jamais pris en défaut. Et vas-y que je te recharge 50 fois les même samples...Pff...Un très bon point en revanche: Kurzweil a pris soin d'assurer une compatibilité ascendante avec tous les modèles précédents: le K2600R lit sans broncher les programmes des K2000 et K2500. Le KDFX se charge de simuler l'antique processeur d'effet de ces machines, et il n'a aucun mal à cela tant il leur est supérieur.
Je termine par le séquenceur, qui est très bon en terme de séquenceur midi hardware. Il utilise, pour stocker les séquences, la mémoire PRAM qui sert aussi à stocker les programmes. Il y a donc partage de mémoire sur ce point. A ce propos, cette mémoire est aussi HORS DE PRIX. C'est incompréhensible, j'ai cru qu'ils s'étaient trompé d'un zéro au début. Heureusement, mon appareil était déjà bien pourvu, donc...Pas de problème.
Conclusion: que celui qui s'avise d'acquérir un K2600 veille bien à ce qu'il soit plein d'options déjà installées, parce que sinon, il va falloir rajouter des queues aux zéro et faire des kilomètres pour trouver une âme charitable pour les lui installer. Ou alors, le faire soi même, mais à ses risques et périls!
UTILISATION
Nous y voilà. C'est un monstre de complexité, je n'ai jamais vu un instrument aussi complet. Face à cela, on peut être pris de 2 réactions: l'ébahissement ( "ooooohhh, en faisant Edit, il y avait encore un menu derrière!!! Euh...qu'est ce que je suis venu faire là, déjà?" ) ou bien la nausée. Je dois avouer que, en ce qui me concerne, c'est la deuxième option qui l'emporte haut la main.
Attention, je ne suis pas un tourneur de boutons impatient qui veut tout en 5 secondes: mon set-up a ou a eu le plaisir de croiser des engins pas tous simples: XP50, Console 01X et i88x, Motif Rack, Virus KC, PolyEvolver Rack, un FS1R (dans le genre compliqué, celui-ci est un modèle), et, plus dernièrement, un G2 Engine. Par exemple, je trouve le Clavia G2, dans un tout autre style bien sûr, beaucoup, beaucoup plus convivial, bien que doté lui aussi de nombreuses fonctionalités. Dans le Kurzweil, la philosophie qui a prédominé est: donnons accès à l'utilisateur à TOUT ce qu'il est possible de modifier, et chacun y prendra ce qu'il veut. Ca part d'un sentiment extrêmement généreux, mais on a une impression de trop plein. J'imagine que, l'habitude faisant, on se concentre sur les paramètres essentiels et on snobe les autres. Mais si c'est pour faire cela, autant se tourner vers d'autres instruments. Kurzweil l'a bien compris en déclinant ses sonorités sur des instruments plus "humains" (gamme PC2R, PC1X, notamment).
Justement, si on joue au jeu des comparaisons sur l'utilisation avec, par exemple, un Clavia G2, on me rétorquera: "bah évidemment, y'a un éditeur graphique sur PC/MAC, alors que le Kurzweil ne peut être édité que depuis sa façade". C'est vrai. Mais alors...Pourquoi Kurzweil, qui a été capable de développer un tel monstre, n'a pas été fichu de concevoir un vrai utilitaire pour l'éditer (un gratuit, comme Clavia). Imaginez une édition graphique de KDFX, ou une sélection des composants d'algorithme par menu déroulant...Cela aurait TOUT changé.
Puisque nous en sommes réduits à utiliser nos boutons de façade et notre bel écran, alors on n'arrive à rien? Si, quand même. Kurzweil a réussi la prouesse de faire un OS certes compliqué, mais à la navigation intuitive, et vraiment, ils ne pouvaient pas mieux faire. Ce qui transforme le naufrage en semi-naufrage. Les "Soft Buttons" sont utilisés à tire-larigot, et il est possible d'assigner n'importe quel contrôleur MIDI externe à presque n'importe quel paramètre (cette fonction est une merveille). Mais j'en démords pas: un éditeur, c'était possible et cela aurait décuplé l'intérêt de la machine. Même Akai (AKAISYS) l'a fait, même yamaha (Voice editor et multiPart editor pour les motifs). Même une toute petite société comme DSI fournissait un éditeur gratuit (ok, développé par un éditeur tiers: mais pourquoi pas, à la limite?) pour son PolyEvolver. Connaissant Kurzweil, cela aurait sûrement été de grande qualité mais payant et très cher! Enfin, ne divaguons pas, puisqu'ils n'ont même pas essayé.
L'utilisation du Kurzweil K2600R est donc vertigineuse, totalement complète mais indigeste, même avec les trésors d'invention qu'on su trouver les ingénieurs de chez Kurzweil. Je n'ai pas du tout accroché, malgré les efforts fournis.
SONORITÉS
Avant d'avoir un Kurzweil, j'ai entendu des éloges incroyables sur cette marque et sur cet instrument en particulier: "son chaud", "typé analogique", "synthèse modulaire", "multisynthèse", "son large et ample", "on n'a pas encore fait mieux", "il éclate tous ses concurrents sur tous les types de synthèse". Bref, l'instrument ultime qui sait tout faire, et qui excelle en tout. Tout cela est vraiment, vraiment très exagéré.
Attention: loin de moi l'idée de dénigrer cet excellent synthétiseur: un K2600 demeure, 8 ans après sa sortie, une vraie référence, incontournable sur bien des points, à l'indéniable professionalisme. Car c'est vrai que les marques "grand public" (Korg / Yamaha / Roland) se sont trop fichu de nous en sortant des nouveautés qui n'en étaient pas.
