Spécialiste de l’atténuation sonore, Alvis Audio propose des solutions pour une grande variété de publics : des motards aux chasseurs en passant par les sportifs, les dentistes ou encore… les musiciens et ingénieurs du son, d’où l’intérêt pour Audiofanzine d’y jeter deux oreilles. Les miennes !
En vis-à-vis de protections très sophistiquées pour les tireurs et chasseurs ou d’équipements réalisés pour les sportifs, Alvis propose en effet plusieurs produits à destination des amateurs ou des professionnels de la musique : en haut de gamme, on trouve bien évidemment des bouchons réalisés sur mesure avec le concours d’un audioprothésiste, mais ce sont plutôt les Alvis Mk3, situés en entrée de gamme, qui ont retenu notre attention.
De quoi s’agit-il ? D’une paire de protections intra-auriculaires disponibles en trois tailles (small, medium ou large pour s’adapter aux différentes morphologies) et livrée dans une petite boîte ronde en plastique étanche, accompagnée d’un petit cordon pour solidariser la paire de bouchons. Le tout pour 30 €, ce qui est sensiblement plus cher que les bouchons en mousse vendus en pharmacie, mais qui demeure tout de même à la portée de toutes les bourses et permet d’accéder à un produit autrement plus confortable au port et a priori plus efficace dans la manière dont il atténue le bruit.
Protections à géométrie variable
Reprenant le design de tous les intra-auriculaires d’Alvis, les MK3 sont en effet loin d’être de basiques cylindres à s’enfoncer bon gré mal gré dans les oreilles : réalisé dans un plastique blanc très souple, le bouchon proprement dit se compose de deux petits dômes disposés le long d’un axe incurvé (le second, plus proche du tympan étant le plus petit), et se voit relié à une large protubérance en plastique rose plus épais destiné à s’adapter à la conque de l’oreille. Cette partie rose n’aura aucune incidence sur l’atténuation sonore mais elle simplifie grandement la pose des bouchons et leur retrait tout en assurant un maintien confortable sur la durée. Comme on peut s’en douter à la vue d’un tel dispositif et de la courbure du bouchon, il y a donc une oreillette droite et une oreillette gauche, le repérage de l’une et de l’autre reprenant les conventions en usage de l’audio : gauche en blanc, droite en rouge.
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Plus intéressant au niveau sonore, on remarquera que la partie extérieure de l’oreillette comporte un petit clapet qui peut être ouvert ou fermé. Et l’on rentre là dans l’un des grands intérêts de l’Alvis Mk3 qui est une protection à deux niveaux. Suivant que vous fermez ou non ce clapet, vous atténuerez plus ou moins le son : selon le constructeur, on passerait ainsi d’un indice d’atténuation SNR de 19 à 26.
Ceci dit, sans même avoir à recourir à ce dispositif, la MK3 s’avère intéressante en position ouverte grâce au filtre maison qu’elle intègre et qui s’avère progressif : à la faveur d’un matériau se rigidifiant à mesure que la pression acoustique augmente, l’Alvis Mk3 propose une atténuation de 4 dB à 80 dB de bruit, 24 dB à 100 dB et 39 dB à 120 dB. L’intérêt ? A priori, pas besoin de retirer vos bouchons pour pouvoir entendre ce qu’ont à vous dire les autres musiciens en répet entre deux morceaux. Bien vu. Reste à voir ce que vaut le produit sur le terrain.
Un lait-fraise, s’il vous plaît
C’est lors d’un concert du groupe Klangfeld au Bus Palladium que j’ai pu tester les protections : le son concocté par l’ingé son n’avait rien de déraisonnable en termes de niveau sonore dans ce sens où il respectait la loi, mais servi par un batteur à la frappe énergique et deux guitares nerveuses, le rock lyrique du groupe avait de quoi chatouiller plus d’un tympan sensible. J’ai d’abord essayé les MK3 en position fermée, histoire de me rendre compte de l’importance de l’atténuation et de l’équilibre spectral qui en résultait.
Ce fut une bonne surprise dans l’ensemble, car le son était alors grandement atténué sans pour autant produire la même impression désagréable que des traditionnels bouchons en mousse : l’atténuation s’avérait en effet bien plus homogène et plus respectueuse du spectre, me permettant de profiter de la musique sans m’en sentir complètement coupé. Plus respectueuse ne veut pas dire idéale non plus : la perte d’information dans les aigus est sensible et si elle n’était pas gênante sur les coups de cymbales, elle dégradait un peu la perception des attaques sur les guitares par exemple.
Curieusement, le passage de la position clapets fermés à clapets ouverts ne m’a pas semblé offrir une grande différence, que ce soit au niveau de l’atténuation ou de l’équilibre spectral, mais j’ai toutefois vu un grand avantage au caractère adaptatif de l’atténuation proposée par cette dernière : en allant faire un tour en salle fumeurs, puis près du bar pour y commander un lait-fraise, je n’ai pas ressenti le besoin de retirer mes protections pour pouvoir parler à des gens. De fait, entre cet aspect adaptatif et le confort procuré par les MK3, on en vient vite à les oublier, ce qui, pour moi, est le signe d’une belle réussite.
Le seul vrai regret me concernant provient du système de clapet à ouvrir et fermer, non que celui-ci ne puisse pas être utile mais qu’il ne soit pas évident de passer de la position fermée à ouverte, à plus forte raison quand on est onychophage comme je le suis. Ces derniers sont minuscules et il faut tirer si fort qu’on a vite fait de retirer le bouchon dans son intégralité. Fort heureusement, ce dernier se replace sans aucun problème dans son logement.
Conclusion
Dur de reprocher grand chose aux Alvis Mk3 qui, en regard de leur prix de trente euros seulement, offrent une atténuation efficace tout en étant très simples à mettre, à retirer et agréables à porter. Le système de clapet est ingénieux, même si la plupart des musiciens préféreront utiliser les protections en mode ouvert pour profiter de leur côté adaptatif. Certes, il y a bien dans les aigus quelques pertes d’information mais force est de constater que cette dernière est à mille lieues de la dégradation du spectre obtenue avec des bouchons en mousse classiques ou des boules Quiès, tout en proposant un confort qui n’est pas loin d’être celui des protections moulées. Et pour 30 €, je le répète, on se dit qu’on aimerait bien avoir ce genre de petits accessoires en distributeur, comme les préservatifs, dans toutes les salles de concert et toutes les boîtes, histoire de pouvoir profiter de la musique sans se bousiller les oreilles.