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Reportage / Salon
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5 amplis minuscules qui ont enregistré des albums gigantesques

Ces mini-amplis montrent que la couleur sonore prime sur la puissance, et qu’on peut obtenir des murs de guitares… avec un combo à 5 watts trônant sur une chaise. Ou comment des boîtes de la taille d’un grille-pain ont façonné certains des plus grands disques de l’histoire.

5 amplis minuscules qui ont enregistré des albums gigantesques :

On imagine souvent que les guitares démen­tielles des albums cultes sortent de stacks mons­trueux, de murs de lampes ou de confi­gu­ra­tions dignes d’un stade. En studio, il arrive que ce soit l’in­verse : beau­coup d’in­gé­nieurs du son adorent les petits amplis, faciles à pous­ser dans leurs retran­che­ments, parfaits pour capter un son dense, agres­sif, plein de carac­tè­re… et éton­nam­ment massif.

Voici 5 mini-amplis qui ont laissé une empreinte dispro­por­tion­née sur l’his­toire de l’en­re­gis­tre­ment.

1 — Fender Champ, le plus petit, le plus grand

Champ

Le Fender Champ, petit combo à lampes d’à peine 5 watts, est un mythe discret. C’est l’am­pli qu’on pousse à fond sans faire trem­bler les murs du studio. Keith Richards, des Rolling Stones, l’a utilisé pour combi­ner des textures et enri­chir des pistes secon­daires, tirant parti de sa capa­cité à satu­rer douce­ment à faible volume.

Jack White a égale­ment évoqué l’usage d’un Fender Champ sur certaines sessions. Dans une inter­view, il raconte, pour un enre­gis­tre­ment avec les Racon­teurs, avoir bran­ché sa Les Paul sur ce mini-ampli et avoir été surpris par le grain chaud et crémeux qu’il produi­sait. Joe Walsh (Eagles) l’a égale­ment utilisé pour Hotel Cali­for­nia. Le Champ, même minus­cule, offre une compres­sion natu­relle et un carac­tère sonore qui s’in­tègre parfai­te­ment dans un mix, sans écra­ser les autres instru­ments.

2 — Pignose 7–100, l’am­pli jouet devenu légen­daire

Pignose Legendary 7-100 : IMG 0172À l’ori­gine, c’est un gadget portable, un « jouet pour guita­ristes », alimenté par piles. Diffi­cile d’ima­gi­ner qu’un tel ampli ait pu séduire des artistes aussi exigeants que Frank Zappa ou Jimmy Page. Et pour­tant. Le Pignose est une anoma­lie merveilleuse, rudi­men­taire, impré­vi­sible, presque mal élevé. Dès qu’on le branche en studio, il laisse jaillir un grain sale et nerveux qui capte immé­dia­te­ment l’at­ten­tion.

Le Pignose cache une sympa­thique parti­cu­la­rité, un petit panneau qui s’ouvre comme une trappe. À l’ori­gine, il sert simple­ment à accé­der aux piles et au circuit… mais les musi­ciens ont vite compris qu’il influençait aussi le son. En ouvrant cette trappe plus ou moins large­ment, on modi­fie la réso­nance de l’am­pli, un peu comme si l’on réglait une caisse de réso­nance impro­vi­sée. Une parti­cu­la­rité de design deve­nue une astuce studio très prisée.
Jimmy Page aimait s’en servir pour les couches de guitare qui exigent du mordant sans deve­nir enva­his­santes, et Zappa s’en servait comme d’un pinceau texturé, un outil capable d’ajou­ter de la person­na­lité là où un ampli plus « sérieux » aurait donné un son trop lisse. Le Pignose, c’est un peu le punk des amplis : brut, spon­tané, anti-hiérar­chique, mais terri­ble­ment effi­cace.

