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Test du Korg Kronos - Un pas-de-géant !

9/10

Présenté au NAMM 2011 et disponible cet été, le Kronos représente une nouvelle étape sur le marché des workstations, monde cruel où chaque modèle est irrémédiablement frappé d’obsolescence à la sortie du suivant. Très innovant et profond, va-t-il changer la donne et ainsi contredire la règle fatale ?

En 1988, Korg lance la première works­ta­tion démo­cra­tique avec le M1, propo­sant dans un modèle compact 61 touches un module sonore multi­tim­bral, des effets, un séquen­ceur et un clavier : on a sous les mains 16 voix de poly­pho­nie, 8 canaux multi­tim­braux, un séquen­ceur, 4 Mo de RAM et 2 multi-effets. Dès cet instant, l’en­semble des gros construc­teurs vont s’étri­per sur cette ligne inin­ter­rom­pue de produits, proba­ble­ment la plus dense de l’his­toire de la synthèse. Aujour­d’hui, le marché est très mature : 2 gammes de produits très segmen­tées (1000 et 3000 euros pour faire simple), 4 construc­teurs plus ou moins actifs (Korg et Yamaha en tête, dans une moindre mesure Kurz­weil et Roland) et en moyenne un nouveau modèle tous les 3 ans dans chaque gamme.

Pour le musi­cien ou le produc­teur, l’achat d’une works­ta­tion est aujour­d’hui sujet à pas mal d’al­ter­na­tives et beau­coup d’in­ter­ro­ga­tions : attendre le prochain modèle haut de gamme, prendre deux modèles d’en­trée de gamme de marques complé­men­taires, ache­ter un modèle d’oc­ca­sion, opter pour le tout virtuel ? Car le marché est ainsi fait que tout nouveau modèle de works­ta­tion est immé­dia­te­ment syno­nyme d’ob­so­les­cence pour les précé­dents, donc de grosse décote. Ces derniers temps, la plupart des construc­teurs se foca­lisent plus ou moins sur la lecture d’échan­tillons comme forme de synthèse tota­le­ment inté­grée à leurs machines, donc ont concen­tré leurs efforts de R&D sur l’aug­men­ta­tion des spéci­fi­ca­tions dans ce cadre restreint : mémoire, poly­pho­nie, effets… Seuls Kurz­weil et Korg ont pour­suivi le déve­lop­pe­ment de synthèses multiples, depuis le KB3 intro­duit sur le K2500 pour le premier et les cartes Solo / Moss intro­duites sur le Trinity pour le second. En 2005, Korg lance l’Oa­sys, une works­ta­tion révo­lu­tion­naire, extrême et élitiste. Véri­table labo­ra­toire « vivant », l’Oa­sys est une formi­dable oppor­tu­nité de repous­ser les limites, de tester de nouvelles fonc­tion­na­li­tés et d’in­té­grer de nouveaux modules de synthèse ; bref, de prépa­rer une future works­ta­tion en rupture par rapport à la concur­rence, tout en restant dans la même gamme de prix. C’est avec ce leit­mo­tiv que le Kronos a été déve­loppé : chan­ger la donne et pour un bout de temps… alors, pari réussi ?

Classe et élégant

Korg Kronos

Dans sa tenue noire, le Kronos est un synthé élégant. Le grand écran couleur TFT central tranche avec cette sobriété, ajou­tant un côté clas­sieux indé­niable. La construc­tion métal­lique est tout à fait robuste sans pour autant alour­dir la machine. Le modèle 61 touches que nous avons testé doit proba­ble­ment son poids modéré de 12,5 kg au large panneau avant en alu, alors que le fond de la machine est en métal. Le tout confère à la struc­ture une rigi­dité parfaite, un bon présage pour trim­ba­ler le Kronos partout. Les flancs sont en plas­tique gloss noir et les diodes bleu pâle, seules fantai­sies que se sont permis les desi­gners sans tomber dans le bling-bling. Sur la partie gauche, pas moins de 2 joys­ticks se partagent la vedette : le premier, à ressort de rappel, est dédié aux modu­la­tions (Pitch­bend hori­zon­tal et 2 modu­la­tions verti­cales) ; le second est dédié aux fonc­tions Vector, c’est-à-dire le mélange en temps réel de plusieurs sources sonores placées aux 4 points cardi­naux (nous y revien­drons en détail). Ce joys­tick, en alu natu­rel, ne possède pas de ressort de rappel : il est de surcroît très sensible et évoque, dans son mode de réponse, celui de notre véné­rable Prophet-VS. Contrai­re­ment à ce qu’on a pu lire çà et là, en parti­cu­lier sur des forums améri­cains, ce joys­tick est soli­de­ment ancré à la machine, dont la fini­tion est de surcroît très soignée.

Korg Kronos

Pour modi­fier les sons en temps réel, le Kronos offre un tas de contrô­leurs physiques, parmi lesquels un ruban court avec fonc­tion Lock (sensible unique­ment à la posi­tion, donc pas à la pres­sion), 2 boutons assi­gnables, 8 poten­tio­mètres et 9 faders. Toutes ces commandes sont situées à gauche du LCD et permettent de pilo­ter les para­mètres de synthèse, les arpé­gia­teurs Karma ou encore le mixage des diffé­rentes pistes (volume, pano­ra­mique, effets, EQ…). La partie droite du panneau est dédiée à l’édi­tion (pavé numé­rique, enco­deur), au choix du mode de jeu, à l’ap­pel des sons (pavé numé­rique et boutons de sélec­tion des banques), au trans­port du séquen­ceur, au contrôle du tempo (potard dédié et bouton Tap) et au déclen­che­ment du sampling.

Longs et fins, les poten­tio­mètres permettent une bonne préhen­sion et offrent une résis­tance parfaite. Les switches sont francs et fermes. Par contre les faders 60 mm nous ont parus un peu durs en résis­tance et l’en­co­deur s’en­lève un peu trop faci­le­ment (il est main­tenu par un adhé­sif double-face en croix sur le modèle testé, mais le design a été revu depuis et l’en­co­deur est mieux main­tenu). Brillante par son absence de ce tableau de contrôle, une petite section pads qui nous aurait tant ravis ! Même si Korg a inclus des pads virtuels dyna­miques sur le LCD (voir enca­dré), cela ne remplace pas de bons pads physiques… tant que nous râlons, signa­lons aussi l’ab­sence de boutons dédiés à la trans­po­si­tion à la volée, il restait pour­tant de la place sur le panneau ! Le clavier 61 touches semi-lestées (iden­tique au M3–61) est sensible à la vélo­cité et à la pres­sion mono­pho­nique. Sa réponse est excel­lente, avec un effet de résis­tance progres­sive très agréable quand on enfonce les touches. Il existe par ailleurs deux modèles de Kronos à touches lourdes, respec­ti­ve­ment de 73 et 88 notes.

Korg Kronos

Exami­nons main­te­nant la connec­tique, essen­tiel­le­ment placée à l’ar­rière, sauf la prise casque judi­cieu­se­ment située à l’avant, à gauche du clavier. Tout à gauche, l’ali­men­ta­tion (interne) est assu­rée par une prise 3 broches univer­selle et un inter­rup­teur, Plus à droite, 3 prises USB 2.0 (2 prises de types A et 1 prise de type B) permettent de raccor­der le Kronos à des mémoires de masse, un ordi­na­teur (données Midi et audio, nous y revien­drons) et des contrô­leurs Midi USB, tels que la série Nano ou le Control Pad de Korg. Enfin complè­te­ment à droite, on trouve la connec­tique pédales, Midi et audio. Il y a 3 prises pédales : une prise Damper type piano (fonc­tion­nant en contrô­leur de Sustain simple ou continu), un inter­rup­teur simple et une pédale conti­nue. Pour le Midi, il faudra se conten­ter d’un seul trio In / Out / Thru, le Kronos ne gérant que 16 canaux, ce qui peut paraître peu. Pour l’au­dio, nous avons l’em­bar­ras du choix : 2 entrées analo­giques jack 6,35 TRS avec atté­nua­teurs et gains indé­pen­dants réglables par potards dédiés, 6 sorties analo­giques jack 6,35 TRS confi­gu­rables par paires stéréo et une paire entrée / sortie numé­riques S/P-Dif optiques. Toutes les connec­tions audio travaillent à +4.0 dBu. Dans les entrailles du Kronos réside un disque dur SSD 30 Go (mémoire de masse sans méca­nisme, donc avec très peu de latence et de risque d’usure préma­tu­rée) et 2 Go de RAM DDR2 (exten­sible à 4 Go, sachant que l’ac­cès néces­site de démon­ter le fond de la machine), parta­gée entre l’OS et tous les samples char­gés (Rom, EXs et RAM). Le Kronos est équipé d’une carte PC Intel NM10 Express avec proces­seur Intel Atom D510, le tout tour­nant sous Linux. Pour refroi­dir tout cela, il y a un bon vieux ventilo qui ronfle pas mal, le bougre, surtout quand la machine est posée sur un stand et non sur ses patins en caou­tchoucs…

Pads virtuels

Nous avons vu que les pads physiques brillaient par leur absence sur le Kronos. Pour « rattra­per le coup », Korg a doté sa machine de 8 pads virtuels, dispo­nibles dans tous les modes et program­mables indi­vi­duel­le­ment avec chaque son. Chaque pad peut déclen­cher un accord de 8 notes, chacune ayant un niveau de vélo­cité program­mable. Mieux, pour éviter de casser l’écran, la posi­tion de grappe sur le pad peut comman­der la vélo­cité. Pour mémo­ri­ser un accord, on peut soit utili­ser l’in­ter­face (note par note), soit jouer l’ac­cord direc­te­ment. Pas mal, mais cela ne nous console pas complè­te­ment de l’ab­sence de pads physiques, d’au­tant que ce mode nous plonge dans une page donnée de l’édi­teur, donc limite l’ac­cès aux autres pages, par consé­quent empêche l’édi­tion en appuyant simul­ta­né­ment sur les pads. Signa­lons que l’on peut aussi affec­ter une note Midi par pad virtuel, au cas où il nous pren­drait l’en­vie de raccor­der un contrô­leur externe (cf. dernier enca­dré)…

Superbe ergo­no­mie

Korg Kronos

Le Kronos offre une superbe ergo­no­mie. Certes il n’a pas l’écran incli­nable ou les potards cerclés de LEDs comme l’Oa­sys, mais il hérite de sa philo­so­phie limpide pour l’uti­li­sa­teur. Cela tourne en partie autour du grand écran couleur tactile 8 pouces SVGA de 800 × 600 pixels. L’af­fi­chage est magni­fique, visible dans toutes les posi­tions. Il répond rapi­de­ment et apporte toujours beau­coup d’in­for­ma­tions : en contre­par­tie, la taille des carac­tères peut paraître un peu juste dans certaines fenêtres ; du coup, la préci­sion est indis­pen­sable pour atteindre le para­mètre souhaité. Dans la prochaine mise à jour d’OS atten­due sous peu, l’amé­lio­ra­tion de l’af­fi­chage sera trai­tée, mais on n’en sait pas plus pour le moment. Le Kronos renferme des milliers de para­mètres modi­fiables, il y a donc énor­mé­ment d’in­for­ma­tions à gérer. Heureu­se­ment dans chaque mode de jeu, une première page Play permet de visua­li­ser synthé­tique­ment le(s) moteur(s) de synthèse utilisé(s) et de modi­fier rapi­de­ment quelques dizaines de para­mètres essen­tiels du (des) son(s) en cours : volume, niveau, filtrage, modu­la­tions, effets… le débu­tant pourra ainsi commen­cer lente­ment son appren­tis­sage, avant de plon­ger dans l’édi­tion, en eaux profondes. Et pour ceux qui sont perdus, une aide contex­tuelle (en anglais) est prévue, en appuyant sur la touche « Help ».

Quelques indis­cré­tions

Le Kronos est une works­ta­tion desti­née à évoluer. Korg va mettre en ligne un site inter­net privé destiné aux proprié­taires de Kronos enre­gis­trés. Ils vont ainsi notam­ment pouvoir télé­char­ger gratui­te­ment un certain nombre de fichiers : OS, sons et futurs moteurs de synthèse.

