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Test de MyMusicPro.com - Un pro au bout du fil

Que penserait un ingé son professionnel ou un programmateur radio de votre maquette? Que dirait un avocat du contrat qu'on vous propose? Et que diriez –vous si vous pouviez obtenir ces réponses d'un simple coup de téléphone?



Ma mère adore ce que je fais, mais ma mère n’est pas un pro, pas plus que ma copine, mon meilleur ami ou mes collègues. Du coup, quand je boucle une chan­son et que je propose de faire écou­ter ma maquette à ce petit monde, j’ai certes droit à des critiques souvent inté­res­santes, mais rare­ment à des conseils précis, suscep­tibles de me donner du grain à moudre. Au-delà de ça, aucune personne dans mon cercle de proches n’est en mesure de dire ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire, quelles modi­fi­ca­tions porter ou quelle direc­tion suivre pour qu’à la fin, mon morceau puisse prétendre à une diffu­sion radio, ou encore me permette de démar­cher  les labels et maisons de disques. Evidem­ment, quand on s’ap­pelle Sinclair, David Halli­day ou Matthieu Chedid et que, depuis tout petit, on fréquente la crème des profes­sion­nels, ce problème ne se pose pas. Mais quand on est un poor lone­some zicos sans carnet d’adresses, c’est une autre paire de manches.

Et  c’est là qu’in­ter­viennent Univer­sal et son nouveau site MyMu­sic-Pro.com. Oubliez Pascal Nègre, la StarAc et tous les préju­gés que vous pour­riez nour­rir au sujet de la World Company du disque, ce site pour­rait bien vous inté­res­ser plus que vous ne le croyez, et si d’aven­ture, vous lâchiez 50 € dessus après avoir lu cet article, il se pour­rait même que ce soit l’ar­gent que vous ayez le mieux dépensé depuis ces derniers mois. Expli­ca­tion…

Hotline de luxe

L’idée de MyMu­sic-Pro.com est simple : propo­ser du conseil pour musi­ciens via télé­phone. Est-ce que mon mix sonne pro ? Quels arran­ge­ments sont suscep­tibles de plaire à une radio ? Comment démar­cher un label ? Dois-je accep­ter telle ou telle clause de ce contrat ? Que penser de ma pochette d’al­bum, de mon son de caisse claire ou quelle option choi­sir pour mon costume de scène? Ce sont là autant de ques­tions que vous pouvez poser au télé­phone à une équipe d’ex­perts réunie par Univer­sal…

Ces derniers sont clas­sés dans diffé­rentes caté­go­ries : ‘Poten­tiel de ma musique’ rassemble des direc­teurs artis­tiques ou des program­ma­teurs radio, ‘Enre­gis­tre­ment/Tech­nique Voca­le’ des ingés son et des profs de chant, ‘Gérer ma carriè­re’ des direc­teurs de labels, des mana­gers, des juristes ou mêmes des conseillers en commu­ni­ca­tion graphique. Enfin la dernière caté­go­rie est quant à elle dédiée aux musiques urbaines et comprend des mana­gers, des ingé­nieurs du son, des atta­chés de presse, etc. spécia­li­sés dans les genres Hip Hop et RnB.

Là où Univer­sal a bien fait les choses, c’est dans la qualité globale des inter­ve­nants propo­sés. La grande force de la maison de disque, c’est son carnet d’adresse et les profes­sion­nels acces­sibles sur MyMu­sic-Pro.com ont en effet, pour la plupart, de vraies belles réfé­rences. Si le réali­sa­teur Laurent Guéneau a ainsi bossé avec Zazie, Iam ou Césa­ria Evora, Nico­las Gauthier a joué les direc­teurs artis­tiques pour Rachid Taha, Bernard Lavilliers et Alain Bashung. Et que dire de Regis Cecca­relli qui, en plus d’avoir publié un album chez  Blue Note et accom­pa­gné DeeDee Brid­ge­wa­ter, Bireli Lagrene, Steve Gross­man ou Richard Bona, a signé des réali­sa­tions ou des arran­ge­ments pour des artistes aussi divers qu’Alain Souchon, Henri Salva­dor ou Abd-al Malik… Rayon produc­teur, on trouve aussi Yves El Baze qui s’est occupé des tour­nées de Liza Minnelli, Earth Wind & Fire, Al Jarreau, Curtis Mayfield, James Brown, Chic et a managé Barry White, Kool & the gang et Roger Hodg­son. Quant aux musiques urbaines, elles sont digne­ment repré­sen­tées avec Mounir Maarouf (Sinik), François Lafo­res­trie, direc­teur de la radio Géné­ra­tions 88.2, ou encore François Trez, l’at­ta­ché de presse de Disiz La Peste. En marge de ce petit monde, on trouve aussi de vieilles gloires de la StarAc : l’oc­ca­sion de se rendre compte qu’en dehors de ce travail alimen­taire, un Matthieu Gonnet a aussi signé la BO d’"Un conte de Noël" d’Ar­naud Desple­chin et bossé avec le quasi under­ground Jean Guido­ni… Bref, il y a de la qualité et de la variété dans le panel, et s’il n’est pas encore possible de faire écou­ter ses compos à Brian Eno, Steve Albini ou même Domi­nique Blanc-Fran­card, gageons que le succès aidant, Univer­sal saura convaincre plus de profes­sion­nels de rejoindre l’équipe de MyMu­sic-Pro.

