Sujet Commentaires sur le dossier : 30 jours pour réfléchir au rapport de la musique et de l’audio avec l’environnement
- 275 réponses
- 66 participants
- 12 203 vues
- 72 followers
Los Teignos
Lire l'article
Ce thread a été créé automatiquement suite à la publication d'un article. N'hésitez pas à poster vos commentaires ici !
__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Will Zégal
Ma douce travaille dans une agence locale de l'énergie et du climat. Ce réseau d'association, financées par l'ADEME, les collectivités locales, l'UE etc (au gré aussi des appels à projets) remplissent de nombreux rôles dans le domaine de l'énergie et plus largement dans la transition écologique (vu que l'énergie est au coeur de tout).
- un rôle de service public avec l'information et de l'expertise *
- un rôle militant, notamment avec de grosses démarches d'information, sensibilisation, accompagnement de projets, etc.
* d'ailleurs, si vous rénovez, n'hésitez surtout pas à contacter votre agence locale. Si vous ne gagnez pas des fortunes, grosses économies à la clef mais aussi du conseil sur les choix techniques de construction ou rénovation.
Ma douce est facilitatrice. Elle dit que le rôle des artistes en général est essentiel. Les évènements, livres, brochures etc autour de l'écologie ne touchent la plupart du temps que les gens déjà investis et ceux qui commencent à s'intéresser, à se sentir suffisamment concernés.
Les artistes peuvent toucher aussi les gens qui ne le sont pas encore, ou pas encore assez.
Concernant les évènements, le spectacle vivant dont évidemment la musique est une ressource précieuse. Elle fait venir des gens qui ne seraient pas forcément venus autrement et elle donne un côté festif, donc plaisant à des évènements qui le sont déjà, mais demandent beaucoup d'énergie et de temps de la part des organisateurs comme des participants.
En gros, transitons, mais dans la joie.
Le côté fédérateur est important aussi. Je pense aussi au discours de Alain Damasio sur la construction des imaginaires. La plupart des gens aujourd'hui ne croient plus dans le système capitaliste, mais sans avoir vers quoi aller : il y a un grand vide d'imaginaires alternatifs.
On parle avec frayeur du monde de demain : pour certains, ça serait milices, prédation, dictature (même "dictature verte" a dit Los Teignos). Cela correspond à l'imaginaire de notre société actuelle : sécuritaire, violente, prédatrice et d'accapareurs.
Sauf qu'on voit bien que dans les cas de pénuries, catastrophes naturelles et même chez les victimes de guerre, cela ne se passe pas comme ça : ce qui prédomine largement, c'est l'entraide, l'altruisme, la partage, etc.
Selon Damasio, si on construit des imaginaires violents et survivalistes, alors les gens s'armeront, se prépareront à la violence, se méfieront les uns des autres...
Si on construit des imaginaires désirables d'entraide, de solidarité, de partage (choses qu'à mon avis, la plupart des humains désirent), alors nous nous préparerons à un tel monde.
Nous, artistes, avons donc ce double rôle : comme le fait Los Teignos, participer à passer le message (ce qui ne veut pas dire faire de la chanson militante, mais il y a plein de façons de le faire et nous avons une audience) et accompagner, servir de booster à celles et ceux qui passent les messages et qui agissent.
On sait à quel point on bon concert, un bon bouquin, une chouette expo, une bonne pièce de théâtre ou un super film sont des boosters qui nous donnent bonheur et énergie. Energie dont nous auront tous grand besoin.
[ Dernière édition du message le 16/03/2023 à 10:34:16 ]
Los Teignos
la méthode de calcul de Website Carbon est un peu foireuse vu qu'elle repose sur une étude un peu vieille (2015) et ne prend pas en compte bien des aspects dans l'échange de données entre un serveur et un client. Par exemple, elle ne considère que la consommation du serveur et néglige la consommation impliqué par le site sur le poste du client. Une solution (payante) comme GreenFrame est bien plus pertinente.
