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Hologram Electronics Microcosm granular
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Test de Hologram Electronics Microcosm

Effet guitare divers de la marque Hologram Electronics

Prix public US : $449 incl. VAT
Test écrit
44 réactions
L'hologramme qui vous détache du monde
8/10
Award Innovation 2022
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La marque américaine spécialisée dans les jolies pédales numériques de manipulation innovante du son a sorti en 2020 un multi-effet granulaire avec réverb, modulation de pitch et looper, tentative conceptuelle réussie ?

Test de Hologram Electronics Microcosm : L'hologramme qui vous détache du monde

Holo­gram Elec­tro­nics fait partie de cette nouvelle géné­ra­tion de fabri­cants de pédales qui ne cherchent pas à propo­ser des énièmes modi­fi­ca­tions du circuit de la Tube Screa­mer ou de la Treble Boos­ter, mais plutôt des concepts inno­vants qui peuvent être vus comme des instru­ments de musiques à part entière, et dont les guita­ristes ne sont pas les seuls friands.

IMG_0235.JPEGLa marque a vu le jour dans le Tennes­see alors que deux amis d’en­fance et musi­ciens chevron­nés, Jason Camp­bell et Ryan Schae­fer, bidouillaient des pédales d’ef­fets à base de Ardui­nos ou des racks de trai­te­ments sur ordi­na­teur dans le but de chan­ger la manière dont on joue plutôt que le timbre de l’ins­tru­ment.

Leurs deux premières créa­tions, la Dream Sequence sortie en 2015, et la Infi­nite Jets en test sur Audio­Fan­zine de 2017, ont permis avec seule­ment une poignée de boutons de modu­ler le signal sonore entrant avec des effets de distor­sion, pitch shif­ting et modi­fi­ca­tion d’en­ve­loppe en suivant un séquen­ceur ryth­mique, ou de sampler et réin­ter­pré­ter ce signal en diffé­rents frag­ments de sons sur lesquels appliquer des effets pour créer des nappes infi­nies.

Puis en 2020 fut mis en vente la pédale que nous allons regar­der, qui est plus ambi­tieuse avec une archi­tec­ture diffé­rente, les deux autres ayant une appa­rence et on devine le hard­ware assez proche. Cette fois-ci, les créa­teurs ont cher­ché à explo­rer les terrains des loopers, des drones, de la resyn­thèse granu­laire, du glitch, du délai multi-tap, grâce à un prin­cipe pas si éloi­gné que ça de prime d’abord de la Infi­nite Jets, mais avec en bonus un looper, une réverb, un filtre et une modu­la­tion de pitch indé­pen­dants, sans oublier un design plutôt unique, rien de moins !

Parle à mon holo­gramme

Micro­cosm de Holo­gram Elec­tro­nics est donc une pédale rectan­gu­laire de 180 × 120 × 51 mm, avec 8 potards clas­siques et un enco­deur rota­tif + bouton pous­soir de sélec­tion de présets, 3 gros switchs pour le bypass et les fonc­tions de loopers, 3 petits boutons éclai­rés et une poignée de mini LEDs, sans oublier 4 grandes LEDs rectan­gu­laires du plus bel effet qui four­nissent toutes sortes d’in­for­ma­tions et donnent une appa­rence unique à la machine. Elle est actuel­le­ment propo­sée à la vente sur le site inter­net du construc­teur à 459 $, mais faute de distri­bu­teur pour le moment dans notre contrée avec une taxe de douane supplé­men­taire consé­quen­te…

IMG_0236.JPEGOn la découvre bien embal­lée dans une jolie boîte avec son alimen­ta­tion et deux manuels papiers en anglais couleur de très bonne qualité, un faisant office de réfé­rence (49 pages !) et le deuxième de pense-bête dépliable, qui sont à la fois bien­ve­nus et assez rapi­de­ment indis­pen­sables comme nous allons le voir.

À l’ar­rière on découvre une connec­tique assez exhaus­tive, avec l’en­trée alimen­ta­tion 9 V, une entrée MIDI et une sortie MIDI OUT/THRU, une entrée pour pédale d’ex­pres­sion, deux sorties audio jack 6.35 mm (gauche mono et droite), et une entrée mono/stéréo TRS jack. La connec­tique MIDI permet de contrô­ler via CC la tota­lité des para­mètres de la pédale, de navi­guer dans les présets avec des PCs, et égale­ment de synchro­ni­ser plusieurs machines avec des signaux MIDI clocks, que la pédale peut rece­voir ou trans­mettre. En restant appuyés sur deux boutons pendant quelques secondes, on peut d’ailleurs rentrer dans un menu de confi­gu­ra­tion qui permet de para­mé­trer le compor­te­ment des entrées/sorties MIDI, du looper, le niveau d’en­trée instru­ment ou ligne au choix, la confi­gu­ra­tion d’en­trée mono ou stéréo, le mode de défi­le­ment des présets et même plusieurs types de fonc­tion­ne­ments pour le switch bypass, buffe­risé ou true bypass.