Mais, d'ailleurs: ce K2600 ne souffrirait-il pas du même mal? Car, au fond, un K2500 est-il bien différent? Eh bien non. Surtout si ce K2500 est équipé du KDFX. Un K2500 avec KDFX est identique à un K2600 à plus de 90%. Quand c'est Kurzweil qui fait peu évoluer ses instruments, on trouve que "c'est la classe", "Kurzweil fait évoluer son OS petit à petit en restant fidèle à ses principes", "on ne change pas un concept qui est toujours au somment de son art", etc. Et quand Yamaha nous pond un Motif tous les 4 ans, on insulte leurs produits en les brûlant sur l'autel de l'anti-marketing. Bref: Kurzweil a la carte, comme on dit. Ils peuvent faire n'importe quoi, ils sont adulés. Et celui qui pense le contraire est un inculte qui ne mérite que le goudron et les plumes.
Avant d'entrer dans le vif du sujet des sonorités, je dirais donc: voilà une marque très pro, sérieuse, qui mérite un immense respect, vraiment je le pense. Mais pas au point d'être inattaquable sur certains points et notamment l'évolution très lente de ses instruments ces dernières années: le K2600 sent le réchauffé!
Donc, les sonorités: évidemment, s'agissant d'un hybride, synthé/sampler, je ne vais pas me contenter du dire: le Kurzweil sonne BIEN ou MAL. Il sonne selon l'utilisation qu'on en fait.
Essayons de nous mouiller un peu quand même en regardant tout cela pas type de sonorité.
Prenons, pour commencer le mode KB3. Est-ce que ça sonne? Moui, c'est pas mal. Superbe? Non. Incroyable de fidélité? Non plus. C'est une bonne modélisation (c'est d'ailleurs sa grande qualité: c'est une modélisation, et on peut jouer sur les tirettes comme sur un vrai!), très conviviale et pratique, qui va à l'essentiel. Mais on fait désormais bien mieux en informatique (Charlie, B4, Emagic EVB3...). Même le KDFX ne parvient pas à rattraper totalement la sauce. Les clics, le leakage, la simulation de Leslie sont bien là, mais ne font pas illusion. A planquer au fond d'un mix, donc. Mais si on raisonne uniquement hardware, alors oui, c'est bien. Par exemple, le Motif a des orgues qui sonnent aussi bien voire mieux, mais ne sera pas aussi flexible dans l'édition. Le KB3: plutôt un bon point, finalement.
Les sons de percus et les kits rythmiques ne sont pas mappés comme sur tous les autres synthés: c'est pourtant devenu plus ou moins une convention, mais Kurzweil se la joue à part sur le sujet. Alors on doit tout remapper, ou bricoler son séquenceur pour remettre un peu d'ordre là-dedans. Les kits pop/rock sont de bonne facture, sans plus. En revanche, les cartes optionnelles donnent droit à des percus World du plus bel effet. Les percus indiennes sont très réussies, par exemple, un must. Curieux: l'absence quasi totale de sample rap/R'n'B/Techno...Le K2600 reste très traditionnel et semble avoir misé sur le fait que les amateurs de ces styles musicaux importeraient leurs propres samples. Kurzweil ne court après aucune mode, ce n'est pas forcément un défaut en soi.
Vient ensuite la fameuse synthèse Vast: le principe, c'est de considérer que chaque programme n'obéit pas à une architecture figée: les oscillateurs, filtres, enveloppes, samples...peuvent être agencés de multiples façons. Il est absolument évident que cela décuple les possibilités d'édition de l'engin. Les samples chargés dans la mémoire bénéficient du même traitement que les samples en ROM, et même les sources externes lorsque l'option sampling ou ADAT est installée. Les résultats sont imprévisibles, c'est une qualité de l'appareil, mais ces résultats, bruts de fonderie, sont rarement musicaux de prime abord. Un gros travail reste nécessaire pour donner une musicalité à un son en partant de zéro. Cela rappelle un peu, en beaucoup plus complet, le principe des "structures" Roland sur leurs JV80/990/108/2080 etc, qui disposent de 10 structures différentes avec des modulateurs en anneaux, un booster, etc. La vraie particularité des Kurzweil, c'est bien cette étendue de possibilités. Et heureusement que les sonorités de base en bénéficient, empêchant d'office le K2600 d'être classé dans la catégorie des Rom Players.
Ce qui est fort, c'est qu'un programme peut avoir 32 layers: c'est à dire 32 sons mis en oeuvres via 32 algorithmes éventuellement différents! Chaque son peut alors être mappé sur le clavier par tessiture, par vélocité ou selon l'action de la modulation (tiens, encore un truc ou un éditeur graphique aurait été malin...Bon, j'arrête là).
A l'écoute, cette multitude de layers permet à l'instrument de sonner "vivant". Des sons ochestraux sonnent absolument différemment selon l'intensité de la frappe sur le clavier: ainsi, un programme peut donc correspondre à plusieurs sonorités radicalement différentes. C'est particulièrement utile pour les sons orchestraux ou de percus, tous convaincants. Les modulations (c'est à dire la matrice reliant une action physique sur un contrôleur externe avec la modification d'un paramètre du son) sont quasiment illimitées. C'est, à mon avis, le meilleur synthétiseur à base de samples dans ce domaine: les modulations MIDI infinies. Et, je ne sais pas pourquoi, je trouve que, pour une fois dans cet appareil, l'étendue des possibilités offerte dans le domaine a su rimer avec une relative simplicité.
Puisqu'on est dans les sons orchestraux, parlons de la fameuse Rom orchestral: là aussi, elle est très bonne, mais inégale. Elle est nettement plus convaincante sur les sons d'ensemble que sur les instruments solo (violons solo affreux...). Là, Kurzweil n'échappe pas à la médiocrité de tous les Rom Players qui présentent des sons figés, ou pire: d'affreux vibratos simulés à grands coups de LFO sinusoidaux...Pas du tout crédible. Et là encore, Kurzweil ne soutient pas 2 secondes la comparaison avec les solutions software dont le réalisme a considérablement gagné ces dernières années, avec des articulations dans tous les sens. La solution Yamaha ou Roland, consistant à sampler carrément des vibratos de vrais instruments, est un pis aller qui fournit des sons un peu "figés", mais qui, au final, sont plus crédibles pour peu qu'on les utilise à bon escient.
