Si vous suivez régulièrement Audiofanzine, vous n’êtes pas sans savoir que la modélisation a la cote dans l’univers des amplis pour guitare.
Les géants de l’industrie proposent tous une plâtrée de solutions numériques ou hybrides censées se rapprocher du Saint Graal guitaristique : l’ampli à lampes. Vox ne déroge pas à la règle et propose depuis de nombreuses années de multiples séries à modélisations, dont certaines équipées de la fameuse technologie Valvetronix. Il y a quelques mois, la marque a lancé une nouvelle déclinaison de cette gamme à succès : la série VTX. Composée du VT20X, du VT40X, et du VT100X, la série est restreinte et homogène : seules la puissance de l’ampli et la taille du haut-parleur Vox varient suivant les modèles. Nous avons pu tester le modèle de 20 watts équipé d’un HP de 8".
Aladin ou la lampe merveilleuse
Sans rentrer dans l’éternel débat opposant le numérique à l’analogique, force est de reconnaître que les amplis à modélisations ont un atout considérable : ils offrent une palette sonore extrêmement large que seul ce type d’ampli propose. Pour autant, de nombreux musiciens regrettent l’aspect parfois artificiel du son produit par ces machines. Les constructeurs se sont donc mis en quête de solutions visant à procurer des sensations analogiques. Chez Vox, c’est la technologie Valvetronix qui fut développée à cet effet. Jusque là, les produits de cette gamme embarquaient une lampe dans l’étage de puissance pour « réchauffer » le son.
La série VTX introduit donc un changement majeur dans la gamme Valvetronix, puisque cette lampe intègre désormais l’étage de préamplification et non plus celui de puissance. Ce nouveau préampli multi-étages avec une lampe 12AX7 Valvetronix intègre d’ailleurs des circuits analogiques. Cette approche est complétée par un étage de puissance hybride combinant un circuit analogique à un ampli à découpage, et par un caisson bass reflex pour une meilleure projection sonore et plus de basses. Les simulations ont été globalement repensées et utilisent la technologie VET (Virtual Element Technology) pour reproduire les circuits analogiques des amplis modélisés. Malgré toutes ces innovations, le tarif du VT20X reste en dessous des 200 €.
Sur le papier, les promesses sont donc nombreuses, d’autant plus que les changements évoqués impliquent de nouvelles fonctions : il est désormais possible de choisir le fonctionnement de l’ampli de puissance (classe A ou AB) et la polarisation des lampes (Bias en mode « froid », « chaud », ou désactivé). Alors, la magie opère-t-elle ? Il est temps de passer le VT20X au peigne fin !
Alice au pays des merveilles
À l’image du monde merveilleux de Lewis Carroll, l’expérience offerte par le VT20X est à la fois grisante et étrange. Commençons notre aventure avec un petit tour des réglages disponibles. L’ampli reprend le fonctionnement des VT+ et notamment l’essentiel du panneau de contrôle. Heureux hasard, j’accompagnais il y a quelque mois un ami dans un magasin de musique, car il souhaitait acheter un ampli pour commencer la guitare, et nous avions testé le VT20+. Si j’avais été plutôt convaincu par les rares sons que j’avais pu obtenir, je m’étais retrouvé complètement perdu avec la gestion des presets et des effets. Pourtant, ces amplis à destination du « grand public » sont censés être faciles d’utilisation, et proposer une expérience utilisateur basée sur l’intuition. Mais j’avais été incapable d’enlever certains effets et de rapidement obtenir les sons souhaités. Vox a certainement pris conscience des limites de son système, puisque les seuls changements du panneau de contrôle entre le VT20+ et le VT20X concernent les effets, mais nous y reviendrons.
Outre les potards classiques Gain, Treble, Middle, Bass, et Volume, le VT20X s’articule autour de deux réglages essentiels : celui du choix du modèle d’ampli et le Power Level. Le premier est situé tout en haut à gauche du panneau. Ce bouton permet de naviguer entre 11 simulations d’ampli.