Ambiances éthé­rées holo­gra­phiques

Concrè­te­ment, la pédale est un proces­seur d’ef­fets qui applique sur le signal d’en­trée prin­ci­pa­le­ment 4 trai­te­ments diffé­rents à la suite : 1 effet « granu­laire » parmi 11 types acces­sibles et 4 varia­tions via des présets, puis la modu­la­tion de pitch, une réverb, et un filtre passe-bas réso­nant. Sur le chemin du signal, on trouve égale­ment un réglage de signal dry / wet global, un looper qui peut se placer avant ou après les effets, et une fonc­tion­na­lité du nom de « Hold Sampler » qui permet de réali­ser une sorte de freeze sur le signal envoyé dans les effets (on y revien­dra).

Microcosm Signal PathLa plupart des fonc­tions sont acces­sibles simple­ment en tour­nant les 8 potards prin­ci­paux, qui donnent chacun accès égale­ment à une fonc­tion­na­lité supplé­men­taire en restant appuyé sur le petit bouton shift. Ils permettent de chan­ger par exemple la fréquence de coupure du filtre, sa réso­nance, la quan­tité et la fréquence de la modu­la­tion de pitch, le type de réverb souhaité, le mix de réverb, le mix dry/wet global, le volume de toute la section wet, deux réglages spéci­fiques au looper, et quelques réglages qui concernent les 11 effets présets.

IMG_0237.JPEGOn remarquera au passage que la pédale ne permet pas de régler le volume d’en­trée (à part avec le réglage ligne vs instru­ment) ou le volume global de sortie, ce qui oblige à contrô­ler ses niveaux de l’ex­té­rieur. Il y a bien un contrôle qui permet de régler le volume du signal traité, mais celui a peu de course et n’agit pas de fait sur le signal dry. Exit aussi malheu­reu­se­ment le drive analo­gique qui était présent sur les deux précé­dents produits de la marque…

Concer­nant la réverb, celle-ci est assez inté­res­sante et j’ai eu une tendance à l’uti­li­ser presque systé­ma­tique­ment en faisant les démos audio de ce test. Le poten­tio­mètre Space permet de doser la quan­tité d’ef­fet et agit simple­ment comme un mix entre le signal dry et le signal réver­béré. Le même poten­tio­mètre, déplacé en restant appuyé sur shift, permet lui de contrô­ler le « Reverb Time » soit en fait de sélec­tion­ner un préset d’al­go­rithme parmi 4, clas­sés du plus court au plus long en temps de réver­bé­ra­tion : Bright Room, Dark Medium, Large Hall et Ambient. Chaque algo­rithme, en plus du temps de réver­bé­ra­tion diffé­rent, possède égale­ment son propre carac­tère que l’on peut appré­cier sur les démos suivantes. Par contre, on aurait appré­cié peut être avoir au moins un contrôle supplé­men­taire pour faire varier la taille de la « pièce », la réverb A ayant une durée petite et un carac­tère assez brut, tandis que les suivantes sont tout de suite sur des durées plus longues et un carac­tère typé « atmo­sphé­rique qui prend tout l’es­pace ».

Démo Micro­cosm Réverb Drums
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  • Démo Micro­cosm Réverb Drums00:55
  • Démo Micro­cosm Réverb Synth02:01

La partie effets présets peut d’ailleurs être complè­te­ment désac­ti­vée en utili­sant le looper et en action­nant l’op­tion « Looper Only » ce qui s’est avérée pratique pour réali­ser ces démos, et permet d’uti­li­ser la pédale comme un multi effet + looper plus tradi­tion­nel ! On pourra ainsi appré­cier plus faci­le­ment le rendu sonore de la modu­la­tion de pitch égale­ment, qui semble sonner comme une modu­la­tion de délai dans une ligne à retard avec varia­tion de vitesse de lecture, ce qui permet d’ajou­ter un peu de mouve­ment au son ou une touche un peu « lo-fi » à la manière d’un wow et flut­ter sur les émula­tions de vieilles bandes analo­giques. D’ailleurs, sans surprise, en l’uti­li­sant avec le réglage de dry à 50%, on obtient bien un effet de modu­la­tion de type chorus qui lorgne vers le flan­ger, pas des plus subtils cela dit.