A ce sujet, l’OS 1.5 vient d’être annoncé ; au programme, l’ajout de 7 banques de 128 empla­ce­ments utili­sa­teur (programmes, drum kits et tables d’ondes !), la multi­pli­ca­tion par 4 du nombre de samples / multi­samples utili­sa­teur gérés, la gestion d’une Ram éten­due (permet­tant de dépas­ser les 2,2 Go de Ram pour les samples utili­sa­teur) et de nouveaux drivers pour le raccor­de­ment direct d’une liste éten­due de contrô­leurs Midi USB. Il est aussi ques­tion de banques sons gratuites (dont une nouvelle banque EXs, égale­ment promise avant la fin de l’an­née), de banques sons payantes (samples et programmes utili­sant les moteurs internes) et de nouveaux moteurs EXi (là, on ne peut s’em­pê­cher de penser très fort à des modé­li­sa­tions type cuivres et instru­ments à vent, mais rien n’est dévoilé à ce stade).

La machine est orga­ni­sée en pages menu, elles-mêmes subdi­vi­sées en sous-pages. Il y a donc 2 rangées d’on­glets contex­tuels tactiles (un peu comme sur un clas­seur Excel) pour appe­ler ces diffé­rentes pages. Le graphisme utilise plei­ne­ment la réso­lu­tion du LCD : listes dérou­lantes, boîtes de dialogue, ascen­seurs, cases à cocher… mais aussi objets tels que faders, potards à cliquer, patches virtuels (nous y revien­drons), photos d’ins­tru­ments, panneaux virtuels, graphiques, tableaux, courbes de réponse d’EQ, etc. L’écran est mono-posi­tion, on ne peut donc choi­sir qu’un seul para­mètre à éditer à la fois (puis l’édi­ter avec le fader dédié, les flèches +/-, le pavé numé­rique ou le clavier). On peut rêver qu’un jour, nos works­ta­tions dispo­se­ront d’écrans multi­touch façon iPad, où l’on pourra zoomer, navi­guer, dépla­cer, connec­ter en combi­nant des mouve­ments de doigts… en atten­dant, Korg a prévu quelques astuces pour assi­gner faci­le­ment un son à une touche ou défi­nir des tessi­tures voulues en appuyant direc­te­ment sur le clavier, bien vu ! Autre point impor­tant d’er­go­no­mie, la gestion des diffé­rentes ressources système (poly­pho­nie, moteurs de synthèse, effets, direct-to-disk, etc.) : sur le Kronos, tout se fait en dyna­mique, avec indi­ca­teur en temps réel des ressources consom­mées, à surveiller quand on commence à empi­ler des modèles de synthèse très gour­mands. Enfin, cerise sur le gâteau pour celui qui programme beau­coup, la touche Compare n’a pas été oubliée, merci !

Preuve par neuf

Karma Chame­leon

Le Karma est une tech­no­lo­gie de géné­ra­tion de motifs inter­ac­tifs complexes déve­lop­pée par le sound desi­gner Stephen Kay. Il s’agit d’un mélange subtil de séquences, d’ar­ran­ge­ments et d’ar­pèges qui évoluent en fonc­tion des notes jouées, modu­lables avec un tas d’ou­tils (AMS, CC Midi, contrô­leurs physiques y compris la surface de contrôle à gauche de l’écran entiè­re­ment para­mé­trable). Sont géné­rés non seule­ment des notes, mais aussi des événe­ments Midi. Les modules Karma sont dispo­nibles dans tous les modes de jeu, avec tous les moteurs de synthèse : 1 instance en mode Programme, 4 instances en modes Combi­nai­son et Séquence.

Dans un module Karma, tout commence dans le géné­ra­teur d’ef­fets : le GE va produire des motifs complexes et évolu­tifs en fonc­tion des notes jouées, de la ryth­mique de jeu, des progres­sions d’ac­cords, de la vélo­cité, des CC Midi reçus, des contrô­leurs tritu­rés… il y a au total 3584 GE, compo­sés de 2048 Presets et 1536 mémoires utili­sa­teurs (12 banques de 128 GE). Ils sont heureu­se­ment clas­sés par caté­go­rie. Un GE peut modu­ler 32 para­mètres en temps réel parmi une liste de plus de 400. Des modèles de contrôle stan­dard de ces para­mètres (RTC) sont prévus dans chaque GE Presets. Il y a 4 grands types de GE : Gene­ra­ted-Riff (arpèges complexes, progres­sions d’ac­cords trans­po­sés), Gene­ra­ted-Gated (idem, mais toutes le notes ne sont pas répé­tées), Gene­ra­ted-Drum (idéal pour les motifs de percus­sions) et Real-Time (le jeu temps réel va créer de nouveaux motifs en live).

La plupart du temps, l’écran affiche graphique­ment la struc­ture des motifs et des modu­la­tions pour tenter de nous y faire voir clair… mais ce n’est pas chose facile, étant donné le nombre de pages menu bour­rées de para­mètres éditables et modu­lables. Les sections dédiées au Karma sont présentes un peu partout dans les manuels du Kronos et occupent large­ment plus de 100 pages, il est donc impos­sible d’en faire une descrip­tion plus détaillée ici ; de plus, il faut aussi avouer que bien souvent, on ne comprend pas tout ce qu’il se passe. Bref, le Karma néces­site beau­coup de temps et de travail pour être bien compris et utilisé à sa juste valeur. C’est sûr qu’il n’a pas d’égal, mais on se retrouve parfois à écou­ter le Kronos jouer seul sans trop contrô­ler les choses. Cela fait long­temps que Korg a aban­donné le superbe arpé­gia­teur poly­pho­nique déve­loppé sur le Z1 et la complexi­fi­ca­tion du module Karma, depuis sa toute première incar­na­tion où il était déjà ardu, nous le fait parfois regret­ter un peu…

Le Kronos embarque, de base, 9 moteurs de synthèse complé­men­taires. Avant d’en­trer dans le détail des diffé­rents moteurs et des 1 664 programmes dispo­nibles, il est impor­tant de bien comprendre la philo­so­phie géné­rale de la machine en mode programme : la struc­ture d’un programme dépend du type de synthèse utilisé. S’il s’agit de la synthèse HD-1 (lecture d’échan­tillons et de tables d’ondes), chaque programme peut utili­ser 1 ou 2 sources sonores simul­ta­nées (chaîne oscil­la­teur + filtres + ampli) ; s’il s’agit de l’une des 8 synthèses EXi (voir ci-après), chaque programme peut utili­ser 1 ou 2 synthèses simul­ta­nées, iden­tiques ou pas d’ailleurs. La limite à tout cela se pose à la fois en termes de poly­pho­nie et dans les modes multi­tim­braux, où certaines synthèses ont un nombre limité d’ins­tances simul­ta­nées, un programme compre­nant 2 moteurs comp­tant pour 2 instances (cf. para­graphes suivants pour de plus amples détails).

Dans un programme, on peut simul­ta­né­ment lancer un module d’ar­pèges Karma (voir enca­dré), jouer une piste Drum (un pattern ryth­mique, programmé ou tiré des 697 Presets en mémoire, couplé à un Drum Kit) et utili­ser un module Vector (permet­tant de mélan­ger 2 sources sonores ou 2 synthèses via le Joys­tick ou une enve­loppe multi-segment dédiée). Les programmes EXi possèdent même un séquen­ceur type analo­gique 32 pas (dont le sens de lecture est modu­lable) et 2 géné­ra­teurs de tracking globaux à 4 segments. Tout ce beau monde peut ensuite faire appel au module d’ef­fets, à savoir 16 multi-effets mis en perma­nence à dispo­si­tion, sous forme de 12 effets d’in­ser­tions, 2 effets maîtres et 2 effets globaux (voir para­graphe corres­pon­dant). La tran­si­tion entre les programmes est abso­lu­ment fluide, sans aucun arte­fact (ce que Korg appelle le Smooth Sound Tran­si­tion). C’est beau­coup mieux que ce que faisaient Kurz­weil et E-mu à la grande époque, puisqu’ici, même les tran­si­tions d’ef­fets sont abso­lu­ment fluides, y compris dans les modes multi­tim­braux (Combi­nai­son et Song). Du grand art que les musi­ciens live appré­cie­ront !

 

 

Lecture d’échan­tillons HD-1

Korg Kronos

Baptisé HD-1, le premier moteur de synthèse est consa­cré à la lecture d’échan­tillons PCM. Il est poly­pho­nique avec 140 voix maxi­mum. Le Kronos utilise 3 types de mémoire PCM : la Rom (perma­nente), les EXs (biblio­thèques de samples pré-char­geables, à ne pas confondre avec les Exi qui sont les moteurs de synthèse addi­tion­nels) et la RAM (sampling utili­sa­teur). En Rom, on dispose de 314 Mo de samples. Les exten­sions EXs dédiées au moteur HD-1 (c’est-à-dire hors exten­sions EXs6 et EXs7 dédiées au moteur SGX-1) tota­lisent 2,6 Go, à savoir : 274 Mo pour l’EXs1 (Rom Expan­sion), 361 Mo pour l’EXs2 (Concert Grand Piano), 714 Mo pour l’EXs3 (Brass & Wood­winds), 157 Mo pour l’EXs4 (Vintage Keyboards), 458 Mo pour l’EXs5 (Rom Expan­sion 2), 170 Mo pour l’EXs8 (Rock Ambience Drums) et 472 Mo pour l’EXs9 (Jazz Ambience Drums). Le Kronos se démarque de ses concur­rents par une faible compres­sion sans perte de qualité pour le char­ge­ment des EXs. La réduc­tion ne corres­pond qu’à un modeste 10%, rien à voir avec les facteurs 2 ou 3 couram­ment utili­sés par la concur­rence. À noter que le RAM sampling n’est pas utilisé par les moteurs à strea­ming SGX-1, dont nous repar­le­rons plus tard. Les banques PCM four­nies sont issues de l’Oa­sys et de ses exten­sions, nette­ment un cran au-dessus du M3 par la diver­sité et la qualité. Les cordes stéréo sont de bonne facture, décli­nées en plusieurs sections stéréo de diffé­rente taille, le joys­tick vecto­riel permet­tant de passer progres­si­ve­ment entre elles dans certaines combi­nai­sons. Les voix sont bien fichues, musi­cales et décli­nées dans de nombreuses versions (clas­siques, pop, jazz, avec diffé­rentes voyelles ou arti­cu­la­tions). On trouve égale­ment de fort bonnes guitares et basses, dont les modèles complètent parfai­te­ment celles modé­li­sées (cf. moteur STR-1). Les ensembles de cuivres sont un peu en retrait sur la banque pré-char­gée, manquant un peu de brillance et d’ex­pres­si­vité ; on trouve des sections plus abou­ties et mieux construites dans la banque addi­tion­nelle dédiée. Les instru­ments solos (clari­nette, flutes, sax, trom­pette, trom­bo­ne…) sont honnê­te­ment samplés, là aussi un cran au-dessus du M3 (davan­tage de mémoire), mais avec une couleur sonore très proche et une filia­tion évidente. Les sons de batte­ries et de percus­sions acous­tiques sont très soignées et expres­sives à souhait : la patate assu­rée, de jolis timbres, une gestion de couches multiples par la dyna­mique de frappe, beau­coup de soin dans la capture des samples, une très grande varié­té… aussi à l’aise dans le pop, le rock, le jazz, les ambiances latines ou encore plus exotiques. Bref, un sans faute ! Les percus­sions élec­tro­niques sont du même niveau et tirent parti du multi-effet génial pour les trai­te­ments des diffé­rents sons au sein des kits.

 

HD-1 Strings
00:0001:59
  • HD-1 Strings01:59
  • HD-1 Brass01:14
  • HD-1 Choir02:49

À table !

Démo­cra­ti­sée brillam­ment par Wolf­gang Palm sur les systèmes PPG au tout début des années 80, la synthèse à tables d’ondes a fait quelques émules : on peut citer Waldorf (Micro­wave I & II, Wave, Q, Blofeld…), Enso­niq (VFX, TS-10, Fizmo…), puis Korg lui-même, il y a une ving­taine d’an­nées (WaveS­ta­tion). Le prin­cipe de cette synthèse est d’en­chaî­ner diffé­rentes formes d’onde, au contenu harmo­nique proche ou tota­le­ment distinct, avec des tran­si­tions plus ou moins douces, puis faire bouger la lecture de la table ainsi consti­tuée en temps réel (bouclage, inver­sions, répé­ti­tions).