3 — Vox AC4, le secret des over­dubs de Brian May

Vox AC4TV Mini : Vox AC4TVminiDe l’autre côté de l’At­lan­tique, le Vox AC4 montre que la tendance des petits combos n’est pas qu’amé­ri­caine. Ce mignon petit ampli britan­nique est parti­cu­liè­re­ment appré­cié pour ajou­ter des couches de guitare subtiles. Brian May, guita­riste de Queen, a utilisé des amplis de faible puis­sance pour certaines pistes secon­daires, afin d’en­ri­chir le mix sans alour­dir le son global.

L’AC4 offre une réponse harmo­nique inté­res­sante et une satu­ra­tion natu­relle lorsqu’il est poussé à fond, tout en restant facile à enre­gis­trer avec un micro. Il permet ainsi de créer des textures complé­men­taires, ce que les plus grands stacks ne peuvent pas toujours faire sans produire un volume exces­sif ou des harmo­niques indé­si­rables.

4 — Marshall Lead 12 Micro Stack, le mini-stack qui a piégé tout le monde

Marshall 3005 Lead 12 Micro Stack : 1-DSCF1112.JPGCe micro-stack est souvent consi­déré comme un jouet… jusqu’à ce qu’on enre­gistre avec. Les résul­tats sont surpre­nants pour un ampli aussi petit, et on obtient faci­le­ment des textures typique­ment Marshall. On cher­chera pour­tant en vain les lampes. Ce n’est pas éton­nant vu sa taille, le Marshall Lead 12 Micro Stack fonc­tionne entiè­re­ment à tran­sis­tors. Malgré son appa­rence de « mini-gadget », il repro­duit certaines carac­té­ris­tiques sonores des amplis Marshall clas­siques. 

Billy Gibbons (ZZ Top) l’a utilisé sur plusieurs prises studio, profi­tant de son grain Marshall pur jus, mais… à volume raison­nable.

L’ab­sence de lampes ne l’em­pêche pas de produire un timbre inci­sif et précis, idéal pour les over­dubs ou pour enri­chir une piste exis­tante. Ce micro-stack illustre qu’un ampli compact peut parfois surprendre par sa musi­ca­lité et sa poly­va­lence, surtout en studio.

5 — Roland Cube, le petit ampli moderne qui sonne métal

Roland Cube-30X : Fender Stratocaster Squier Series (37045)Le Roland Cube est un des secrets les moins glamour du studio moderne, un petit ampli à tran­sis­tors, propre, stable, prévi­sible. Petit, mais très poly­va­lent, le Cube peut produire un son clair, saturé ou crun­chy selon les réglages. Les ingé­nieurs appré­cient sa fiabi­lité, sa faci­lité à être placé dans une cabine et sa capa­cité à four­nir un son constant pour toutes les prises, qualité essen­tielle pour le mix moderne.

Un autre atout essen­tiel : en métal, certaines couches doivent être extrê­me­ment serrées, presque chirur­gi­cales. Un ampli à lampes bouge trop alors alors qu’un petit à tran­sis­tor, lui, garde le même grain d’une prise à l’autre.

Il est parfait pour doubler/quadru­pler des riffs, ajou­ter des couches « edge » et renfor­cer une guitare prin­ci­pale sans la déna­tu­rer.

À travers ces cinq exemples, il devient évident que la puis­sance et la taille d’un ampli ne sont pas les facteurs déter­mi­nants du son en studio. Ce qui compte, c’est la manière dont il est utilisé, le place­ment dans la pièce, le choix du micro, et surtout l’oreille de l’in­gé­nieur et/ou du musi­cien. Un petit ampli peut se révé­ler surpre­nant, expres­sif et parfai­te­ment adapté à un mix, capable de produire des textures et un grain que de nombreux stacks impo­sants ne sauraient repro­duire. Dans l’uni­vers de l’en­re­gis­tre­ment, ces exemples rappellent que, parfois, la modes­tie maté­rielle est le point de départ d’une grande créa­ti­vité sonore.

Et vous, connais­sez-vous d’autres petits amplis deve­nus des réfé­rences en studio ?

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