Démo Micro­cosm Pitch Mod
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  • Démo Micro­cosm Pitch Mod01:19
  • Démo Micro­cosm Chorus00:23

Enfin, on trouve sur le chemin du signal un filtre passe-bas on ne peut plus clas­sique, avec fréquence de coupure et réso­nance réglables, mais malheu­reu­se­ment une valeur maxi­male de réso­nance assez faible, ce qui ne permet pas de faire de l’auto-oscil­la­tion ou des réso­nances de types filtres de synthé et auto wah très marquées malheu­reu­se­ment. Celui-ci permet­tra au choix d’adou­cir le rendu de certains effets ou de rajou­ter une vibe supplé­men­tai­re…

Démo Micro­cosm Filter
00:0001:17

D’ailleurs, il est possible d’as­si­gner un des contrôles prin­ci­paux du Micro­cosm à une pédale d’ex­pres­sion, à savoir tous les poten­tio­mètres de base sauf la sélec­tion de présets et le réglage de temps (aucun des para­mètres secon­daires donc). L’as­si­gna­tion se fait simple­ment en bran­chant la pédale pendant l’uti­li­sa­tion, et en déplaçant rapi­de­ment un des contrôles sus-cités. Le réglage choisi persis­tera même après avoir débran­ché le multief­fet tant qu’on ne redé­place par un des poten­tio­mètres tout de suite après avoir décon­necté puis rebran­ché la pédale d’ex­pres­sion, ce qui est assez pratique. Je vous conseille toute­fois d’uti­li­ser des pédales dont on peut régler la course manuel­le­ment, le Micro­cosm ne permet­tant pas d’as­si­gner une valeur au début et à la fin de la course d’un para­mètre en cours, ce qui peut parfois s’avé­rer problé­ma­tique.

Je me suis demandé d’ailleurs à ce propos pendant le test si l’in­for­ma­tion envoyée par la pédale n’était pas lissée un peu trop lente­ment, ce qui peut empê­cher d’ob­te­nir des chan­ge­ments rapides à un para­mètre et qui s’est avéré assez gênant pour jouer de la wah wah…

Démo Micro­cosm Wah Wah
00:0000:33

Hold my beer

IMG_0238.JPEGAvant de parler du looper, j’ai­me­rais dire un mot sur une fonc­tion­na­lité que j’ai trouvé assez inté­res­sante, à savoir le « Hold Sampler ». En appuyant en cours de jeu sur le switch de droite, quand le mode looper n’est pas activé, on peut captu­rer et rejouer en boucle plus ou moins aléa­toi­re­ment une partie de ce qui a été joué derniè­re­ment, passé unique­ment au travers des trai­te­ments, sur une longueur qui dépend du tempo en cours. Ce tempo est visible sur le bouton LED qui permet d’ac­cé­der aux fonc­tion­na­li­tés secon­daires, et il est spéci­fié soit par un réglage interne que l’on peut modi­fier via un des switchs en tap tempo, soit par le tempo d’une clock MIDI externe. Je me suis servi par exemple d’un Circuit Tracks bran­ché sur la bécane en MIDI pour avoir accès à un réglage précis de tempo à tout moment.

Le rendu du Hold Sampler peut être modi­fié en cours de lecture simple­ment en faisant varier ce tempo après enre­gis­tre­ment. De plus, comme la capture se fait avant les effets, on peut égale­ment jouer en live avec le signal enre­gis­tré et les diffé­rents para­mètres de la pédale. Si un autre signal d’en­trée arrive dans la pédale pendant l’uti­li­sa­tion du Hold, celui-ci ne passe par aucun des effets toute­fois, ce qui permet aussi faci­le­ment de pouvoir créer et modi­fier des drones ou nappes, tout en mixant des signaux qu’on ne veut pas trai­ter par le Micro­cosm direc­te­ment dans la pédale. Le mode de fonc­tion­ne­ment peut ensuite se désac­ti­ver d’un appui sur le switch de droite, ou en le relâ­chant si la confi­gu­ra­tion du Hold rensei­gnée dans le menu adéquat est en mode « Momen­tary ».

Poêle à granules à la loupe

Venons-en à présent au « Phrase Looper » du Micro­cosm qui est très loin d’être anec­do­tique. Celui-ci est même un des loopers les plus agréables et créa­tifs que j’ai pu avoir dans les mains (et pieds) tout en restant d’une simpli­cité enfan­tine à utili­ser.

