Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou

Sujet Gamme naturelle sans sixte ?

  • 48 réponses
  • 8 participants
  • 5 316 vues
  • 6 followers
Sujet de la discussion Gamme naturelle sans sixte ?
Morceau de Magma.

J'ai remarqué que sur ce morceau, on jouait sa gamme naturelle de Dbm, mais aucune sixte n'est préférable. En fait naturellement, j'improvise en omettant bien souvent la sixte, mineure ou majeure, car elle crée un tension qui brise l'atmosphère du morceau. En imposant cette sixte, j'ai l'impression que le tout perd de sa "neutralité", de son intention, je sais pas comment définir ça avec des mots en fait.

Cette gamme sans sixte a-t-elle un nom déjà ? Et comment expliquer le fait que je préfère omettre la sixte ?
Afficher le sujet de la discussion
31
Mouhaha quel rebondissement sur Vander ! :mdr:
Histoire de garder un lien entre le post d'origine et ce que c'est devenu ensuite.

Citation : Je n'ai pas relevé le chorus du clavier sur le morceau de Magma mais ça m'étonnerais qu'il ne fasse pas de sixte



Relève-le alors ! :clin:
Au mieux tu entendras une sixte dans un enchainement de notes très rapides, donc là le rôle de la sixte sera presque nul, je sais pas comment convaincre davantage. Joue avec la sixte sur ce morceau et ça rendra pas. Enfin, dans ma vision du morceau, la sixte est la couleur de trop, ou en tout cas c'est une couleur qui doit être en fond dans le tableau. Et en effet elle est en fond puisqu'on l'entend dans la basse harmonisée. Mais mise en avant, elle brise quelquechose... Je sais pas comment l'expliquer, c'est comme si ce morceau était fait pour être joué de cette manière, un peu comme ce dont parlait Jouly à propos de la quarte sur un accord de septième majeure, ou plus concrêtement dans la musique indienne. :)

D'ailleurs perso je vois dans Magma beaucoup de musique rituelle, sacrée, religieuse... dans la forme en tout cas, paske dans le fond je comprends pas la langue chantée dans Magma. :lol:
32

Citation : Relève-le alors !



Tu l'as relevé ? C'est vrai que c'est assez penta dans la première partie (comme ça, à l'oreille). Par la suite, à partir de 7 minutes ou un peu avant (je sais plus), il enrichit de jeu out. Ça décolle pas mal à ce niveau. Ce que je voulais dire, c'est que si le jeu out est pertinent dans le morceau, la sixte ne peut pas vraiment choquer. Mais je te concède que dans la première partie, il y a la volonté d'un jeu minimaliste en notes, sans doute, comme tu le dis, parce que la musique de Magma s'inscrit dans un discours ritualiste, à la limite du mystique.

Citation : je comprends pas la langue chantée dans Magma.



Le kobaya n'est pas encore enseigné au lycée :mdr:
33
Kumo > ouais, j'avais oublié ce bouquin moi aussi...
Concernant la précision mathématique du quart de ton, je pense que l'auteur a en tête la musique occidentale du XXe (la dernière Sonate pour violon de Bartok, les pianos microtonaux d'Henry Cowell), dans laquelle un fa + quart de ton (qui se note # avec 1 seule branche verticale) ou un fa + 3 quarts de ton (# avec 3 branches verticale) est un fa augmenté d'une moitié exacte (mathématique) de demi-ton. Autrement dit, il s'agit d'une transposition du système tempéré à un niveau inférieure. Une gamme microtonale à quarts de tons est une gamme qui sera séparée en 24 parties égales.
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
34
A.k.a> merci beaucoup pour cette précision.

L'année dernière j'ai fait l'acquisition d'un baglama
et on y trouve justement une frette qui matérialise ces quarts de ton qui dans le cas du baglama, se situent "par défaut" entre la# et si bécarre et entre ré# et mi.
"Enfin disponibles !!!!" me suis-je dit un fois l'instrument sous les doigts.
Nouveaux repères, nouveaux sons, nouvelles oreilles, nouvelles idées :bave:

Certains modes/maqam nécessitant ces fameux quarts de tons sur d'autres degrés, les frettes (des ligatures en plastique en fait) sont donc mobiles.

Bien évidemment ce n'est pas la même musique, pas la même approche mais c'est tellement plus ingénieux que nos frettes rivetées, verouillées :(((
35
Une précision sur les microtons : dans mon post d'hier, je ne parlais bien sûr pas d'exécuter un intervalle microtonique en tant que tel : le microton va s'ajouter ou se soustraire à un intervalle d'au moins un-demi ton, excepté dans certains effets comme les glissés (émission continue du son d'une note à l'autre). En fait, ce sont simplement les intervalles que nous connaissons déjà qui peuvent être ainsi légèrement modifiés.
Mon expérience porte sur le chant Dhrupad que j'ai étudié et pratiqué quelques années avec Yvan Trunzler, musicien et enseignant qui transmet dans la tradition l'enseignement reçu des frères Dagar en Inde pendant plus de dix ans. J'ai eu l'occasion de travailler et d'interpréter des alaps en trio (deux chanteuses + une violoncelliste qui jouait sur une dilruba -luth indien-, réglant ses frettes en fonction du raga, sur fond de tanpura distillant la tonique et la note dominante tout au long de l'alap. The bonheur... :D:
36
Brinik>

Citation : The bonheur...