Le Kronos offre 374 tables d’ondes (Wave Sequences) en mémoire, consti­tuées d’échan­tillons (Rom, RAM ou EXs). Une partie d’entre elles est déjà occu­pée par des tables d’usine, histoire de ne pas partir de zéro. Ces tables sont unique­ment utili­sables avec le moteur HD-1, comme les multi­samples ou les Drum Kits. Il y a 224 empla­ce­ments utili­sa­teur au total, pour des tables de 32 pas. La lecture de chaque table est basée sur un tempo (synchro­ni­sable au Midi), une synchro à l’en­fon­ce­ment de touche (chaque nouvelle pres­sion pouvant faire passer au pas suivant), un facteur de swing, un pas de démar­rage, un pas de fin, un pas de départ de bouclage, un pas de fin de bouclage, une direc­tion de lecture (avant, arrière, alter­née) et un nombre de répé­ti­tions de boucle… sont modu­lables le pas de démar­rage, la posi­tion de lecture et la vitesse. Pour chaque pas, on défi­nit le statut de jeu (multi­sample, silence, liai­son), le point de départ de lecture du multi­sample (offset de la forme d’onde), le volume, la durée, le fondu d’en­trée (avec courbe) et le fondu de sortie (avec courbe égale­ment). Bref, de quoi créer aussi bien des patterns ryth­miques que de lentes varia­tions spec­trales, le tout large­ment modu­lable en temps réel et en parfaite synchro­ni­sa­tion avec tout ce qui bouge dans le Kronos.

Comme nous l’avons dit en préam­bule, un programme HD-1 utilise 1 ou 2 sources sonores simul­ta­nées. En mode « normal », chaque source est compo­sée de 1 à 8 couches de multi­samples ou tables d’ondes (cf. enca­dré), repré­sen­tant autant de couches de vélo­cité avec fondus sur 2 couches adja­centes. Pour chaque couche on peut régler un offset de départ de lecture, un niveau, un mode de lecture (en avant bouclé ou en coup unique inversé), un seuil bas de vélo­cité et un niveau de fondu avec courbe de tran­si­tion. Un paquet de modu­la­tions est dispo­nible pour le pitch, soit direc­te­ment (tempé­ra­ment, suivi de clavier, enve­loppe dédiée de type multi­seg­ment à temps et niveaux modu­lables, 2 LFO parta­gés, porta­men­to…), soit via les modu­la­tions matri­cielles AMS où l’on trouve toutes les sources physiques, internes ou Midi imagi­nables. Bien souvent, les sources de modu­la­tions sont elles-mêmes contrô­lées par une source AMS tierce (modu­la­tion de modu­la­tion).

En mode « Drum Kit », on affecte de 1 à 8 samples par touche sur les 128 touches Midi (C-1 à G9). Chaque touche aura alors un trai­te­ment de faveur séparé (mode de lecture, pitch, volume, pano­ra­mique, départ effets, EQ, muta­tion par d’autres touches pour simu­ler les hit-hats, etc.). Le mémoire du Kronos renferme 152 empla­ce­ments pour les Drum Kits. Signa­lons que les tables d’onde et les Drum Kits sont créés en mode Global, unique­ment à partir de samples en Rom, RAM ou EXs.  Impos­sible, donc, d’uti­li­ser les autres moteurs de synthèse, dommage ! Les tables d’ondes consomment de la poly­pho­nie, pour gérer les fondus enchaî­nés.

Pour­sui­vons le parcours de notre signal sonore, qui passe main­te­nant dans un module de filtrage propo­sant 2 filtres multi­modes réso­nants. Ils sont tous deux capables de travailler en mode passe-bas (2 pôles), passe-haut (2 pôles), passe-bande (1 pôle) et réjec­tion de bande (1 pôle). Leur confi­gu­ra­tion est para­mé­trable : simple (1 seul filtre fonc­tionne), série, paral­lèle ou 24 dB/octave. Dans ce dernier cas, les 2 filtres sont mélan­gés pour n’en former qu’un à pente doublée : 4 pôles pour les modes passe-bas et passe-haut ; 2 pôles pour les modes passe-bande et réjec­tion. Les possi­bi­li­tés de modu­la­tion de la fréquence de coupure sont là encore nombreuses et multiples, soit direc­te­ment (1 enve­loppe dédiée par filtre, 2 LFO, 1 LFO global du programme, 1 géné­ra­teur de tracking 4 segments modu­lables en temps réel), soit via les sources AMS. La réso­nance de chaque filtre peut égale­ment être modu­lée via les sources AMS, on ne s’en plain­dra pas !

Korg Kronos

Vient enfin la section ampli / drive, compo­sée d’un Drive, d’un Low Boost pour renfor­cer les basses, d’un volume et d’un pano­ra­mique. Là encore, tous les para­mètres dispo­nibles sont modu­lables, soit via les sources AMS, soit en direct (1 enve­loppe de volume dédiée, 2 LFO, 1 géné­ra­teur de tracking 4 segments…). Bref au rayon modu­la­tions, le Kronos pousse encore plus loin les possi­bi­li­tés et la complexité, sachant que tout cela, c’est pour une source sonore HD-1 ! Pour affi­ner une dernière fois le signal avant d’at­taquer les effets, un EQ 3 bandes (avec médium semi-para­mé­trique) est dispo­nible. Ah si, nous allions oublier le géné­ra­teur de tracking global 4 segments par programme (qui accom­pagne le LFO global) et les 2 mixeurs AMS, permet­tant de mélan­ger 2 modu­la­tions suivant diffé­rentes fonc­tions mathé­ma­tiques (addi­tion, multi­pli­ca­tion, déca­lage, fondu, Shape, quan­ti­sa­tion, Gate). En s’ar­rê­tant là (et après un énorme raccourci des 1700 pages que tota­lisent les manuels), nous pour­rions déjà consi­dé­rer avoir l’une des plus puis­santes works­ta­tions du marché entre les mains, mais il reste encore 8 moteurs de synthèse tout aussi sophis­tiqués, si ce n’est plus, à décou­vrir !

Modé­li­sa­tion analo­gique AL-1

Le moteur AL-1 est un synthé à modé­li­sa­tion analo­gique poly­pho­nique de 80 voix maxi­mum, sans limites d’ins­tances en mode multi­tim­bral. Par rapport aux moteurs de synthèse MOSS des précé­dentes works­ta­tions Korg, c’est la grosse baffe ! Des enve­loppes très rapides appor­tant des basses claquantes à souhait, des couleurs sonores très inté­res­santes et une excel­lente poly­va­lence (basses rondes ou acides, pads dark ou brillants, leads expres­sifs)… les exemples audio donnent un rapide aperçu de ce que la machine sait faire : qui sait, fourbes que nous sommes, nous avons peut-être planqué un véri­table analo­gique là-dedans, mais où ? En tout cas, les avis sont les bien­ve­nus dans les commen­taires du test…

 

AL-1 1
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Korg Kronos

L’AL-1 est composé de 2 oscil­la­teurs, un sub-oscil­la­teur, un géné­ra­teur de bruit et une entrée audio (externe ou bus interne). Le premier oscil­la­teur offre toutes les formes d’onde clas­siques : dent de scie, impul­sion, triangle, double dent de scie, dents de scie désac­cor­dées (avec et sans oppo­si­tion de phase) et des combi­nai­sons dent-de-scie / impul­sion, carré / triangle. Il existe un para­mètre de morphing pour les combi­nai­sons d’ondes. On peut égale­ment régler et modu­ler, via l’AMS, la largeur variable de l’im­pul­sion, le dépha­sage de la double dent de scie et le detune des dents de scie désac­cor­dées. Le second oscil­la­teur est pratique­ment simi­laire au premier, à ceci près qu’il ne possède pas les ondes triangles et carrées. La plage de réglage de la fréquence va de 2 à 32 pieds, avec réglages plus ou moins fins. Les 2 oscil­la­teurs peuvent être désac­cor­dés (de manière clas­sique) ou déca­lés en fréquence (batte­ment constant sur toute la tessi­ture, comme sur une Moog Taurus). Le Sub-oscil­la­teur est calé une octave sous le premier oscil­la­teur ; il offre les ondes triangle ou carrée. Le pitch peut être rando­misé pour simu­ler les fluc­tua­tions des VCO analo­giques. Un para­mètre Edge permet de contrô­ler la brillance des hautes fréquences des oscil­la­teurs, simu­lant ainsi diffé­rents compor­te­ments de synthés vintage (par exemple, les synthés améri­cains plus chauds et ronds dans les aigus que certains synthés japo­nais plus brillants).

Les diffé­rentes sources audio peuvent inter­agir de diffé­rentes façons : modu­la­tion en anneau (clas­sique, inver­sée, modu­la­tion d’am­pli­tude, clip­ping) de l’os­cil­la­teur 1 par l’os­cil­la­teur 2 ou par une source audio externe (analo­gique ou numé­rique). De même, on trouve la FM (1 module 2) et la synchro (1 synchro­nise 2), tout cela modu­lable par l’AMS. Si les oscil­la­teurs sont à très faible niveau d’alia­sing (bravo !), leurs inter­ac­tions n’en sont pas toujours exemptes lorsqu’on pousse les fréquences très haut. À ce jour, le Kronos ne détrône pas, dans ce domaine, le Sola­ris de John Bowen, travaillant à 32 bit / 96 kHz. Le géné­ra­teur de bruit est à couleur variable, grâce à un filtre 1 pôle dédié. Il possède un para­mètre de satu­ra­tion, utile pour les gros orages.

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Par la suite, un mixeur permet de doser et modu­ler via AMS les niveaux de chaque source et leur balance d’en­voi vers les 2 filtres A et B. Ces derniers sont de type multi­mode réso­nant 2 pôles et disposent des mêmes modes et routages que la synthèse HD-1. Ils vont toute­fois un peu plus loin dans leur simu­la­tion du compor­te­ment des synthés analo­giques vintage. Ainsi, en mode passe-bas 4 pôles, la réponse de la réso­nance dans les hautes fréquences de coupure dispose d’un para­mètre permet­tant de boos­ter le pic d’auto-oscil­la­tion. Dans les basses fréquences de coupure, on peut égale­ment choi­sir la colo­ra­tion de la réponse : restreinte et foca­li­sée comme sur un Mini­moog ou accen­tuée comme sur un Prophet-5. Lorsqu’on n’est pas en mode 24 dB / octave, il existe un mode Multi Filter dans lequel on peut inter­ve­nir simul­ta­né­ment sur les para­mètres des 3 modes de filtrage (LP, HP, BP), un peu comme sur un Andro­meda. Ce mode offre 16 diffé­rentes combi­nai­sons des 2 ou 3 profils de filtrage, certaines propo­sant des inver­sions de phase ; on peut même faire du morphing entre 2 combi­nai­sons de filtres et modu­ler le passage de l’une à l’autre en temps réel (AMS). On se croi­rait presque chez E-mu avec les filtres Z-Plane ! Chaque filtre dispose d’un nombre impor­tant de modu­la­teurs de fréquence, comme pour la synthèse HD-1, avec dans certains cas une modu­la­tion de la quan­tité de modu­la­tion par une source secon­daire, histoire de perdre les quelques Newbies qui suivaient enco­re…

La sortie des filtres peut être placée indif­fé­rem­ment dans l’es­pace stéréo, ce place­ment étant, comme la plupart des para­mètres de synthèse, modu­lable en temps réel. La section Ampli / Drive offre drive stéréo, Low Boost et pano­ra­mique. Bien évidem­ment, tout cela est modu­lable par l’AMS, avec un soin tout parti­cu­lier pour le volume (points multiples, enve­loppe dédiée, géné­ra­teur de tracking 4 segments comme pour le filtre).