L’usage de base est de l’ac­ti­ver ou de le désac­ti­ver avec le bouton LED dédié, d’en­re­gis­trer une séquence en appuyant sur le switch de gauche, puis de stop­per ou de jouer direc­te­ment l’en­re­gis­tre­ment avec le switch de droite ou de gauche. On peut alors effa­cer cet enre­gis­tre­ment en restant appuyé sur le switch de droite, avec un feed­back visuel sur les 4 LEDs rectan­gu­laires qui indique quand c’est fait, ou enre­gis­trer quelque chose encore par-dessus dans une autre couche « d’over­dub » avec plusieurs appuis sur le switch de gauche, que l’on peut égale­ment vider sans toucher à la séquence de base en restant appuyé sur le switch de gauche. Notons égale­ment que la LED qui indique si le looper est activé ou pas nous renseigne constam­ment sur le fait que des séquences aient déjà été enre­gis­trées, et que les 4 LEDs rectan­gu­laires indiquent si la séquence est en cours de lecture ou non, et si on est en train d’en­re­gis­trer quelque chose ou pas avec des codes couleurs.

Un certain nombre d’op­tions stan­dard permettent de modi­fier le volume de la séquence à rejouer, la durée et la direc­tion du fondu quand on arrête ou lance la lecture de la séquence, ou encore la posi­tion du looper sur le chemin du signa (avant les effets pour pouvoir modi­fier le son de la séquence en live ou après pour enre­gis­trer aussi l’im­pact des effets en dur).

D’autres fonc­tion­na­li­tés moins clas­siques acces­sibles à diffé­rents endroits permettent via un bouton « reverse » dédié de rejouer la séquence enre­gis­trée à l’en­vers, d’en­re­gis­trer puis de suppri­mer des boucles à la volée en restant appuyé sur un switch via le mode « Burst », ou d’en­re­gis­trer avec le reste des para­mètres en cours le contenu des 2 couches de séquence dans un des 16 slots « user » dédiés à cet effet, qui servent à enre­gis­trer la tota­lité des réglages en cours et d’y accé­der faci­le­ment sans avoir à retou­cher à tous les potards.

Le mode « quan­tize » est parti­cu­liè­re­ment inté­res­sant égale­ment, car il permet de synchro­ni­ser la fin de l’en­re­gis­tre­ment avec des pulsa­tions au tempo précé­dem­ment spéci­fié, à la manière d’une synchro­ni­sa­tion dans votre STAN à boucles préféré. Cela permet non seule­ment de pouvoir utili­ser le looper avec des machines externes qui peuvent rensei­gner la clock via MIDI (synthés, drum machines, groo­ve­boxes etc.) en parfaite synchro­ni­sa­tion, mais aussi de caler avec la séquence le rendu des effets présets qui peuvent être dépen­dants de ce même tempo, bien vu et rapi­de­ment indis­pen­sable ! Je dois avouer que j’ai souvent trouvé frus­trant l’uti­li­sa­tion de la plupart des pédales de loopers que l’on trouve sur le marché qui ne proposent pas de synchro­ni­sa­tion MIDI…

Enfin, une dernière fonc­tion­na­lité plutôt inté­res­sante est la possi­bi­lité de faire varier la vitesse de lecture de la séquence enre­gis­trée et de la couche d’over­dub de manière discrète ou conti­nue. Cela s’avère parti­cu­liè­re­ment fun dans la mesure où il est possible de l’uti­li­ser de manière créa­tive en enre­gis­trant par-dessus la couche d’over­dub des séquences sonores avec plusieurs réglages de vitesse de lecture et le mode « reverse » activé ou non, ce qui permet au final de jouer plusieurs couches de son dans diffé­rents ordres de lecture et enre­gis­trés à diffé­rentes vitesses via le looper !

Démo Micro­cosm Looper
00:0002:14

Glitch oh mon glitch

Enfin, regar­dons de plus près l’im­po­sante section des effets présets qui semble être la prin­ci­pale origi­na­lité du Micro­cosm. Un moteur de trai­te­ment numé­rique de type granu­laire est présent sous le capot, et acces­sible via 11 effets dans 4 caté­go­ries (Micro Loop, Granules, Glitch, Multi Delay), avec pour chaque effet 4 varia­tions parfois assez dras­tiques, auxquelles on accède avec l’en­co­deur rota­tif en se repé­rant avec des LEDs asso­ciées. Soit 44 terrains de jeu ! Pour chacun, on peut inter­agir avec le rendu sonore en utili­sant les 4 poten­tio­mètres de gauche, qui permet de jouer sur la quan­tité d’ef­fet, les répé­ti­tions, la donnée tempo­relle utili­sée par l’al­go­rithme, et un para­mètre de forme pour certains effets bien précis.