Les guitares sont passables: sur ce genre de sonorité, Kurzweil commence sérieusement à être décroché: le Motif et ses articulations/megavoice, offre un réalisme bien meilleur, il faut bien le reconnaître. Le K2600 ne fait pas mieux pour les guitares électriques: là, on est vraiment resté en 1995, pas en 2007. Ce n'est pas un jugement, c'est un constat.
Les pianos sonnent très bien. Je n'ai pas la ROM qui rajoute des 2 niveaux de vélocité, mais les pianos sonnent vraiment très bien: classe, aussi à l'aise dans le classique que la pop, c'est un point fort de l'instrument, l'un de ceux qui sont dignes d'un synthétiseur de 2007.
Les échantillons de piano électriques sont relativement peu nombreux, mais plutôt de qualité. Bien servi par les effets, le K2600 n'a pas à rougir sur ce point, même si ce n'est pas un point d'excellence.
Sur les sons de synthés à proprement parler: des échantillons des synthés les plus prestigieux sont présents, et sonnent bien. Les sons type prophet, oberheim sont tous bons. Mais mieux vaut ne pas trop toucher aux paramètres en temps réel (les filtres, par exemple), car alors l'illusion s'estompe: nous avons bien affaire à un (bon) synthé numérique, mais le Kurzweil, là non plus, n'a pas à rougir face à la concurrence.
La synthèse FM: si on lit bien certains forums et avis, le K2600 ferait de la synthèse FM. Oui, en quelque sorte, vu de loin par temps de brouillard, on peut approcher avec la synthèse VAST et le recours aux oscillateurs, le principe de la FM via certains algorithmes. De là à dire que le K2600 est un DX/TX qui sommeille, il y a un pas que je ne franchirai pas. Pourquoi? Parce que, avant d'arriver à faire un son FM (déjà difficile à faire sur un DX/TX sans parler d'un FS1R), sur un K2600, il va falloir passer un certain nombre d'heures (jours?) pour arriver à quelque chose qui sonne FM, si on y arrive. Par exemple (là encore, on va dire que je radote, mais tant pis), un G2 fait VRAIMENT de la synthèse FM, avec de vrais opérateurs et reproduit fidèlement tous les algorithmes originaux de Yamaha, avec le même nombre d'opérateurs. Un G2 est bluffant à coté d'un DX7 dont il sait reproduire pile poil l'architecture. Donc, pour qui veut le meilleur de la FM, ce n'est pas un K2600 qu'il vous faut.
La modélisation analogique: là encore, le K2600 serait capable, à l'aide d'oscillateurs (et non des samples) de faire des sonorité de type analogique virtuelle, comme un Clavia ou un Virus par exemple. Eh bien là encore, la réputation du K2600 est usurpée. Bien sûr, il peut produire des sons à base d'socillateurs qu'on retrouve sur les synthés d'antan (dent de scie, square, sinusoide,etc) et les triturer à travers ses algorithmes et ses effets. De là à dire qu'il s'agit d'une modélisation analogique, il y a là encore un pas que je ne franchirais pas. Comme je ne veux pas aller trop dans le détail, je me contenterai de dire que, s'agissant de sonorités de ce type, les Virus et Clavia, que je possède, sont infiniment plus à l'aise là-dedans qu'un Kurzweil qui tente de s'en approcher mais ne fait qu'effleurer. C'est cependant une superbe initiative de Kurzweil d'avoir intégré cette possibilité dans ses instruments, même si le résultat, honnête, n'est pas du tout à la hauteur des ténors du genre.
Pour terminer sur les sonorités, un dernier mot sur le KDFX: comme je le disais, c'est un point fort de l'instrument. Le seul reproche que je lui ferais, c'est qu'il se limite à 4 effets en insert: très en avance en 99, ça devient un peu limité de nos jours. Il sonne très bien, c'est à dire très naturel et très classe, sans en mettre plein la vue. Là au moins, Kurzweil a su rester un cran au dessus: au lieu d'effets baveux et m'as-tu-vu de certains concurrents, le K2600 offre un processeur digne d'un rack externe, de grande qualité et qui est un monstre à lui seul: son routing et sa flexibilité sont immenses, au prix d'une complexité là encore trop grande. Comme cet instrument bénéficie d'une conception très homogène, les modulations MIDI du KDFX sont parfaitement implantées et vastes (sans jeu de mot). On n'a pas l'impression d'avoir affaire à un processeur d'effet "rapporté" sur le reste de l'instrument, il est parfaitement intégré à cette plateforme. Pour qui a la chance d'avoir une option sampling installée, le KDFX se comportera comme un vrai rack d'effet grâce au "Live Mode": même si c'est de plus en plus répandu sur bien des synthétiseurs, c'est bien vu étant donné la qualité du KDFX. A noter que l'option sampling permet aussi d'utiliser un Vocoder (que je n'ai pas testé). Mine de rien, cette option sampling m'apparaît aujourd'hui assez indispensable, car elle permet de tirer le meilleur du K2600R en bypassant ses formes d'onde internes dont certaines sont évitables...Je regrette de n'avoir pu explorer plus avant cette dimension "processeur" du K2600R.
AVIS GLOBAL
Je n'ai pas été vraiment conquis par le K2600R. Non seulement il n'a pas vraiment répondu à toutes mes attentes en termes de sonorités, mais il s'est avéré d'une complexité bien trop grande malgré mes efforts. Je ne conteste pas l'éventualité d'être passé "à côté" du concept, de même que je ne mets aucunement en doute l'honnêteté intellectuelle des personnes qui en ont dit le plus grand bien sur ce site: ce sont manifestement des passionnés dont la façon de travailler correspond à la philosophie de l'instrument.
