Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
7 réactions
OSD (Objet Sonore DT-erminé)
8/10
Partager cet article

Casque récent (il a six ans maintenant), casque ouvert, en métal et (force est de la reconnaître) onéreux... Le DT-1990 Pro avait déjà été chroniqué dans nos pages, nous l'avons rappelé pour le faire passer par notre nouveau protocole de test.

Test du casque DT-1990 Pro de Beyerdynamic : OSD (Objet Sonore DT-erminé)

C’était sous la plume de Red Led, en 2018, qu’il avait reçu un accueil un peu enthou­siaste, mais un peu retenu quand même…

Alors, après avoir testé en ce début d’an­­née un ensemble de casques « de réfé­­rence » situé dans la tranche 100–150 euros (envi­­ron), nous commençons désor­­mais une série complé­­men­­taire avec les casques de la tranche supé­­rieure (200–300 euros, et plus). Ils corres­­pondent eux aussi à des réfé­­rences souvent dispo­­nibles dans des studios profes­­sion­­nels, et ils concernent plus souvent les écoutes de mix ou de maste­­ring, et non la prise… car ils sont presque tous ouverts !

Voilà pourquoi le DT-1990 Pro passe aujour­d’hui par notre nouveau proto­cole de test. Façon de réac­tua­li­ser nos juge­ments, dans une optique compa­ra­tive, à l’aune de ce que nous avons testé depuis lors, et des nouveaux proto­coles mis en place.

Spéci­­fi­­ca­­tions

Le DT-1990 Pro est un casque de type circu­mau­ri­cu­laire, ouvert, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique. La taille du trans­­duc­­teur est de 45 mm.

Les spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont les suivantes :

impé­­dance : 250 ohms

réponse en fréquence : 5 Hz – 40 kHz

Le casque est fourni avec deux câbles : un câble torsadé de 5 m en pleine exten­­sion, et un câble droit de 3 mètres. Ils se terminent tous les deux par un connec­­teur jack TRS 3,5 mm, chacun avec son adap­­ta­­teur vissable 6,35 mm, et ils se connectent au casque par un connec­teur mini-XLR à trois contacts. C’est le genre de gage de soli­dité auquel on s’at­tend pour un casque dans cette tranche prix. On n’est pas déçu.

IMG 20230904 144750

IMG 20230904 144534Les mousses sont égale­ment four­nies en double. Elles sont couvertes d’un velours sombre, très doux au toucher et elles sont censées permettre deux types d’écoute diffé­rente : plus neutre (« équi­li­bré ») ou plus loupe (« analy­tique »). Ce qui change : le nombre de trous à l’ar­rière de la mousse.

C’est connu, par le carac­­tère poreux du tissu, elles se salissent en contact avec la peau au fil du temps, mais elles sont parfai­­te­­ment lavables à l’eau tiède + lessive, suivi d’un bon séchage à l’air libre.

À la diffé­­rence des revê­­te­­ments en faux cuir, le velours aura moins tendance à tomber en miettes en vieillis­­sant. Néan­moins, la matière à beau être confor­table, elle reste très chaude à la longue.

IMG 20230904 150456L’ar­­ceau est couvert d’une mousse de confort, parti­cu­liè­re­ment épaisse, avec un revê­­te­­ment en faux cuir assem­blé en deux bour­re­lets. Là aussi, son confort est supé­rieur à ce qu’on trouve sur les 770/990. C’est très bien !

Elle est main­­te­­nue sur l’ar­­ceau grâce à un système clas­sique de plaquette à vis (tête au format Torx). On regrette un peu le format ingé­nieux des modèles infé­rieurs, ou la mousse d’ar­ceau tient en place grâce à des ferme­tures à pres­sion, mais le confort gagné en vaut le coup.

Le casque est majo­­ri­­tai­­re­­ment en métal. Dans l’en­­semble, toute la construc­­tion respire la robus­­tesse et la qualité de fini­tion. J’adore parti­cu­liè­re­ment la courbe douce, très élégante, des fourches, et le détail de la pièce qui les joint à l’oreillette :

IMG 20230904 144449

C’est classe.

Démon­­table ?

Oui, bien sûr !

Pour les casques « DT », la procé­dure est toujours plus ou moins la même. D’abord, on retire les mousses (il suffit de tirer dessus) : 

IMG 20230904 145345

Ensuite, à l’aide d’un petit tour­ne­vis plat, on fait sauter l’an­neau de main­tien :

IMG 20230904 145510

On arrive sur la plaque de main­tien du trans­duc­teur. Pour la sortir, il suffit de renver­ser l’oreillette (et de taper un peu sur son fond si besoin). Elle tombe alors faci­le­ment hors de l’oreillette : 

IMG 20230904 145535

On le voit, sur ces modèles plus récents et plus haut de gamme, les connexions internes sont plus complexes que sur le DT770 par exemple. On le voit égale­ment, le mini-XLR est main­tenu en place par un écrou inté­rieur, et peut donc faci­le­ment être remplacé ! Tous ces points de connexion sont égale­ment faciles à déta­cher : une fois cela fait, il suffit de déclip­ser le trans­duc­teur : 

