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Le point sur la plateforme Noomiz - Noomiz : MySpace Killer ?

Entre une industrie du disque qui se cherche, d'autres industries en besoin de musique et des artistes qui tentent tant bien que mal de se faire entendre sur des réseaux tentaculaires, force est de constater qu'il manque un outil simple qui permettrait à tous ces gens de communiquer. Un outil qui pourrait bien s'appeler Noomiz...

On pour­rait discu­ter des heures sur le pourquoi du comment, mais c’est un fait : ce que certains rétro­grades de l’An­cien Régime, accro­chés à leurs privi­lèges, voudraient faire passer pour une crise qu’on va résoudre à coups de lois répres­sives et de taxes, est plus une muta­tion qu’autre chose. Les gens ne consomment plus la musique de la même façon, et les artistes ne la font plus de la même manière non plus : beau­coup d’au­di­teurs ont remplacé les heures qu’ils passaient devant la télé par celles qu’ils consacrent au Net, cepen­dant que les artistes ont pris d’as­saut le web pour toucher par leurs propres moyens leur public et qu’Ama­zon ou iTunes sont en train de genti­ment tuer la Fnac. On peut être contre Face­book et ne pas aimer le côté Big Brother d’un Google, il n’em­pêche que c’est sur Inter­net que se joue le marché de la musique de demain, voire d’aujour­d’hui, que ce soit pour déni­cher les talents, faire parler d’eux ou encore vendre leurs albums.

 

Dans tout cela, un do reste un do, et la réali­sa­tion d’un disque ou d’un concert de qualité passe toujours par le regrou­pe­ment de nombreux acteurs autour d’un projet (ce qui implique aussi de l’ar­gent pour payer tout ce petit monde, du direc­teur artis­tique à l’ingé son, du musi­cien à l’au­teur ou à l’agent, etc.). Des acteurs qui ont parfois du mal à se trou­ver tant le Net est vaste, et tant il contient tout et n’im­porte quoi, sans distinc­tion possible. Des acteurs en besoin d’ou­tils pensés pour leurs besoins, et d’un lieu de rencontre donc.


Après l’ère MP3.com, MySpace a long­temps incarné cet Eldo­rado, mais trop occu­pée à penser quan­tité plutôt que qualité, puis à faire fruc­ti­fier son réseau social avec des bannières de pubs enva­his­santes et à courir après Face­book, la plate­forme est en voie de deve­nir has been. Du coup, sans qu’on puisse encore parler de trône vacant, ça s’agite dur au niveau des chal­len­gers et les services de blogs orien­tés musi­ciens fleu­rissent ça et là, plus ou moins bien foutus et plus ou moins effi­caces : Sound­cloud, Band­Camp, CQFD, MyMajor­Com­pany, etc.

 

Et c’est dans ce far west que débarquent les Français de Noomiz, avec beau­coup plus d’idées que de pétrole, certes, et des idées qui, si elles ne vont pas boule­ver­ser l’éco­no­mie de la musique, devraient singu­liè­re­ment aider ses diffé­rents acteurs à faire leur métier, pour le plus grand béné­fice de l’au­di­teur.

 

Zoom in Noomiz

Derrière Noomiz, on trouve deux amis qui se sont connus en faisant de la musique en amateur : Thomas Arti­gue­bieille et Antoine El Iman. Le premier, c’est un ingé­nieur en infor­ma­tique chevronné, musi­cien élec­tro­nique venu à l’in­for­ma­tique via la MAO, chef de projet puis Mana­ger chez Cap Gemini (l’une des plus grosses socié­tés de services en ingé­nie­rie infor­ma­tique) et qui s’oc­cupe par consé­quent du déve­lop­pe­ment tech­nique du site. Le second a été bassiste et MAOïste, repré­sen­tant chez les disquaires, mais il a surtout passé 12 ans chez Univer­sal Music où il occu­pait le poste de respon­sable marke­ting commer­cial pour Poly­dor et Mercury. Ce faisant, il a bossé sur des artistes aussi divers que Feist, Queens of the Stone Age, Black Eyed Peas, Eminem, Metal­lica, Ramm­stein (c’est lui qui déter­mi­nait les prix de vente des albums dans les grandes enseignes ou encore mettait au point des opéra­tions de trade marke­ting : disque en tête de gondole dans un Carrouf par exem­ple…) avant de partir monter Noomiz. Deux profils très complé­men­taires donc, et qui ont pris le temps, du haut de leur expé­rience, de se poser les bonnes ques­tions par rapport au marché de la musique, aux problé­ma­tiques des artistes, et aux moyens de faire vivre tout ce petit monde finan­ciè­re­ment, sans pour autant vendre son âme au diable.