Voici leur liste :
- DELUXE CL
- TWEED 4×10
- VOX AC30
- BOUTIQUE OD
- VOX AC30TB
- BRIT 800
- BRIT OR MKII
- DOUBLE REC
- USER 1 (BOUTIQUE CL)
- USER 2 (BRIT 1959)
- USER 3 (BOUTIQUE METAL)
Une description complète des modélisations est disponible dans le manuel mis en ligne par Vox, mais sachez que cela va du Fender Bassman 1959 au Mesa Boogie Dual Rectifier, en passant par l’AC30 et l’Overdrive Special de Dumble. Le panel est donc large, et fait évidemment référence à des amplis mythiques.
La boîte à musique
Trois presets pré-programmés par ampli sont disponibles via le bouton Preset Programs. Lors de l’utilisation de ces presets, les niveaux de gain et de volume, l’EQ 3 bandes, les effets, et les réglages de classe et de Bias sont automatiquement modifiés. Il est toujours possible de changer la valeur de ces différents réglages, mais attendez-vous à des variations subites et brutales. En effet, j’ai instinctivement joué avec le volume et le gain, et j’avais des variations terribles de volume, notamment en changeant de modèle d’ampli. Mes oreilles en ont pris un coup… Le réglage Power Level fait office de réglage du niveau de sortie, il faudra donc le privilégier. Voici un ensemble d’extraits sonores dans lesquels j’utilise plusieurs presets pré-programmés.
- EXTRAIT 1 00:30
- EXTRAIT 2 00:30
- EXTRAIT 3 00:32
- EXTRAIT 4 00:14
- EXTRAIT 5 00:11
Les presets pré-programmé proposent une grande variété de crunchs et de distorsions, mais beaucoup moins de sons clairs. J’ai tout de suite apprécié la dynamique et le claquant de l’ampli. Celui-ci est d’ailleurs étonnement puissant malgré sa petite taille et ses 20 watts. À faible volume, il manque un peu de patate et d’ampleur, mais en poussant le volume il prend du galon. Ça sonne, ça résonne, et les harmoniques sortent. Le son est très variable suivant les modélisations. Il est parfois trop perçant, parfois trop sourd, et je trouve les saturations extrêmes artificielles et assez peu réussies. Mais il y a aussi dans le tas des choses très bonnes, et on s’imagine déjà réglés les défauts énoncés en utilisant les réglages et notamment l’EQ. En plus des 33 presets pré-programmés, il est possible d’en créer 8 personnalisables. Pour cela, il faut passer du mode Preset Programs au mode Bank (il y a un bouton dédié). Quatre canaux sont alors disponibles avec la possibilité pour chacun d’enregistrer deux sons différents. Un pédalier optionnel VFS5 permet de naviguer au pied.