Pour ma part, j'ai d'abord cru que j'étais incapable d'en sortir quoique ce soit de bon. Trifouillant les algorithmes, modifiant les filtres/shapers etc., les effets, j'ai sans cesse été frustré par le résultat obtenu ( "tout ça pour ça? " ). Si c'était une simple question de temps, pourquoi pas, mais j'ai l'impression que ce n'est même pas le cas. Pour en avoir le coeur net, j'ai téléchargé sur le net de nombreux programmes gratuits pour les K2000/K2500/K2600, bâtis par des spécialistes et des utilisateurs aguerris. A part quelques bonnes banques analo / FM que j'ai trouvées de bonne facture, le reste ne m'a pas paru avoir d'intérêt particulier en 2007 au regard de la concurrence ou du monde du Software. Bien sûr, j'ai un immense respect pour cette marque et ses ingénieurs quand on pense que cet instrument est sorti au siècle dernier. A cette époque, le K2600 avait bonne mine et était un fleuron indiscutable de la manufacture électronique, à une époque ou le Nord Modular n'était qu'un concept en pré-étude, les banques orchestrales ou les pianos de plusieurs Go ne hantaient pas encore nos disques durs, les analogiques virtuels balbutiaient et les Rom Players se contentaient de rajouter un Filtre, un VCA, un LFO et un processeur d'effet métallique à une banque d'échantillons à la mode . Mais l'écoute du K2600 et de ses sonorités parfois hors d'âge me laisse un goût mitigé, et je m'en suis séparé sans trop de regret.
A ceux qui veulent en acquérir un, je leur dis ceci:
- Vous pouvez, mais pas à n'importe quel prix.
- le K2600R est un synthétiseur puissant et varié, peut être le plus au monde.
- Il a des qualité audio indéniables, des possibilité d'édition hors-normes et très poussées, des modulations MIDI extraordinaires.
- Les traitements internes, y compris dans l'éditeur de samples, sont presque tous très bons.
- Il a un processeur d'effet du tonnerre, très classe!
- Beaucoup d'information, de sons, de documentations circulent sur le net grâce à une communauté de passionnés toujours très active!
mais:
- Il commence à vieillir sérieusement, y compris au niveau technique (SCSI, lecteur disquette...). Le K2661 a corrigé en partie ces défauts sur les aspects techniques.
- ses options sont chères quand on les trouve et parfois difficiles à installer, le support n'est plus assuré en France: gare à la boulette ou à la panne.
- Les Kurzweil sont surcotés en général, surtout les K2600 par rapport aux K2500.
- Vous avez intérêt à aimer la synthèse pure et les longues soirées d'hiver pour bricoler un son qui ne sonnera pas toujours mieux que la concurrence (mais parfois, oui.)
- le Kurzweil fait un peu tout, mais n'est pas (ou plus) le meilleur dans tout. Pour moi, il n'est intéressant que pour ceux qui ne jurent que par le Hardware et qui ne veulent pas avoir 10 machines. Car le Kurzweil est à lui seul 10 machines! C'est une qualité et un défaut à la fois. Quand on veut tout faire, on place la barre très haut et, avec le temps, la comparaison devient un peu difficile.
- On n'est pas efficace en studio quand on veut travailler sur ce genre d'instruments, car le ratio résultat obtenu / temps passé n'est pas très bon.
Pour ceux qui lisent l'anglais, je vous invite à lire le test publié il y a déjà 3 ans par Sound on Sound sur le K2661:
https://www.soundonsound.com/sos/may04/articles/kurzweilk2661.htm
Leur conclusion est très juste et colle bien au K2600R...
Espérant avoir été le plus juste possible sur ce qui reste un bon synthétiseur avec certaines fonctionnalités hors normes.
Tant pis, j'y vais, et je vais vraiment essayer d'être juste et équilibré. Merci de bien vouloir lire avec attention et impartialité cet avis, je veux vexer personne!!! Je précise aussi que je ne prétends pas pondre un avis exhaustif, loin s'en faut. Ce n'est qu'un avis, rien de plus.
Le K2600R est donc un synthétiseur en rack avec 48 voix de polyphonie bien gérée. Ce n'est quand même pas, quoiqu'on en dise, un point fort de la machine au regard de la concurrence, il faut être honnête. Les samples de bases sont de bonne facture, mais un certain nombre d'entre eux commencent à dater (ça sonne 90's. Pas un pb, les capacités de synthèse de l'engin savent sortir les sons "bateaux" des sentiers battus, nous y reviendrons). Je ne parle pas ici d'un nombre Mo, car c'est vrai qu'on s'en fout, seul le résultat compte. En tous cas, mon conseil est d'acheter ce K2600R déjà équipé de ROM optionnelles (au moins contemporary / orchestral, les derniers modèles vendus en étaient équipés d'origine). Il y a la vintage electric piano qui a l'air bien mais que je n'ai pas eu le loisir de tester. Si on ne les a pas, on n'en meurt pas, mais l'instrument est quand même plus pauvre, et surtout, elles ne sont pas données: c'est le premier coup de gueule que j'adresserais à Kurzweil: le prix et la rareté des options, et le fait que bon nombre d'entre elles ne soient pas facilement installables par l'utilisateur (je pense à l'option sampling, ADAT, etc.)
Ensuite, le K2600 bénéficie d'un processeur d'effet qui est vraiment bon. Disposant, entre autres, de 4 inserts, ce multi-effet est absolument brillant. Sans être très originaux, les effets offerts sont de grande qualité, et surtout, leur routing est extrêmement flexible et configurable. Ensuite, les paramètres foisonnent, les pages d'éditions sont nombreuses! Les grandeurs sont exprimées en unités physiques, et là, on frise l'excellence.