Mode d’em­ploi

Pour l’heure, vous devrez donc porter votre choix sur un des trente inter­ve­nants dispos sur le site. Le choix se fera bien sûr en fonc­tion du domaine sur lequel portent vos ques­tions et de votre genre musi­cal, mais aussi en fonc­tion du CV de l’in­ter­ve­nant et de sa côte. Chaque pro du site est en effet affu­blé d’une note allant de 0 à 5 étoiles, attri­buée par les inter­nautes à l’is­sue de leur entre­tien. Il est aussi possible de lais­ser un commen­taire sur l’en­tre­tien. Le service démarre et comme Wengo, le parte­naire tech­nique d’Uni­ver­sal, a choisi de mettre une note de 3 étoiles de base à chaque inter­ve­nant, on ne peut pas encore dire que ces appré­cia­tions soient très fiables. Les commen­taires lais­sés par les utili­sa­teurs sont quant à eux tous très bons. Rensei­gne­ments pris auprès d’Uni­ver­sal, ces derniers ne font l’objet d’au­cune modé­ra­tion. En cas de mauvaise appré­cia­tion, il est toute­fois prévu que l’in­ter­ve­nant use d’un droit de réponse, mais on nous rassure là-dessus : aucune censure ne sera exer­cée et l’échange demeu­rera en ligne.

Autre élément qui peut avoir son inci­dence dans le choix de l’in­ter­ve­nant : le prix. Car si tous ces experts sont rému­né­rés à la minute, ils ne pratique­ment pas le même tarif. Les moins chers sont ainsi dispo­nibles à 1 € la minute tandis que les plus chers sont à 4 € la minute. Compre­nez bien toute­fois que tout l’ar­gent ne va pas dans la poche de l’in­ter­ve­nant. Inter­rogé sur ce sujet, Xavier De Baillenx, en charge du projet MyMu­sic-Pro.com chez Univer­sal, nous explique qui gagne quoi dans l’his­toire : « l’in­ter­ve­nant touche au mini­mum 52 % de la somme perçue, ce pour­cen­tage augmen­tant en fonc­tion des horaires qu’il pratique et de son deal avec Univer­sal. Univer­sal et Wengo se partagent quant à eux l’ar­gent restant ». En gros, sur un coup de fil de 20 minutes à 2 € la minute, l’in­ter­ve­nant touche un peu plus de 20 € tandis que Wengo et Univer­sal gagnent un peu moins de 10 € chacun…


Wengo ?


MyMu­sic-Pro.com est un site réalisé en parte­na­riat par Univer­sal et Wengo, le premier appor­tant son carnet d’adresses et sa force de commu­ni­ca­tion tandis que le second gère toute la tech­nique : du déve­lop­pe­ment du site jusqu’au paye­ment en ligne en passant par la mise en rela­tion télé­pho­nique. Il faut dire que Wengo est déjà un spécia­liste du conseil via télé­phone, le site de base mettant à votre dispo­si­tion 1500 experts pour des sujets aussi variés l’en­sei­gne­ment, le juri­dique, les finances, mais aussi la psycho­lo­gie, l’as­tro­lo­gie et même le shop­ping. En dehors du logo, le design de MyMu­sic-Pro.com  est d’ailleurs en tous points semblable à celui de Wengo.com.
Bref, le deal est plus qu’équi­table pour les 3 partis. Reste à savoir si le client s’y retrouve et si, dans le cas évoqué, les 20 minutes de conseils valent les 40 euros… Le seul moyen de le savoir, c’était de tenter l’ex­pé­rience en  soumet­tant deux titres et d’en­re­gis­trer les conver­sa­tions pour vous lais­ser seuls juges de la perti­nence du service. L’en­re­gis­tre­ment des appels télé­pho­niques étant très régle­menté en France, c’est après avoir signé une auto­ri­sa­tion d’en­re­gis­tre­ment que j’ai proposé mes propres compos à deux inter­ve­nants : Thierry Voyer, program­ma­teur sur la radio Neo, et Régis Cecca­relli, produc­teur.