 

De fait, certains prin­cipes régissent Noomiz, dont le premier est en rupture avec les modèles actuels : privi­lé­gier la qualité à la quan­tité. Concrè­te­ment, ça signi­fie que si tout le monde peut faire une demande pour ouvrir un espace chez Noomiz, tout le monde ne sera pas exaucé : l’équipe du site prend en effet la peine d’écou­ter les morceaux soumis, et ne retient que les artistes dont la produc­tion est d’une qualité pro ou semi-pro. Pas de reprise karaoké de Lara Fabian par Stella 12 ans donc, ni de rap à la Dadane enre­gis­tré avec une webcam au fond des chiottes. Ca nous prive évidem­ment de grands moments de rigo­lade, mais ça assure au site une qualité globale, quel que soit le style (car évidem­ment, il n’y aucune sélec­tion en terme de genre musi­cal, seul le critère quali­ta­tif est retenu). De ce fait, contrai­re­ment à la plupart des plate­formes de blogs pour musi­ciens exis­tantes, Noomiz n’en­tend pas tirer ses profits d’un trafic de masse (du moins pour l’ins­tant) et si les concep­teurs ont quand même gardé un espace publi­ci­taire, au cas où, sur chaque page (bannière au sommet du site), on est très loin de la débauche cligno­tante d’un My 'Buvez Coca Cola’ Space, avec une inter­face misant sur l’épu­re…

 

Cela nous mène direc­te­ment à l’autre grand prin­cipe qui sous-tend le projet Noomiz : la simpli­cité. A l’heure du Web 2.0 et des appli­ca­tions en ligne réali­sées en Flash ou en Javas­cript, les déve­lop­peurs se sont échi­nés à nous concoc­ter une inter­face réso­lu­ment moderne. Loin du hack CSS qu’il faut copier-coller dans la case Biogra­phie d’un MySpace, l’in­ter­face de gestion de la page est extrê­me­ment simple à utili­ser dans la mesure où tout se fait graphique­ment, façon logi­ciel de PAO…

 

 

Tout ou presque se fait avec le mulot, de l’in­té­gra­tion des images, des blocs textes et des liens jusqu’au redi­men­sion­ne­ment ou à la rota­tion de tous ces éléments : mettre une photo de traviole et ne rendre qu’un détail cliquable sur celle-ci est ainsi à la portée de n’im­porte quel débu­tant, tandis qu’on peut égale­ment choir un motif de fond de page, ou un dégradé person­na­li­sa­ble… C’est plutôt bien foutu même si la chose a ses limites : en premier lieu, on ne dispose pas d’un système de gestion de profon­deur des éléments comme dans un Illus­tra­tor par exemple, de sorte que si un petit bloc texte vient à passer derrière une photo plus grande, il faut dépla­cer cette dernière pour le récu­pé­rer.

 

Au-delà de ce petit défaut d’er­go­no­mie, notons aussi que le parti-pris grand public de l’in­ter­face pourra en frus­trer certains : le blog Noomiz est loin d’être aussi souple et confi­gu­rable qu’un Word­press, un DotClear ou un NetVibes et en dehors de textes, de liens et des photos (ce qui permet tout de même de bâtir une page sympa), il n’est rien possible d’ajou­ter : pas de lecteur RSS capable de récu­pé­rer votre flux twit­ter, ni de widget quel­conque, pas non plus de place pour une vidéo Youtube dès l’ar­ri­vée sur la page… Bref, tout est très bien conçu et donne des résul­tats assez probants côté design, mais tout demeure rela­ti­ve­ment statique, l’es­sen­tiel du contenu étant remisé dans un ‘Player’ occu­pant la partie droite de l’écran.