Le nombre de sortie est très élevé (10!!!) et très pratique: c'est un très gros point fort de l'engin. Et, contrairement aux générations précédentes, leur qualité audio est...comment dire...Parfaite, absolument.
L'écran, grand et lumineux, au contraste réglable en façade, ne semble pas souffrir des problèmes de fiabilité des générations précédentes.
Enfin, il faut vénérer Kurzweil au moins sur un point: les OS sont évolutifs, et ont vraiment évolué au fil des années, en apportant leur lot de nouveauté: le Triple Mode n'en est qu'un exemple. Ces OS ont aussi pour vocation de rendre compatible l'appareil avec les nouvelles options mise à disposition: ainsi, le tout dernier OS permet de reconnaître la carte optionnelle ADAT. C'est moins poétique, mais c'est pro. Bien sûr, ces changements de version d'OS se font, sur le K2600, gratuitement et via le lecteur de disquette/périphérique SCSI: au moins un truc gratuit chez Kurzweil, rendons leur grâce au moins sur ce point.
Le K2600R peut lire des samples en les chargeant dans sa RAM (dont le maximum est 128 Mo: il fallait pas moins de nos jours). Il les chargera depuis un disque dur ou un lecteur de CD-ROM SCSI, ou bien depuis une disquette 3,5 pouces à insérer dans le lecteur (oui, oui, ça existe encore!!!), ou bien, si l'engin dispose de l'option sampling, le K2600 pourra sampler directement depuis une source audio externe. Je n'ai pas eu le loisir de tester cette option sampling, absente de mon rack. Le Kurzweil sait lire les samples au format AKAI, Ensoniq, Roland, Kurzweil (oui, quand même) mais pas Emu (et pourquoi donc???). Il sait lire aussi n'importe quel fichier Wav pour en faire le matériau de base de la synthèse VAST. Un très mauvais point: les samples chargés ne sont pas sauvegardés à l'extinction de l'appareil: c'est vraiment n'importe quoi et en total décalage avec le reste de la machine, dont le côté professionnel ne sera jamais pris en défaut. Et vas-y que je te recharge 50 fois les même samples...Pff...Un très bon point en revanche: Kurzweil a pris soin d'assurer une compatibilité ascendante avec tous les modèles précédents: le K2600R lit sans broncher les programmes des K2000 et K2500. Le KDFX se charge de simuler l'antique processeur d'effet de ces machines, et il n'a aucun mal à cela tant il leur est supérieur.
Je termine par le séquenceur, qui est très bon en terme de séquenceur midi hardware. Il utilise, pour stocker les séquences, la mémoire PRAM qui sert aussi à stocker les programmes. Il y a donc partage de mémoire sur ce point. A ce propos, cette mémoire est aussi HORS DE PRIX. C'est incompréhensible, j'ai cru qu'ils s'étaient trompé d'un zéro au début. Heureusement, mon appareil était déjà bien pourvu, donc...Pas de problème.
Conclusion: que celui qui s'avise d'acquérir un K2600 veille bien à ce qu'il soit plein d'options déjà installées, parce que sinon, il va falloir rajouter des queues aux zéro et faire des kilomètres pour trouver une âme charitable pour les lui installer. Ou alors, le faire soi même, mais à ses risques et périls!
UTILISATION
Nous y voilà. C'est un monstre de complexité, je n'ai jamais vu un instrument aussi complet. Face à cela, on peut être pris de 2 réactions: l'ébahissement ( "ooooohhh, en faisant Edit, il y avait encore un menu derrière!!! Euh...qu'est ce que je suis venu faire là, déjà?" ) ou bien la nausée. Je dois avouer que, en ce qui me concerne, c'est la deuxième option qui l'emporte haut la main.
Attention, je ne suis pas un tourneur de boutons impatient qui veut tout en 5 secondes: mon set-up a ou a eu le plaisir de croiser des engins pas tous simples: XP50, Console 01X et i88x, Motif Rack, Virus KC, PolyEvolver Rack, un FS1R (dans le genre compliqué, celui-ci est un modèle), et, plus dernièrement, un G2 Engine. Par exemple, je trouve le Clavia G2, dans un tout autre style bien sûr, beaucoup, beaucoup plus convivial, bien que doté lui aussi de nombreuses fonctionalités. Dans le Kurzweil, la philosophie qui a prédominé est: donnons accès à l'utilisateur à TOUT ce qu'il est possible de modifier, et chacun y prendra ce qu'il veut. Ca part d'un sentiment extrêmement généreux, mais on a une impression de trop plein. J'imagine que, l'habitude faisant, on se concentre sur les paramètres essentiels et on snobe les autres. Mais si c'est pour faire cela, autant se tourner vers d'autres instruments. Kurzweil l'a bien compris en déclinant ses sonorités sur des instruments plus "humains" (gamme PC2R, PC1X, notamment).
Justement, si on joue au jeu des comparaisons sur l'utilisation avec, par exemple, un Clavia G2, on me rétorquera: "bah évidemment, y'a un éditeur graphique sur PC/MAC, alors que le Kurzweil ne peut être édité que depuis sa façade". C'est vrai. Mais alors...Pourquoi Kurzweil, qui a été capable de développer un tel monstre, n'a pas été fichu de concevoir un vrai utilitaire pour l'éditer (un gratuit, comme Clavia). Imaginez une édition graphique de KDFX, ou une sélection des composants d'algorithme par menu déroulant...Cela aurait TOUT changé.