Comment ça marche? C’est plutôt simple. Vous commen­cez par aller sur la fiche de l’in­ter­ve­nant et vous cliquez sur ‘Prendre Rendez-vous’. Dès lors, vous accè­dez à l’em­ploi du temps de ce dernier, ce qui permet de choi­sir un créneau horaire, puis vous rentrez les infos rela­tives au paye­ment (ce que person­nel­le­ment, je n’ai pas fait, les commu­ni­ca­tions pour ce test étant à la charge d’Uni­ver­sal). Vous choi­sis­sez ensuite l’ho­raire de rendez-vous, indiquez le numéro sur lequel vous voulez être rappelé et saisis­sez dans un champ texte un message à l’in­ten­tion de l’in­ter­ve­nant : c’est là qu’on indiquera les coor­don­nées du site (MySpace ou autre) où ce dernier pourra écou­ter ou récu­pé­rer les compos ou les pièces rela­tives à l’ap­pel. Après vali­da­tion, il ne reste qu’à attendre l’heure du rendez-vous. Quand cette dernière arrive, le serveur télé­pho­nique vous appelle, puis appelle l’in­ter­ve­nant et vous met enfin en rela­tion, une voix de robot vous infor­mant de l’évo­lu­tion de la procé­dure. Sitôt le coup de télé­phone fini, le coût de l’ap­pel est reporté dans votre espace Membre et votre carte est débi­tée. Simple comme bonjour. Mais le plus impor­tant est ailleurs, et je vous propose donc d’écou­ter l’in­té­gra­lité de ces conver­sa­tions basées sur le 'Press­kit’ que j’avais concocté. Ce dernier compre­nait un commu­niqué de presse, deux MP3 tagués comme il se doit, les textes des deux chan­sons et quelques visuels (pochette, photos…). Bref, à peu de choses près ce qu’on trouve sur mon MySpace : http://www.myspace.com/nwar­mu­sic.


Régis est tout sauf un con


L’en­tre­tien avec Thierry Voyer :
00:0000:00


L’en­tre­tien avec Regis Cecca­relli :
00:0000:00

(Enre­gis­trés à l’ar­rache le télé­phone dans une main, le Zoom Q3 dans l’au­tre…)

L’am­biance est plutôt déten­due, mais très cour­toise : on se tutoie, mais sur les deux coups de fils, j’ai vrai­ment ressenti un grand respect de l’in­ter­ve­nant pour ma démarche et ce que je propo­sais, ainsi qu’une grande simpli­cité. Aucun des deux ne me prend de haut en m’ap­pe­lant ‘Coco’ et en tirant sur un Havane. Par ailleurs, même s’il y a du ‘gras’ dans les conver­sa­tions (des choses plus super­flues de mon point de vue), je n’ai jamais eu l’im­pres­sion que Thierry Voyer et Régis Cecca­relli jouaient la montre pour faire grim­per ma facture : tous deux ont pris le temps d’écou­ter mes compos (Régis a même pris des notes) et m’en ont dit le maxi­mum de ce qu’ils pouvaient m’en dire, la critique s’avé­rant toujours construc­tive et, fina­le­ment, assez juste.

Chose inté­res­sante, les deux coups de fil s’avèrent extrê­me­ment complé­men­taires dans ce sens où les inter­ve­nants n’ont pas les mêmes profils. Si Régis, en tant qu’ar­ran­geur, musi­cien et produc­teur, déborde d’idées en termes de sons, d’écri­ture ou d’ar­ran­ge­ment, Thierry m’ap­porte plus un point de vue de déci­deur sur la perti­nence de ce que j’ai à faire écou­ter : même si une partie de l’en­tre­tien aborde le côté artis­tique, ses commen­taires sont plus liés à son acti­vité de program­ma­teur et ce faisant, il me parle des portes auxquelles je pour­rais frap­per, ou encore de mon press­kit…