 

The Player

 

Réalisé en Flash, ce dernier s’or­ga­nise en onglets regrou­pant toutes les infos et conte­nus rela­tifs au groupe au à l’ar­tiste : ses morceaux bien sûr (au format MP3 avec une limite de 10 Mo par morceau ce qui auto­rise un bitrate élevé et donc, une  bonne qualité), mais aussi sa bio, ses influences, ses photos ou ses vidéos. L’en­semble est très clair et faci­le­ment para­mé­trable dans l’in­ter­face de gestion du profil. Bizar­re­ment, deux sections ne sont pas inté­grées à ce player : Amis et concerts. On les retrouve sous la forme de 2 petits dossiers qui se baladent au beau milieu de la page prin­ci­pale et sur lesquels il faut cliquer pour accé­der aux infos. Si ces deux icônes flot­tantes font un peu cheap à mon goût (on se croi­rait revenu 10 ans en arrière, à l’époque des curseurs de souris person­na­li­sables), elles ne sont surtout pas très pratiques : les visi­teurs du blog risquent par exemple de passer à côté de l’an­nonce d’un concert parce qu’ils n’au­ront pas pensé à cliquer sur la petite boîte… C’est dommage et oblige le blog­geur à bidouiller son fond de page pour mettre un message aver­tis­sant du concert. Un peu compliqué tout de même…

 

 

Côté réfé­ren­ce­ment, le site s’en tire plutôt pas mal si l’on consi­dère que la plate­forme n’a pas encore été opti­mi­sée sur ce point selon Antoine El Iman. Une recherche sur « La Féline » fait appa­raître le Noomiz du groupe sur la première page de résul­tats, en 9ème posi­tion. C’est certes moins bien que MySpace ou Face­book qui arrivent respec­ti­ve­ment en 2ème et 7ème posi­tions, mais si l’on consi­dère la jeunesse de Noomiz et le fait qu’il doive parta­ger l’es­pace des résul­tats avec le film de Jacques Tour­neur et un bar, c’est un bon résul­tat, lais­sant CQFD loin derrière en deuxième page… Evidem­ment, comme toujours avec Google, la chose est affaire de back­links (les liens que font d’autres sites vers une URL et qui la font donc remon­ter dans les résul­tats, Google se basant sur ces liens pour défi­nir la popu­la­rité d’un site) et si La Féline s’en sort très bien, ma page Noomiz n’est pas aussi perfor­mante. La chose est normale vu que je n’ai pas ou peu promu mon espace sur le web…

 

Bref, l’en­semble, s’il n’est pas sans défaut, est plutôt bien foutu, à plus forte raison si l’on consi­dère que tout cela est mis gratui­te­ment à dispo­si­tion. La gratuité pour l’ar­tiste, c’est juste­ment un des autres grands prin­cipes de base de Noomiz, Antoine El Iman souli­gnant qu’un artiste, s’il a de l’ar­gent, doit plutôt l’uti­li­ser pour s’ache­ter du matos ou même voya­ger pour nour­rir sa créa­ti­vité, plutôt que de le dépen­ser dans du webmar­ke­ting. Une diffé­rence de taille avec certains concur­rents, plaçant l’ar­gent au cœur du métier artis­tique comme MyMajor­Com­pany ou Reve­non­sa­la­mu­sique.com.

 

Tout cela est bien gentil, me direz-vous, mais si beau et sympa­thique soit-il, le blog à la Noomiz n’ap­porte rien de trans­cen­dant, rien qui en tout cas, permettent de comprendre comment Antoine et Thomas compte faire vivre leur petite dizaine de sala­riés et permettre aux artistes de gagner leur vie égale­ment.

