La marque américaine Walrus Audio a dévoilé le Xero Poly Looper, qui, comme son nom l’indique, est un looper polyphonique nous réservant bien des surprises, que nous vous proposons de découvrir dans ce test.
Conception du Xero Poly Looper : un format compact riche en possibilités

Sur la face principale, on retrouve deux potentiomètres « PAN 1/2 », deux faders de volume, cinq petits boutons-poussoirs (SPEED/FWD-REV/MODE), deux footswitches, ainsi qu’une série de LED indiquant l’état de fonctionnement de l’ensemble. On apprécie d’ailleurs le clin d’œil à Xerox, avec le dessin central évoquant des photocopies.
Sur les côtés de la pédale, on trouve des binômes d’entrées et de sorties, offrant une grande flexibilité quant au type de signal à faire transiter, qu’il soit mono ou stéréo. On y trouve aussi une prise « EXP SWITCH », permettant de connecter un double footswitch supplémentaire pour contrôler le second canal.
Sur la tranche supérieure, on accède à la connectique MIDI In/Thru (au format mini-jack stéréo 3,5 mm), la prise USB-C (pour les mises à jour de firmware), ainsi que la prise d’alimentation. Le bloc d’alimentation n’est pas fourni avec la pédale, et il faudra prévoir une alimentation 9 V DC standard délivrant au minimum 300 mA.
Ce looper est piloté par un processeur MDSP, suffisamment puissant pour offrir des fonctionnalités que l’on retrouve d’ordinaire sur des multieffets plus complexes.
Enfin, le Xero Poly Looper est fabriqué aux États-Unis et propose une qualité d’assemblage tout à fait convaincante. Disponible au prix de 333 € dans nos contrées au moment de la rédaction de ce test, son positionnement tarifaire devra donc se justifier par ses fonctionnalités.
Version du firmware au moment du test : 1.06
Polyphonie, modes de boucle, effets et contrôle MIDI : fonctionnement détaillé
Je le confesse : mon utilisation du looper a toujours été des plus basiques, et un simple Ditto de TC Electronic me suffit généralement amplement. Avec le Xero Poly Looper, on entre clairement dans une autre catégorie, celle qui oblige à ouvrir le manuel pour s’y retrouver.
Comme évoqué précédemment, ce looper dispose de deux canaux identiques dans leurs fonctionnalités, entre lesquels on peut basculer en appuyant simultanément sur les deux footswitches. Cela pourra peut-être en surprendre certains, mais cette manipulation s’est révélée peu pratique durant le test : je me suis souvent retrouvé à n’actionner qu’un seul footswitch, déclenchant ainsi une commande non désirée. On peut bien sûr incriminer la taille de mes pieds ou mon manque d’agilité, mais je trouve qu’il s’agit d’une fonction suffisamment importante pour mériter un déclenchement plus fiable. Heureusement, le looper permet de connecter un double footswitch externe pour contrôler le second canal, et cela s’est révélé salvateur dans mon cas.
Chaque canal permet d’enregistrer une boucle d’une durée maximale de 3 minutes, ce qui est déjà très généreux, et d’y empiler un nombre infini de couches. Ces deux canaux peuvent ensuite fonctionner selon trois modes distincts :
- SYNC MODE : c’est le mode le plus courant. On enregistre une première boucle qui définit la longueur de la séquence. Il n’est pas possible d’enregistrer une seconde boucle plus longue : toutes les boucles, quel que soit le canal, restent synchronisées.
- UNSYNCED MODE : Ici, les canaux sont totalement indépendants. On peut enregistrer une première boucle sur le canal 1, puis une autre, d’une longueur différente, sur le canal 2. Les canaux ne sont donc pas synchronisés.
- POLY MODE: Un mode particulièrement intéressant pour créer des effets de polyrythmie (par exemple, une boucle en 4/4 sur le canal 1 et une autre en 3/4 sur le canal 2). Les boucles restent synchronisées, avec en plus la possibilité de gérer la synchronisation en MIDI.
Pour chaque canal, on dispose d’un volume et d’un potentiomètre de panoramique, mais le plus intéressant reste sans doute la gestion de la vitesse et du sens de lecture des boucles. En maintenant le footswitch de droite quelques secondes, on active la section dédiée aux effets, permettant de ralentir la lecture de moitié ou au contraire de la doubler. On peut ensuite combiner cet effet avec un second qui inverse le sens de lecture. De plus, si, par exemple, on enregistre une boucle avec un effet de vitesse à x 0,5 activé, après l’avoir coupé la séquence enregistrée verra sa vitesse doublée. Toutes ces manipulations sont indépendantes pour chaque canal, ce qui permet de triturer les boucles et de créer des textures complexes, voire expérimentales.
Les deux LEDs situées au-dessus des footswitches changent de couleur selon que l’on enregistre, que les effets sont activés ou que la lecture est en pause. Il faut à mon sens un peu de temps pour bien assimiler toutes ces subtilités, car on peut rapidement être perdu les premières heures de jeu.
Walrus Audio propose également un argument de taille pour ce looper : la possibilité de le contrôler en MIDI. Et si vous jetez un œil à la documentation, vous verrez qu’il est possible de piloter tous les paramètres via des Control Changes.
Cependant, mauvaise surprise, car je n’ai jamais réussi à faire reconnaître mes contrôleurs MIDI au looper. Après avoir d’abord pensé à une erreur de manipulation, à un câble MIDI défectueux ou à un défaut isolé de l’exemplaire reçu, j’ai découvert que d’autres utilisateurs rencontrent exactement le même problème. Walrus Audio a d’ailleurs reconnu un souci de ce côté-là. Malheureusement, le dysfonctionnement persiste malgré la mise à jour du firmware 1.06, censée corriger le bug. J’ai même tenté une version plus ancienne (1.03), sans succès. On peut toutefois saluer le système de mise à jour mis en place par Walrus Audio : il suffit de passer par leur site, sans avoir à installer de logiciel dédié.
C’est évidemment frustrant, car l’apport du MIDI représente une valeur ajoutée loin d’être anecdotique, étant donné que, sur le papier, le pilotage en MIDI ouvre de nombreuses perspectives d’utilisations. Il faudra sans doute attendre que Walrus Audio corrige ces soucis techniques via une future mise à jour. Un tel souci est surprenant pour une marque habituellement exemplaire sur la fiabilité de ses pédales.
Créer des boucles originales et polyrythmiques avec le Xero Poly Looper
Pour illustrer le fonctionnement de ce puissant looper, voici quelques exemples audios :

- 1 – Ex 1 – Sync Mode00:56
- 2 – Ex 2 – Sync Mode01:18
- 3 – Ex 3 – Sync Mode01:37
- 4 – Ex 4 – Poly Mode01:00
- 5 – Ex 5 – Poly Mode01:34
- 6 – Ex 6 – Unsync Mode00:36
Passée la relative complexité de la prise en main, on prend rapidement plaisir à enregistrer des boucles, même simples, pour ensuite les manipuler dans tous les sens. J’ai notamment trouvé intéressant de pouvoir enregistrer une même boucle sur les deux canaux, puis de les traiter différemment, comme on peut l’entendre dans l’exemple n° 3. Par ailleurs, l’activation des effets se fait de manière synchronisée lorsque l’on se trouve dans les modes SYNC ou POLY (voir exemple n° 4).
Je n’ai constaté aucune dégradation du signal d’origine, et Walrus Audio nous certifie que la pédale est True Bypass.