Puisque nous en sommes réduits à utiliser nos boutons de façade et notre bel écran, alors on n'arrive à rien? Si, quand même. Kurzweil a réussi la prouesse de faire un OS certes compliqué, mais à la navigation intuitive, et vraiment, ils ne pouvaient pas mieux faire. Ce qui transforme le naufrage en semi-naufrage. Les "Soft Buttons" sont utilisés à tire-larigot, et il est possible d'assigner n'importe quel contrôleur MIDI externe à presque n'importe quel paramètre (cette fonction est une merveille). Mais j'en démords pas: un éditeur, c'était possible et cela aurait décuplé l'intérêt de la machine. Même Akai (AKAISYS) l'a fait, même yamaha (Voice editor et multiPart editor pour les motifs). Même une toute petite société comme DSI fournissait un éditeur gratuit (ok, développé par un éditeur tiers: mais pourquoi pas, à la limite?) pour son PolyEvolver. Connaissant Kurzweil, cela aurait sûrement été de grande qualité mais payant et très cher! Enfin, ne divaguons pas, puisqu'ils n'ont même pas essayé.
L'utilisation du Kurzweil K2600R est donc vertigineuse, totalement complète mais indigeste, même avec les trésors d'invention qu'on su trouver les ingénieurs de chez Kurzweil. Je n'ai pas du tout accroché, malgré les efforts fournis.
SONORITÉS
Avant d'avoir un Kurzweil, j'ai entendu des éloges incroyables sur cette marque et sur cet instrument en particulier: "son chaud", "typé analogique", "synthèse modulaire", "multisynthèse", "son large et ample", "on n'a pas encore fait mieux", "il éclate tous ses concurrents sur tous les types de synthèse". Bref, l'instrument ultime qui sait tout faire, et qui excelle en tout. Tout cela est vraiment, vraiment très exagéré.
Attention: loin de moi l'idée de dénigrer cet excellent synthétiseur: un K2600 demeure, 8 ans après sa sortie, une vraie référence, incontournable sur bien des points, à l'indéniable professionalisme. Car c'est vrai que les marques "grand public" (Korg / Yamaha / Roland) se sont trop fichu de nous en sortant des nouveautés qui n'en étaient pas.
Mais, d'ailleurs: ce K2600 ne souffrirait-il pas du même mal? Car, au fond, un K2500 est-il bien différent? Eh bien non. Surtout si ce K2500 est équipé du KDFX. Un K2500 avec KDFX est identique à un K2600 à plus de 90%. Quand c'est Kurzweil qui fait peu évoluer ses instruments, on trouve que "c'est la classe", "Kurzweil fait évoluer son OS petit à petit en restant fidèle à ses principes", "on ne change pas un concept qui est toujours au somment de son art", etc. Et quand Yamaha nous pond un Motif tous les 4 ans, on insulte leurs produits en les brûlant sur l'autel de l'anti-marketing. Bref: Kurzweil a la carte, comme on dit. Ils peuvent faire n'importe quoi, ils sont adulés. Et celui qui pense le contraire est un inculte qui ne mérite que le goudron et les plumes.
Avant d'entrer dans le vif du sujet des sonorités, je dirais donc: voilà une marque très pro, sérieuse, qui mérite un immense respect, vraiment je le pense. Mais pas au point d'être inattaquable sur certains points et notamment l'évolution très lente de ses instruments ces dernières années: le K2600 sent le réchauffé!
Donc, les sonorités: évidemment, s'agissant d'un hybride, synthé/sampler, je ne vais pas me contenter du dire: le Kurzweil sonne BIEN ou MAL. Il sonne selon l'utilisation qu'on en fait.
Essayons de nous mouiller un peu quand même en regardant tout cela pas type de sonorité.
Prenons, pour commencer le mode KB3. Est-ce que ça sonne? Moui, c'est pas mal. Superbe? Non. Incroyable de fidélité? Non plus. C'est une bonne modélisation (c'est d'ailleurs sa grande qualité: c'est une modélisation, et on peut jouer sur les tirettes comme sur un vrai!), très conviviale et pratique, qui va à l'essentiel. Mais on fait désormais bien mieux en informatique (Charlie, B4, Emagic EVB3...). Même le KDFX ne parvient pas à rattraper totalement la sauce. Les clics, le leakage, la simulation de Leslie sont bien là, mais ne font pas illusion. A planquer au fond d'un mix, donc. Mais si on raisonne uniquement hardware, alors oui, c'est bien. Par exemple, le Motif a des orgues qui sonnent aussi bien voire mieux, mais ne sera pas aussi flexible dans l'édition. Le KB3: plutôt un bon point, finalement.
Les sons de percus et les kits rythmiques ne sont pas mappés comme sur tous les autres synthés: c'est pourtant devenu plus ou moins une convention, mais Kurzweil se la joue à part sur le sujet. Alors on doit tout remapper, ou bricoler son séquenceur pour remettre un peu d'ordre là-dedans. Les kits pop/rock sont de bonne facture, sans plus. En revanche, les cartes optionnelles donnent droit à des percus World du plus bel effet. Les percus indiennes sont très réussies, par exemple, un must. Curieux: l'absence quasi totale de sample rap/R'n'B/Techno...Le K2600 reste très traditionnel et semble avoir misé sur le fait que les amateurs de ces styles musicaux importeraient leurs propres samples. Kurzweil ne court après aucune mode, ce n'est pas forcément un défaut en soi.
Vient ensuite la fameuse synthèse Vast: le principe, c'est de considérer que chaque programme n'obéit pas à une architecture figée: les oscillateurs, filtres, enveloppes, samples...peuvent être agencés de multiples façons. Il est absolument évident que cela décuple les possibilités d'édition de l'engin. Les samples chargés dans la mémoire bénéficient du même traitement que les samples en ROM, et même les sources externes lorsque l'option sampling ou ADAT est installée. Les résultats sont imprévisibles, c'est une qualité de l'appareil, mais ces résultats, bruts de fonderie, sont rarement musicaux de prime abord. Un gros travail reste nécessaire pour donner une musicalité à un son en partant de zéro. Cela rappelle un peu, en beaucoup plus complet, le principe des "structures" Roland sur leurs JV80/990/108/2080 etc, qui disposent de 10 structures différentes avec des modulateurs en anneaux, un booster, etc. La vraie particularité des Kurzweil, c'est bien cette étendue de possibilités. Et heureusement que les sonorités de base en bénéficient, empêchant d'office le K2600 d'être classé dans la catégorie des Rom Players.