Tu m'étonnes :fete:

Comment utilises-tu les acquis de cette expérience aujourd'hui?
Quel genre de musique/instrument pratiques-tu?
Qu'est-ce que ça a changé?
37
Concernant le 1/4 de ton dans le tempérament égal, celui-ci devrait être de coefficient k = 2^(1/24), alors que le demi ton est dans un rapport k' = 2^(1/12).

Mais dans les intervalles entre les tons dans la musique traditionnelle indienne (que l'on retrouve du reste dans d'autres traditions, dont la mienne) il n'existe pas de fréquence "juste" au sens de la justesse telle qu'elle prévaut dans la musique "classique" notamment ou encore la musique moderne occidentale, tempérament égal ou naturel. Dans la vidéo de Gilles Apap donnée plus haut par Kumo boy, il demande clairement à la violoniste "peut-on parler de note juste ?" Cette notion de justesse est absente de l'émotion.

Dans ce registre, le cas du blues et aussi significatif. On a d'abord considéré que les bluesmen chantaient faux. Ensuite, on a bien voulu admettre que parce que c'était qd même spécifique à ce mode d'expression, qu'il fallait rechercher dans cette absence de justesse un motif spécifique, caractéristique du blues. On a introduit la notion "d'ambiguïté modale" (je tiens le terme de Siron mais il ne l'a pas inventé) dans le rapport 3/b10 en particulier (que l'on retrouve, du reste en Corse dans certaines paghjele) qui, n'est, de mon point de vue, qu'un ajustement technique par défaut à la véritable expression du blues (ou des musiques qui utilisent ce système) qui n'est ni 3, ni b10, ni 3 et b10 ni non 3 et b10 (au sens où ça peut l'être aussi). A mon avis, on ne comprendra pas la musique traditionnelle et indienne en particulier si on n'intègre pas l'approche tétravalente de l'expression musicale. De fait, une note donnée n'est pas une note avec une fréquence bien précise ; elle n'est qu'une représentation sémantique qui ne couvre pas le territoire de la note (un peu comme une carte qui n'est pas le territoire). Je trouve que c'est une notion difficile à comprendre et aussi à faire admettre dans nos académies de musique.
38
Autour du Temps> Très très intéressant ton post, il illustre d'abord très bien l'adage selon lequel "Ce qui se conçoit bien s'énnonce clairement."

Cette notion de note réelle (vibratoire, "contours" diffus) et de note symbolique (sémantique, mesure physique) me fait penser aux "problèmes" de mesure en physique quantique liés à l'interaction de l'appareil de mesure/observateur et de l'objet/particule à mesurer.

Ton post m'a donc aussi permis de comprendre mieux la raison pour laquelle je procède à des légers réajustements en accordant mon esraj.
J'accorde les cordes sympathiques un tout tout petit peu en-dessous de ce que m'indique l'accordeur chromatique car pour mes oreilles l'émulation des interactions harmoniques me semblent plus riche, plus ample.

J'espère que mes corrections de hauteur ne sont pas signes d'oreilles en carton :8O:

J'ai jamais réussi à mettre la main sur "Sémantique Musicale" de Daniélou, mais ça m'a donné envie et je vais essayer de le trouver.
Si tu as d'autres références sur les rapports sémantique/musique, lâche-toi !!!
39
J'aimerais bien faire un jazz minimaliste expérimental qui intégrerait de telles influences...
Mais en tant que chanteuse non instrumentiste il est difficile d'être prise au sérieux par des musicos dans ce domaine. :(((
Dans un groupe jazz-rock hyperinfluencé par Magma (pour revenir vers le sujet d'origine !), j'avais intégré des syllabes d'alap en lieu et place du yaourt kobayen, et un ou deux glissés un peu varésiens (sirène).
Mais il y a tout un monde à inventer, c'est clair !
Des percussions mélodiques sans la sixte, vous imaginez ?
40
Je n'ai pas de référence de bouquin concernant le rapport musique et sémantique mais il semble exister pas mal d'adresses de sites où cette question est abordée. Un petit tour sur Google devrait pouvoir t'aider. En ce qui concerne l'ouvrage de Daniélou, je ne le connais pas (enfin, je ne connais Daniélou que dans ses ouvrages en rapport avec le mystique hindou...).