Chez Mackie, on connaissait les HR et les MR occupant respectivement le haut et l’entrée de gamme des enceintes de monitoring, mais il faudra désormais compter avec les toutes nouvelles XR, se situant juste entre les deux.
Bien que Mackie vienne de mettre à jour sa série d’enceintes de monitoring d’entrée de gamme MR, c’est aujourd’hui la toute nouvelle série milieu de gamme qui nous intéresse, et plus particulièrement la XR624 dotée d’un boomer de 6,5 pouces. Si la famille MR comprend quatre membres, à savoir trois enceintes de 5, 6,5 et 8 pouces ainsi qu’un caisson de basses, la série XR ne possède quant à elle que deux modèles de 6,5 et 8 pouces, à l’instar des moniteurs haut de gamme de la marque, les HR. On se retrouve donc avec un tarif à cheval entre les MR et les HR, à savoir environ 800 € la paire de 6,5 pouces. Voyons ce que la marque a à nous offrir pour ce prix-là.
Boîtes noires
Pas de surprise au déballage, on se retrouve face à des boites noires comme on le voit souvent dans le milieu des enceintes de monitoring. Le constructeur appuie sur le fait qu’il a développé un nouveau guide d’ondes logarithmique qui permettrait d’aligner les hautes fréquences du tweeter avec les basses fréquences du boomer afin d’obtenir un meilleur équilibre entre les hautes et moyennes fréquences. De plus, un système bass reflex « ELP » permettrait d’obtenir une réponse en fréquences étendue dans le bas du spectre sans souffrir du bruit de l’air sortant de l’évent.
Le tweeter de 1 pouce est en aluminium anodisé noir et le boomer de 6,5 pouces en Kevlar. Tout cela est alimenté par deux amplis en classe D de respectivement 100 et 60 watts, avec un filtre de cross-over situé à 2,7 kHz. Les dimensions de la boite en MDF (fibre de bois) sont de 333 × 218 × 320 mm pour un poids total de 10,6 kg. La finition en vinyle noir est plutôt passe-partout, ce qui ravira certains.
À l’arrière, on retrouve une entrée XLR et une entrée Jack 6,35 mm TRS, un réglage de sensibilité en entrée et une série de filtres. Un switch dénommé « Acoustic Space » sera réglé selon que vos enceintes sont placées dans un coin de la pièce (-4 dB dans le bas du spectre), contre un mur (-2 dB) ou éloignées des parois (0 dB). Un coupe-bas (-3 dB à 45 Hz ou 80 Hz) est aussi présent afin d’éventuellement utiliser les enceintes avec un caisson de basses, et un filtre en plateau (shelf) situé à 10 kHz permet d’ajouter ou retirer 2 dB. Enfin, on retrouve aussi à l’arrière le switch de mise sous tension, mais le constructeur a heureusement pensé à un mode de veille automatique qui se met en place au bout de 15 minutes d’inactivité.
Écoute
Pour tester ces enceintes, nous les avons mises en face d’une référence que l’on connait bien, la LYD7 de Dynaudio, qui coûte certes plus cher mais qui nous permettra de mettre le doigt sur les qualités et défauts de la XR624.
Johnny Cash – Hurt
Sur l’arpège d’introduction de la guitare acoustique, on ressent un peu plus de présence sur les enceintes Mackie, avec un peu d’emphase au niveau des fréquences situées entre 3 et 6 kHz. Quand la voix débarque, rien ne nous choque vraiment en comparaison avec les Dynaudio. On entend bien quelques différences dans le spectre, notamment dans les médiums, mais l’équilibre général est plutôt bien respecté. Sans avoir la linéarité des LYD7 à partir de 1 kHz, les XR624 s’en sortent plutôt bien à l’écoute avec la voix et le reste du mix. Si on cherche un peu, on pourrait dire que les Mackie pardonnent un peu plus dans le bas médium.
Michael Jackson – Liberian Girl
L’introduction est ici assez intéressante avec l’ambiance sonore et les nappes, on entend clairement que les Mackie accentuent plus le haut médium (3–6 kHz) que les aigus (plus de 6 kHz), avec un peu moins de souffle notamment. Sachant qu’il est possible de rajouter jusqu’à 2 dB à partir de 10 kHz avec le shelf intégré, il n’y a rien de vraiment gênant à cela et il est possible d’avoir un peu plus de linéarité dans la moitié haute du spectre. Sur la voix de Mr Jackson, on constate que les Mackie sont un peu plus permissives avec un creux plus accentué dans le bas médium et toujours la fameuse bosse dans le haut médium qui aide bien à détacher la voix du reste du mixage. Mis à part cela, la Mackie a un bon équilibre général, une bonne dynamique et un sweet spot assez large, si bien que l’aller-retour avec la LYD7 pourtant beaucoup plus onéreuse se passe plutôt bien, ce qui est un bon point.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Cette chanson va nous permettre de faire le point sur l’extrême bas du spectre, et l’on constate que la Mackie a un peu plus de gras et descend un peu plus bas que la LYD 7 qui reste assez limitée à ce niveau. On gagne bien 10 Hz en plus, ce qui n’est pas négligeable et cela s’entend sans trop de problèmes. L’équilibre de la partie basse (moins de 400 Hz) est un peu moins linéaire que sur les Dynaudio, mais à l’instar des médiums, il n’y a rien de franchement pénalisant. La basse et la grosse caisse de la batterie restent sèches et lisibles, malgré le fait que la XR descende plus bas que la LYD7. Sur les voix, on constate la même chose que sur le premier morceau, à savoir un petit déséquilibre entre les aigus et les hauts médiums, mais rien de vraiment disqualifiant.
Pour résumer ces écoutes, on peut dire que nous sommes plutôt convaincus par ces XR624 qui malgré leur prix inférieur aux LYD7 (800 € la paire contre 1200 € la paire), sont loin d’être ridicules lors d’une écoute A/B. Certes elles n’ont pas la linéarité des Dynaudio, mais leurs petits défauts peuvent en partie être corrigés par les réglages et ne nous semblent pas si pénalisants que ça dans le cadre d’une utilisation en home-studio. Nous avons retrouvé l’équilibre, les détails et le caractère des morceaux que nous connaissons bien.
Conclusion
Avec une gamme « entre-deux », on pouvait craindre que Mackie se prenne les pieds dans le tapis avec une enceinte soit trop chère, soit pas assez performante. Heureusement, la XR624 nous a plutôt convaincus, même en la comparant à une enceinte bien plus chère. Les petits défauts que nous avons relevés ne sont pas éliminatoires et nous pensons que ses futurs acquéreurs pourront travailler tranquillement une fois qu’ils auront pris le temps de la dompter. Son look passe-partout, sa construction sérieuse, son système de mise en veille automatique et ses réglages utiles finiront de convaincre les personnes intéressées.