Clair que l'outil gratuit a ses limites même si j'ai l'impression qu'ils ont revu leur algo récemment (où leurs bases de données, je n'en sais rien) car il y a encore 6 mois de ça, sans que le ranking d'AF soit meilleur, il était crédité du tiers de l'empreinte carbone qu'il a aujourd'hui. Je fais remonter GreenFrame à la direction, car l'outil a l'air vraiment plus précis, notamment dans les directions qu'il peut donner sur l'optimisation, même si la version Pro, la plus intéressante dans ce qu'elle permet d'avoir rapidement un outil exploitable simplement, n'est pas donnée.
Demain, je rencontre un responsable du CNM au sujet de la transition écologique, et c'est vraiment sur ce genre d'outil qu'une institution pourrait aider les entreprises : en les aidant, d'une façon ou d'une autre à mettre en place ce genre d'outil. Pour l'heure, dans le monde de la musique, tout le monde est braqué sur la déforestation. Et sans dire que ce n'est pas un sujet important, il me semble que le transport, les ressources et la pollution numérique sont bien plus préoccupants alors qu'ils ne sont jamais évoqués. Or, pour faire avancer les gens là-dessus, il nous faut des données, comme des outils de mesure...
En outre, il a été montré que ce qui est le plus à prendre en compte n'est pas "le chargement de la page" mais le temps resté dessus.
Le taux de rétention en somme, plutôt bon sur Audiofanzine vu qu'on essaye d'avoir des pages avec du contenu. Tu aurais des liens là-dessus ?
Une métrique intéressante: la page d'accueil d'AF sans pub envoie 1,24 Mo de data, avec la pub, on arrive à 1,65 Mo. A la louche, cela signifie qu'1/4 du trafic du site est occupé par de la pub.
C'est pas rien effectivement mais c'est ce qui fait vivre le site... Il faut que je regarde aussi le site sur toutes ses différentes pages, car la Home est un cas particulier dans ce qu'elle utilise de plus gros visuels en plus grand nombre...
Je tique aussi sur cette phrase qui signifie donc que vous n'avez aucune maîtrise de votre bilan carbone pour ce qui génère le plus de trafic, consomme le plus en énergie et sur lequel vous semblez investir pleinement votre force éditoriale depuis quelques temps. Dommage...
En fait, ce sont là encore des estimations à la louche en fonction de notre production vidéo, sachant qu'on se retrouve face à un dilemme : la génération Z par exemple ne consomme plus le bon vieux web et uniquement les réseaux sociaux, et ils veulent voir ou entendre plus qu'ils ne veulent lire. Du coup, pour rester en contact avec cette cible, ce que nous demandent les annonceurs qui nous font vivre, on se doit de produire du contenu vidéo par exemple, lequel a une empreinte beaucoup plus lourde... Tu prends 300 caractères, ça ne pèse rien en texte brut, mais ça pèse 20 fois plus quand tu en fais une image pour Insta et encore 20 fois plus quand tu en fais une vidéo, et je ne parle même pas du fait que la vidéo est lue automatiquement et en boucle dans le cas des shorts/reels/tiktok. Or, pour l'heure, dans le monde de la com, c'est la grosse Omerta là-dessus tandis que dans beaucoup de boîtes de notre secteur, toujours en décalage par rapport à d'autres sociétés, tous n'ont pas encore investi les problématiques écologiques, pas tant par mauvaise volonté caractérisée que parce qu'ils n'ont pour l'heure pas de pression sur ces sujets de la part de leurs utilisateurs.
Mais bravo pour ce dossier qui sensibilisera, et c'est toujours ça.
Le sens de ce Mois vert, c'est aussi de bénéficier de retours de la communauté comme le tien, de découvrir des initiatives, des outils, des structures, comme de remettre AF en question. Hier par exemple, j'ai été joint par le responsable France de Klotz qui, voyant nos articles, m'a expliqué les efforts de la marque en matière d'autonomie et d'environnement. Bref, ces articles ne sont certainement pas une fin en soi, d'autant qu'un Mois vert ne veut pas dire 11 mois à ne plus se soucier de ce sujet. Mais c'est un premier pas pour mettre le sujet sur la table et faire du mouvement autour, chez les utilisateurs comme les pros, alors que le truc était jusqu'ici plutôt invisibilisé. Un début donc, et merci à toi pour ce précieux retour.