IMG 20230904 150045

Atten­tion, c’est l’étape très très déli­cate ! On sera tout parti­cu­liè­re­ment atten­tif aux deux minus­cules fils de cuivre qui arrivent de la bobine du HP sur le petit circuit imprimé, et à la très déli­cate membrane du HP : 

  • IMG 20230904 145945
  • IMG 20230904 145925

NB : toutes ces pièces, même si elles ne sont pas main­te­nues par des vis, ont un sens très précis de remon­tage : un picot à l’in­té­rieur de la coque de l’oreillette vient s’in­sé­rer dans un creux présent sur chaque grande pièce. Il convient d’y prêter atten­tion !

Pour finir, souli­gnons que de nombreuses pièces de rechange peuvent être comman­dées direc­te­ment auprès du construc­teur. C’est un très bon point.

Confort

On est dans le pur style Beyer : des grosses oreillettes qui prennent bien l’oreille, s’adaptent faci­le­ment à tous les types de tête, avec un arceau confor­table, des mousses en velours douces… mais chaudes et le casque a tendance à être lourd à longueur d’écoute.

Isola­­tion

Il s’agit d’un casque ouvert, donc rien à dire.

Trans­­port

IMG 20230904 144350Comme d’ha­bi­tude chez Beyer­dy­na­mic, le casque ne se plie pas du tout, et il est donc encom­brant. Pas vrai­ment le genre d’objet qu’on trans­porte quoti­dien­ne­ment, même si on signa­lera au passage qu’il est fourni avec une mallette de trans­port solide et bien conçue (excel­lente ergo­no­mie de range­ment interne). On ne s’at­tend pas à moins dans cette gamme de prix, mais c’est toujours agréable d’avoir un casque correc­te­ment protégé.

Bench­­mark

Voici donc le nouveau proto­­­­cole de mesures objec­­­­tives, mené par nos soins afin de complé­­­­ter l’écoute subjec­­­­tive. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­­sir de pouvoir vous four­­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­­sion, réali­­­­sées dans notre atelier.

Ces mesures ont été réali­sées avec les mousses « équi­li­brées ». Nous n’avons pas pu réali­ser le test avec les mousses « analy­tiques » puisque la version que nous avons reçue était accom­pa­gnée de deux fois la même paire de mousses.

Réponse en fréquence : 

BEYER DT1990 FR

On remarque :

  • une réponse très égale de 20 Hz à 2 kHz. C’est « équi­li­bré » jusque là, en effet.
  • un petit creux à 3 kHz
  • une accen­tua­tion à 4 kHz un impor­tant creux à 6 kHz
  • puis une forte accen­tua­tion au dessus de 7 kHz, et ce pratique­ment jusqu’à 20 kHz. C’est la signa­ture Beyer­dy­na­mic, ça.
  • accen­tua­tion/creux

On remarque que les trans­duc­teurs sont très bien appa­riés, comme toujours chez ce construc­teur. 

Distor­­sion :

BEYER DT DIST

La distor­­sion mesu­­rée est infé­rieure à 0,2 % jusqu’à 100 Hz, en dessous elle monte progres­si­ve­ment jusqu’à 2 % à 20 Hz.

Avec tout cela on s’at­tend à :

  • un profil « aéré », avec beau­coup de détail dans l’aigu
  • des basses présentes, mais avec une préci­sion moindre plus on descend vers 20 Hz.
  • des hauts médiums en avant, mais sans plus.

Écoute

Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­­lo­­ve’s Gutter)

Une ballade acous­­tique, avec beau­­coup de réverbe et une diffé­­rence de dyna­­mique impor­­tante entre la voix et la guitare. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a de l’aigu ! On le sait, c’est la signa­ture Beyer, mais là où le 990 souligne le passage haut médium/aigu, celui-ci accen­tue vrai­ment l’aigu à propre­ment parler. Résul­tat, c’est très « aéré » comme on dit, on entend chaque arti­cu­la­tion de la voix, mais l’équi­libre des fréquences surprend : on est habi­tué sur ce morceau à entendre une voix où le « coffre » bary­ton prend plus de place. Toute­fois, une fois qu’on s’ha­bi­tue à cette parti­cu­la­rité, on appré­cie plus l’équi­libre vrai­ment bluf­fant des fréquences sur tout le reste du spectre. La basse, parfois « pâteuse » sur ce morceau nous paraît très claire et équi­li­brée, et les dyna­miques très fortes sont bien rendues, l’ar­ti­cu­la­tion de la voix est d’une préci­sion remarquable et les queues de réverbe (voix et scie musi­cale) sont suivies jusqu’à extinc­tion totale, et cela avec une grande justesse dans le pano­ra­mique (réverbe de la scie qui dure plus sur la gauche).

