Le catalogue « pro » de Focal est très clair : d’un côté nous avons la série Alpha constituant l’entrée de gamme et adoubée par les AFiens dans un récent sondage, de l’autre le haut de gamme avec les Solo6, Twin6, Trio6 et autre SM9 dont la réputation n’est plus à faire. Entre les deux se glissait jusqu’à présent la série CMS, de lourdes enceintes en aluminium aux qualités certaines mais qui demeuraient légèrement moins plébiscitées par le public que le reste de la gamme. C’est pourquoi le constructeur stéphanois a pris la décision de remplacer purement et simplement les CMS par la nouvelle série Shape, constituée de trois modèles dont le plus gros, doté d’un boomer de 6,5 pouces, qui est l’objet du test du jour !
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les Shape sont très différentes de leurs ancêtres les CMS. Exit le bass reflex, bienvenue au double radiateur passif, bye bye l’aluminium et bonjour l’ébénisterie MDF. Au déballage, les Shape 65 font plutôt bon effet, avec leur jolie finition en noyer, leur bord supérieur arrondi et l’inscription made in France chère à certains de nos lecteurs. Les premières choses que l’on remarque sont les deux radiateurs passifs situés sur les côtés qui viennent donc remplacer le bass reflex pour la reproduction du bas du spectre. Première conséquence : il est possible de mettre les Shape collées contre un mur, ce qui est toujours plus délicat avec des enceintes ayant un bass reflex à l’arrière qu’il faut éviter de boucher complètement, même si on le sait, les basses fréquences sortent de manière omnidirectionnelle sur des petites enceintes comme ça.
On retrouve côté transducteurs un boomer de 16,5 cm à membrane sandwich Flax et un tweeter 25 mm à dôme inversé en Aluminium-Magnésium. Des amplis sont présents pour alimenter tout ça, avec une puissance respective de 80 et 25 W en classe AB. L’enceinte demeure plus haute que la LYD 7, 355 × 218 × 285 mm, et le poids total est de 8,5 kg. Sur le devant, nous retrouvons une LED de mise sous tension, mais il faudra chercher à l’arrière pour trouver l’interrupteur. Heureusement, un système de mise en veille automatique intervient au bout de 30 minutes d’inactivité. Au dos se situent aussi les entrées, XLR symétrique et RCA asymétrique, et les réglages des différents filtres présents dans l’électronique de l’enceinte. On dispose ainsi d’un niveau de graves ajustable (en dessous de 250 Hz, +/-3 dB), pareil pour les aigus à partir de 4,5 kHz (+/-6 dB) et un filtre pour la bande située à 160 Hz (Q=1, +/-3 dB). À noter aussi la présence d’un filtre passe-haut réglable à 45, 60 ou 90 Hz.
Avant branchement, la Shape 65 semble disposer de tous les atouts pour réussir. Il nous reste à voir si cela se confirme à l’écoute !
Ecoute
Pour ce test, nous avons choisi des les comparer aux LYD7 de Dynaudio qui sont aussi équipées d’un boomer de 6,5 pouces et qui appartiennent à la même gamme d’enceintes, même si elles demeurent moins chères d’environ 100 €.
Johnny Cash – Hurt
Sur la guitare acoustique Martin de l’introduction, les Shape ont un aigu, vers 6 kHz un peu plus développés que les Dynaudio, rendant l’instrument un peu plus brillant. Lorsque la voix débarque, on peut faire la même constatation avec du coup un peu plus de nasalité sur les LYD7 et un peu plus de sibilance et de bouche sur les Focal. Tout cela est dû à l’équilibre des médiums et des aigus qui est légèrement différent entre les deux enceintes. À noter tout de même que les Focal ne sont jamais agressives même si elles demeurent légèrement plus creusées que les Dynaudio avec les réglages de base. Grâce aux réglages des aigus agissant à partir de 4,5 kHz, il est possible de gommer cette légère bosse dans les aigus sans problème. On termine avec un dernier test et cette montée en pression due à l’augmentation de la compression générale du titre : aucune des deux enceintes ne devient agressive, ouf !
Michael Jackson – Liberian Girl
Sur les nappes et le souffle de l’intro, on entend bien l’empreinte légèrement différente des deux enceintes dans les aigus, avec toujours cette très légère emphase vers 6 kHz des Focal. Le couple grosse caisse/basse démontre à quel point les Focal maitrisent le bas du spectre. Tout est très lisible et n’essaie pas d’en faire trop. Le profil est d’ailleurs assez similaire aux LYD, à savoir que l’on pourrait regretter que l’enceinte ne descende pas plus bas. Dans l’absolu, nous préférons qu’elle en fasse peut-être un peu moins, mais qu’elle le fasse bien. Le système de radiateurs passif permet d’avoir des basses très sèches qui ne trainent pas sur la durée et cela s’entend par rapport aux LYD 7 qui, même si elles demeurent très propres, trainent peut-être un peu plus. Côté image stéréo, dynamique et sweet spot, rien à redire, c’est parfait. Sur ce morceau, les différences dans le haut du spectre ressortent un peu moins, même si on continue de noter quelques dissemblances dans la voix. Les deux enceintes restituent dans tous les cas des voix naturelles.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Ce titre démontre bien les similitudes des deux enceintes dans le bas du spectre et confirme que les Shape s’en sortent vraiment très bien, avec une basse et un kick détaillés et secs. Tout cela nous semble très fiable ! Le profil dans le haut du spectre des enceintes Focal rendent la voix avec l’effet radio un peu moins agressive, vu que le haut médium est un peu en retrait par rapport à la bande des 6 kHz. Dans l’ensemble, les Focal nous semblent un tout petit peu plus creusées, mais cela reste très subtil à l’écoute et il est possible en quelques secondes de retomber sur un rendu similaire aux LYD grâce aux réglages situés à l’arrière.
Pour résumer cette écoute, les Shape s’en sortent vraiment très bien, avec une mention pour le bas du spectre qui est présent juste ce qu’il faut, qui ne traine pas dans le temps et qui reste donc très sec et lisible. Nous avons remarqué une petite bosse vers 6 kHz par rapport aux LYD7, mais tout cela pourra être corrigé selon le goût de chacun grâce au réglage des aigus disponible derrière l’enceinte. Difficile donc de départager les deux enceintes avec l’écoute seulement, seul le portefeuille pourrait nous faire éventuellement glisser légèrement vers les LYD 7 qui coûtent environ 100 € de moins en magasin (respectivement 600 et 700 € l’unité).
En rouge, les Shape 65, en bleu la LYD7
Conclusion
Focal a décidé de faire table rase dans son milieu de gamme en arrêtant la production des CMS et en les remplaçant par les Shape. Ces petites nouvelles en version 6,5 pouces nous ont vraiment convaincues, avec notamment un système de radiateurs passifs permettant d’obtenir un bas du spectre qui ne traine pas dans le temps et par conséquent très lisible. Les médiums et les aigus ne sont pas en reste avec un léger boost vers 6 kHz qui pourra être corrigé à la discrétion de l’utilisateur grâce au filtre idoine. Ajoutez à cela des pieds réglables en hauteur afin d’incliner l’enceinte, une très belle finition et un système de mise en veille automatique et vous aurez une enceinte presque parfaite dont le seul reproche serait d’être un peu plus chère que certaines concurrentes directes.