Vous souhaitez vous aussi vivre ces moments inoubliables que sont les concerts ? Peut-être les avez-vous déjà un peu vécus et vous en voulez plus ? Nous allons voir dans cette série de dossiers comment tourner en étant payé. Mais tout d’abord, pourquoi faire des concerts ? Il y a trois grandes raisons : gagner des sous, faire sa promotion, et prendre du plaisir bien sûr !
À l’origine de la musique, point de CD ni de lecteur de mp3. Pas de radio, ni de diffusion Internet. Pas de disque vinyle ou de rouleau de cire. La musique était un évènement partagé dans un même lieu et un même moment par musiciens et spectateurs. La musique, c’était le concert et rien d’autre.
Même si la forme de celui-ci a probablement quelque peu changé depuis l’époque où nos lointains ancêtres tapaient sur des bouts d’os et de bois après une dure journée de chasse ou de cueillette, le fond de la chose reste le même. Que ce soit à un coin de rue ou sous la grande arche de la Défense, dans un petit bar enfumé ou au stade de France, dans une MJC de quartier ou à l’opéra Bastille, le concert reste des musiciens qui jouent de la musique face à un public. De l’invention de l’enregistrement il y a 150 ans aux meilleures technologies de diffusion d’aujourd’hui, rien n’a réussi à remplacer la magie si particulière de ces moments de live.
Mais ce n’est pas là la seule raison qui peut vous pousser à monter sur scène…
Gagner des sous
Pour beaucoup de musiciens professionnels, le concert est la principale source de revenu. N’oublions pas que les membres d’un groupe, même dont un disque cartonne, ne gagnent pas grand-chose sur les ventes de disques, et encore moins sur le streaming, lorsqu’ils ne sont pas auteurs ou compositeurs. Si vous voulez vivre de la musique, le concert est le premier et plus évident moyen de gagner de l’argent.
Si vous êtes simplement amateur, vous savez combien votre passion vous coûte en achat de matériel, location de salle de répétition, frais d’enregistrement, déplacements… Sans compter le coût d’un concert comme on le verra. Faire rentrer de l’argent permet d’investir et de se développer, de pouvoir profiter de meilleur matériel, etc. Bref, de ne pas se mettre sur la paille et d’augmenter le potentiel de plaisir.
La promotion
Pour tout artiste qui veut partager sa musique avec le plus grand nombre, dont l’ambition et l’objectif ne se limite pas à se faire plaisir dans son coin et éventuellement en faire profiter quelques proches, le live est une quasi nécessité. Quel meilleur moyen en effet de se faire connaître ou de promouvoir son album ? Depuis toujours, les concerts ont été le moyen de promotion le plus évident. L’évolution du marché de la musique ces dernières années l’a rendu peut-être encore plus indispensable. À l’heure où les maisons de disques se concentrent sur les artistes grand public et au moment où les disquaires, qui contribuaient à la découverte de nouveaux artistes, ont quasiment disparu au profit de linéaires de supermarchés remplis de produits formatés, le concert reste le lieu ou peuvent encore se rencontrer musiciens désireux de diffuser leur œuvre et public à la recherche de nouveautés ou d’alternatives aux standards commerciaux.
Le plaisir
C’est, pour beaucoup de musiciens, un des points essentiels du concert, voir une nécessité. Si pour certains, le concert est un moyen de promotion de l’album, pour d’autres, ce sont les albums qui sont un moyen d’attirer du monde aux concerts.
On peut adorer passer des jours, des mois dans son studio à bidouiller, rechercher, affiner sons et musique avec passion pour produire de beaux enregistrements, mais rien ne remplace le frisson, la magie du concert. Le moment où le musicien est presque nu devant son public, sans les artifices du studio, où il ne peut compter que sur son talent pour porter sa musique et l’offrir au public. Même parmi les musiciens ayant une prédilection pour le disque, le travail de studio, il est rare que le live ne soit pas un moment de respiration, voire un nécessaire ressourcement au contact direct et brut du public.
Le bonheur de la musique jouée live, de l’ambiance, du partage avec le public, de son feedback et de ses moments magiques qui n’ont lieu qu’en concert vaut les heures de répétitions. Jouer en concert est difficile, exigeant, épuisant, mais c’est le grand pied !
Mais voilà. Faire des concerts n’est pas si simple et les difficultés rencontrées sont nombreuses. Dans cette série de dossiers, nous allons en faire le tour et voir comment les surmonter.