L’idéal pour réellement sculpter son son est de passer en mode manuel en restant appuyé quelques secondes sur le bouton Preset Programs. Vous l’aurez compris, malgré les petites inscriptions parsemant le panneau de contrôle, il est nécessaire de jeter un œil au manuel pour réellement profiter des fonctionnalités du VT20X. Vox propose un système cohérent, mais pas forcément intuitif. Néanmoins, une fois la logique intégrée, il n’y a aucun problème. Mais revenons au mode manuel. Lorsqu’il est enclenché, les réglages plus classiques prennent sens. Faites tout de même attention, les différentes modélisations ne réagissant pas de la même façon, vous aurez quelque différence de gain et de volume même en préservant les mêmes réglages. Mais ce n’est en rien comparable à ce que l’on obtient en modifiant le volume lors de l’utilisation des presets. L’EQ fonctionne bien, même s’il n’est pas aussi « radical » que sur certains amplis. Il faut vraiment pousser les potards pour entendre une grande différence. En me libérant des presets, mes premières impressions se sont vu confirmées. Les sons clairs, les crunchs, et les distorsions sont plutôt réussis, mais c’est moins le cas des saturations extrêmes. Autres points positifs, l’ampli respecte l’identité de votre guitare, les basses sont présentes, et l’attaque joue vraiment sur la saturation. D’ailleurs, la plupart des modélisations d’amplis ont tendance à assez vite saturer même avec un gain faible. Cela a pour conséquence d’offrir une grande variété de crunchs et de sons saturés, mais moins de sons clairs. Voici une autre flopée d’exemples audio dans lesquels j’ai utilisé des réglages en mode manuel :
- EXTRAIT 6 00:18
- EXTRAIT 7 00:27
- EXTRAIT 8 00:11
- EXTRAIT 9 00:24
Le VT20X propose aussi deux sélecteurs qui permettent de modifier le son en choisissant entre la classe A et la classe AB, et deux options de Bias. Dans l’extrait suivant, je joue en mode Classe A, puis je passe en mode classe AB :
Le réglage de classe change vraiment la réponse de l’ampli. En classe A l’ampli est plus doux, il y a plus de liant. En classe AB le son est plus agressif, plus perçant. Les notes sont plus distinctes, mais ont tendance à saturer un peu plus vite que dans l’autre mode.
Écoutons à présent ce que donne le contrôle du Bias. Dans l’exemple audio qui suit, je joue avec le réglage désactivé, puis avec le Bias en mode Cold, et enfin avec le Bias en mode Hot :
L’incidence du réglage de Bias est plus légère et plus fine que celle de la classe. En mode Cold, le son est aplani. Un peu plus harmonieux, il est idéal pour égrener des accords et faire résonner plusieurs notes. Le mode Hot apporte de la dynamique. Mais comme je l’ai indiqué, je trouve que les différents réglages restent très discrets. Intéressons-nous à présent aux effets.
Fantasia 2000
Le VT20X propose 12 effets numériques intégrés. C’est moins que le VT20+, et on perd notamment l’octaver et l’auto-wah. Pour rendre le panneau de contrôle plus clair, Vox a supprimé les potards rotatifs du VT20+ pour laisser place à quatre boutons sur lesquels sont répartis les effets. Cela permet donc d’utiliser quatre effets en simultané. Le bouton Pedal 1 intègre un compresseur, un chorus, une overdrive basée sur la Tube Screamer, et une distorsion. Le bouton Pedal 2 intègre un flanger, un phaser, un trémolo, et un delay. Le bouton Reverb propose, lui, quatre types de réverbe : Room, Spring, Hall, et Plate. Enfin, le bouton Effects permet de régler la réduction de bruit. Il faut pour cela rester appuyé quelques secondes. Notons également que ce dernier bouton fait office de Tap Tempo. L’ensemble des effets est réglable par l’intermédiaire de deux potards rotatifs Value 1 et Value 2. Suivant l’effet enclenché, ils permettront de gérer la vitesse, la profondeur, le feedback, etc. Dans les trois prochains extraits, je navigue entre les différents effets de chaque bouton.
- EXTRAIT 12 V2 01:44
- EXTRAIT 13 02:12
- EXTRAIT 14 V2 01:13
J’ai trouvé les différents effets très inégaux. On peut certes les régler avec une relative finesse, mais cela ne remplacera jamais une bonne pédale. Les réverbes sont assez réussies selon moi. Les modulations sont pas mal, notamment le trémolo, mais je suis par contre assez déçu par le delay que je trouve peu polyvalent et peu flatteur. Quant à la réduction de bruit, elle agit comme une sorte de noise gate. Elle va effectivement réduire les bruits parasites, comme ceux induits par l’utilisation de micros simples, mais elle agit énormément sur la façon dont le son s’estompe. Ce n’est pas très naturel, notamment lorsque l’on pousse trop le réglage. Je trouve donc les effets corrects, mais assez anecdotiques au final. J’ai surtout utilisé les réverbes. Pour le reste, j’ai préféré utiliser mes pédales, et cela fonctionne très bien. J’ai notamment testé avec une overdrive, une wah wah, un delay, et je n’ai eu aucun souci.