Mais d’abord, préci­sons un peu plus ce que fait ce moteur granu­laire : très concrè­te­ment, il découpe le signal venant de l’en­trée de la pédale en petits morceaux, à une fréquence et une durée variables, puis applique des tran­si­tions de volume au début et à la fin. Ces grains, lorsqu’ils sont suffi­sam­ment nombreux et petits peuvent créer des effets de textures ou d’am­biances atmo­sphé­riques, tandis qu’ils seront perçus comme des répé­ti­tions dans un délai avec moins de grains et des longueurs de grain plus longues, d’au­tant qu’on peut y adjoindre un réglage de feed­back. Mais à la diffé­rence d’un délai clas­sique, rien n’em­pêche d’avoir une capture de ces grains à une fréquence non constante dans le temps pour créer des patterns ryth­miques, d’avoir du contenu d’un grain à l’autre qui se recoupe, ou encore de les trai­ter chacun sépa­ré­ment avec des effets.

En parcou­rant la notice d’uti­li­sa­tion, on remarque non seule­ment la variété des utili­sa­tions possibles du moteur granu­laire, avec des choses complè­te­ment barrées et d’autres de type délai clas­sique, mais aussi la somme des trai­te­ments supplé­men­taires appor­tés aux grains d’une varia­tion à l’autre d’un même effet. Par exemple pour l’ef­fet SEQ qui réar­range le signal en patterns ryth­miques à la manière d’un autre produit de la marque, les 4 varia­tions proposent respec­ti­ve­ment du filtrage et des rythmes aléa­toires, diffé­rentes vitesses de relec­ture des grains avec le pitch shif­ting asso­cié, du filtrage contrôlé par l’en­ve­loppe du signal, et l’ajout d’un bitcru­sher. On observe sur d’autres effets égale­ment de la compres­sion, diffé­rents types de filtrage, et bien sur diffé­rents moyens de créer les grains et de les agen­cer. Une de ces varia­tions est d’ailleurs systé­ma­tique­ment acces­sible quel que soit le préset en appuyant sur l’en­co­deur de choix du préset, qui permet d’in­ver­ser à chaque appui la direc­tion de lecture des grains !

Jam 1 – Mosaic Reverb
00:0000:59
  • Jam 1 – Mosaic Reverb00:59
  • Jam 2 – Keys Tunnel01:17
  • Jam 3 – USB ground loop Blocks01:21

Sans rentrer à fond dans les détails de chaque algo­rithme, on pourra dire que ces présets offrent pas mal de diver­sité, même si on remarque un peu de redon­dance dans les effets du type qui réar­rangent le signal en motifs ryth­miques, les varia­tions des trai­te­ments du rendu sonore de ces rythmes n’en­le­vant pas le carac­tère parfois un peu systé­ma­tique d’un rendu « sons joués sur des temps en lien avec la valeur de délai spéci­fiée ». Sur cette démo audio, on peut entendre une boucle de batte­rie passée à travers la quasi-tota­lité des présets d’ef­fets granu­laires.

Jam 4 – Drums Granu­lar
00:0004:23

Les 4 LEDs du milieu produisent diffé­rentes anima­tions liées au compor­te­ment de l’ef­fet qui rajoute un feed­back sur ce qu’on fait plutôt appré­ciable, en plus de l’in­dex entre 1 et 4 de la varia­tion de l’ef­fet en cours actuel­le­ment utili­sée. Les petites LEDs en dessous du réglage « Time » affichent égale­ment le tempo enre­gis­tré en cours et la vitesse des collectes de grains. Par contre soyons clairs à ce sujet, quand on mani­pule les 4 para­mètres qui agissent sur le son, il est très diffi­cile de savoir ce que l’on est vrai­ment en train de faire parfois, d’au­tant que les manuels – obli­ga­toires à ce stade de la décou­verte de la pédale – four­nissent des infor­ma­tions succinctes sur les effets et sur l’in­fluence des para­mètres, notam­ment du Repeat qui n’est jamais précisé nulle part, alors que Acti­vity / Time / Repeat sont comme précisé quelque part avant tout des « macro para­mètres » qui font plein de choses.

De manière géné­rale, on pourra alors caté­go­ri­ser ces effets de la manière suivante, les délais multi-tap plus ou moins clas­siques avec varia­tions de trai­te­ments, des effets vrai­ment ryth­miques qu’on trouve un peu dans les caté­go­ries offi­cielles Glitch / Granules / Micro Loop, des effets qui créent des textures inté­res­santes assez typiques de tout ce qu’on met dans le granu­laire et qui peuvent faire penser à du diffu­seur, le grand n’im­porte quoi brui­tiste qui va bien avec l’aléa­toire et le bitcru­sher, ou les effets axés sur la mani­pu­la­tion de la vitesse de lecture de longs grains et qui peuvent permettre de créer des rendus de type « Shim­mer » avec l’ad­di­tion d’un des algo­rithmes de réver­bé­ra­tion. Car c’est le moment de dire que ce moteur granu­laire s’ac­com­mode très bien du reste des effets dispo­nibles juste­ment ! J’ima­gine que c’est exac­te­ment tout le propos de la propo­si­tion de Holo­gram Elec­tro­nics.