 

Or, le blog, c’est un peu la partie immer­gée de l’ice­berg Noomiz. Car l’es­sen­tiel est ailleurs…

 

Pro Stats

Antoine El Iman et Thomas Arti­gue­bieille l’ont bien compris : ce n’est pas en solli­ci­tant les musi­ciens ou leurs audi­teurs qu’ils gagne­ront de l’ar­gent, mais en visant plus haut, chez les profes­sion­nels dont le métier est d’in­ves­tir dans la musique. Maisons de disque à la recherche de nouveaux talents, agences de com à la recherche d’un morceau pour l’iden­tité musi­cale d’une marque, ou encore agences de pub à la recherche de la bande-son pour un spot : ce sont là autant de gens qui peuvent injec­ter beau­coup d’ar­gent dans l’in­dus­trie de la musique et qui, éton­nam­ment, manquent d’ou­tils pour mener leur tâche à bien. Et c’est juste­ment ces gens-là que Noomiz veut séduire, en leur propo­sant une plate­forme taillée sur mesure pour leurs métiers.

 

 

Au cœur du projet, on retrouve ainsi un algo­rithme proprié­taire capable de rensei­gner très fine­ment les pros sur les gens qui écoutent tel ou tel morceau. Vous êtes réali­sa­teur de pub et vous cher­chez une musique pour un parfum ? Votre cible est une jeune femme céli­ba­taire de 25 ans, diplô­mée du supé­rieur, plutôt cita­dine et spor­tive ? L’algo peut vous sortir de la base de données une liste de morceaux répon­dant à ces critères. Vous êtes direc­teur artis­tique d’une maison de disques et souhai­tez trou­ver un groupe de trip-hop/ambiant Lyon­nais ayant une solide expé­rience en tour­née ? Là encore, l’algo vous aide, au travers d’une inter­face dédiée, le pendant Pro de Noomiz : n-Find.

 

Evidem­ment, Antoine et Thomas ne veulent  pas trop en dire sur la façon dont l’algo fonc­tionne, car c’est là leur unique gagne pain (on n’ima­gine mal Google expliquer avec préci­sion comment fonc­tionne son moteur de recherche) mais parce qu’ils l’ont déve­loppé en consul­tant les divers gens du métier, disons que ce dernier est très loin du bête comp­teur d’écoutes pondéré par un nombre d’amis fantai­siste comme le fait MySpace. Antoine insiste gran­de­ment sur le fait que ces ‘amis’ en ques­tion ne veulent abso­lu­ment rien dire et que ce n’est pas forcé­ment celui qui a le plus d’amis qui a le plus d’au­di­teurs, ou qui fait la musique la plus atten­ti­ve­ment écou­tée. En vis-à-vis de cela, l’algo de Noomiz regarde avec préci­sion qui écoute les morceaux, et prend en compte la qualité de ces écoutes : l’au­di­teur a-t-il écouté le morceau du début à la fin ou l’a-t’il arrêté après 20 secondes ? Et qu’a-t’il écouté d’abord ? Puis ensuite ? Voilà qui fait une diffé­rence de taille avec les stats habi­tuel­le­ment livrées par les plate­formes de blogs pour musi­ciens, d’au­tant qu’à la faveur d’une appli­ca­tion et d’un widget Face­book, Noomiz peut récu­pé­rer nombre de données très perti­nentes pour aider les profes­sion­nels.

 

Ces derniers achè­te­ront ainsi les résul­tats de recherche de l’algo, ou encore s’abon­ne­ront au service pour rece­voir pério­dique­ment une liste d’ar­tistes à aller voir d’un peu plus près, triés en fonc­tion des critères qu’ils auront défi­nis. Le prix de ces pres­ta­tions variera bien sûr en fonc­tion de la nature de la demande, mais pour vous donner une petite idée, disons que le tarif se chiffre plus volon­tiers en milliers d’eu­ros qu’en centaines, ce qui n’a rien d’exor­bi­tant pour un service profes­sion­nel qui permet un fameux gain de temps et d’ef­fi­ca­cité.

 

Et le musi­cien dans tout ça ?

 

Le musi­cien fait ce qu’il sait faire : il crée, enre­gistre, met des morceaux en ligne et fait des concerts. Bref, il vit sa vie d’ar­tiste, et récolte à l’oc­ca­sion les fruits de l’ef­fet Noomiz. Chaque mois, un top 100 distingue d’abord les morceaux les plus inté­res­sants selon l’algo maison, et comme Antoine et Thomas mettent un point d’hon­neur à se souve­nir que la musique ne peut se résu­mer à un site web et un algo de recherche, Noomiz orga­nise fréquem­ment des soirées où sont conviés les groupes repé­rés dans le top, cepen­dant que des webzines spécia­li­sés délivrent, en toute indé­pen­dance, des chro­niques des artistes présents sur le site.

 

Au milieu de tout ça, personne n’est à l’abri de se voir propo­ser un contrat pour faire tel habillage sonore ou telle musique de pub, tandis que tous les mois, 10 direc­teurs artis­tiques des plus grandes maisons de disques rencontrent chacun un artiste qui leur a tapé dans l’oreille : un artiste évidem­ment choisi dans ceux que leur a fourni l’algo miracle. Soyez aver­tis : il n’y a aucune garan­tie de contrat à l’is­sue de la rencontre, mais obte­nir un tel rendez-vous est déjà en soi une belle avan­cée, comme le concède le groupe La Féline qui, par le biais de Noomiz, a été mis en rela­tion avec Nico­las Gautier d’Uni­ver­sal.

 

 

 

La preuve par l’exemple : La Féline

 

Avec un concert par mois en moyenne depuis 2 ans, La Féline est un groupe jeune, certes, mais déjà rela­ti­ve­ment expé­ri­menté, et qui conçoit le live et le studio comme des vases commu­ni­cants au service de la longé­vité du groupe. Si Xavier, le bassiste et clavier du groupe, précise que La Féline s’est fait sur scène et qu’ils ne sont pas des rats de Home Studio, il souligne aussi leur grande envie de faire un disque, parce qu’un bon album donne envie aux salles de faire jouer un artiste, cepen­dant qu’un bon concert donne aux gens l’en­vie d’écou­ter le disque. Agnès, guita­riste auteur/compo­si­teur/inter­prète, précise à ce sujet que cette envie de disque est plus artis­tique à la base que commer­ciale, et vous imagi­nez bien qu’à l’heure où, via Nico­las Gautier, une éven­tuelle signa­ture chez Univer­sal se profile, les trois sont plutôt exci­tés.

 

Au sein du groupe, c’est Agnès qui s’oc­cupe de la promo­tion web du groupe quand elle en a le temps. Cette com’  se limite à 4 ou 5 pages sur des réseaux sociaux spécia­li­sés  ou non (MySpace et Face­book évidem­ment, mais aussi CQFD  et main­te­nant Noomiz ) qui, explique-t-elle sont rela­ti­ve­ment complé­men­taires : « MySpace est espace fami­lier pour les gens, qui savent où trou­ver les infos au sein de la page, et qui fédère pas mal de monde. Mais je trouve que la qualité de son est mauvaise comparé à ce qu’offre CQFD ou Noomiz. Chez CQFD, ce que j’aime, c’est leur système de Face A / Face B qui prouve qu’il y a une atten­tion portée par la rédac­tion à ce qu’on fait : on n’est pas tout seul sur sa page avec tout le monde qui s’en fout (NDR : le groupe a été ‘Face A’ puis ‘Face B’ sur CQFD). Quant à savoir lequel de ces réseaux s’est montré le plus effi­cace, c’est quasi­ment impos­sible selon Stéphane, le batteur, qui table sur une conjonc­tion de tous ces outils. Comment le groupe atteint-il la 23ème place dans le top Noomiz alors ? Selon Agnès, la chose s’est fait sans trop d’ef­fort, en postant simple­ment un lien vers le page Noomiz sur le Face­book du groupe qui comporte 576 fans. Et comment le groupe rencontre-t-il fina­le­ment Nico­las Gautier d’Uni­ver­sal ? Grâce à cette 23ème place évidem­ment, mais pas seule­ment, car ce dernier avait déjà repéré La Féline sur MySpace, bien avant que Noomiz n’existe.