Les 101 Dalmatiens
Quand il n’y en a plus, il y en a encore ! Si nous avons abordé l’essentiel des éléments du VT20X, les fonctions sont très nombreuses et nous ne pouvons pas faire l’impasse sur l’une de celles-ci. Tout d’abord, l’ampli intègre un accordeur qui fonctionne parfaitement (il faut pour cela rester appuyé sur le bouton Effects). Il possède aussi une prise Aux. qui permet de brancher une source audio pour jammer. De plus, un système de coupure automatique de l’alimentation éteint l’ampli si aucune commande n’est actionnée ou si aucun signal n’est reçu pendant environ 1 heure. Tout cela n’est certes pas essentiel, ces petits plus sont appréciables. Vox a également mis en avant le fait que sa prise casque prélève le signal avant l’ampli de puissance, et adopte une simulation d’enceinte propre au modèle d’ampli choisi. Si l’idée est excellente, le son reste assez commun. Entendons-nous bien, c’est largement exploitable et votre son est plutôt respecté. Mais je n’ai pas ressenti de réel gap qualitatif avec ce que propose la concurrence.
Enfin, le VT20X est doté d’un port USB pour être connecté à un ordinateur ou à un appareil iOS (il faudra prévoir un adapteur USB). Il est alors possible via le logiciel ToneRoom de piloter l’ampli en modifiant tous les réglages en temps réel. On peut donc choisir son modèle d’ampli (le logiciel en offre d’ailleurs 9 de plus), ses pédales d’effet (on peut finement régler tous les paramètres), et 27 presets d’usine supplémentaires sont accessibles. L’interface du logiciel est très austère, mais facile d’accès. L’utiliser m’a permis de mieux comprendre la logique de fonctionnement de l’ampli, et de créer des presets avec finesse. Je conseille à tous les possesseurs de VTX d’essayer cela. Je regrette juste qu’il ne soit pas possible de modifier le Power Level depuis l’ordinateur, et ainsi s’affranchir complètement du panneau de contrôle.
Hercule
Entre le Blackstar ID Core 20, le Roland Cube-20GX, le Fender Mustang I, ou encore le Line 6 Spider IV, l’offre de petits amplis de 20 watts à modélisations est pléthorique. Si vous envisagez l’achat d’un ampli de ce type, il faut évidemment les essayer en magasin. Mais le VT20X m’a convaincu. J’ai aimé ses sons clairs, ses crunchs et ses saturations légères. Les réverbes sont aussi plutôt réussies. Quant au logiciel ToneRoom, il embellit l’expérience. Si je devais acheter cet ampli, ce serait pour tout cela. Les autres effets, la réduction de bruit, les réglages de Bias et de Classe sont plus anecdotiques. Certains de ces éléments sont réussis, d’autres moins, mais à mon avis ils ne doivent pas influencer votre achat.
Le bouton Bank avec la possibilité d’enregistrer de nombreux presets sur quatre canaux est un élément très intéressant, notamment avec un contrôleur externe. Il est alors envisageable de faire du live ou des répétitions. Pour autant, le VT20X est parfait pour un appartement, pour travailler, pour des petits jams entre amis, etc. Il peut aussi faire office d’ampli à trimballer un peu partout grâce à son poids léger. Oubliez néanmoins les vraies répétitions avec un batteur, vous pourrez probablement atteindre le niveau sonore requis, mais l’ampli sera poussé dans ses derniers retranchements et ne sonnera pas de manière optimale. Les modèles de 40 et 100 watts seront alors plus appropriés.
Pour conclure, le VT20X n’est pas parfait et il ne sonnera évidemment pas comme un bon vieil ampli à lampes. Mais pour le prix, je le trouve très réussi et j’incite quiconque recherche un ampli de ce type à l’essayer. Il mérite amplement notre award Qualité/Prix.