__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Los Teignos
Avant de dire ce que j'ai éventuellement à dire sur le fond (beaucoup, trop sans doute), je voulais souligner le travail remarquable fait par Los Teignos sur cette série verte.
Outre l'action que j'ai déja saluée, les articles sont de grande qualité, longs (au risque de tl;dr, mais c'est bien de détailler et prendre son temps sur de tels sujets) et fournis.
Bref, grand coup de chapeau.
Merci Will ! Ça me touche ! On se connait bien et tu sais que le tl:dr est dans ma nature Mais en même temps, comme tu l'imagines, je ne voulais pas qu'à cause d'un développement trop hâtif, ça parte en troll, et puis je crois que ces pavés sont le contrepied d'un trop long silence sur ces sujets.
__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Los Teignos
On parle avec frayeur du monde de demain : pour certains, ça serait milices, prédation, dictature (même "dictature verte" a dit Los Teignos). Cela correspond à l'imaginaire de notre société actuelle : sécuritaire, violente, prédatrice et d'accapareurs.
Sauf qu'on voit bien que dans les cas de pénuries, catastrophes naturelles et même chez les victimes de guerre, cela ne se passe pas comme ça : ce qui prédomine largement, c'est l'entraide, l'altruisme, la partage, etc.
Tu as parfaitement raison sur tout ça Will, sachant que mes craintes de dictature verte ne sont alimentées que par le fait qu'on laisse pourrir la situation sans s'en occuper, qu'à force de regarder ailleurs comme cela se fait actuellement aux plus hauts sommets de l'état, on n'arrive à avoir si peu de marge de manoeuvre qu'on se retrouvera face à une situation extrême nécessitant des réactions extrêmes. Ce Mois vert montre en tout cas qu'il y a déjà plein de gens pour se bouger, pour remettre de l'intelligence là où on n'avait arrêté de réfléchir et putain que ça fait du bien de voir ça, et dessine, malgré bien des nouvelles alarmantes, les contours d'une société viable.
__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Will Zégal
sachant que mes craintes de dictature verte ne sont alimentées que par le fait qu'on laisse pourrir la situation sans s'en occuper
La (à mon avis) fable de la dictature verte est aussi largement portée par ceux qui résistent au changement et n'y ont aucun intérêt.
Combien de fois traite t-on pas les écologistes d'ayatollahs. Cela m'arrive quand je parle d'interdire les villes aux voitures.
Dictature ? Les écologistes que je connais sont les gens les moins enclins à la dictature.
Des interdictions ? Certainement. Comme notre société en est pleine. J'ai pas le droit d'aller coller un pain à mon nouveau voisin qui dégueulasse sans le nettoyer le couloir du pallier. Donc je vis sous la dictature de sa crasse.
Actuellement, j'ai moi l'impression de vivre sous la dictature de la voiture. Une dictature noire : celle des particules qu'on se bouffe, même piéton ou cyclsite, celle du deuil des au moins 40 000 personnes qui meurent prématurément en France à cause de ça, sans parler du dueil des piétons et cycliste écrasés. La dictature du bitume aussi, de rues, donc de presque tout l'espace public et commun qui est accaparé par la voiture, qui fait qu'on ne voit plus d'enfants jouer dans les rues (on leur interdit même de marcher), la verdure qui manque dans tant de villes...
Ce sont des dictatures auxquelles on est tellement habitué.es qu'on ne les voit pas. On y tient, même, au point que ce sont ceux qui veulent y toucher qu'on accuse d'être liberticides.