 

Du web au réel

Nico­las, comme n’im­porte quel déni­cheur de talent, fait déjà un gros usage du web, sa méthode de recherche consis­tant à partir du MySpace d’un artiste (Calo­gero par exemple) et à aller voir tous les MySpace figu­rant en amis de ce dernier : au gré des clics, il découvre ainsi des groupes de tous genres et de tous pays, la plupart échap­pant pure­ment et simple­ment à son domaine de chasse (ce n’est pas lui qui va pous­ser au déve­lop­pe­ment d’un groupe de Death Metal suédois), mais qu’im­porte : avec la patience d’un orpailleur, il agite son tamis au dessus du web pour voir ce qu’il en ressort d’in­té­res­sant. Ce faisant, il avait donc déjà repéré La Féline et s’était dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire avec le groupe. De fait, la 23ème place dans le clas­se­ment de Noomiz a sonné comme un rappel pour lui et l’a décidé à rencon­trer Agnès, Xavier et Stéphane.

 

 

Son boulot à partir du moment où il a repéré ce qui pour­rait être un nouveau talent, c’est de lui faire enre­gis­trer une maquette qui tienne la route selon ses critères et d’al­ler voir ensuite les déci­sion­naires d’un label d’Uni­ver­sal pour les persua­der de miser vrai­ment sur l’ar­tiste ou le groupe en le passant sous contrat. Un contrat qui conduira à la réali­sa­tion d’un ou plusieurs disques, leur distri­bu­tion et leur promo­tion. Passée cette étape, il ne sera plus en charge de rien, il aura refilé le bébé, mais au stade où en est la Féline, c’est une personne qui pèse lourd : d’abord parce qu’il paye les 6000 euros néces­saires à la réali­sa­tion d’une maquette de 3 titres confiée à un ingé son de son choix (un budget qu’il tient évidem­ment d’Uni­ver­sal), ensuite parce qu’il essaye d’ame­ner le groupe à libé­rer le poten­tiel qu’il a reconnu en lui. On ne peut certes pas parler de forma­tage, mais Nico­las est présent aux répé­ti­tions et n’hé­site pas à soumettre des idées d’ar­ran­ge­ment sur tel break, l’en­trée de tel instru­ment ou l’ajout éven­tuel de cordes : des sugges­tions qui, sur la répet à laquelle j’ai pu assis­ter, se révé­laient rela­ti­ve­ment perti­nentes.

 

Evidem­ment, La Féline reste maître à bord et tout cela est affaire de discus­sion, mais comme il va de l’in­té­rêt de tout le monde que Nico­las soit convaincu par la maquette qu’il va devoir défendre, et qu’on le sent vrai­ment passionné par ce qui est en train de se passer, tout se passe le mieux du monde. A ce stade, il est d’ailleurs à mi-chemin entre premier fan du groupe (il applau­dit à la fin d’un morceau, danse ou bat des bras dans les temps forts) et direc­teur artis­tique, le tout avec le sourire et l’en­thou­siasme d’un gamin qui vient de trou­ver un jouet fabu­leux au fond du grenier de ses grands-parents.

 

Un outil pour chas­seur de tête

C’est en tout cas cet homme autant que La Féline qui sont aujour­d’hui les ‘clients’ de Noomiz, ou ses parte­naires pour le moins. Si les béné­fices pour le groupe sont évidents (rencontre avec Nico­las Gautier, réali­sa­tion d’une maquette aux frais d’Uni­ver­sal, et plus si affi­ni­tés), il semble que le service soit tout aussi perti­nent du côté pro. « Là où les gens de Noomiz ont été malins, c’est qu’ils nous ont impliqués dès le début dans la défi­ni­tion de leur outil, pour s’as­su­rer qu’il colle­rait à nos besoins. Avec leur moteur de recherche, je peux ainsi faire la diffé­rence entre un groupe qui a fait 300 concerts au bar en bas de chez lui, et celui qui en a fait 300 dans toute la France, ce qui pour moi est une donnée très impor­tante. Pourquoi ? Parce que 300 concerts dans le même bar comptent pour un dans mon réfé­ren­tiel."