Pour ceux savent nager et qui aiment les chiffres, il y a 5 enve­loppes et 4 LFO dans le moteur AL-1. Tout comme pour l’en­semble des moteurs du Kronos, les enve­loppes sont de type multi-segment avec modu­la­tion dyna­mique AMS sur les temps et les niveaux ; elles offrent chacune plus d’une tren­taine de para­mètres ; par rapport aux enve­loppes MOSS (pour ceux qui connaissent les Trinity, Z1 et Triton), elles sont vrai­ment très rapides. Quant aux LFO, ils possèdent chacun une ving­taine de para­mètres : 18 formes d’ondes, modi­fi­ca­tion du profil des ondes avec modu­la­tion AMS, phase, délai, fondu, déca­lage, modu­la­tions de fréquence (2 entrées), synchro (interne, Midi avec facteur multi­pli­ca­tif), coup unique… Bref, plus de 250 para­mètres à portée de doigt rien que pour les enve­loppes et les LFO ! L’AMS dispose égale­ment de ses 2 mixeurs pour mélan­ger 2 sources de modu­la­tion. Toujours au rayon modu­la­tions, un Step Sequen­cer 32 pas dédié est prévu par instance AL-1, en plus du Step Sequen­cer global EXi. Tout ce beau monde est parfai­te­ment synchro­ni­sable avec l’hor­loge interne / Midi, comme tout ce qui tourne tempo­rel­le­ment dans le Kronos.

Avec le recul, cette synthèse est d’une très grande profon­deur et peut rapi­de­ment dérou­ter, notam­ment les inter­ac­tions entre oscil­la­teurs, les filtres multiples à morphing, les nombreux niveaux de modu­la­tion et le nombre incroyable de para­mètres. Nous décon­seillons aux débu­tants de commen­cer l’ap­pren­tis­sage de la synthèse par l’AL-1, fran­che­ment pas assez ratio­na­li­sée pour eux. Nous leur recom­man­dons plutôt de commen­cer leurs premiers pas dans la vie synthé­tique par le moteur Poly­sixEX, que nous analy­se­rons un peu plus tard.

Modé­li­sa­tion d’orgues CX-3

Korg Kronos

Le moteur CX-3 est basé sur le clavier éponyme de la marque, dédié à la modé­li­sa­tion des orgues à roues phoniques type Hammond B3. Il intègre ses propres effets, qui s’ajoutent aux 16 multi-effets sépa­rés. En contre­par­tie, on ne peut utili­ser « que » 8 occur­rences de CX-3 en mode Combi­nai­son, ce qui en fait le moteur le plus gour­mand en ressources DSP ;  ceci, conve­nons-en toute­fois, devrait large­ment suffire. La poly­pho­nie maxi­male accep­tée par le moteur CX-3 est de 200 notes, ce qui là aussi semble suffi­sant ! La modé­li­sa­tion est soignée et musi­cale, on pense notam­ment à diffé­rents programmes de B3 repre­nant les réglages de grands stan­dards inter­na­tio­naux. Il y a beau­coup de soin mis dans la repro­duc­tion du compor­te­ment des tirettes harmo­niques, dans l’in­ter­ac­tion des roues (Leakage), dans les satu­ra­tions, dans le compor­te­ment des percus­sions et dans la modé­li­sa­tion du haut-parleur tour­nant. L’un des exemples audio reprend d’ailleurs un accord simple démon­trant l’évo­lu­tion du contenu harmo­nique en bougeant les 9 faders situés en façade.

 

CX-3 B3
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  • CX-3 B300:45
  • CX-3 B3 tirettes00:43

Le CX-3 fonc­tionne selon 2 modes distincts : le mode normal (9 tirettes harmo­niques et une harmo­nique de percus­sion) et Ex (13 tirettes harmo­niques à fréquence variable par demi-ton de 16 à 1/4 de pied et 5 harmo­niques de percus­sions ajus­tables). On peut régler le type de roue phonique ou plutôt son âge (vintage ou clean), la réponse en volume des roues, le timbre (brillance des roues), le Leakage (inter­ac­tion entre les notes, suivant le nombre de notes jouées), la simu­la­tion du bruit de fond, le Gate (permet­tant de géné­rer un petit bruit addi­tion­nel à l’ap­pa­ri­tion ou à l’ex­tinc­tion du son) et le Key Click (modé­li­sa­tion de l’ef­fet de contact à l’en­fon­ce­ment et au relâ­che­ment des touches). Il y a en réalité 2 manuels spli­tables par instance de CX-3 (main gauche / main droite), le point de split étant program­mable et modu­lable en temps réel (ce qui permet de l’ac­ti­ver via un contrô­leur en temps réel, par exemple). La percus­sion (mono­pho­nique comme sur les orgues modé­li­sés) est large­ment program­mable, avec niveaux haut et bas, modu­la­tion, atté­nua­tion, Decay modu­lable et harmo­nique modu­lable. Même son entrée en action est modu­lable en temps réel !

Korg Kronos

La section effets dédiée comprend un simu­la­teur d’am­pli avec vibrato / chorus (plus de 30 para­mètres !) et un géné­ra­teur de haut-parleur tour­nant (plus de 30 para­mètres là aussi !). Pour la section ampli, on peut notam­ment choi­sir la couleur, ajus­ter et modu­ler le gain en temps réel (AMS), bypas­ser la section (préam­pli) ou encore égali­ser (3 bandes simples). La section vibrato / chorus peut s’ap­pliquer à chacun des 2 manuels. L’en­semble des para­mètres est modu­lable en temps réel (mode d’ac­ti­va­tion, inten­sité, vitesse de rota­tion). Enfin, le simu­la­teur de haut-parleur tour­nant occupe une page menu à lui tout seul. On y règle la source de déclen­che­ment, le mode Cros­so­ver, la balance, les vitesses indé­pen­dantes du moteur et du haut-parleur (lente, rapide, temps d’ac­cé­lé­ra­tion, temps de ralen­tis­se­ment), le tout étant large­ment modu­lable via l’AMS. Même la distance du micro, l’éten­due du champ stéréo, la phase du haut-parleur, la phase du rotor et la balance haut-parleur (hautes fréquences) / rotor (basses fréquences) sont para­mé­trables ! Bien évidem­ment, le niveau des tirettes harmo­niques est contrô­lable par les 9 curseurs situés à gauche du LCD, tout comme les potards et boutons pilotent les fonc­tions clés (vibrato, chorus, haut-parleur tour­nant).

Modé­li­sa­tion de cordes STR-1

Korg Kronos

Le STR-1 est une modé­li­sa­tion physique de cordes pincées, permet­tant de modé­li­ser guitares, basses, clave­cins, harpes, clavi­nets, pianos élec­triques, cloches, instru­ments du monde (sitar…) et un tas d’ins­tru­ments imagi­naires en tritu­rant les modèles. Avec ce moteur, la poly­pho­nie maxi­male est de 40 voix maxi­mum et le moteur est dupli­cable en 16 instances. L’écoute de quelques sons appelle immé­dia­te­ment des quali­fi­ca­tifs flat­teurs : dyna­mique, expres­si­vité, musi­ca­lité. La versa­ti­lité du modèle n’est pas en reste, dès qu’on pousse certains réglages dans leurs valeurs extrêmes. On passe ainsi des guitares acous­tiques (cordes nylon et acier) aux basses acous­tiques et élec­triques, puis au clavi­net, puis aux délires sonores les plus fous (cloches, drones, souf­fles…).

Pour program­mer le moteur, on commence par choi­sir le type d’ex­ci­ta­tion de corde. Le Kronos offre diffé­rents modèles : 2 guitares acous­tiques (dont l’une gère la posi­tion de l’ex­ci­ta­tion sur la corde), 3 guitares élec­triques plus ou moins brillantes / réso­nantes, 3 guitares jazz, 3 clavi­nets, un clave­cin et 4 modèles de synthèse plus ou moins riches en contenu harmo­niques et réso­nance. Un para­mètre aléa­toire permet d’hu­ma­ni­ser l’ac­tion d’ex­ci­ta­tions consé­cu­tives ; il est modu­lable via l’AMS et certains para­mètres du géné­ra­teur de bruit, tels que la satu­ra­tion et la fréquence du filtre. Le délai de mise en action, la surface de contact exci­tée et un géné­ra­teur de bruit (avec satu­ra­tion et filtre passe-bas 1 pôle) viennent complé­ter le modèle ; leurs para­mètres sont modu­lables par l’AMS. Mais on peut égale­ment utili­ser un lecteur de multi­samples PCM, soit en direct, soit pour produire l’ex­ci­ta­tion de la corde. Il peut monter jusqu’à 4 multi­samples déclen­chés par la vélo­cité, une version simpli­fiée du HD-1. La corde peut alors être utili­sée comme filtre en peigne pour le géné­ra­teur PCM ! Les sources audio passent alors dans un « mixeur d’ex­ci­ta­tion » dyna­mique et modu­lable. On y règle le niveau des sources (avec modu­la­tion AMS) et le mode d’ac­tion du filtre d’ex­ci­ta­tion (de type multi­mode 2 pôles réso­nants entiè­re­ment modu­lables).

Vient alors la page dédiée à la corde, c’est-à-dire le réso­na­teur. On va y défi­nir la posi­tion où a lieu l’ex­ci­ta­tion (entre le cheva­let et le sillet de tête d’une guitare, par exemple), puis le mode de suivi de corde (corde ou clavier). Dans le premier cas, le contenu harmo­nique ne change pas globa­le­ment en fonc­tion de la posi­tion, contrai­re­ment au second cas. Ceci permet tout aussi bien de simu­ler des guitares avec réalisme que des instru­ments dont les cordes changent systé­ma­tique­ment avec le pitch (genre clave­cin). On peut égale­ment simu­ler la créa­tion d’har­mo­niques lors qu’on appuie plus ou moins fort sur la corde. Le temps de déclin après relâ­che­ment de corde et la non-linéa­rité créée par le cheva­let sont égale­ment modé­li­sés. Tous ces para­mètres sont modu­lables par l’AMS et/ou la posi­tion sur la corde. Par corde, on peut aussi régler et modu­ler via l’AMS l’at­té­nua­tion des hautes fréquences et la disper­sion (rigi­dité de la corde). Après avoir para­mé­tré le pitch du réso­na­teur, il reste une page pour jouer avec les capteurs : posi­tion de 2 micros virtuels (avec possi­bi­lité de créer des effets de chorus). On peut même réinjec­ter une source audio externe ou interne (à partir de n’im­porte quel bus d’ef­fets), via une boucle de feed­back.

 

STR-1 1
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  • STR-1 101:20
  • STR-1 201:39
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Une fois toutes les sources consti­tuées, un mixeur permet de mélan­ger leurs niveaux avec préci­sion : corde, multi­sample PCM, géné­ra­teur de bruit et sortie des 2 micros ; au programme, volumes modu­lables, inver­sions de phase sépa­rées et balances vers le(s) filtre(s) situé(s) en aval. Ceux qui pensaient que c’était fini peuvent main­te­nant aller prendre un verre avant que l’on conti­nue… en effet, le STR-1 propose des sections filtres et ampli à peu près iden­tiques au modèle AL-1, nous ne nous éten­drons donc pas dessus. Pour modu­ler la plupart des para­mètres, on dispose non seule­ment des sources AMS, mais égale­ment de 5 enve­loppes, 4 LFO, 2 géné­ra­teurs de tracking et 4 mixeurs AMS (cf. moteurs précé­dents). Spéci­fi­cité du moteur STR-1, les géné­ra­teurs de tracking opèrent sépa­ré­ment sur les 6 cordes virtuelles que comporte le modèle. Ils agissent sur l’at­té­nua­tion de hautes fréquences, le temps de déclin, la disper­sion ou encore le cheva­let, pour simu­ler le compor­te­ment des diffé­rents maté­riaux utili­sés pour les cordes et leur section (nylon, acier, cuivre…). Autre parti­cu­la­rité, un para­mètre Fret modu­lable permet de défi­nir à quelle distance une note est jouée sur la corde, pour accroître encore le réalisme de certaines simu­la­tions, sachant que ce para­mètre peut être désac­tivé (mode Open). Voici encore un moteur complexe mais ô combien source d’ex­plo­ra­tions infi­nies.