Sun Kil Moon – Butch Lulla­­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­­niques médiums ajou­­tées par la distor­­sion, l’at­­taque légè­­re­­ment piquée des notes, tout en sépa­­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Là aussi, ce n’est pas les détails qui manquent, les attaques étant très souli­gnées. Sur le grave, il n’y a rien à redire : ça descend très bas, et le casque suit le clavier-basse jusque sur les notes les plus graves sans bron­cher. La bosse au-dessus de 7 kHz n’af­fecte pas le côté « nasal » de la voix, ce qui est une bonne nouvelle pour ce genre de colo­ra­tion vocale qui peut vite deve­nir fati­gante si on la souligne trop.

Massive Attack – Tear­­drop (sur Mezza­­nine)

Un titre avec beau­­coup d’ex­­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. La sibi­lance est un peu trop présente sur les conso­nances en « S » du deuxième couplet, mais c’est la contre­par­tie d’un casque qui rend la perfor­mance vocale très lisible et analy­sable. Le reste du spectre n’est pas en reste, et la réso­nance sub du kick durant le premier couplet est bien rendue.

Char­­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­­coup de souf­­flants jouant dans des tessi­­tures simi­­laires : c’est très touffu et le but est d’es­­sayer de discer­­ner les timbres. Les cymbales sont à la limite de noyer certaines infor­ma­tions dans le médium (c’est un « défaut » de ce morceau) mais ça passe, et le casque rend très bien les diffé­rentes tessi­tures au sein du groupe de cuivre, sans pour autant virer à l’ana­ly­tique trop froid. La réverbe sur la petite ligne solo du saxo­phone est très bien rendue et, je le signale parce que ce n’est pas toujours le cas, on perçoit assez bien le piano.

Edgar Varèse – Ioni­­sa­­tion (New York Phil­­har­­mo­­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­­bé­­ra­­tion natu­­relle de la salle, qui joue sur l’im­­pres­­sion d’es­­pace. L’écoute se fait entre 0 h 30 et 1 h 15 min. Là, on se régale : suivi des réso­nances, rendu de l’acous­tique de la salle, des écarts dyna­miques, de la grande palette de timbre. Si un peu de fatigue commence à se faire sentir (c’est souvent le cas avec les casques très riches dans l’aigu) on appré­cie quand même les grandes quali­tés de ce DT-1990 Pro sur ce dernier choix musi­cal.

Conclu­­sion

En premier, nous tenons à le dire : le DT1990 Pro est un bon, voire un très bon casque. À ce prix, et venant de ce construc­teur, on ne s’at­tend pas à moins.

IMG 20230904 144422Au point de vue de sa construc­tion, il n’y a rien à dire : on voit rare­ment un tel mélange de soli­dité, de sérieux et d’élé­gance. Les acces­soires four­nis sont nombreux, utiles et fonc­tion­nels (autant que nous avons pu en juger) et permet­tront à chacun de trou­ver son confort person­nel et sa sono­rité préfé­rée. Quant à la signa­ture sonore, mieux vaut en avoir une idée avant de se lancer dans l’achat : person­nel­le­ment j’aime les casques avec des rendus assez linéaires. J’en veux pour preuve que je mets des notes géné­reuses à ce genre de casque  — voici deux exemples — même si j’es­saie géné­ra­le­ment de ne pas trop lais­ser parler ma subjec­ti­vité. Ici, l’ac­cen­tua­tion des aigus va parfois un tout petit peu trop loin à mon sens, mais je perçois comment — avec un peu d’EQ et surtout l’ha­bi­tude de travailler avec ce casque — son rendu assez neutre sur le reste du spectre et le foison­ne­ment de détail qu’offre l’ac­cen­tua­tion au-dessus de 7 kHz peuvent en faire un excellent outil de travail pour du mix ou du maste­ring. Reste à souli­gner le point fort qu’igno­rait le précé­dent test AF : non seule­ment le casque est démon­table, mais les pièces de rechange existent, four­nies par le construc­teur, et permet­tront de garder l’ap­pa­reil en vie plus long­temps. Pour cela, j’ajoute juste un point à la note précé­dem­ment émise par Red Led : le huit me semble ample­ment mérité. Sur le reste des points, nous tombons entiè­re­ment d’ac­cord.

8/10
Fabrication (?) : Allemagne
Points forts
  • Robuste et élégant
  • Câble détachable avec prise mini-XLR
  • Très confortable
  • Une mallette solide pour son transport
  • Deux câbles fournis
  • Réparable et modifiable facilement
  • Pièces de rechange disponibles chez le constructeur
  • Deux paires de mousses pour deux écoutes différentes
  • La paire de mousse "équilibrée" donne une écoute équilibrée
Points faibles
  • Casque lourd
  • Qui tient chaud
  • Accentuation un peu trop présente au dessus de 7 kHz (nécessite sûrement une égalisation)
Auteur de l'article Pr. Soudure de La Feuille

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre