On ne se rend pas à un concert comme on va à une répétition, il y a pas mal de choses à prévoir. Nous étudierons dans un futur dossier tout ce qui concerne la partie technique. Pour cette fois, nous en resterons aux questions artistiques.
Le show chaud
Un concert se doit d’être un spectacle. Si on est là d’abord pour les oreilles, il faut aussi satisfaire les yeux. Dans ce domaine, il n’y pas de règle absolue et cela dépend beaucoup de votre style de musique. Il est évident que si vous faites dans l’ hyper planant, sauter partout sur la scène n’est pas le plus approprié.
La première chose à soigner est le look. J’ai vu des musiciens arriver pour faire un concert en tenue de tous les jours et celle-ci plutôt négligée. Pourquoi pas ? Rien n’interdit cette approche à condition qu’elle soit pensée et cohérente avec le style musical pratiqué et surtout, que ça vous aille bien.
Il faut aussi se concerter avec l’ensemble des membres du groupe afin d’avoir des tenues qui s’accordent. J’ai déjà expérimenté quelques mauvais gags comme tous les musiciens qui arrivent habillés presque pareil. Ça peut être un concept, mais encore faut-il que ce soit pensé. Autre gag : deux musiciens du groupe qui portent le même jour un t-shirt rouge vif, mais de teinte un peu différente ou encore deux musiciens habillés de couleurs qui jurent ensemble. Bref, un minimum de concertation est nécessaire.
Personnellement, j’ai l’habitude d’emporter plusieurs tenues, ce qui permet en plus d’être couvert en cas d’accident type tache ou déchirure au dernier moment (si si, ça arrive). Pour le choix de votre look, pensez à l’image que vous voulez véhiculer. Comme en musique, l’imitation n’est pas la meilleure façon de sortir du lot. Il peut certes être tentant de copier vos idoles ou vos références, mais il est largement préférable de développer votre style personnel. Un dernier point : prévoyez des vêtements dans lesquels vous vous sentez bien, à l’aise. Elles ne doivent pas vous gêner pour jouer. N’oubliez pas non plus que sur scène, il va faire chaud.
Visuel
Déco ?
Un ensemble de synthés et claviers installés sur un stand en croix avec plein de fils qui pendouillent à l’arrière (donc côté public), ça le fait moyen. Pensez à soigner l’aspect visuel. Pour ce genre de cas, ça peut aller de tendre un simple tissu jusqu’à bricoler un panneau complet avec une décoration dans votre style. Ou pourquoi pas le nom du groupe et son logo ou graphe ?
Dans le même ordre d’idée, une banderole avec le nom du groupe en fond de scène, ça fait tout de suite plus classe. Pour cela, un simple drap qu’on peindra en noir sur lequel on ami grapheur vous taguera le nom peut suffire. D’autant que les arrière-plans des petits lieux du genre bars sont rarement sexy. Si vous avez la chance qu’un journaliste vienne vous photographier, la photo sera d’autant plus intéressante dans le journal qu’on voit votre nom de groupe en grand derrière vous. Même si vous n’avez pas beaucoup de sous, on peut faire des choses sympa à pas cher. Mais même en faisant peu, faites le minimum pour que votre scène ne ressemble pas à un foutoir.
Vidéo ?
C’est la grande mode aujourd’hui. À la dernière fête de la musique, je n’ai pratiquement pas vu un groupe qui n’avait pas de VJing. Mouais. Autant ça se justifie largement, voire c’est une quasi nécessité dans le cas de live électro à cause de l’aspect peu visuel du jeu, autant ça n’apporte pas forcément quelque chose d’intéressant dans tous les cas, pour tous les styles. Surtout s’il s’agit de mettre n’importe quoi. Le VJing est un art jeune et les bons artistes dans ce domaine ne sont pas légion. On voit donc beaucoup de trucs sans intérêt. Mieux vaut sans doute pas de VJing que du mauvais. Pensez aussi que ça va exiger une technique supplémentaire (et pas des moindres) à gérer alors que vous allez devoir déjà vous concentrer sur le son, les balances… Mais si vous avez un ami VJ dont vous appréciez le travail et que celui-ci s’accorde à votre style, n’hésitez pas. Demandez-lui cependant de se débrouiller avec la partie technique qui le concerne.
Éclairages ?