Modé­li­sa­tion analo­gique MS-20EX

Cinquième moteur embarqué, le MS-20EX est une modé­li­sa­tion de MS-20, synthé analo­gique semi-modu­laire aux filtres très typés (agres­sifs) dont la cote ne cesse de grim­per ces derniers temps, revi­val analo­gique vintage oblige. La première incar­na­tion du modèle virtuel date de la suite logi­cielle Legacy déve­lop­pée par Korg il y a quelques années. Un contrô­leur physique spéci­fique, sorte de mini MS-20 avec cordons de patchage, avait d’ailleurs été déve­loppé pour l’oc­ca­sion. Dans le Kronos, le MS-20EX a une poly­pho­nie maxi­male de 40 voix. La modé­li­sa­tion reprend inté­gra­le­ment la philo­so­phie et les codes graphiques du MS-20, auxquels elle ajoute un certain nombre de para­mètres et de modu­la­tions. Côté sons, n’ayant pas de MS-20 pour une compa­rai­son directe, on peut toute­fois affir­mer retrou­ver le carac­tère parfois acide, parfois agres­sif du modèle. Les 2 filtres en série sifflent sans rete­nue, les synchros se montrent bien crades et les modu­la­tions en tout genre sont de mise. La couleur sonore est bien diffé­rente des autres modé­li­sa­tions analo­giques, il n’y a pas de recou­vre­ment.

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Korg Kronos

En édition, la façade virtuelle du petit synthé noir est repro­duite inté­gra­le­ment. Un click sur un potard ou un bouton lance immé­dia­te­ment l’édi­tion. De même, les patches virtuels peuvent être créés direc­te­ment avec l’écran tactile, nous y revien­drons. Le MS-20EX offre 2 oscil­la­teurs, un géné­ra­teur de bruit, une entrée audio, un mixeur, un filtre passe-haut, un filtre passe-bas et un ampli. Le premier oscil­la­teur comporte 5 formes d’ondes : triangle, dent-de-scie, impul­sion à largeur variable et bruit blanc. Contrai­re­ment au MS-20, la largeur d’im­pul­sion est modu­lable en temps réel par les sources AMS, entre 50% et 0% (soit de l’onde carrée au silence). Le second oscil­la­teur possède 3 ondes (dent de scie, carrée, impul­sion fixe) et une posi­tion Ring (modu­la­tion en anneau des 2 oscil­la­teurs). Le pitch des oscil­la­teurs peut être modulé par un porta­mento, un MG (LFO simpli­fié global à 2 formes d’ondes) ou une enve­loppe DAR. Les niveaux des 2 oscil­la­teurs sont ensuite réglés, avec possi­bi­lité de les satu­rer avant l’at­taquer le filtre passe-haut. Celui-ci est de type réso­nant et auto-oscil­lant. On peut même l’uti­li­ser comme géné­ra­teur de Sub. La fréquence de coupure est modu­lable par le MG et une deuxième enve­loppe. Le signal passe alors dans le filtre passe-bas connecté en série, qui dispose des mêmes réglages et modu­la­tions que le filtre passe-haut. Vient ensuite l’étage d’am­pli­fi­ca­tion, permet­tant égale­ment d’agir sur la posi­tion stéréo et de simu­ler une certaine insta­bi­lité du son.

Côté modu­la­tions, on est plutôt bien servi : 6 enve­loppes, 4 LFO, 2 mixeurs de signaux, 4 mixeurs AMS, un géné­ra­teur S&H, un géné­ra­teur de bruit (blanc ou rose) et le fameux MG. La semi-modu­la­rité du MS-20EX est reprise par le Patch Panel, repré­sen­tant graphique­ment une cinquan­taine de points de prélè­ve­ment ou d’injec­tion de signaux audio ou de modu­la­tions. Nous n’al­lons pas les citer ici, mais ils reprennent la plupart des para­mètres de synthèse, allant bien au-delà que sur le MS-20 d’ori­gine, tout en permettent de rece­voir ou envoyer des signaux externes. Pour connec­ter virtuel­le­ment deux points (jacks), rien de plus simple : on active le premier point à joindre en appuyant 2 fois dessus, puis le second en un clic et le patch est créé ! Bien évidem­ment, tout cela est mémo­risé dans chaque programme, pas besoin d’ache­ter un deuxième Kronos pour fabriquer un deuxième patch …

Modé­li­sa­tion analo­gique Poly­sixEX

Voilà, nous avons fait plus de la moitié des moteurs de synthèse, il ne nous en reste donc plus que quatre ! Le suivant sur la liste, baptisé Poly­six, se consacre à la modé­li­sa­tion du célèbre synthé poly­pho­nique vintage de la marque. Tout comme le MS-20EX, il a été déve­loppé initia­le­ment pour la suite logi­cielle Legacy il y a quelques années. Le Poly­sixEX offre une poly­pho­nie plus que confor­table de 180 voix maxi­mum et dupli­cable jusqu’à 16 fois en mode multi­tim­bral. Côté sons, n’ayant pas là non plus de Poly­six pour un véri­table face-à-face, on peut affir­mer que l’on retrouve incon­tes­ta­ble­ment le carac­tère du modèle. Pads dark, cuivres brillants, stabs en accords, arpè­ges… les effets d’en­semble sont très bien rendus, venant réchauf­fer l’unique oscil­la­teur.

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Tout comme le MS-20EX, le grand écran tactile joue un rôle fonda­men­tal, affi­chant une repro­duc­tion virtuelle de la façade du Poly­six, sur laquelle il n’y a plus qu’à cliquer pour sélec­tion­ner les para­mètres à éditer. La géné­ra­tion sonore est consti­tuée d’un oscil­la­teur, d’un Sub, d’un filtre, d’un ampli, d’une section d’ef­fets inté­grée et d’un EQ de sortie. L’os­cil­la­teur offre 3 formes d’onde basiques : dent de scie, impul­sion fixe et impul­sion à largeur variable modu­lable par un LFO dédié, commun à toutes les voix. Le Sub oscil­la­teur se règle 1 ou 2 octaves sous l’os­cil­la­teur maître ou peut être coupé. Le MG, synchro­ni­sable à l’hor­loge interne / Midi, permet de modu­ler, au choix, l’os­cil­la­teur, le filtre ou l’am­pli.

Korg Kronos

Le signal audio passe ensuite dans un filtre passe-bas réso­nant 4 pôles, à l’ori­gine généré par des circuits inté­grés SSM si chaleu­reux. Le Poly­sixEX recrée bien cet esprit de colo­ra­tion du son, comme en témoigne l’exemple audio. La fréquence du filtre peut être modu­lée par le suivi de clavier et une enve­loppe ADSR dédiée. Mais contrai­re­ment au véri­table Poly­six, on peut sépa­rer les modu­la­tions du filtre et de l’am­pli en choi­sis­sant 2 enve­loppes distinctes. En sortie, on peut régler le volume global, atté­nuer les voix et posi­tion­ner le son dans le spectre stéréo. Pour être complet, le Poly­sixEX modé­lise la section Chorus / Phaser si prisée du modèle origi­nel. On commence par choi­sir le type d’ef­fet souhaité (Chorus, Phaser, Ensemble), la largeur de l’ef­fet et la profon­deur / vitesse (suivant l’ef­fet choisi).

On attaque ensuite la page dédiée aux modu­la­tions. Au menu, un arpé­gia­teur, une enve­loppe de type Poly­six, 2 enve­loppes complexes, un MG, 2 LFO complexes et 4 mixeurs AMS. 2 sources de modu­la­tions AMS peuvent direc­te­ment être affec­tées à la largeur d’im­pul­sion de l’os­cil­la­teur, la coupure du filtre, le volume et le niveau de MG. L’ar­pé­gia­teur est très basique : il offre les modes Up – Down – Up / Down, se synchro­nise au tempo, dispose d’une synchro de départ à l’en­fon­ce­ment de touche, opère sur 1 ou 2 octaves et possède un mode Latch. Enfin, un para­mètre Analog permet de simu­ler la fluc­tua­tion des compo­sants vieillis­sants du Poly­six, sur une échelle de 0 à 10. Voici un moteur idéal pour commen­cer dans la synthèse, en compre­nant ce qu’il se passe grâce à la visua­li­sa­tion très claire des para­mètres. On n’est pas noyé sous les possi­bi­li­tés de modu­la­tion ou les patches ; du coup, on arrive rapi­de­ment à se fabriquer une banque sons variée sans se décou­ra­ger.

FM et Wave­sha­ping MOD-7

À peine avons-nous eu le temps de souf­fler avec le Poly­sixEX (qui a dit « d’y comprendre quelque chose » ?) que nous nous replon­geons dans la synthèse hard­core ! Là, il va falloir se concen­trer un peu pour suivre, car on entre dans les arcanes de la FM et du Wave­sha­ping. Au menu, des algo­rithmes, des multi­pli­ca­tions, des addi­tions, des sous­trac­tions, des cordons modu­laires, de la distor­sion harmo­nique… on y va ? C’est parti ! La poly­pho­nie du MOD-7 est de 52 voix maxi­mum, jusque-là tout va bien. Les programmes internes démontrent la dyna­mique, la variété de la palette et la puis­sance du moteur : pianos élec­triques, cloches, percus­sions, mais aussi pads hybrides magni­fiques, textures complexes, effets déjan­tés, modu­la­tions extrê­mes… certai­ne­ment le moteur le plus profond et le plus passion­nant du Kronos, pour les fondus de synthèse, comme nous allons le voir.

Korg Kronos

En gros, le MOD-7 produit le son à partir de 6 oscil­la­teurs VPM (opéra­teurs FM complexes) arran­gés en algo­rithmes, 101 tables de Wave­sha­ping, un géné­ra­teur PCM à 4 couches, 2 filtres multi­modes réso­nants, 3 mixeurs, un géné­ra­teur de bruit à couleur variable et une entrée audio. Tous ces modules vont s’in­ter­con­nec­ter via le Patch Panel. Il repré­sente les diffé­rents modules dispo­nibles et permet de les relier, à l’image du Patch Panel du MS-20EX. Cliquer sur un module permet de régler le niveau de ses entrées ou sorties, et de sauter vers son éditeur détaillé. Y figurent donc les 6 oscil­la­teurs VPM, le géné­ra­teur PCM, le géné­ra­teur de bruit, l’en­trée audio, les 3 mixeurs (2 entrées – 1 sortie), les 2 filtres et le mixeur final. Sélec­tion­ner un algo­rithme déter­mine les connexions par défaut entre tous ces modules : quel opéra­teur est porteur, quel opéra­teur est modu­la­teur, comment ils sont connec­tés, le rôle des mixeurs, le routage des filtres… Libre à nous ensuite de les modi­fier à notre guise. Pour nous faci­li­ter la tâche, les 78 algo­rithmes de base sont regrou­pés par caté­go­rie : PCM + VPM, PCM -> Filter -> VPM, PCM -> VPM -> 4 pôles, Noise -> VPM -> 4 pôles, Proces­sing et Vintage DX (repro­duc­tion des 32 algo­rithmes du DX7, nous y revien­drons). Les algo­rithmes sont beau­coup plus ouverts que ceux du DX, puisque le feed­back est libre­ment para­mé­trable.

Il est temps, main­te­nant que tout le monde est réveillé, de faire un zoom sur les oscil­la­teurs VPM : ils disposent de 2 entrées, une forme d’onde au choix (sinus, dent de scie, triangle, carrée, sinus + filtre LP + Wave­sha­per + filtre HP + Ring Mod, Wave­sha­per + filtre HP + Ring Mod, Ring Mod seul), un ratio (avec accor­dage fin), un offset de fréquence (en Hertz), une phase initiale (en degrés), un mode de synchro­ni­sa­tion de phase et un feed­back. Ce dernier réinjecte le signal sur lui-même, en le préle­vant soit à la sortie de l’os­cil­la­teur, soit à la sortie de l’opé­ra­teur total (sortie finale). Le Pitch de chaque oscil­la­teur VPM est indif­fé­rem­ment modu­lable par 2 sources AMS, ce que la lignée des DX ne permet­tait pas.

Korg Kronos

Acti­ver le Wave­sha­per permet de créer de nouvelles harmo­niques à partir d’ondes de base ; le MOD-7 offre ainsi pas moins de 101 tables : morphing de formes d’ondes, simu­la­tion de capteurs de pianos élec­triques, soft clip­ping, addi­tion d’har­mo­niques, multi­pli­ca­teurs, TX (ondes des synthés FM 4 opéra­teurs), tube (satu­ra­tion « analo­gique ») & diode (soft clip­ping asymé­trique), mixture (effet des tirettes harmo­niques d’orgues), inver­sion, fuzz (distor­sions et bruits), 01/W (60 tables de Wave­sha­ping issues du 01/W, premier synthé Korg à utili­ser cette tech­no­lo­gie, avant son aban­don sur le Trinity). Diffi­cile de décrire avec préci­sion les effets produits, rien ne remplace une bonne expé­ri­men­ta­tion avec les diffé­rentes tables et le réglage du Drive (et de ses nombreux para­mètres, modu­la­tions et géné­ra­teur de tracking). Un modu­la­teur en anneau permet de multi­plier le signal du porteur et du modu­la­teur, pour créer de nouvelles harmo­niques (souvent métal­liques – types cloches et gongs). Enfin, on peut modu­ler le niveau de sortie de l’opé­ra­teur VPM par une enve­loppe, la vélo­cité et une source AMS.

Nous ne nous éten­drons pas sur les parties PCM et filtres, très proches des moteurs AL-1 et STR-1 à quelques excep­tions près, tel le routage des filtres (paral­lèle et 4 pôles unique­ment). Les sorties de toutes les sources audio et des mixeurs sont connec­tables à un mixeur final 6 entrées – 2 sorties, qui va gérer leurs niveaux, leurs pano­ra­miques et leurs inver­sions de phases. Niveaux et pano­ra­miques sont modu­lables via l’AMS, préci­sons-le pour ceux qui en doutaient encore ! Côté modu­la­tions, on a 4 LFO, 10 enve­loppes, 9 géné­ra­teurs de tracking, 8 mixeurs AMS, un Step Sequen­cer et toutes les sources AMS pour s’amu­ser.

Multi­plier des fréquences à des niveaux audio crée de l’alia­sing à haute fréquence, le MOD-7 n’en est donc pas exempt. Pour réduire ce phéno­mène de replie­ment de spectre, on peut utili­ser les géné­ra­teurs de tracking sur les opéra­teurs les plus vibrants (atté­nua­tion dans les aigus). Le mode d’em­ploi du Kronos donne de précieuses indi­ca­tions pour se lancer dans la FM et en comprendre le fonc­tion­ne­ment : rôle du porteur, rôle du modu­la­teur, augmen­ta­tion du volume du modu­la­teur (donc de la modu­la­tion), chan­ge­ment de pitch du modu­la­teur (donc du contenu harmo­nique), effet du feed­back (ajout d’har­mo­niques), léger dépha­sage du porteur et modu­la­teur (effet chorus avec offset de fréquence ou déca­lage de ratio), modu­la­tion de ratio, filtrage dyna­mique (post- ou inter-opéra­teurs), FM via un multi­sample PCM… on y apprend aussi comment utili­ser les tables de Wave­sha­ping pour créer des nouvelles formes d’ondes ou des pads évolu­tifs (avec la FM ou les PCM) ou encore géné­rer de la modu­la­tion en anneau. C’est extrê­me­ment bien fait, bravo !

Le MOD-7 est capable d’im­por­ter direc­te­ment des banques complètes de 32 programmes de DX7 première géné­ra­tion sous forme de Sysex, même plusieurs banques à la volée ; autre­ment dit, des dizaines de milliers de programmes immé­dia­te­ment dispo­nibles. Avec un DX7 sous la main, on n’a pas pu empê­cher de compa­rer : c’est parfait, le souffle en moins, surtout dans les graves ! D’ailleurs, le piano élec­trique en début d’exemple audio, provient-il du DX7 du studio ou du Kronos ? Les avis sont là aussi les bien­ve­nus, pourvu qu’ils soient un tant soit peu argu­men­tés…

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Au final, le moteur MOD-7 est extrê­me­ment complexe et n’est pas à placer entre toutes les mains. Il néces­site un certain temps d’ap­pren­tis­sage, car il va beau­coup plus loin qu’un DX7 déjà diffi­cile à domp­ter. Il est suscep­tible de produire des textures numé­riques complexes inédites, à évolu­tion lente ou rapide, qui se marient parfai­te­ment avec le grain plus chaud des modé­li­sa­tions analo­giques dispo­nibles par ailleurs. Un très gros morceau à digé­rer !

Pianos acous­tiques SGX-1

Allez, on redes­cend un peu sur Terre pour faire refroi­dir le cerveau. Et pour cela, rien de tel que de très beaux sons de pianos acous­tiques, les meilleurs à ce jour (et de loin !) sur une works­ta­tion, suscep­tibles de taqui­ner de très bons softs dédiés, par la qualité propo­sée. Le SGX-1 est un moteur modé­li­sant les pianos acous­tiques de concert. La poly­pho­nie maxi­mum est de 100 voix doubles stéréo (équi­valent à 400 notes mono). L’écoute des diffé­rents programmes internes de pianos acous­tiques laisse sans voix : la capture est hyper soignée, le son est plein et réso­nant des basse aux aigus, les médiums sont puis­sants (souvent le défaut des pianos multi­sam­plés sur les works­ta­tions), la stéréo parfai­te­ment équi­li­brée, le niveau de détail impec­cable et les réglages propo­sés ne font pas gadget.

 

SGX-1 Stein­way 1
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  • SGX-1 Stein­way 102:05
  • SGX-1 Stein­way 200:33
  • SGX-1 Stein­way 300:39
  • SGX-1 C7 102:05
  • SGX-1 C7 200:33
  • SGX-1 C7 300:39

Le SGX-1 utilise la tech­no­lo­gie de strea­ming audio des samples depuis le SSD, une première dans un synthé maté­riel. Deux pianos acous­tiques de concert sont propo­sés, un modèle Alle­mand – Stein­way D à queue 9 pieds (exten­sion EXs7) et un modèle Japo­nais – Yamaha C7 3/4 de queue (exten­sion EXs8). Chaque touche a été indi­vi­duel­le­ment captu­rée en stéréo jusqu’à l’ex­tinc­tion, avec jusqu’à 8 niveaux de vélo­cité non bouclés. Les bruits de réso­nance sympa­thique ont égale­ment été enre­gis­trés chro­ma­tique­ment et en multi­couche. Chaque piano dépasse les 4 Go de samples, soit 20 fois plus que les plus gros pianos acous­tiques échan­tillon­nés sur un synthé maté­riel. Anec­dote amusante, une seule couche d’une seule note d’un seul piano repré­sente à elle seule à peu près toute la mémoire de samples du M1 de 1988… le Stein­way est beau­coup plus rond et plein que le Yamaha, plus court sur les tenues après attaque, mais aussi plus percu­tant et métal­lique. Les deux modèles se complètent donc très bien.

En édition, on peut régler une petite quin­zaine de para­mètres, modé­li­sant le compor­te­ment du piano modé­lisé, photo à l’ap­pui : volume, pano­ra­mique, posi­tion de l’au­di­teur (pianiste ou audi­toire), octave, trans­po­si­tion, posi­tion de l’abat­tant du couvercle (brillance du son), temps de relâ­che­ment, courbe de réponse en vélo­cité et niveau de vélo­cité (bipo­laire). On trouve aussi un réglage modé­li­sant la réso­nance sympa­thique des cordes : déclen­che­ment des samples, niveau, bruit de la pédale de main­tien (acti­va­tion, niveau), bruit méca­nique (niveau, temps de relâ­che­ment). Les potards et boutons de commandes permettent de pilo­ter direc­te­ment ces para­mètres. Deux sons de pianos acous­tiques de concert, c’est bien, surtout de ce niveau ; donc à quand de nouvelles sono­ri­tés, type Bösen­dor­fer Impe­rial ou Fazioli F308 ?

Pianos élec­triques vintage EP-1

Korg Kronos

Dernier moteur incor­poré au Kronos, l’EP-1 modé­lise diffé­rents pianos élec­triques vintage tels que Rhodes et Wurlit­zer. La poly­pho­nie maxi­male est de 104 voix et l’on peut utili­ser jusqu’à 18 instances du moteur EP-1 en mode multi-timbral. Tout comme les pianos acous­tiques, le réalisme et l’ex­pres­si­vité sont saisis­sants, que ce soient les sons de Rhodes ou de Wurlit­zer. Il y a beau­coup de détails dans la resti­tu­tion sonore, de l’at­taque au relâ­che­ment ; les effets inté­grés font partie inté­grante du réalisme (phaser, compres­seurs, chorus…) et collent parfai­te­ment aux ambiances recher­chées. Adap­ter un programme à son goût se fait en quelques secondes et il est très diffi­cile de prendre en défaut le modèle. Contrai­re­ment à la plupart des pianos élec­triques échan­tillon­nés sur les works­ta­tions concur­rentes, les tran­si­tions de son sont inau­dibles en terme de vélo­cité, de la plus faible à la plus forte. Concer­nant la tessi­ture, on peut déce­ler quelques petites varia­tions de timbre çà et là en tendant l’oreille, faisant appa­raître qu’il y a du multi­sam­pling à la base de la modé­li­sa­tion.

 

EP-1 MkI 1
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  • EP-1 MkI 101:23
  • EP-1 MkI 201:23
  • EP-1 W200A00:50
  • EP-1 MkV01:23
  • EP-1 MkII01:23

L’EP-1 propose 4 modèles de Rhodes Fender (type Tine) et 2 modèles de Wurlit­zer (type Reed). Chaque modèle est composé d’un oscil­la­teur harmo­nique (son tenu) et d’un oscil­la­teur de bruit (pour les parties attaque et relâ­che­ment). Dans un modèle Tine, la sortie des oscil­la­teurs passe dans un effet interne d’in­ser­tion, un simu­la­teur de pré-ampli, des réglages de tona­lité, un vibrato et ampli, puis se jette dans l’EQ global. Dans un modèle Reed, on commence par le pré-ampli, puis le vibrato, puis l’ef­fet d’in­ser­tion, puis l’am­pli, avant de rejoindre l’EQ. L’os­cil­la­teur harmo­nique dispose de réglages pour le niveau, le déclin et le relâ­che­ment, chacun étant modu­lable via l’AMS. L’os­cil­la­teur de bruit permet de gérer le compor­te­ment de l’at­taque, du relâ­che­ment, de la brillance de l’at­taque et de la taille du marteau. Là encore, tout se module par l’AMS. Les effets d’in­ser­tion sont tota­le­ment inté­grés au modèle et ne consomment pas de ressources du proces­seur d’ef­fets prin­ci­pal, comme pour les autres moteurs de synthèse à effets inté­grés. On trouve un certain nombre de simu­la­tions de pédales vintage célèbres tout parti­cu­liè­re­ment appré­ciées sur les pianos élec­triques modé­li­sés : Small Phase (Small Stone signée EHX), Orange Phase, Black Phase, Vintage Chorus, Black Chorus, EP Chorus, Vintage Flan­ger, Red Comp et Vox Wah. Tous ces effets sont para­mé­trables et modu­lables en temps réel, tout comme l’en­semble de la chaîne du trai­te­ment du signal. Au rayon modu­la­tions juste­ment, on dispose de l’en­semble des sources AMS et de 2 mixeurs AMS, au cas où l’on se sente à l’étroit. L’af­fi­chage des photos des pianos élec­triques et des effets d’in­ser­tion modé­li­sés ajoute une touche de nostal­gie à cette formi­dable modé­li­sa­tion, là encore un gros point fort du Kronos.

Combi­nai­sons par 16

Korg Kronos

Dans le Kronos, il est possible de regrou­per 16 programmes au sein du mode Combi­nai­son. On peut faire appel à n’im­porte quelle synthèse (allo­ca­tion dyna­mique des voix et des synthèses), avec toute­fois les limites d’ins­tances évoquées précé­dem­ment. Toute­fois, c’est large­ment suffi­sant dans la majo­rité des cas. La mémoire interne renferme 1 792 Combi­nai­sons multi­tim­brales jusqu’à 16 parties, toutes éditables. Lors de l’ap­pel d’une combi­nai­son, le LCD du Kronos affiche une table de mixage virtuelle des 16 parties simul­ta­nées, bien pratique pour tout visua­li­ser d’un coup. On peut ainsi rapi­de­ment modi­fier un numéro de programme, son volume ou pano­ra­mique ; de même on peut rapi­de­ment régler l’EQ des 16 parties côte à côte ou encore affec­ter des fonc­tions aux potards, boutons et faders. Pour chaque partie, on peut régler un nombre impor­tant de para­mètres : canal Midi, mode de jeu (programme interne / externe / les deux), acti­va­tion des oscil­la­teurs, porta­mento, réserve de poly­pho­nie, trans­po­si­tion / accor­dage, tempé­ra­ment, délai, synchro de la table d’ondes, routage des entrées audio pour les moteurs EXi compa­tibles, filtres Midi & contrô­leurs (22 para­mètres), tessi­ture (avec fondus haut et bas), fenêtre de vélo­cité (avec fondus haut et bas là aussi !), routage très précis des effets (inserts, départs, chaî­nages, sorties audio) et, bien sûr, édition détaillée de ces derniers.