Or, pour l'heure, dans le monde de la com, c'est la grosse Omerta là-dessus
Le monde de la com est certainement celui qui a le moins d'intérêt au changement écologique. Leur gagne pain, c'est de faire vendre ou accepter des choses dont les gens ne veulent pas ou n'ont pas besoin en étant grassement payés par des gens qui ont ces choses à vendre ou à faire accepter parce que ça leur rapporte beaucoup.
Ils pourraient se reconvertir dans la promotion de l'écologie ? Sauf que les budgets n'auraient absolument rien à voir. Les personnes que je connais qui se sont lancés là-dedans (communication éthique) vivent correctement, mais c'est pas avec ce qu'il gagnent qu'il se payeront une Rollex avant 50 ans.
Celest1
pour remettre de l'intelligence là où on n'avait arrêté de réfléchir
101112
Los Teignos
Dictature ? Les écologistes que je connais sont les gens les moins enclins à la dictature.
Effectivement ! Après, je ne pense pas que ces gens deviennent jamais des dictateurs, mais bien plutôt que des dictateurs d'un nouveau genre pourraient sauter sur l'écologie comme un prétexte à l'autorité brutale, ou que de vieilles idéologies pourraient bien se livrer à un drôle de métissage sur fond d'écologie et de "boucémissarisation". Un peu finalement ce qui s'est passé après 1789 avec la Grande Peur et ce qui s'en est suivi, où à un moment on décapitait un peu n'importe qui au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, à commencer par des pères de la révolution... On sent l'accumulation de colère sourdre dans le peuple en ce moment, et quand cette colère sera mise sous la pression des désordres écologiques qui ne vont pas aller en s'arrangeant, quand par exemple il n'y aura plus une goutte d'essence à la pompe, il faudra juste veiller à ce que quelques énervés ne viennent pas faire leur beurre là-dessus.
__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 16/03/2023 à 12:31:50 ]
Will Zégal
mais bien plutôt que des dictateurs d'un nouveau genre pourraient sauter sur l'écologie comme un prétexte à l'autorité brutale, ou que de vieilles idéologies pourraient bien se livrer à un drôle de métissage sur fond d'écologie et de "boucémissarisation"
La peste brune n'a aucun besoin d'écologie pour justifier sa violence.
Ceci dit, il existe bien un courant écologique chez certains fascistes. Avec parfois une vision de l'écologie assez particulière, d'ailleurs.
Quand même, c'est ultra minoritaire. Les fascismes sont quand même souvent plutôt soutenus par le grand capital et les capitaines d'industrie qui n'ont aucun intérêt à une démarche écologiste.
Si "dictature verte" il y a, ça sera simplement celle de notre environnement qui nous empêchera de faire un paquet de choses parce qu'on l'aura trop massacré et épuisé.
Le risque à court terme est plutôt celui d'une dictature brune : quand les peuples vont commencer à se révolter contre l'accaparement des ressources de plus en plus rares par certains, il y aura de braves âmes qui assureront la loi et l'ordre pour que surtout rien ne change. On en prend clairement le chemin en ce moment.
chapolin
De plus il faut noter un certain nombre de gens de mauvaise fois, consciente ou pas et qui crient au totalitarisme dévorant leur liberté dès qu'on leur parle de manger "un peu" moins de viande (de massacrer un peu moins d’animaux) ou d'envisager un jour d'aller à vélo chercher leur pain à 2 kilomètres ...
Will Zégal
Citation :Un peu finalement ce qui s'est passé après 1789 avec la Grande Peur et ce qui s'en est suivi, où à un moment on décapitait un peu n'importe qui au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, à commencer par des pères de la révolution...
J'ai pas réagit à ça, parce que c'est un peu HS, mais il me semble que tu mélanges un peu tout, là. Les révoltes paysannes de 1789 déclenchées par la peur de la répression aristocratique après la prise de la Bastille (pas de guillotine dans ces émeutes : elle n'est apparue en 1792), les guillotinages d'aristocrates pour les raisons que l'on sait et la "terreur" de 1794 qui était une lutte féroce de pouvoir entre différents courants révolutionnaires.
- < Liste des sujets
- Charte