Ce qui est fort, c'est qu'un programme peut avoir 32 layers: c'est à dire 32 sons mis en oeuvres via 32 algorithmes éventuellement différents! Chaque son peut alors être mappé sur le clavier par tessiture, par vélocité ou selon l'action de la modulation (tiens, encore un truc ou un éditeur graphique aurait été malin...Bon, j'arrête là).
A l'écoute, cette multitude de layers permet à l'instrument de sonner "vivant". Des sons ochestraux sonnent absolument différemment selon l'intensité de la frappe sur le clavier: ainsi, un programme peut donc correspondre à plusieurs sonorités radicalement différentes. C'est particulièrement utile pour les sons orchestraux ou de percus, tous convaincants. Les modulations (c'est à dire la matrice reliant une action physique sur un contrôleur externe avec la modification d'un paramètre du son) sont quasiment illimitées. C'est, à mon avis, le meilleur synthétiseur à base de samples dans ce domaine: les modulations MIDI infinies. Et, je ne sais pas pourquoi, je trouve que, pour une fois dans cet appareil, l'étendue des possibilités offerte dans le domaine a su rimer avec une relative simplicité.
Puisqu'on est dans les sons orchestraux, parlons de la fameuse Rom orchestral: là aussi, elle est très bonne, mais inégale. Elle est nettement plus convaincante sur les sons d'ensemble que sur les instruments solo (violons solo affreux...). Là, Kurzweil n'échappe pas à la médiocrité de tous les Rom Players qui présentent des sons figés, ou pire: d'affreux vibratos simulés à grands coups de LFO sinusoidaux...Pas du tout crédible. Et là encore, Kurzweil ne soutient pas 2 secondes la comparaison avec les solutions software dont le réalisme a considérablement gagné ces dernières années, avec des articulations dans tous les sens. La solution Yamaha ou Roland, consistant à sampler carrément des vibratos de vrais instruments, est un pis aller qui fournit des sons un peu "figés", mais qui, au final, sont plus crédibles pour peu qu'on les utilise à bon escient.
Les guitares sont passables: sur ce genre de sonorité, Kurzweil commence sérieusement à être décroché: le Motif et ses articulations/megavoice, offre un réalisme bien meilleur, il faut bien le reconnaître. Le K2600 ne fait pas mieux pour les guitares électriques: là, on est vraiment resté en 1995, pas en 2007. Ce n'est pas un jugement, c'est un constat.
Les pianos sonnent très bien. Je n'ai pas la ROM qui rajoute des 2 niveaux de vélocité, mais les pianos sonnent vraiment très bien: classe, aussi à l'aise dans le classique que la pop, c'est un point fort de l'instrument, l'un de ceux qui sont dignes d'un synthétiseur de 2007.
Les échantillons de piano électriques sont relativement peu nombreux, mais plutôt de qualité. Bien servi par les effets, le K2600 n'a pas à rougir sur ce point, même si ce n'est pas un point d'excellence.
Sur les sons de synthés à proprement parler: des échantillons des synthés les plus prestigieux sont présents, et sonnent bien. Les sons type prophet, oberheim sont tous bons. Mais mieux vaut ne pas trop toucher aux paramètres en temps réel (les filtres, par exemple), car alors l'illusion s'estompe: nous avons bien affaire à un (bon) synthé numérique, mais le Kurzweil, là non plus, n'a pas à rougir face à la concurrence.
La synthèse FM: si on lit bien certains forums et avis, le K2600 ferait de la synthèse FM. Oui, en quelque sorte, vu de loin par temps de brouillard, on peut approcher avec la synthèse VAST et le recours aux oscillateurs, le principe de la FM via certains algorithmes. De là à dire que le K2600 est un DX/TX qui sommeille, il y a un pas que je ne franchirai pas. Pourquoi? Parce que, avant d'arriver à faire un son FM (déjà difficile à faire sur un DX/TX sans parler d'un FS1R), sur un K2600, il va falloir passer un certain nombre d'heures (jours?) pour arriver à quelque chose qui sonne FM, si on y arrive. Par exemple (là encore, on va dire que je radote, mais tant pis), un G2 fait VRAIMENT de la synthèse FM, avec de vrais opérateurs et reproduit fidèlement tous les algorithmes originaux de Yamaha, avec le même nombre d'opérateurs. Un G2 est bluffant à coté d'un DX7 dont il sait reproduire pile poil l'architecture. Donc, pour qui veut le meilleur de la FM, ce n'est pas un K2600 qu'il vous faut.
La modélisation analogique: là encore, le K2600 serait capable, à l'aide d'oscillateurs (et non des samples) de faire des sonorité de type analogique virtuelle, comme un Clavia ou un Virus par exemple. Eh bien là encore, la réputation du K2600 est usurpée. Bien sûr, il peut produire des sons à base d'socillateurs qu'on retrouve sur les synthés d'antan (dent de scie, square, sinusoide,etc) et les triturer à travers ses algorithmes et ses effets. De là à dire qu'il s'agit d'une modélisation analogique, il y a là encore un pas que je ne franchirais pas. Comme je ne veux pas aller trop dans le détail, je me contenterai de dire que, s'agissant de sonorités de ce type, les Virus et Clavia, que je possède, sont infiniment plus à l'aise là-dedans qu'un Kurzweil qui tente de s'en approcher mais ne fait qu'effleurer. C'est cependant une superbe initiative de Kurzweil d'avoir intégré cette possibilité dans ses instruments, même si le résultat, honnête, n'est pas du tout à la hauteur des ténors du genre.