 

Antoine précise d’ailleurs que lorsqu’ils ont élaboré leur algo­rithme, les gens de Noomiz sont allés rencon­trer les Direc­teurs Artis­tiques pour faire des séances de travail et des brains­tor­mings, histoire d’iden­ti­fier tous les critères qui étaient, selon eux, à prendre en comp­te… Et la preuve que la chose marche plutôt bien, c’est que La Féline est ressorti dans le top qui était adressé à Nico­las Gautier.

 

La chose semble d’ailleurs si bien marcher qu’on pour­rait presque se deman­der si Noomiz, au-delà de son rôle de déni­cheur de talent, ne pour­rait pas non plus servir l’ar­gu­men­taire de vente au moment de convaincre le label, sur le mode ‘signez ce disque puisque l’algo dit que ça marche’. Sur ce point, Nico­las Gautier remet toute­fois les choses à leur place : l’his­toire avec la Féline est avant tout humaine et il compte bien défendre le groupe parce qu’il croit en lui, au-delà de tout algo­rithme. Toute­fois, il recon­naît que de faire de La Féline la première signa­ture de Noomiz donne­rait un coup de pouce non négli­geable côté com’ au lance­ment du grou­pe… Il explique aussi qu’il pour­rait utili­ser l’ou­til pour vali­der certaines de ses intui­tions : persua­der un groupe rencon­tré par hasard d’ou­vrir une page Noomiz lui permet­trait de véri­fier certaines choses sur son poten­tiel, même si, comme il le rappelle, cette démarche serait presque plus celle d’un respon­sable marke­ting que la sienne, qui consiste à décou­vrir des talents.

 

Noomiz über alles ?

Noomiz et moi

 

Pour faire ce test, j’ai évidem­ment eu droit à mon petit espace Noomiz, sans savoir si j’au­rais été retenu sur leurs critères quali­ta­tifs. Sans avoir eu le temps d’y consa­crer plus d’une poignée d’heures par-ci par-là, essen­tiel­le­ment pour voir comment se compor­tait l’in­ter­face de gestion, j’ai eu la satis­fac­tion de grim­per jusqu’à la 85ème place du Top 100 du mois d’avril (sur un millier d’ar­tistes, ça fait tout de même plai­sir) pour mieux dispa­raître dans celui du mois suivant. Preuve, s’il en était  besoin, que Noomiz ne tourne pas tout seul et qu’à moins d’un mini­mum de promo sur le web comme l’a fait La Féline, vous n’ob­tien­drez pas grands résul­tats.

 

http://www.noomiz.com/nwar

De là à faire de Noomiz son unique outil de travail, il y a toute­fois un pas que Nico­las Gautier ne veut pas fran­chir même si les créa­teurs du site aime­raient bien que ce soit le cas : « avec l’ou­til de recherche, je vais pouvoir écono­mi­ser énor­mé­ment de temps dans mon métier, de sorte que je pour­rais consa­crer plus de temps à MySpace ou Face­book ».

 

Quoi qu’il en soit, la sauce semble prendre côté pro alors que Noomiz n’en est qu’à ses balbu­tie­ments. Nombre de modules sont encore en déve­lop­pe­ment (les stats côtés artiste par exemple, qui devraient arri­ver en juillet) et on en attend évidem­ment d’autres qui rendraient la plate­forme plus souple et puis­sante, cepen­dant que l’équipe semble très à l’écoute des sugges­tions de sa jeune commu­nauté et qu’elle commence à peine le démar­chage sérieux côté B2B. C’est de loin, en tout cas, l’ini­tia­tive la plus intel­li­gente qu’on ait vue depuis long­temps pour tenter d’ap­por­ter des solu­tions effi­caces aux diffé­rents acteurs de la musique.

 

Une passe­relle comme la défi­nissent eux-mêmes Antoine et Thomas. Une passe­relle qui donne sérieu­se­ment envie de couper les ponts avec MySpa­ce…

 

A vous de voir sur www.noomiz.com .

 

 

 

 


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