L’ef­fet granu­laire, c’est moi !

À présent, préci­sons que pour cette section du test j’ai du me lancer un défi parti­cu­liè­re­ment corsé, qui est de réali­ser des démos audio à partir d’une pédale qui ne fait jamais la même chose deux fois de suite :) Il a fallu à un stade que j’en­re­gistre la tota­lité de mes explo­ra­tions sonores, car je me suis retrouvé plusieurs fois à trou­ver quelque chose d’in­té­res­sant, et à ne pas réus­sir à le repro­duire une deuxième fois avec le bouton Record dans mon STAN enclen­ché. Notam­ment avec la fonc­tion Hold qui a une tendance que je soupçonne forte­ment à créer des « heureux acci­dents » systé­ma­tique­ment quand je ne suis pas en train d’en­re­gis­trer, ça m’éton­ne­rait pas qu’une puce dédiée à cette chose soit incor­po­rée dans la pédale de manière cachée.

J’ai du égale­ment me creu­ser un petit peu la tête pour faire des choses rela­ti­ve­ment construites à partir du Micro­cosm et pas simple­ment des impro­vi­sa­tions plus ou moins aléa­toires, ou de trou­ver les bonnes combi­nai­sons de signaux en entrée et d’ef­fets pour obte­nir des choses inté­res­santes du point de vue musi­cal. En effet, nous n’avons pas encore parlé de ce que l’on fait de cette pédale ! La première chose à dire là dessus est que contrai­re­ment aux appa­rences, il serait inop­por­tun de s’en servir unique­ment avec des guitares, il est même plutôt recom­mandé de la voir comme un outil qui peut être formi­dable avec des synthé­ti­seurs, des sons de drums, des voix etc. comme vous avez déjà pu m’écou­ter le suggé­rer avec les démos audio présentes dans les autres sections précé­dentes.

Ensuite, en plus du côté multi-effet ou looper, cette pédale qui propose de faire des choses assez atypiques, granu­laire oblige, se destine évidem­ment à certains types d’uti­li­sa­tions plutôt que d’autres, on imagine mal évidem­ment la pédale s’in­té­grer dans n’im­porte quel pedal­board ou set d’ef­fets, qui n’au­raient pas quelque chose à voir de près ou de loin avec les grosses nappes de sons, les ambiances stra­to­sphé­riques, notam­ment avec le choix des algos de réverbs, même si encore une fois la pédale fait carré­ment le taf en tant que looper unique­ment ou collec­tion d’ef­fets. Autre chose à ne pas igno­rer, c’est que malgré le côté wahou de la pédale, ça serait une erreur de ne pas l’in­té­grer dans un set juste­ment avec d’autres types d’ef­fets comme des effets de réverb et de délai plus clas­siques, et que l’usage de la pédale d’ex­pres­sion permet juste­ment de donner une expres­si­vité supplé­men­taire à la Micro­cosm, que ce soit pour jouer avec l’ef­fet de la réverb, jouer avec le volume de l’en­re­gis­tre­ment du looper, faire une wah wah assez rudi­men­taire mais qui fonc­tionne, ou jouer avec la réac­ti­vité des para­mètres des effets granu­laires. Et puis jouer avec ce que fait ce Hold Sampler qui m’a pas mal inspiré pendant le test. Au passage, pour la guitare, person­nel­le­ment je trouve qu’il est impor­tant de bien choi­sir l’em­pla­ce­ment de la pédale dans la chaîne du signal, notam­ment par rapport à tout ce qui est distor­sions (de préfé­rence après les pédales de distor­sion, ou en boucle d’ef­fet d’am­pli­fi­ca­teur), pour en tirer le meilleur parti.

Autre chose, parlons simple­ment de ce que l’on fait avec cette pédale. Person­nel­le­ment, j’ai eu du mal à trou­ver d’autres usages perti­nents de la Micro­cosm que de l’uti­li­ser seule avec un instru­ment et d’en faire une pièce à part entière d’un côté, très proba­ble­ment avec une certaine quan­tité d’ef­fets de spatia­li­sa­tion, et dans un autre registre de m’en servir pour créer tout ce qu’on peut mettre dans la caté­go­rie « drones », c’est-à-dire créer des plages de son qui ont pour objec­tif de rajou­ter de la texture dans un morceau construit par-dessus sans forcé­ment parti­ci­per plus que ça à l’ar­ran­ge­ment. J’ima­gine que d’autres personnes que moi qui l’au­ront dans les pattes et qui par exemple sont plus à l’aise avec l’usage des loopers pour­ront en faire d’autres choses évidem­ment, et je n’ai moi-même pas encore fini avec ce test d’ex­plo­rer les possi­bi­li­tés de la pédale, notam­ment quand on voit les diffé­rences de rendu parfois assez impor­tantes sur l’ef­fet granu­laire entre les extrêmes valeurs des para­mètres Acti­vity et Repeats.