La réalisation d’un concert s’articule autour de cinq grands axes :
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artistique : avoir un bon spectacle à présenter et bien le faire
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commercial : trouver des dates (à venir)
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juridique, social et financier : les contrats, assurances, payes, etc. (à venir)
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communication : avoir du monde (à venir)
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organisation et technique : un bon concert, une bonne diffusion de votre oeuvre (à venir)
Préparation artistique des concerts première partie
Tout d’abord : qui peut tourner ? Tout artiste faisant de la musique qui puisse être jouée en live. Une évidence ? Certes, mais on sait que ce n’est pas le cas de tous les musiciens. Par exemple, parmi ceux qui font de la musique de film orchestrale, rares sont ceux qui peuvent interpréter leurs oeuvres sur scène, la production d’un tel concert étant très coûteuse.Vouloir faire des concerts, c’est bien joli. Mais qui peut en faire ? Que présenter ? Comment ? À quel moment est-on prêt ? C’est ce que nous allons étudier aujourd’hui…
Compositeurs de musiques électroniques et DJs
La musique électronique pose un problème particulier pour le live dans le sens où elle est rarement visuelle. Même un chanteur statique ou un guitariste assis sur une chaise donnent souvent plus de choses à observer. Avec les machines, platines et laptop, ce qui sert à faire la musique (essentiellement des boutons) est tourné vers le haut, voire vers le musicien. Moralité, le public ne voit plus l’interprétation et pour le néophyte, rien ne différencie un artiste qui joue réellement de ses instruments électroniques sur scène de quelqu’un qui se contente d’appuyer sur play au début du morceau et sur stop à la fin. Pour de tels musiciens, ces aspects obligent à repenser le concert afin que le manque de visuel ne le rende pas ennuyeux. On verra plus loin les différentes solutions.
Quand tourner ?
On fait rarement un concert au lendemain de la formation d’un groupe. Il faut évidemment monter un répertoire, répéter, le mettre en place, etc. Mais à quel moment peut-on se lancer ?
Pour être prêt à tourner, il faut avoir les éléments suivants :
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un répertoire suffisant
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le concept scénique
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les moyens techniques
Tout d’abord, un répertoire d’au moins ¾ d’heure, c’est le minimum. À la rigueur, vous pouvez faire une première partie avec un programme d’une demi-heure, mais c’est court. Le public risque d’être un peu frustré. 45 minutes est un temps correct pour un concert, même en première partie. C’est évidemment mieux d’avoir une durée plus importante. Je vois souvent dans les forums des gens qui se sont vus proposer un concert, mais qui pensent ne pas être prêts, car ils estiment avoir besoin de trois heures de répertoire. Il ne faut pas exagérer ! Une bonne heure est suffisante pour faire ses premiers lives. Si ceux-ci sont longs comme c’est généralement le cas dans les bars, vous jouerez plusieurs fois votre playlist avec des pauses entre chaque set.
Voilà sans doute un aspect des plus délicats à évaluer : qu’est-ce qu’on entend par « avoir un répertoire au point » ? Quand tout est parfait ? Dans ce cas, à moins que tous les membres du groupe n’aient des oreilles en bois ou que vous soyez des as de l’autosatisfaction, vous n’êtes pas près de faire votre première date. Comme il ne faut pas non plus tomber dans le « ça ira bien », définir des critères objectifs pour dire qu’un répertoire est au point n’est pas évident, mais essayons tout de même.
Aïe caine guette no satisfakcheune
Le premier critère est que ça vous satisfasse. Si vous avez honte de jouer en public ce que vous faites, c’est qu’il y a sans doute encore un peu de boulot ! Attention quand même aux hyper perfectionnistes pour qui ce n’est jamais assez bien (j’en connais…). En musique, il est bon de ne jamais être satisfait. Sinon, on est fichu : on ne cherche plus à évoluer et on tourne en rond. Il faut par contre accepter le fait que ça n’est jamais parfait. De toute façon, plus on progresse, plus on se rend compte du chemin qu’il reste à faire !
Donc, il faut que vous soyez satisfaits de ce que vous jouez. N’hésitez pas à vous enregistrer pour juger à oreilles reposées (voir le dossier « bien travailler en répétition »). Mais attention à l’enregistrement : si vous ne l’avez pas fait régulièrement pour évaluer votre travail, vous risquez de prendre une belle claque la première fois.
Au-delà du critère de satisfaction, il y a quelques repères assez clairs:
Vous devez pouvoir jouer chacun de vos morceaux de bout en bout, sans interruption due à un plantage. S’il peut arriver qu’un musicien se loupe, il faut que l’ensemble du groupe soit capable de continuer et que tout le monde rattrape le coup pour aller ensemble jusqu’à la fin.
Il faut évidemment que chacun connaisse ses grilles, partitions, textes, etc. par coeur. Vous pourrez bien sûr avoir un aide-mémoire sur scène, mais ne vous reposez pas sur lui. Il peut servir à jeter un coup d’oeil avant d’attaquer un morceau, mais devoir regarder un papier pour se souvenir de l’accord suivant n’est pas le meilleur moyen pour rester concentré sur son jeu et immergé dans la musique, de fusionner avec les autres musiciens et de projeter son interprétation vers le public. De plus, avoir un pupitre sur scène n’est pas toujours évident d’un point de vue place et disposition, surtout quand on joue dans des petits lieux avec des espaces scéniques microscopiques. Et manipuler des partitions en live, n’est ni très évident, ni très classe visuellement.
N’oubliez pas que vous aurez déjà votre playlist à caser.
Conclusion
Plus vous maîtriserez votre musique et son exécution, mieux vous serez à même d’affronter la scène. Mais sachez que la scène elle-même sera extrêmement formatrice et que les concerts vont vous permettre de considérablement progresser, tant d’un point de vue individuel que collectif. N’hésitez donc pas à vous lancer au plus vite dans le bain.