Un concert sans éclairage, c’est comme une soupe sans moustache ou un baiser sans sel. Sauf que ça fait encore une question technique supplémentaire à gérer, du matos en plus à trouver, transporter… On peut parfois laisser tomber cette question : beaucoup de petits lieux qui font assez régulièrement des concerts ont sur place quelques projecteurs. Mais il arrive qu’on joue au fond d’un pub sombre avec pour toute lumière une applique anémique… Dommage. Donc, si vous avez quelqu’un qui peut assurer les éclairages, autant en profiter. Sinon, faites simple. Là aussi, on peut prévoir des solutions faciles et peu coûteuses en faisant marcher un peu son imagination. Quelques spots « domestiques » judicieusement placés peuvent suffire à donner un peu de vie et une touche supplémentaire. Et pourquoi pas une lampe de chevet au look vintage ?
Ne tombez cependant pas dans le n’importe quoi genre le spot ou le projecteur halogène avec un chiffon de couleur dessus. N’oubliez pas que les lampes, ça chauffe. N’allez pas mettre le feu chez vos commanditaires. Et ne jouez pas avec l’électricité : ça fait mal. Sauf si vous avez un éclairagiste compétent, évitez aussi tout ce qui peut contenir un variateur : dans des lieux pas correctement équipés avec des lignes électriques séparées, vous allez à tous les coups vous récupérer des buzz dans le circuit audio.
Artistes électro et DJs
Ces genres de musiques ont une exigence particulière en terme visuel. Il existe cependant des solutions alternatives. Ainsi, la mode des DJ-stars a amené le DJ à se retrouver sur la scène et sous les projecteurs. J’avoue qu’il y a bien des cas où je me demande quel intérêt ça a.
Si on n’a pas beaucoup de moyens pour un bon visuel, plutôt que du bricolage qui fasse un peu minable, on peut revenir à la fonction première du DJ qui est de faire danser. Ainsi, on peut proposer que le lieu où l’on va se produire soit plutôt installé en configuration dancefloor que live.
Si ce que vous faites n’est pas une musique à danser (de l’ambiant par exemple), ça ne vous oblige pas non plus à vous positionner comme un musicien qui se produit. J’ai vu une fois un DJ installé paisiblement avec son matos dans un coin d’un bar. Il a mixé toute la soirée pendant que les gens discutaient tranquillement et c’était très bien. Il a été chaleureusement félicité par le public à la fin.
Inversement, j’ai vu des gens scotchés debout devant un type qui faisait un live électro assez calme s’ennuyer à mourir malgré la qualité de la musique et finir par s’en aller « trouver un coin où s’asseoir ».
Enchaînements, transitions et sketches
J’ai vu récemment un chanteur dont les chansons sont sympa et drôles, mais ne cassent pas trois pattes à un canard. Eh bien, je me suis régalé. C’est que lui et ses musiciens donnent un show où ne s’ennuie pas une seconde et où on est plié du début à la fin. Mais arriver à ça demande une sacrée maîtrise scénique. Inversement, j’ai vu un groupe avec une mise en scène très travaillée, mais qui faisait complètement plaquée et artificielle.
Si vous débutez, à moins que vous n’ayez dans le groupe des gens particulièrement talentueux pour les délires scéniques, ne vous encombrez pas trop l’esprit de ces questions que vous pourrez aborder plus tard. Vous devez quand même d’abord et avant tout faire de la bonne musique. Vous pouvez évidemment préparer des transitions, mais pour l’essentiel, reposez-vous sur votre spontanéité. Des choses se développeront au fur et à mesure des concerts.
Pensez par contre, lorsque vous allez mettre en place votre playlist, à bien regarder les moments où il peut y avoir des trous. Par exemple, s’il faut du temps à un guitariste pour changer d’instrument, ce qui peut en plus demander un réaccordage. Il faudra éviter que le groupe attende bras croisés et penser à meubler pour occuper le public. Il aime généralement qu’on lui parle et se sent ainsi plus proche de l’artiste.
Conclusion
Préparer artistiquement un concert ne se limite pas à la musique. Mais le reste est loin d’être insurmontable. Un peu de jugeote et d’imagination suffisent la plupart du temps à faire la différence. Cette démarche aura de surcroît l’avantage de vous inscrire dans une démarche professionnelle où l’on prend soin du moindre détail. Attitude qui s’avère toujours payante même à brève échéance.
Merci à Denfert pour ses photos.