Notons enfin que l’er­go­no­mie est plutôt un bon point de la pédale, même si la partie enre­gis­tre­ment de présets néces­site de se creu­ser un peu la tête avec les manuels au départ. J’ai appré­cié par exemple une fonc­tion toute bête qui permet de modi­fier l’ordre dans lequel on fait défi­ler les présets avec l’en­co­deur, qui montre que les créa­teurs se sont un peu creusé la tête avant de conce­voir la Micro­cosm. J’ai appré­cié égale­ment la possi­bi­lité de tout synchro­ni­ser en MIDI, qui s’avère d’ailleurs redou­table si on utilise la pédale avec une confi­gu­ra­tion ordi­na­teur, comme effet dans un STAN, que je conseille d’uti­li­ser comme un send plutôt qu’en insert (atten­tion je me suis permis une petite cover qui se prêtait bien aux drones et aux jolies ambiances).

Micro­cosm Dub
00:0002:28
  • Micro­cosm Dub02:28
  • Phen­drana Drifts03:52

Ces dernières démos ont été enre­gis­trées au studio Cavern à Paris avec une Jack­son 7 cordes dans un ampli The Valve 2/50 et un SM57 devant le baffle.

Cavern Sessions 1
00:0003:13
  • Cavern Sessions 103:13
  • Cavern Sessions 204:49

Conclu­sion

Pour termi­ner ce test, impos­sible de ne pas parler du plai­sir que j’ai éprouvé en décou­vrant cette pédale, en essayant de mettre toutes les sources sonores qui passaient dedans, et en sélec­tion­nant chaque préset pour voir ce que j’ar­rive à faire d’in­té­res­sant ou de perché avec. J’ai beau­coup joué avec la fonc­tion Hold qui permet de faire des drones de manière beau­coup trop facile pour ne pas en abuser. J’ai eu l’im­pres­sion aussi d’avoir sous la main un looper plus puis­sant qu’il n’en a l’air au premier abord, synchro­ni­sable par MIDI qui plus est, ainsi que des effets clas­siques permet­tant de se débar­ras­ser faci­le­ment d’un certain nombre de pédales dans un setup donné.

À ce stade, c’est peut-être égale­ment le moment de polé­miquer sur un choix de design qui ne sera peut-être pas perti­nent pour tous. Bien que j’ai appré­cié l’idée de vouloir propo­ser 44 terrains de jeux avec des macro para­mètres, comme invi­ta­tion à se plon­ger dans l’usage de la pédale sans a priori et sans cher­cher à maîtri­ser ce que l’on fait au premier abord, je ne suis pas certain à 100% que le choix de ne pas donner un accès plus ou moins complet au moteur, pour choi­sir l’orien­ta­tion que l’on veut donner au moteur granu­laire ait été ici un pari si réussi. Aujour­d’hui, de nombreux construc­teurs se sont lancés dans ce crédo, que ce soit niveau plug-ins (on peut citer par exemple le nouveau Artu­ria EFX Frag­ments, Output Portal, Unfil­te­red Audio Silo, ou encore les plug-ins plus orien­tés délai comme Sound­toys Crys­tal­li­zer et Audio Damage Other Desert Cities), les modules Euro­rack de Mutable Instru­ments Clouds et Beads évidem­ment, ou encore des pédales comme les Red Panda Tensor et Particle ou la Chase Bliss Mood pour donner quelques exemples perti­nents.

Tous ces produits donnent un accès plus détaillé aux para­mètres granu­laires, ce qui permet d’al­ler vers les terri­toires qui nous inté­ressent en prio­rité, et de pouvoir les appro­fon­dir. Person­nel­le­ment, j’ai constaté que j’avais plus d’af­fi­ni­tés avec par exemple les effets Haze, Mosaic que d’autres, et Pattern pour quelque chose de plus clas­sique, avec d’autres que j’ai appré­cié égale­ment bien que parfois un peu trop « gimmick / one trick pony ». Et je me suis dit que j’au­rais préféré avoir la possi­bi­lité d’avoir un peu plus de ce genre d’ef­fets que d’autres dans la pédale, même si je n’ai pas non plus eu l’im­pres­sion – loin de là – d’en avoir fait le tour, notam­ment avec les inter­ac­tions que je n’ai pas encore pu creu­ser entre la pédale et d’autres effets, ou l’usage du moteur granu­laire avec diffé­rentes sources sonores. D’ailleurs, si je devais choi­sir quel serait le compé­ti­teur atti­tré de la pédale, en plus des produits sus-cités, je dirais plutôt que ça serait la Empress Effects Zoïa que je conseille­rais aux gens de regar­der, qui propose un moteur d’ef­fet granu­laire en plus du reste, mais qui est dans le délire complè­te­ment opposé niveau complexité et possi­bi­lité d’al­ler dans le détail.