L’édi­tion des programmes peut se faire d’une certaine manière dans leur contexte de combi­nai­son grâce à la page Tone Adjust, qui permet d’édi­ter certains para­mètres clés (filtres, enve­loppes, LFO) et de sauve­gar­der le tout au sein de la combi­nai­son, sans alté­rer le(s) programme(s) d’ori­gine. On aurait aimé pouvoir contrô­ler un peu plus de para­mètres (les filtres sépa­ré­ment par exemple), mais c’est quand même bien pratique pour éviter de décli­ner plusieurs versions d’un même programme ! En mode Combi­nai­son, le nombre de modules d’ar­pèges Karma dispo­nibles passe de 1 à 4, il y a toujours une piste Drum, le module Vector (mais cette fois, on place les 16 programmes aux 4 points cardi­naux pour modu­ler leurs volumes respec­tifs avec le Joys­tick ou l’en­ve­loppe dédiée) et les 16 multief­fets. Bref, ça tourne dans tous les sens, à tel point que parfois, on peut avoir l’im­pres­sion de perdre le contact avec la réalité et lais­ser le Kronos jouer tout seul…

 

Combi 1
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  • Combi 101:27
  • Combi 201:01
  • Combi 3h01:55
  • Combi 3l01:55
  • Combi 401:36

Séquences Midi

Korg Kronos

Le séquen­ceur du Kronos est un gros morceau mélan­geant Midi et audio. En effet, il offre 16 pistes Midi, une piste Master (gérant le tempo notam­ment) et 16 pistes audio. Commençons par le Midi : 16 pistes, cela peut paraître un peu juste sur une works­ta­tion de 2011, mais cela semble être devenu le stan­dard, tout comme l’unique trio Midi. La mémoire du Kronos est de 400.000 notes pour le Midi, répar­ties en 200 Songs de 1 à 999 mesures. De quoi voir venir. Il ne faudra pas oublier de sauve­gar­der cette mémoire avant l’ex­tinc­tion de la machine, car elle est vola­tile. OK, mais pourquoi donc aucune fonc­tion de sauve­garde en tâche de fond n’est prévue pour le Midi, alors qu’on a 30 Go de SSD sous le capot ? D’au­tant que cela existe pour les pistes audio ! Passons… la réso­lu­tion maxi­male est de 480 bpqn, parfait ! Pour ne pas partir de zéro, compte tenu du nombre de réglages possibles (mixage, effets…), 18 gaba­rits de Song sont prévus, l’uti­li­sa­teur pouvant en sauve­gar­der 16 de son propre cru. Autre fonc­tion pratique, l’en­voi direct vers une Song d’un programme ou d’une combi­nai­son, avec tous leurs para­mètres, pour enre­gis­tre­ment immé­diat.

En lecture, chaque piste peut être bouclée sur une durée indé­pen­dante, avec ou sans lecture de l’in­tro (avant zone de bouclage), permet­tant la créa­tion de motifs complexes. Tout comme en mode Combi­nai­son, on peut alté­rer certains para­mètres des programmes, mixer, régler les effets avec préci­sion, défi­nir les tessi­tures / vélo­ci­tés, filtrer messages Midi et contrô­leurs… en enre­gis­tre­ment, ces para­mètres ont droit à l’au­to­ma­tion totale (avec les commandes en façade, fonc­tion Tone Adjust), tout comme les modu­la­tions AMS et Dmod (pour les effets, voir ci-après). Le séquen­ceur du Kronos peut enre­gis­trer et éditer aussi bien en temps réel qu’en pas-à-pas. Pour l’en­re­gis­tre­ment, on peut régler les punch in / punch out, boucler, faire des over­dub… Dans la page Midi Mixer, on déter­mine le statut des 16 pistes, sachant qu’on peut en enre­gis­trer autant que l’on souhaite en même temps.

Bête de scène

Les Set Lists permettent d’or­ga­ni­ser indif­fé­rem­ment jusqu’à 128 programmes, combi­nai­sons et séquences, afin de les appe­ler / enchaî­ner rapi­de­ment. L’écran affiche 16 empla­ce­ments simul­ta­nés et des flèches tactiles pour faire défi­ler diffé­rents groupes de 16. C’est dans ce mode que l’on tire le meilleur parti des tran­si­tions douces entre les sons (Smooth Sound Tran­si­tion), puisqu’on peut en para­mé­trer certains compor­te­ments, dont le volume initial et la durée de la tran­si­tion. On peut égale­ment y enre­gis­trer du texte (512 carac­tères), par exemple les paroles d’une chan­son, qui sera affi­ché lorsque le programme est choisi, avec menu dérou­lant, faisant du mode Set List un outil idéal pour la scène.

On trouve aussi un EQ graphique 9 bandes supplé­men­taire par rapport aux autres modes de jeu, permet­tant par exemple un ajus­te­ment ultime du son en fonc­tion de l’acous­tique de la salle.

L’une des appli­ca­tions origi­nales des Set Lists concerne le mode Song. On peut défi­nir et program­mer dans chaque empla­ce­ment la piste Midi pilo­tée par le clavier. En lançant un morceau, on peut alors alter­ner entre 2 empla­ce­ments et donc 2 canaux (et donc 2 sons), sans inter­rompre la lecture du morceau, bien vu ! La mémoire du Kronos renferme 128 Set Lists, de quoi être auto­nome pour toute une série de concerts…

L’édi­tion est graphique, tirant parti du grand LCD pour affi­cher les événe­ments sous forme de blocs ou de liste dérou­lante. Tout est possible : quan­ti­sa­tion, dépla­ce­ment, copie, suppres­sion, inser­tion, édition micro­sco­pique (note, durée, place­ment, vélo­cité). Le filtrage de certains CC Midi est prévu, afin de faci­li­ter l’édi­tion. La fonc­tion In-Track permet de déclen­cher des samples en synchro­ni­sa­tion avec le reste des événe­ments, permet­tant ainsi de placer des portions d’au­dio sans pour autant passer par le séquen­ceur audio dédié. Les samples sur lesquels la fonc­tion Time Slice a été utili­sée sont auto­ma­tique­ment synchro­ni­sés au tempo. Dans l’es­prit boîte à rythme, le Kronos offre 100 Patterns par Song. La fonc­tion RPPR permet de les déclen­cher en temps réel avec les touches du clavier, en les assi­gnant chacun à une touche sur une tessi­ture de 72 notes). On peut partir des 697 Presets des pistes Drum, ou des 156 Presets Pattern, en plus des 100 motifs utili­sa­teur. À diffé­rents niveaux plus globaux (pistes, mesures, patterns), on dispose des clas­siques fonc­tions copier / coller / dépla­cer / suppri­mer…

En mode Séquen­ceur, tout comme en mode Combi­nai­son, le nombre de modules d’ar­pèges Karma dispo­nibles passe de 1 à 4, il y a toujours une piste Drum, un module Vector (on place les 16 pistes aux 4 points cardi­naux pour les modu­ler avec le Joys­tick ou l’en­ve­loppe dédiée) et les 16 multief­fets. Bref, ça tourne encore plus dans tous les sens, à tel point qu’on peut perdre pied encore plus vite si on se laisse aller à utili­ser la machine dans toute sa complexi­té…

 

 

Séquences Audio

Korg Kronos

La partie audio du séquen­ceur fonc­tionne en parfaite synchro­ni­sa­tion avec la partie Midi, une Song étant consti­tuée des 16 pistes audio et 16 pistes Midi. Le séquen­ceur audio du Kronos travaille en 16 ou 24 bit linéaires / 48 kHz (au choix, avec possi­bi­lité de gérer simul­ta­né­ment les 2 réso­lu­tions). Il est capable de trai­ter jusqu’à 300.000 événe­ments audio, en mémoire parta­gée avec les 400.000 événe­ments Midi. On dispose de 16 pistes audio en lecture et 4 en enre­gis­tre­ment. Les routages précis sont défi­nis dans la page Audio Mixer (entrées, sorties pour moni­to­ring des bus / effets, sorties pour enre­gis­tre­ment des bus / effets). 2 pistes adja­centes peuvent être apai­rées pour créer une piste stéréo. Lecture et enre­gis­tre­ment ne peuvent se faire qu’à partir du disque SSD interne, on ne peut pas utili­ser direc­te­ment une mémoire de masse raccor­dée, si ce n’est pour faire des backups. Comme sur toute-bonne DAW, les éditions audio sont sauve­gar­dées auto­ma­tique­ment au fur et à mesure de la session (type fichier Temp), plus qu’utile en cas de grosse panne ou d’ou­bli de sauve­gar­der son travail !

Les régions audio (poin­teurs de lecture) sont gérées indé­pen­dam­ment des fichiers WAVE eux-mêmes. Ainsi, le dépla­ce­ment, la suppres­sion, la répé­ti­tion et la copie de mesures de pistes audio sont non destruc­tives (on copie des indexes de lecture de pistes, pas l’au­dio lui-même). On trouve cepen­dant des outils d’édi­tion audio destruc­tive (avec affi­chage graphique de la forme d’onde), tels que fondus d’en­trée / sortie (linéaires ou non linéaires), norma­li­sa­tion et Time Stretch ; dans ce type d’édi­tion, le Kronos crée auto­ma­tique­ment les nouveaux fichiers WAVE et des poin­teurs corres­pon­dants. La machine peut impor­ter des régions audio, à partir de fichiers WAVE 44 ou 48 kHz, depuis le disque dur interne (il faut donc copier les données d’un CD ou d’une clé USB sur le SSD avant de faire la mani­pu­la­tion). La copie se limite à des fichiers mono, la stéréo n’est pas prise en compte sur des pistes au préa­lable liées.

Côté auto­ma­tion, on peut s’amu­ser avec les volumes, les pano­ra­miques, les EQ 3 bandes et les 2 départs effets. On a égale­ment la possi­bi­lité de boun­cer des pistes audio, de resam­pler les pistes Midi et audio en fichiers WAVE stéréo ou encore de graver direc­te­ment un CD audio sur un péri­phé­rique USB raccordé. Pour être complet, signa­lons qu’il existe une fonc­tion d’op­ti­mi­sa­tion de la RAM, qui nettoie la mémoire des fichiers ou régions audio inuti­li­sés.

Prêt à sampler

La fonc­tion sampling (mono ou stéréo) est dispo­nible dans tous les modes et à tout instant. Nous l’avons vu, la mémoire interne de 2 Go est parta­gée entre l’OS et tous les samples (Rom, EXs et RAM). L’ex­ten­sion à 4 Go permet­tra d’être tranquille même en char­geant un bon paquet d’EXs. Le Kronos est capable de gérer jusqu’à 4000 samples et 1000 multi­samples simul­ta­nés en RAM. La capture se fait en 16 bit linéaires / 48 kHz vers la RAM, mais 16 ou 24 bits linéaires / 48 kHz vers le disque dur interne ; lorsqu’ils sont rechar­gés en RAM, les samples 24 bits sont auto­ma­tique­ment conver­tis en 16 bits. On peut sampler toutes les sources audio imagi­nables et même resam­pler depuis n’im­porte quel mode alors que des arpèges Karma, la piste Drum et/ou le séquen­ceur tournent. En outre, il existe un système de mixage complexe des sources permet­tant de pré-mixer les diffé­rentes entrées (analo­giques stéréo, USB 1 et 2, S/P-Dif stéréo) et de les envoyer vers diffé­rents bus (tout type d’ef­fets, moteurs de synthèse avec entrée audio tels que MS20X ou MOD-7, tout en défi­nis­sant la desti­na­tion du sample ainsi capturé – RAM ou disque interne). Seule restric­tion, on ne peut pas sampler pendant qu’on enre­gistre une Song et réci­proque­ment. Il est aussi possible de riper direc­te­ment des samples depuis un CD audio raccordé via USB. Les sons captu­rés doivent être inté­gra­le­ment char­gés en RAM pour être utili­sés et sauve­gar­dés sur le disque dur interne avant extinc­tion, le strea­ming audio n’étant pas encore possible à ce jour.