Pour terminer sur les sonorités, un dernier mot sur le KDFX: comme je le disais, c'est un point fort de l'instrument. Le seul reproche que je lui ferais, c'est qu'il se limite à 4 effets en insert: très en avance en 99, ça devient un peu limité de nos jours. Il sonne très bien, c'est à dire très naturel et très classe, sans en mettre plein la vue. Là au moins, Kurzweil a su rester un cran au dessus: au lieu d'effets baveux et m'as-tu-vu de certains concurrents, le K2600 offre un processeur digne d'un rack externe, de grande qualité et qui est un monstre à lui seul: son routing et sa flexibilité sont immenses, au prix d'une complexité là encore trop grande. Comme cet instrument bénéficie d'une conception très homogène, les modulations MIDI du KDFX sont parfaitement implantées et vastes (sans jeu de mot). On n'a pas l'impression d'avoir affaire à un processeur d'effet "rapporté" sur le reste de l'instrument, il est parfaitement intégré à cette plateforme. Pour qui a la chance d'avoir une option sampling installée, le KDFX se comportera comme un vrai rack d'effet grâce au "Live Mode": même si c'est de plus en plus répandu sur bien des synthétiseurs, c'est bien vu étant donné la qualité du KDFX. A noter que l'option sampling permet aussi d'utiliser un Vocoder (que je n'ai pas testé). Mine de rien, cette option sampling m'apparaît aujourd'hui assez indispensable, car elle permet de tirer le meilleur du K2600R en bypassant ses formes d'onde internes dont certaines sont évitables...Je regrette de n'avoir pu explorer plus avant cette dimension "processeur" du K2600R.
AVIS GLOBAL
Je n'ai pas été vraiment conquis par le K2600R. Non seulement il n'a pas vraiment répondu à toutes mes attentes en termes de sonorités, mais il s'est avéré d'une complexité bien trop grande malgré mes efforts. Je ne conteste pas l'éventualité d'être passé "à côté" du concept, de même que je ne mets aucunement en doute l'honnêteté intellectuelle des personnes qui en ont dit le plus grand bien sur ce site: ce sont manifestement des passionnés dont la façon de travailler correspond à la philosophie de l'instrument.
Pour ma part, j'ai d'abord cru que j'étais incapable d'en sortir quoique ce soit de bon. Trifouillant les algorithmes, modifiant les filtres/shapers etc., les effets, j'ai sans cesse été frustré par le résultat obtenu ( "tout ça pour ça? " ). Si c'était une simple question de temps, pourquoi pas, mais j'ai l'impression que ce n'est même pas le cas. Pour en avoir le coeur net, j'ai téléchargé sur le net de nombreux programmes gratuits pour les K2000/K2500/K2600, bâtis par des spécialistes et des utilisateurs aguerris. A part quelques bonnes banques analo / FM que j'ai trouvées de bonne facture, le reste ne m'a pas paru avoir d'intérêt particulier en 2007 au regard de la concurrence ou du monde du Software. Bien sûr, j'ai un immense respect pour cette marque et ses ingénieurs quand on pense que cet instrument est sorti au siècle dernier. A cette époque, le K2600 avait bonne mine et était un fleuron indiscutable de la manufacture électronique, à une époque ou le Nord Modular n'était qu'un concept en pré-étude, les banques orchestrales ou les pianos de plusieurs Go ne hantaient pas encore nos disques durs, les analogiques virtuels balbutiaient et les Rom Players se contentaient de rajouter un Filtre, un VCA, un LFO et un processeur d'effet métallique à une banque d'échantillons à la mode . Mais l'écoute du K2600 et de ses sonorités parfois hors d'âge me laisse un goût mitigé, et je m'en suis séparé sans trop de regret.
A ceux qui veulent en acquérir un, je leur dis ceci:
- Vous pouvez, mais pas à n'importe quel prix.
- le K2600R est un synthétiseur puissant et varié, peut être le plus au monde.
- Il a des qualité audio indéniables, des possibilité d'édition hors-normes et très poussées, des modulations MIDI extraordinaires.
- Les traitements internes, y compris dans l'éditeur de samples, sont presque tous très bons.
- Il a un processeur d'effet du tonnerre, très classe!
- Beaucoup d'information, de sons, de documentations circulent sur le net grâce à une communauté de passionnés toujours très active!
mais:
- Il commence à vieillir sérieusement, y compris au niveau technique (SCSI, lecteur disquette...). Le K2661 a corrigé en partie ces défauts sur les aspects techniques.
- ses options sont chères quand on les trouve et parfois difficiles à installer, le support n'est plus assuré en France: gare à la boulette ou à la panne.
- Les Kurzweil sont surcotés en général, surtout les K2600 par rapport aux K2500.
- Vous avez intérêt à aimer la synthèse pure et les longues soirées d'hiver pour bricoler un son qui ne sonnera pas toujours mieux que la concurrence (mais parfois, oui.)
- le Kurzweil fait un peu tout, mais n'est pas (ou plus) le meilleur dans tout. Pour moi, il n'est intéressant que pour ceux qui ne jurent que par le Hardware et qui ne veulent pas avoir 10 machines. Car le Kurzweil est à lui seul 10 machines! C'est une qualité et un défaut à la fois. Quand on veut tout faire, on place la barre très haut et, avec le temps, la comparaison devient un peu difficile.
- On n'est pas efficace en studio quand on veut travailler sur ce genre d'instruments, car le ratio résultat obtenu / temps passé n'est pas très bon.
Pour ceux qui lisent l'anglais, je vous invite à lire le test publié il y a déjà 3 ans par Sound on Sound sur le K2661:
https://www.soundonsound.com/sos/may04/articles/kurzweilk2661.htm
Leur conclusion est très juste et colle bien au K2600R...
Espérant avoir été le plus juste possible sur ce qui reste un bon synthétiseur avec certaines fonctionnalités hors normes.