A l’heure de l’ad­di­tion

Reste à parler du coût de tout cela : en deux conver­sa­tions de 20 et 25 minutes, j’ai dépensé 40 puis 50 €.  Cela les vaut-il ? Je vous laisse seul juge de la chose après avoir écouté les conver­sa­tions. Toujours est-il que pour le prix de deux places à Euro­Dis­ney, je repars avec pas mal de choses à essayer, une idée globale du niveau de ce que je propose, de ce sur quoi je dois bosser et de ce à quoi je puis prétendre. Vous me direz sans doute que j’au­rais pu glaner gratui­te­ment autant de bons conseils sur les forums d’AF. Certes, sauf que cela ne se serait pas resté dans un cadre privé (ce qui peut être déci­sif pour une ques­tion juri­dique par exemple) et que mes inter­lo­cu­teurs n’au­raient pas néces­sai­re­ment à mes yeux des réfé­rences suffi­santes pour être crédibles sur certaines ques­tions : qui, en dehors d’un direc­teur ou d’un program­ma­teur radio, peut vrai­ment dire si un morceau est diffu­sable ou non? Après que celui-ci m’a dit que mes titres n’étaient pas program­mables en l’état, qu’il fallait les amélio­rer, j’éco­no­mise par ailleurs les quelque 50 enve­loppes et CD que j’au­rais envoyés en pure perte…

Toute­fois, vu que chaque inter­ve­nant est diffé­rent et pratique un prix diffé­rent, il va sans dire que le rapport pres­ta­tion/prix est très variable suivant les cas. Le coach vocal Richard Cross est ainsi à 3 € la minute, soit 180 € l’heure par télé­phone. Or, sur le site de son Centre de  Forma­tion Vocale, on découvre qu’une heure de coaching vocal person­na­lisé est facturé 60 €… Sachant que pour un court de chant, le télé­phone est plutôt un handi­cap, on voit mal ce qui justi­fie­rait de passer par MyMu­sic-Pro à ce prix là, si ce n’est l’éloi­gne­ment. En effet, si les habi­tants des grandes villes disposent de tous les services néces­saires à deux pas de chez eux, ce n’est pas forcé­ment le cas de ceux qui vivent en rase campagne. Et s’il fallait ajou­ter le prix d’un aller-retour en TGV  aux 60 € du cours de chant, il est fort probable que la solu­tion télé­pho­nique rede­vien­drait inté­res­sante. Il en est sans doute de même avec les avocats : trou­ver un bon juriste près de chez soi n’est pas toujours évident, et encore moins un spécia­liste en droit d’au­teur et contrats musi­caux…

En outre, mention­nons le fait que dans leur grande majo­rité, les profes­sion­nels réunis par Univer­sal ne consultent pas : en dehors de MyMu­sic­Pro.com, je n’au­rais jamais eu le moyen de savoir ce que Regis Cecca­relli ou Thierry Voyer pensaient de mes compos…

Conclu­sion

Même s’il est perfec­tible dans sa réali­sa­tion (on voudrait plus d’in­ter­ve­nants et un site au look moins « Wengo de base », avec un moteur de recherche, etc.), MyMu­sic-Pro.com a le mérite de propo­ser un vrai nouveau service aux musi­ciens, suscep­tible d’in­té­res­ser ceux qui ont déjà envoyé des centaines de CD à toutes les maisons de disques et les radios sans jamais avoir de réponse, mais aussi ceux qui ne disposent pas, à proxi­mité de chez eux ou dans leur entou­rage, de personnes capables d’ap­por­ter des réponses précises à leurs ques­tions. Le panel de profes­sion­nels qu’on y trouve est rela­ti­ve­ment varié et, sur les deux essais qu’il nous a été donné de faire, il ne fait aucun doute que les inter­ve­nants sont tout à fait perti­nents et construc­tifs dans leur rapport avec le client.

Evidem­ment, le prix à payer en rebu­tera certains, mais je n’ai person­nel­le­ment aucun doute sur le fait qu’une cinquan­taine ou une centaine d’eu­ros dépen­sés dans un entre­tien avec un inter­lo­cu­teur de qualité peuvent même être, à la fin, un moyen d’éco­no­mi­ser de l’ar­gent. Une bonne idée, donc, testée en France et dont on espère qu’elle sera portée à l’in­ter­na­tio­nal, histoire de taper dans du lourd : oui, je rêve de discu­ter de ma maquette avec  George Martin ou Nigel Godrich. Pas vous?




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