Pour prépa­rer le sampling, on doit défi­nir le niveau (avec vumètre et indi­ca­teur de clip), la desti­na­tion (RAM ou SSD), le mode (mono / stéréo), la durée, le bouclage auto­ma­tique, la réso­lu­tion, la source audio, la note de réfé­rence, le mode de déclen­che­ment (seuil audio, note, manuel), le temps de décomp­te… et aussi para­mé­trer le rôle des commandes physiques de la façade. Une fois capturé, le sample peut être édité graphique­ment, avec affi­chage suivant 2 facteurs de zoom, en temps et en ampli­tude. Au menu : déter­mi­na­tion des points d’édi­tion (début – fin), recherche de points zéro, grille / tempo, copie / suppres­sion / inser­tion / tron­ca­ture, inser­tion de points zéro, mixage, norma­li­sa­tion, fondus en entrée et sortie, conver­sion de fréquence, inver­sion, liai­son de 2 samples… Le bouclage est précis et s’opère graphique à l’ap­pui. On dispose des outils de recherche de points zéro, de verrouillage de boucle, d’ac­cor­dage fin de la boucle, d’in­ver­sion, de gain, de boucle de cross­fa­de… Il est égale­ment possible de décou­per les samples en régions (Time Slice), idéal pour les boucles ryth­miques à caler à diffé­rents tempi en temps réel. Enfin, la compres­sion tempo­relle (Time Stretch) permet de modi­fier la vitesse de lecture sans chan­ger la hauteur, avec des calculs opti­mi­sés pour les boucles ryth­miques (mode Slice) ou les sons évolu­tifs tenus (mode Sustai­ning). À chaque étape, on peut faire appa­raître graphique­ment une grille sur la forme d’onde éditée et travailler en tempo (BPM).

Une fois les samples satis­fai­sants, on peut les monter en multi­samples, en Drum Kits ou en Wave Sequences. Pour créer un multi­sample, on dispose de 128 indexes qui sont autant de zones de montage. On y spéci­fie le sample à arran­ger et sa tessi­ture, le tout avec visua­li­sa­tion graphique du clavier. Reste alors à conver­tir le multi­sample en programme pour commen­cer à en régler les para­mètres de synthèse, comme un multi­sample en Rom ou EXs. Le Kronos est compa­tible en char­ge­ment avec les formats Akaï S1000/3000 (inté­grant les prin­ci­paux para­mètres de synthèse en plus des multi­samples), Sound­Font 2.0, AIFF et WAVE. Réci­proque­ment, il peut expor­ter des samples en formats AIFF ou WAVE. Dernière utili­sa­tion du mode sampling, celle du Kronos comme proces­seur d’ef­fets de luxe 6 entrées / 6 sorties, doté de 16 multief­fets stéréo entiè­re­ment routables, en combi­nant les diffé­rentes entrées / sorties audio physiques et les effets internes.

Effets par 16

Korg Kronos

On juge en partie une works­ta­tion par sa section d’ef­fets. Le Kronos est très bien pourvu en la matière. En fait, la section d’ef­fets est un module à 16 multi-effets très complexes, décom­po­sés en 12 effets d’in­ser­tion, 2 effets maîtres et 2 effets totaux. Tous sont stéréo en entrée / sortie et disposent des mêmes perfor­mances (algo­rithmes, para­mètres, modu­la­tions). Les 12 effets d’in­ser­tion sont chaî­nables 2 à 2 et routables vers la sortie audio de son choix ; il est possible de créer des Side Chains avec certains effets ; les 2 effets maîtres sont placés sur 2 bus (départs et retours réglables par programme / canal) ; les 2 effets totaux sont placés en mix global stéréo, ce qui les réserve plutôt à des effets de correc­tion ou de maste­ring (mais rien n’em­pêche de mettre une grosse disto ou un réduc­teur de bit en sortie…). Quel que soit le mode de jeu (Programme, Combi­nai­son, Séquence), on retrouve les 16 multief­fets. Incon­vé­nient, il faut donc refaire les routages des programmes à chaque fois dans les modes multi­tim­braux. Avan­tage, le mix en trouve une plus forte cohé­rence, car on évite ainsi de noyer les sons dans une indi­geste soupe aux phases. Au pire, si vrai­ment on a besoin de plus de ressources, on peut toujours utili­ser des pistes audio pour contour­ner ces limites. On peut égale­ment utili­ser les effets sur les entrées audio pour le sampling.

Bien inté­gré

Même s’il reven­dique haut la main le titre de works­ta­tion auto­nome, le Kronos s’in­tègre parfai­te­ment dans un envi­ron­ne­ment DAW plus large, notam­ment grâce à ses inter­faces USB 2.0 et Midi. Côté Midi, cela en fait un excellent clavier de commandes 16 zones simul­ta­nées avec tout type de péri­phé­rique son, maté­riel comme logi­ciel. On peut alors faire appel à ses commandes physiques et contrô­leurs pour pilo­ter tout ce beau monde. On peut égale­ment expor­ter et impor­ter des séquences au format SMF et utili­ser la fonc­tion Data Filer pour char­ger ou sauver des Sysex Midi.

L’in­ter­face USB trans­forme égale­ment le Kronos en carte audio 2 entrées / 2 sorties pour PC (XP>SP3, Vista, Seven – versions 32 et 64 bits) / Mac (OSX > 10.4.11, 10.5.8, 10.6.4), après avoir installé le pilote fourni sur l’un des 2 DVD livrés avec la machine. Les prises USB 2.0 sont d’ailleurs de type Hot-Plug­ging et peuvent alimen­ter en tension les péri­phé­riques connec­tés (USB Power), avec un maxi­mum de 8 unités toute­fois. Nous avons vu que l’OS 1.0.4 permet­tait déjà de raccor­der des péri­phé­riques USB Midi ; on pense notam­ment au Nano­Pad2 et au PadKon­trol, qui offrent 16 pads dyna­miques et une surface de contrôle 2 axes. Korg promet d’étendre la liste de péri­phé­riques compa­tibles en incluant des drivers dans ses futures mises à jour d’OS. Nous n’avons pour le moment pas de liste de compa­ti­bi­lité, notam­ment avec les péri­phé­riques qui néces­sitent d’ins­tal­ler des drivers spéci­fiques. Enfin sont atten­dus un éditeur et un biblio­thé­caire spéci­fiques télé­char­geables sur le site dédié au Kronos qui devrait bien­tôt être actif, pour rendre cette inté­gra­tion totale.

Lorsqu’on parcourt la liste des 185 algo­rithmes dispo­nibles par effets, on ne peut qu’éprou­ver une sorte de vertige. Certains effets dépassent les 70 para­mètres, donc une grande partie sont modu­lables en temps réel via la Dmod et synchro­ni­sables au tempo. On peut même utili­ser plusieurs canaux Midi pour modu­ler indé­pen­dam­ment plusieurs effets, c’est le délire complet ! De plus, la qualité est au rendez-vous, ce n’est pas un gadget. Sur les programmes et combi­nai­sons d’usine, on appré­cie d’ailleurs l’ex­cellent dosage des effets, qui sont là pour embel­lir le son et non pour masquer des défauts ; contrai­re­ment à certaines autres works­ta­tions d’hier et d’aujour­d’hui (dont des produits Korg), les sons ne sont pas noyés dans les effets, bravo !

Comme nous l’avons dit, ces effets sont indé­pen­dants des effets internes à certains moteurs de synthèse (réso­nance sympa­thique de piano dans le SGX-1, pédales vintage dans l’EP-1, haut-parleur tour­nant du CX-3, chorus / phaser du Poly­sixEX…). Au menu : proces­seurs de dyna­mique (compres­seurs / limi­teurs), voco­deurs, EQ / filtres, distor­sions / ampli / micros (avec des modé­li­sa­tions vintage), ensembles, délais, réver­bé­ra­tions, chaînes d’ef­fets en série et chaînes d’ef­fets en paral­lèle. L’édi­tion est bien fichue, faisant là encore large­ment appel au grand LCD, avec visua­li­sa­tion des courbes de réponse, assi­gna­tion des diffé­rents bus, page de mixa­ge… et pour ceux qui veulent ne pas partir de néant, le Kronos renferme 783 effets Presets. Bref, voilà la section d’ef­fets la plus balèze du marché, dépas­sant cette fois large­ment le KDFX Kurz­weil ou le RFX32 E-mu qui faisaient réfé­rence en la matière depuis de très nombreuses années !

Conclu­sion

Nous sommes arri­vés au bout de ce test et, espé­rons-le, parve­nus à faire parta­ger un maxi­mum de notre parcours avec le Kronos. Mais nous sommes très loin d’en avoir fait le tour ; comment pour­rait-il en être autre­ment ? Car le Kronos va bien au-delà de la works­ta­tion la plus puis­sante que nous ayons testée et utili­sée à ce jour, le Kurz­weil K2600, à la fois gros synthé modu­laire multi synthèse, puis­sant échan­tillon­neur et proces­seur d’ef­fets de rêve. Le Kronos dépasse même l’Oa­sys en puis­sance pure, puisqu’il intègre déjà en base tous ses moteurs de synthèse internes et option­nels, ajou­tant le strea­ming des samples (banques piano SGX-1), la tran­si­tion douce des sons et l’in­té­gra­tion totale de l’au­dio. Et d’après le construc­teur, il reste pas mal de place sous le capot pour de futures exten­sions. Tant mieux, car nous atten­dons notam­ment quelques amélio­ra­tions, comme le temps de boot, le strea­ming des samples utili­sa­teur et de nouvelles modé­li­sa­tions (tout cela serait en cours de déve­lop­pe­ment). Le senti­ment qui se dégage de ces deux mois de test (il fallait bien cela pour en faire un petit tour), c’est l’im­pres­sion d’une profon­deur abys­sale, aussi syno­nyme de complexité. Heureu­se­ment que l’er­go­no­mie est excel­lente à pratique­ment tous les niveaux, sinon cela pour­rait tour­ner à l’écœu­re­ment. Quant à la cible poten­tielle, elle est on ne peut plus large, puisque la machine se montre d’une redou­table poly­va­lence, que ce soit en design sonore complexe avec ses puis­sants moteurs de synthèse, sur scène avec le mode Set List et ses tran­si­tions tout en douceur, au studio en tant qu’unité à la fois auto­nome et inté­grée, ou tout simple­ment en tant que grosse banque sons prêts à l’em­ploi. Puisqu’il faut toujours compa­rer une nouveauté à l’offre exis­tante, que ce soit au niveau de la qualité sonore globale ou de la puis­sance, le Kronos n’a objec­ti­ve­ment pas vrai­ment de concur­rence réelle à ce jour, toutes gammes de prix confon­dues. Donc oui c’est clair, la donne a changé et ça risque de durer un moment !

Notre avis : 9/10

  • La qualité sonore et la polyvalence
  • Les performances globales hallucinantes
  • Les synthèses multiples et simultanées
  • L’allocation dynamique des voix
  • L’ergonomie généralement bien pensée
  • Les transitions inaudibles des programmes
  • La taille des mémoires internes
  • Le streaming des samples (banques SGX-1 piano)
  • Les possibilités de modulation à tous les niveaux
  • Les multi-effets surpuissants
  • L’interface audio / midi over USB
  • Le rapport puissance / prix
  • La possibilité de patcher certains moteurs vers d’autres
  • Le séquenceur 16 pistes audio direct-to-disc
  • Le mode Karma, pour celui qui parvient à le dompter…
  • … car devenu trop complexe, au détriment de la fonctionnalité
  • Le temps de boot, nécessitant d’être raccourci
  • L’absence de véritables pads physiques
  • La mémoire volatile du séquenceur et la limite à 16 pistes Midi
  • La taille réduite de certaines cases à sélectionner à l’écran
  • Pas (encore) de streaming pour les samples utilisateur
  • Pas (encore) de modélisation d’instruments à vent (cuivres, bois)

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