En tout cas, cette pédale me laisse perplexe dans le bon sens, d’un côté je regrette un certain nombre de petits défauts, son côté impré­vi­sible, le fait que ça n’a pas de sens de vouloir jouer avec tout le temps en fonc­tion du style de musique que je veux faire, ou certains choix que j’au­rais fait autre­ment sur les possi­bi­li­tés offertes aux utili­sa­teurs, il n’em­pêche que j’ai sans arrêt envie de reve­nir jouer dessus, et d’en­re­gis­trer des trucs avec, ou d’es­sayer une nouvelle approche pour son utili­sa­tion. Et quand je cède, et que je regarde l’heure passer, je me dis qu’ils ont quand même bien réussi à m’ac­cro­cher et à me faire perdre la notion du temps chez Holo­gram Elec­tro­nics. Enfin, j’ai parti­cu­liè­re­ment appré­cié le fait que la pédale me force à chan­ger ma manière de faire de la musique pour elle, que ce soit dans le choix esthé­tique musi­cal imposé, que dans les inter­ac­tions que j’ai eues avec elle, comme cette fois où je voyais Bootz au studio Cavern bondir de sa place en m’en­ten­dant jouer 7 cordes en main avec le rythme et les glitchs qui sortaient de la pédale. Pour toutes ces raisons, même si le prix du produit est proba­ble­ment son plus gros souci, c’est extrê­me­ment diffi­cile pour moi de ne pas vous inci­ter à l’es­sayer si vous le pouvez, et à coller à la Micro­cosm un Award Inno­va­tion ample­ment mérité !

PS. Merci à Bootz et au studio Cavern pour m’avoir aidé sur les photos et pour les enre­gis­tre­ments sur place !

8/10
Award Innovation 2022
Points forts
  • Un concept unique
  • Plusieurs pédales en une sans être complexe à manipuler
  • Un véritable instrument de musique qui pousse dans certaines directions plutôt que d'autres et créé de l'interaction avec le musicien
  • Jolie avec son design général et ses retours visuels originaux
  • La section d'effets avec les 4 réverbs stéréo, la modulation de pitch / chorus, et le filtre résonant
  • Un looper !
  • Le Hold !
  • Les effets de pitchs font un peu Shimmer avec la réverb
  • A l'aise avec des guitares et n'importe quelle autre source (synthés, drums, voix etc.)
  • Les options pour le bypass
  • Deux jolis manuels papier dans la boite
  • 44 variations d'effets granulaires avec lesquelles il est facile d'interagir
  • On peut passer beaucoup de temps à explorer chacune des fonctionnalités et les usages qu'on peut en faire
  • Niveau de bruit assez faible
Points faibles
  • C'est pas donné quand même
  • N'est pas actuellement distribuée correctement dans nos contrées
  • Impossible d'augmenter beaucoup la résonance du filtre
  • Pas de volumes globaux d'entrée et de sortie
  • Peut donner l'impression que la partie effets granulaire est bridée
  • Pas de réglages du caractère ou de la durée des réverbs, seulement un dry/wet et un choix entre A/B/C/D qui offre peu de polyvalence
  • Manuels obligatoires pour comprendre un peu ce qu'on fait avec mais pas suffisant non plus
  • On comprend quand même pas très souvent ce qu'on fait avec
  • Entrée stéréo TRS plutôt que deux entrées jacks mono comme la sortie ?
  • Course de la pédale d'expression non optimale pour l'usage avec le filtre comme wah wah ou envelope filter manuel
  • Manuel pas très clair ou succinct pour certaines choses (config globale par exemple)
  • Son qui coupe au changement de l'effet granulaire ou des réverbs
  • Redondance de certains effets granulaires avec des noms différents mais qui font plus ou moins la même chose
  • Manque d'un bouton "panic" pour réinitialiser les buffers quand on veut recommencer un enregistrement
  • Fait de la musique toute seule à votre place
Auteur de l'article Wolfen

Développeur freelance pour de nombreuses sociétés dans le domaine de l'industrie musicale, créateur de la marque Musical Entropy, et musicien qui achète plus de matos qu'il n'en joue


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